R-Haven

Cachées, nébuleuses dans le noir des océans, des créatures assoiffées de chair et de sang se préparent. Elles attendent, patientes, que la coque du navire arrive au-dessus de leur tête. Les sirènes s’apprêtent à l’attaquer. L’une d’entre elles semble être leur reine. Elle se tient au milieu de toutes les autres, plus joliment parée que ses sœurs. Ses cheveux sont d’un bleu céruléen, livides dans ces eaux sombres. Curieusement, ses yeux n’ont pas la même teinte. L’un est d’un noir profond, l’autre est d’un jaune sulfureux. Elle siffle dans l’eau, annonçant le début de la chasse. Leur repas les attend hors de l’eau - des matelots suintants, épuisés par la tempête qui les avait lassés le jour précédent. La reine des mers est la première à surgir hors de l’eau noire, attrapant de ses griffes la gorge d’un membre de l’équipage. Le cri des sirènes, perçant et immensément intense, les rendent sourds. Impossible de s’entendre dans ce vacarme de mort. Ils sont bien vite assiégés par les bêtes aquatiques. Certains abandonnent le navire en sautant par-dessus le pont, quant aux autres ils luttent jusqu’à la fin avant d’être capturés et entraînés dans les profondeurs des océans. La sirène et commanditaire de ce massacre se félicite, tout en savourant un bras aux délicieuses effluves.

Des roses et des perles

Le décor était celui d’un livre de contes. Les convives entendaient vivre une soirée bénie par l’Oracle. Ils ponctuaient la musique de leurs rires. Le murmure des conversations était parfois perturbé par des éclats de voix. On buvait beaucoup, mangeait peu. Les corps se rapprochaient, la cire fondait. Dans les couloirs, les torches s’éteignaient une à une ; l’obscurité gagnait du terrain, le froid de cette nuit d’hiver avec elle. Sans un bruit, une porte s’ouvrit. L’elfe frissonna, à peine vêtu. Ses longs cheveux pâles l’habillaient en vérité davantage que ses voiles délicats, presque transparents. Son regard doré brillait par-dessus un éventail dissimulant élégamment une cicatrice au visage. Il balaya des yeux les jardins enneigés, la fine nappe cristallisée scintillant à la lumière d’une lune puissante. Quelques rares fleurs de saison sommeillaient sur les branches nues. Astherion ôta sa couronne de roses sombres et la déposa sur un banc. Un hurlement résonna alors dans le palais. Le poing fermé sur une petite fiole de poison vide, l’assassin s’élança, abandonnant dans son sillage du sang, des larmes, et l’empreinte d’une course folle. Quelqu’un dirait plus tard que, ayant eu besoin d’air frais, il avait entendu des perles tinter.

Chasseresse.

La pleine Lune illuminait Eel et régnait dans les cieux.

Il était temps pour Moody de rendre hommage à Mère Lune de la plus belle des manières : la chasse sur le plan astral. Le passage des Perséides avait chamboulé l'équilibre de, il était temps de prendre soin de la Lune lors de cette accalmie. La Lunienne était seule dans ses quartiers, ses maris n'étant pas encore revenus de leur tour de garde. Assise en tailleur au centre d'un pentagramme violacé, Des bougies étaient dispersées çà et là dans la pièce, aux bons soins de ses amants qui avaient appris à les disposer à force de contempler leur femme prier. 

Psalmodiant quelques incantations, ses paupières closes, Ses yeux dépareillés s'illuminèrent tandis que ses mains recréaient ces gestes qui étaient devenus pour elle aussi important que respirer. Ils étaient un témoignage de sa ferveur, après tout. Le vent sembla se lever dans la chambre, faisant agiter ses cheveux devenus blancs sous l'éclat de l'astre lunaire.

Ad luna inflamma gloria.

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Loyauté

Elle tenait un fragment du Cristal entre le pouce et l’index, l’observant avec curiosité. Ce n’était pas qu’elle ignorait ce dont il s’agissait, mais plutôt qu’elle s’étonnait qu’une si petite chose puisse être la part d’un être quasi divin et receler assez de pouvoir pour faire tourner la tête à plus d’une créature. Les jambes dans le vide, les vagues se fracassant au pied de la falaise quelques trente mètres en dessous d’elle, les rayons de la lune venaient caresser la silhouette isolée de Moody, comme une mère aurait effleuré sa fille. La sorcière hésitait ; tenter d’utiliser cette source d’énergie, de se l’approprier, ou la retourner à la Garde ? Elle ne faisait même pas l’effort de peser le pour et le contre, de considérer les dangers encourus ; la question en elle-même était suffisante, et ce désir au fond d’elle… Mais était-ce bien le sien ? N’était-elle pas en train de céder à l’attrait d’une puissance enivrante, aux envoûtements d’une entité affaiblie mais encore omniprésente ? La jeune femme sourit largement. Oh, elle avait presque failli se faire avoir. Bien essayé, Oracle. Sans prendre la peine d’y réfléchir une seconde de plus, Moody se releva et lança sa trouvaille aussi loin qu’elle le pouvait, la regardant disparaître dans les flots, sans se soucier des conséquences que son geste pourrait avoir. Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle trahirait sa Mère.

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Moody - tu as jusqu'au 15 janvier.

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Mause (fin de délais - tu as jusqu'au 13 janvier)

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R-Haven (tu as jusqu'au 24 janvier)

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L’éphémère.

Éphémère… Leylar l’est lui ! Tout autant que la fumée qu’il laisse traîner derrière lorsqu’il s’en va.
C’est un homme du monde : Un sourire, un salut et à jamais.
Il est de ceux que tout le monde a vu mais que personne ne connaît.
Un homme du monde est ce qu’il est. Leylar l’est lui. Oui : Soit tout, soit rien. Car il vit aussi fort qu’il peut. Qu’il veut.
Ni trop jeune ni trop vieux, ni présent ni absent, seule une page aussi blanche que son teint fait office de ce que l’on sait de lui.

…Vous aurez beau dire que vous l’avez vu.

Mais en êtes vous certain ?

Une cage dorée

Elle se fondait parfaitement dans le somptueux paysage du désert boréal. Sa peau, ses cheveux… donnaient l’impression qu’elle était née de ces sables iridescents. D’étranges sphères de lumière lévitaient autour d’elle, l’accompagnaient où qu’elle aille. Était-ce des émanations de son pouvoir, ou des créatures désincarnées ? Certaines paraissaient dotées d’une conscience… Yüshimori avançait vers le grand lac parsemé d’étoiles. Ses longues ailes blanches glissaient élégamment dans le sable. Elle secouait parfois celles sur son crâne pour chasser les flocons qui s’y accrochaient. S’asseyant sur la rive, elle posa son sceptre près d’elle et se recroquevilla, les bras autour de ses jambes serrées contre sa poitrine. Elle demeura là un long moment, tandis qu’un tapis de neige se formait autour d’elle, à fixer les profondeurs du lac. Puis, soudainement, des larmes se mirent à dévaler ses joues. Les cristaux alentour parurent perdre de leur éclat tandis qu’un gémissement échappait à l’ange… si c’était seulement ce qu’elle était. Elle déploya ses ailes, s’en enveloppa. Dans le désespérant silence de ce désert à l’absurde beauté, ses sanglots sonnaient comme des hurlements ricochant entre les dunes.

-Tout ce que je veux…, hoqueta-t-elle en considérant le reflet de la lune dans les eaux. Tout ce que je veux… c’est que quelqu’un vienne me chercher ! Tout ce que je veux… Tout ce que je veux ! Tout ce que je veux ! C’est que quelqu’un… vienne me chercher !

Alors elle cria, s’époumona, emplissant le vide de sa rage. Elle haïssait cet endroit.

Danse avec la Lune

Elle danse chaque nuit dans les méandres des illusions,
Capturée par l’hypnotique éclat de la Lune,
Pour oublier le malheur de son infortune,
Le cœur meurtri par de sombres et viles émotions.

Le rêve l’appelle quand la réalité l’achève,
Les années s’enchaînent et c’est la foi qui l’élève,
Seule la mère sélène peut apaiser sa peine,
Seule cette mère lointaine peut adoucir sa haine.

Chaque sombre nuit, elle continuera de danser,
Étouffée par la peur mais libérée par les pleurs,
Cette âme inconsciente ne souhaite juste que valser,
Au rythme des lunaisons sans mal et sans peur.

La seule issue

La mort était la seule issue, le seul sens commun à toute existence. Même les dieux n’y échappaient pas. Tôt ou tard, leur fin survenait. Car même les plus puissantes entités, même les créatures à l’origine des mondes, avaient une âme. Les corps des immortels avaient beau ne pas s’user, leurs âmes, elles… en venaient un jour à crier grâce. Elle ne faisait que les libérer, les mener… oh, certains secrets ne devraient jamais être révélés. Elle accomplissait là un dur labeur, car la vie n’était guerre autre chose que pullulante, et toutes les âmes n’étaient pas belles à voir. Certaines étaient si corrompues, si torturées qu’un profond dégoût mêlé de terreur lui lacérait les entrailles. Son âme à elle… évoluerait-elle ainsi ? Mais jamais… jamais elle n’avait éprouvé de chagrin. Jamais jusqu’à ce qu’elle se retrouve face au révéré Cristal d’Eldarya. Toutes ces âmes mêlées, bonnes comme mauvaises, prisonnières… Une aberration complète, dont nul n’avait conscience de la tourmente. Heirin leva sa faux sans même s’en apercevoir.

-Que fait-elle ?! Eh, arrêtez-la !

Les gardes se ruèrent sur elle, mais elle les balaya d’un revers de son arme. Puis elle s’élança et, au moment d’abattre sa lame sur le logis de l’Oracle, ne prononça qu’un mot ;

-Abomination.