L'amour ne connait aucune barrière

C’était une belle journée qui éclairait le bâtiment de la Eldarya Academy, en ce début de matinée. L’imposante structure, d’un blanc immaculé, semblait brillait de doré sous les rayons du soleil qui l’éclairait.

Toutefois, aucun élève ne semblait prêter attention à la splendeur du bâtiment, pas plus qu’à celle des jardins dans lesquels tous les étudiants étaient réunis. En ce jour de rentrée, ils étaient bien trop occupés à converser les uns avec les autres, apprenant à se connaître pour commencer à tisser des liens. Seule Alvie se trouvait un peu en retrait, regardant tout autour d’elle.

C’était une jeune femme âgée de vingt-trois ans, et de petite taille, se fondant parfaitement dans la foule. Ses cheveux blonds étaient coiffés à la perfection alors que son regard gris se posait sur le décor qui l’entourait. L’herbe, coupée à ras, était parfaitement entretenue, tout comme les arbres soigneusement taillés. De sa place, elle pouvait apercevoir une jolie fontaine, couler doucement sur un piano, apportant une note féérique au paysage. Un fin sourire étira ses lèvres à la pensée qu’elle viendrait probablement souvent en cet endroit.

Elle reporta finalement son attention devant elle. L’académie était composée de trois classes : les Obsidiennes, les Absynthes et les Ombres. Et les étudiants attendaient justement les instructeurs de chacune d’elles, afin de savoir dans laquelle ils allaient étudier. D’ailleurs, autour d’elle, elle pouvait entendre certains de ses futurs camarades mentionnaient leurs préférences. En ce qui la concernait, elle s’en moquait un peu. De plus, des tests de présélections avaient été réalisés. C’était eux qui décideraient de son destin, et il était donc bien vain d’essayer de le deviner à l’avance.

Il fallut attendre encore quelques minutes supplémentaires avant que des bruits de pas ne se fasse entendre, révélant le premier instructeur. Il était vraisemblablement un elfe, aux vues de ses longues oreilles pointues. Il arborait de longs cheveux aussi bleus que l’ondée, soigneusement coiffés en une queue de cheval basse, tombant dans son dos. Ses vêtements, visiblement en satins, étaient principalement dans les nuances de blanc et de bleu. Des éléments dorés venaient égayer l’ensemble en de nombreux endroits. Il avait une peau pâle, faisant ressortir la malachite de son regard. Un sourire légèrement espiègle étirait ses lèvres fines.

— Bonjour à tous, déclara-t-il simplement. Je m’appelle Ezarel, je suis l’instructeur de la classe de l’Absynthe. C’est moi qui enseigne l’art de l’alchimie et des incantations.

Un silence accueillit ses paroles alors qu’il sortait une feuille de la petite sacoche qui se trouvait à sa ceinture.

— Je vais faire l’appel de mes élèves, reprit-il. Dès lors que vous entendrez votre nom, veuillez prendre place à côté de moi. Nous commencerons ensuite par la visite de l’établissement.

Sans attendre, il commença à énoncer les prénoms figurant sur sa liste. La foule s’étiola lentement alors que les étudiants appelés rejoignaient leur enseignant. Alvie écouta avec attention, pour se rendre compte que cette classe ne serait pas la sienne. Quelque part, elle fut un peu déçue de ce constat. Cet elfe avait l’air drôle, n’ayant pu s’empêcher de faire des blagues tout au long de son appel. L’année avec lui aurait probablement été amusante. Elle ne le verrait donc que pendant sa matière, et espérait que son propre instructeur principal serait aussi avenant.

La première classe quitta finalement les lieux alors qu’un second enseignant arrivé pour prendre place. Il était de grande taille et arborait une peau bronzée, dont les biceps taillés étaient ornés de cicatrices. Ses vêtements étaient renforcés en de nombreux endroits par des plaques métalliques, sans parler de ses imposantes jambières. Il avait des cheveux d’argent qui lui tombaient sur les épaules et un regard d’or profond, scrutant son auditoire sans la moindre animosité.

— Bonjour, je suis Valkyon, instructeur principal de la classe de l’Obsidienne, déclara-t-il sans davantage de cérémonie. Je serais également votre professeur de combat et de stratégie durant toute l’année.

Il n’ajouta rien de plus avant de sortir sa propre liste, suggérant qu’il n’était pas réellement un orateur. Il commença à faire l’appel dans un silence de plomb, l’ambiance beaucoup moins décontractée que ce qu’elle était précédemment. Et une fois encore, Alvie constata qu’il ne serait pas son instructeur principal. Cela l’amenait donc à rejoindre la dernière classe, celle de l’Ombre.

Elle regarda les élèves partir à la visite de l’établissement avant de regarder autour d’elle. Il ne restait que peu d’étudiants à ses côtés, et qui deviendraient ses camarades durant toute l’année. À première vue, beaucoup semblaient venir de peuples différents, mais il lui semblait être la seule humaine. Étant d’un naturel timide et un peu distant, elle espérait que cela ne serait pas un frein pour sympathiser avec les autres.

— Bonjour à tous et toutes !

Elle ne put s’empêcher de sursauter violemment avant de reporter son attention droit devant elle. Désormais se tenait un homme de taille moyenne, le teint pâle. Il était principalement vêtu de noir, à l’exception d’un kimono violet dont il n’avait enfilé qu’une seule manche. Ses cheveux, en bataille, étaient d’un noir corbeau, de la même couleur que le cache-œil qui reposait sur son œil gauche. Sa pupille droite était d’un gris clair. À ses oreilles légèrement pointues, tout comme ses canines que l’on apercevait quand il souriait, il devait être un vampire.

Des gloussements se firent entendre dans la foule, certaines jeunes filles commentant la beauté de cet instructeur. Et Alvie devait avouer les comprendre. Depuis qu’il était arrivé, elle ne parvenait plus à détourner le regard de lui.

— Je suis Nevra, l’instructeur principal de la classe de l’Ombre, reprit-il, un sourire charmeur aux lèvres. Je suis également celui qui vous enseignera les techniques d’espionnage, de surveillance et d’infiltration.

Quelques murmures s’élevèrent à cette annonce. Visiblement, il était un expert en la matière, raison pour laquelle personne ne l’avait vu ou entendu arriver. Et Alvie avait véritablement hâte de faire de même.

— Mais pour commencer, nous allons, comme les autres classes, visiter l’académie. Suivez-moi !

Les étudiants ne se firent pas prier et lui emboitèrent le pas. Ils traversèrent de longs corridors carrelés, admirant les lieux lumineux. Différentes salles de classe leur furent montrées, ainsi que le lieu du réfectoire. Ils virent également le moyen le plus rapide de rejoindre les dortoirs qui leur avait été présenté la veille. Ils finirent leur tour avant d’entrer dans leur salle de classe. Il s’agissait d’une pièce rectangulaire dans laquelle se trouvaient de nombreux pupitres en bois. Au fond de celle-ci se trouvait une estrade. Sur celle-ci se tenaient un bureau et un tableau noir. Nevra vint y prendre place avant de s’asseoir sur le meuble.

— Bien ! Afin de commencer l’année dans de bonnes conditions, je vais vous demander de vous présenter tous, un par un, afin que nous puissions établir un premier contact.

Les plus spontanés se levèrent en premier pour commencer à parler d’eux, tandis que le reste des étudiants écoutaient dans un silence religieux. Assise au fond de la pièce, Alvie triturait nerveusement ses mains. Sa timidité faisait qu’elle n’aimait pas réellement prendre la parole devant autant de monde. De plus, elle ne voulait pas se ridiculisait devant son nouveau professeur si jamais elle venait à bafouiller légèrement. D’ailleurs, ses yeux ne purent s’empêcher de s’arrêter une nouvelle fois sur le vampire. C’était bien la première fois qu’elle ressentait une telle attirance pour quelqu’un qu’elle venait seulement de rencontrer.

Avant qu’elle n’en prenne pleinement conscience, il ne restait plus qu’elle à ne pas encore s’être présenté. D’ailleurs, tous les regards étaient désormais braqués sur elle, ne faisant qu’augmenter un peu son anxiété. Elle jeta un regard à son professeur qui lui répondit d’un charmant sourire, faisant un léger mouvement de tête pour l’encourager. Elle se leva alors, le raclement de sa chaise résonnant dans la salle silencieuse.

— Je m’appelle Alvie, et je suis une humaine, déclara-t-elle d’une voix douce. Je ne possède peut-être pas de formidables aptitudes comme les autres peuples, mais je suis travailleuse et j’apprends vite. Je ferais tout mon possible pour ne pas être à la traine et de faire de cette année scolaire un bon moment pour tout le monde.

Des sourires encourageants lui répondirent alors qu’elle se rasseyait. Son rythme cardiaque accéléra alors que son regard croisait celui de son enseignant. Les joues en feu, elle décida de se concentrer à sortir ses parchemins, sa plume et son encrier.

— Bien. Puisque vous vous êtes tous présentés, nous allons pouvoir commencer notre première leçon.

Cette simple phrase annonça définitivement le début de l’année

***

Une semaine était déjà passée depuis la rentrée. Alvie s’épanouissait pleinement dans son nouvel environnement. Elle avait sympathisé avec certains de ses camarades de classe, même si son caractère distant faisait qu’elle était tout de même seule la plupart du temps. Elle n’allait les rejoindre que lors des repas, et quelquefois les soirs, pour se promener un peu dans les jardins de l’académie. Après tout, ils avaient la chance de pouvoir étudier dans un cadre absolument magnifique.

Côté cours, elle avait pu avoir tous ses professeurs au moins une fois. Finalement, bien qu’il soit toujours enclin à blaguer, Ezarel n’était peut-être pas aussi avenant qu’il y paraissait, surtout avec ceux qui aimaient parler pendant son cours au lieu d’écouter. Une semaine à peine, et des sanctions étaient déjà tombées pour les plus infortunés. Et en ce qui la concernait, la jeune femme n’était clairement pas la plus douée dans l’élaboration de potion. Elle comprenait aisément pourquoi le test d’admission ne l’avait pas conduite dans cette classe.

En revanche, les cours avec Valkyon lui plaisaient bien. Malgré le fait qu’elle n’était pas certaine de pouvoir un jour occuper la place de cheffe sur un champ de bataille, les cours de stratégie étaient très intéressants. Bien que peu loquace, l’enseignant était sérieux et accompagnait ses élèves au mieux. Alvie avait pu montrer qu’elle avait un certain talent dans le maniement des armes, surtout celles de courtes portées. Elle avait un don pour les reconnaître et apprendre à s’en servir au mieux lors de combat au corps-à-corps. L’instructeur l’avait d’ailleurs félicité pour ce premier cours, et elle en était plus qu’heureuse.

Mais sa matière préférée restait de loin celle enseignée par son professeur principal, Nevra. L’espionnage avait toujours été l’un de ses domaines de prédilection, en majorité grâce à sa nature discrète. Et le fait d’avoir un professeur aussi plaisant ne lui donnait que plus de motivation pour redoubler d’efforts. Les sourires qu’il lui adressait quand elle réussissait les exercices et les encouragements qu’elle recevait n’avaient pas de prix pour elle. Parfois, elle se surprenait même à penser que peut-être, si elle s’illustrer suffisamment, alors il la remarquerait, et une histoire pourrait naître entre eux. Généralement, elle chassait ses songes futiles d’un sourire penaud. Il était instructeur et elle était une élève. Il était absolument impossible qu’une quelconque relation puisse voir le jour entre eux.

Mais c’était encore cette pensée qui accaparait toute son attention en ce lundi matin, alors qu’elle mangeait son bol de céréales afin d’avoir suffisamment de force pour attaquer la semaine.

— Alvie, tu m’écoutes ?

La jeune femme sursauta avant de se tourner vers sa droite, d’où provenait la voix. Elle se retrouva face à la nymphe avec qui elle avait sympathisé durant la première semaine, Balya. Elles n’étaient pas dans la même classe, l’autre demoiselle étant une Absynthe, mais elles s’étaient rencontrées au détour de la bibliothèque et avaient sympathisé. C’était une jeune femme de petite taille, aux longs cheveux caramel. Ses grands yeux violets étaient frangés de longs cils noirs. Elle avait une peau pâle, que ses vêtements bleutés rendaient plus lumineuse.

— Excuse-moi Balya, j’étais perdue dans mes pensées, avoua finalement l’humaine dans un sourire d’excuse. Que disais-tu ?
— Je te demandais si ce n’était pas compliqué d’avoir Nevra comme instructeur principal ?
— Non, ça va. Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que je sais que toutes les filles de ma classe ne parlent que de lui alors que nous ne l’avons que trois heures dans toute la semaine. Alors je me dis que ce doit être encore pire pour toi. Les entendre glousser à longueur de journée doit être éreintant.

Elle se tut pour lancer un regard appuyé à un groupe de jeunes filles qui se trouvaient à une table un peu plus loin, et dont le sujet de conversation avait effectivement l’air d’être le beau vampire.

— J’imagine que ça ne leur fait pas de mal de rêver, déclara doucement Alvie. Parce que tout le monde sait que les relations entre élèves et enseignants ne peuvent avoir lieu que dans les songes.

Cette phrase lui faisait mal au cœur, mais au moins elle la ramenait sur Terre. Pour qu’elle cesse de perdre son temps à rêver d’une histoire d’amour qui n’aurait lieu que dans son esprit. Cependant, elle fut surprise de voir son amie hausser les épaules en se levant, prête à débarrasser son plateau.

— Je ne suis pas d’accord, je suis sûre que ça doit arriver, déclara-t-elle. Après tout, dans ce genre de situation, l’important, c’est juste de ne pas être découvert. Mais je vais te laisser. Ma salle est à l’autre bout du bâtiment et je ne veux pas arriver en retard.
— Pas de problème. Passe une bonne journée Balya.
— Toi aussi Alvie !

L’humaine lui adressa un petit signe de la main avant de contempler le fond de son bol. Cela lui redonnait un fol espoir. Elle était sûrement naïve d’espérer vainement, mais ça ne faisait pas de mal.

Sur cette pensée, elle se leva à son tour avant de débarrasser son plateau. Saluant Karuto, le satyre en charge du réfectoire, elle quitta les lieux pour se diriger vers sa propre salle de cours. Elle put voir qu’il y avait déjà des filles devant la porte. Visiblement, les étudiantes se faisaient toujours un devoir d’arriver à l’heure pour le cours du charmant vampire. Et Alvie n’était qu’une jeune femme de plus dans ce cas-là. Cette pensée la fit légèrement sourire. Les hommes de la classe, eux, semblaient bien moins emballés, arrivant en trainant des pieds. Certains déploraient qu’avec un professeur aussi beau, leurs propres chances de trouver l’amour durant l’année fussent réduites de moitié. Comme quoi, même quelqu’un d’aussi charmant que Nevra ne pouvait pas faire l’unanimité.

D’ailleurs, celui au centre des conversations arriva bien vite, un fin sourire étirant ses lèvres. Il eut l’air satisfait de voir que tous ses élèves étaient déjà présents en ce lundi matin. Il ne tarda pas à déverrouiller la salle avant d’en ouvrir la porte.

— C’est bien de vous voir tous aussi motivé, assura-t-il en s’écartant de l’encadrement. Si vous voulez bien entrer.

Une fois encore, la plupart des demoiselles s’empressèrent de prendre les tables aux premiers rangs, attestant vouloir voir le tableau le mieux possible. Alvie, elle, reprit sa place en fond. Après tout, c’était bien là qu’elle avait la meilleure vue d’ensemble.

— Aujourd’hui, nous allons étudier l’aspect théorique de certaines techniques de dissimulation, reprit Nevra, prenant place sur l’estrade pour s’asseoir sur son bureau. Je vous demanderais de bien être attentifs, car nous les essaierons lors des cours pratiques que nous avons ensemble jeudi après-midi. Alors, prenez vos manuels à la page vingt-trois.

Un silence religieux prit possession de la salle alors que les étudiants s’exécutaient. Alvie sortit également un parchemin vierge, qu’elle entreprit de recouvrir progressivement de note tout au long de l’heure.

Ainsi, quand la sonnerie retentit, elle en fut la première surprise. Absorbée par cette passionnante leçon, elle n’avait pas vu le temps passait. Elle regarda ses camarades se levaient et quitter la pièce, saluant leur enseignant, et se décida à ranger également ses affaires. Cependant, au lieu de sortir de la pièce, ses jambes décidèrent d’avancer en direction du bureau de son enseignant. Avant d’en prendre pleinement conscience, elle était devant lui.

— Professeur Nevra ? questionna-t-elle.

Il releva son regard de ses notes avant de lui sourire. La jeune femme sentie ses joues s’embrasaient alors qu’elle n’avait aucune idée de quoi dire ensuite. Elle n’était même pas sûre de pourquoi elle lui avait parlé en premier lieu !

— Oui Alvie, répondit-il d’une voix douce et suave. En quoi puis-je vous aider ?
— Eh bien je… Je voulais savoir si vous pouviez me donner des cours particuliers concernant l’espionnage, l’infiltration et tout ce qui en découle, répondit-elle précipitamment, sentant son rythme cardiaque s’emballer. Vous savez, je sais que je ne suis pas très bien vu, étant une humaine au milieu de faeries. C’est pour cela que j’aimerais être la meilleure de la classe, pour leur montrer ce que je vaux !

Elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle, plongeant son regard dans l’œil unique de son interlocuteur. Celui-ci lui adressa un sourire charmeur.

— C’est agréable de voir une jeune fille aussi motivée que vous, déclara-t-il. Je n’y vois pas d’inconvénients. Je peux vous donner des cours tous les deux jours, les soirs des mardis, jeudis et samedis. Retrouvez-moi dans la cave, à vingt-heures trente ces jours-ci pour que nous puissions travailler sur tout ce qui pourrait vous faire défaut.

La jeune femme se tut un instant, surprise, avant qu’un sourire n’éclaire son visage. Il avait accepté ! Elle dut faire tous les efforts du monde pour retenir un cri de joie.

— Merci beaucoup professeur ! Je serais à l’heure et motivée, je vous le promets !
— Je n’en doute pas.

Le vampire ne put s’empêcher d’adresser un doux sourire à son élève, qui le saluait pour prendre congé. Il ne savait pas pourquoi, mais il la trouvait très intéressante, et avait hâte de pouvoir voir l’étendue de son potentiel durant ces cours particuliers.

***

Il était mardi soir, vingt-heures quinze pour être précis. Alvie était dans sa chambre, ayant fini de se préparer. Elle avait réussi à demander à son professeur des leçons particulières, mais se sentait nerveuse à l’idée de se retrouver seule avec lui. Parfois, elle se demandait si c’était une bonne idée, mais il était trop tard pour reculer. Naturellement, elle avait tu cette information à tout le monde, y compris son amie Balya. Elle ne voulait pas que des rumeurs de couloirs commencent à circuler à son sujet ni que les autres élèves pensent qu’elle essayait de s’attirer les faveurs de l’enseignant.

Nerveusement, elle regarda une nouvelle fois ça montre. Seulement deux misérables minutes s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’elle l’avait consulté. Elle prit une profonde inspiration avant de se lever de son lit. Vérifiant une dernière fois dans son miroir qu’elle était bien présentable, elle quitta les lieux.

Les longs corridors se vidaient de plus en plus au fur et à mesure que le temps s’écoulait. La plupart des étudiants sortaient du réfectoire pour se diriger dans la bibliothèque pour lire un peu, ou regagner tout simplement leurs quartiers. Personne ne semblait faire attention au lieu vers lequel elle se rendait, ce qui rassurait un peu Alvie. Même si elle ne comprenait pas vraiment d’où lui venait toute cette tension. Après tout, ce n’était pas comme si elle allait à un rendez-vous galant, ça non. Elle allait juste en leçon particulière, ce qui était tout de suite moins plaisant. D’ailleurs, elle ne put s’empêcher de sourire légèrement à cette pensée.

Il lui fallut encore quelques minutes avant de finalement atteindre les escaliers en colimaçon qu’elle convoitait. Ceux-ci donnaient l’impression de plonger au plus profond des entrailles de la Terre. Une obscurité épaisse s’en dégager à cette heure du soir, mais cela ne suffit pas à faire reculer l’humaine. Après tout, elle était dans la classe de l’Ombre. Il serait très ironique qu’elle puisse être effrayée par les ténèbres. Elle commença donc à descendre prudemment les marches.

Elle arriva rapidement dans la cave, avant de regarder autour d’elle. Depuis le début d’année, elle n’avait eu l’occasion de venir qu’une seule fois, durant la visite de l’académie. Les lieux étaient éclairés d’une douce lueur bleutée, ayant permis le développement d’une végétation que la jeune femme n’avait jamais vu avant. L’air été légèrement humide, mais loin d’être oppressant. En fait, la demoiselle était certaine de finir par apprécier cet endroit avec un peu plus de temps. Et si ses cours particuliers duraient toute l’année, alors elle serait amenée à y revenir fréquemment.

— Eh bien, je ne m’attendais pas à vous voir arriver de sitôt, Alvie.

L’interpellée sursauta avant de se retourner face à Nevra. Une fois encore, elle ne l’avait pas entendu arriver. Ses pas ne faisaient pas le moindre bruit, un détail sur lequel elle devrait également se concentrer à l’avenir.

— Vous avez dix minutes d’avance.
— C’est vrai, approuva-t-elle dans un sourire. Mais je vous avais dit que je serais à l’heure et motivée !
— Oui, je m’en souviens. Alors ? Sur quoi aimeriez-vous vous concentrer ce soir ?
— Eh bien je… j’ai quelques notions en techniques d’infiltration humaine. Mais je crains qu’elles ne soient pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre dans une telle académie.
— Allons, il ne sert à rien de douter de vous de la sorte. Montrez-moi ce dont vous êtes capables, et nous verrons tout ceci ensemble.

La jeune femme approuva d’un signe de tête avant de finalement faire quelques démonstrations. Elle se dissimulait dans les ombres, se déplaçait lentement tout en exécutant des roulades ou en rampant pour passer d’une cachette à une autre sans se faire voir. N’étant pas comme la plupart des peuples possédant des pouvoirs lui permettant de faire facilement ce genre de chose, elle ne pouvait se reposer que sur sa discrétion et son agilité. Finalement, elle revint vers son instructeur qui arborait un petit sourire.

— Alors ? questionna-t-elle, attendant le verdict.
— Pour une première démonstration, c’est très bien, d’autant plus que nous ne sommes que le début de l’année, assura Nevra dans un sourire encourageant. Vos techniques ne sont probablement pas les plus spectaculaires, mais elles fonctionnent très bien. Excepté peut-être sur un vampire, qui vous entend encore beaucoup trop quand vous vous déplacez.

Il pointa ses oreilles pour appuyer ses propos.

— Mais nous travaillerons tout ceci tout au long de l’année. Quoi qu’il en soit, vos bases sont solides. Si vous travaillez assidument lors de nos cours particuliers, vous deviendrez rapidement la meilleure, à n’en pas douter.
— Merci pour tout ! s’exclama Alvie.

Devant un sourire si rayonnant, le brun ne put s’empêcher de faire de même. Cette année promettait d’être réellement intéressante.

***

Les semaines avaient continué de s’écouler, laissant bientôt place aux mois. Durant tout ce temps, Alvie avait continué à rencontrer son instructeur tous les deux jours, pour s’entraîner. Ainsi, son niveau ne faisait que monter, lui donnant sans aucun doute la plus belle courbe de progression de toute l’académie dans cette matière. Et surtout, elle pouvait passer du temps avec le vampire. La légère anxiété qu’elle ressentait auparavant, quand elle se retrouvait seule avec lui, avait rapidement laissé place à une douce euphorie. Parfois, elle se plaisait à penser qu’il n’y avait pas qu’elle qui profitait de ces entrevues, et que sa relation avec Nevra pourrait évoluer pour plus. Malgré tout, elle faisait tout son possible pour recadrer son esprit avant qu’il ne dérive de trop. Il était un professeur, elle était une élève. Il ne pouvait rien y avoir entre eux, elle le savait bien.

Elle reporta finalement son attention sur le plateau qui se trouvait devant elle, alors qu’un fort soupir résonnait à ses côtés. La nymphe était toujours en train de relire les résultats de ses examens trimestriels, la tête appuyée sur sa main et les lèvres pincées d’irritation.

— On pourrait facilement gonfler un ballon de baudruche avec tous tes soupirs, taquina doucement l’humaine. Tes résultats sont si mauvais que ça, Balya ?
— Ils ne sont pas catastrophiques non plus, mais on ne peut pas vraiment dire qu’ils sont bons, hélas, répondit la concernée en posant finalement son bulletin. À part en alchimie et incantations où j’ai eu de bonnes notes, j’ai à peine la moyenne dans les autres matières. Dans ces conditions, je pense que je vais avoir du mal à valider mon année.
— Ah…
— Et toi ? Comment sont tes notes ?
— Bonnes ! Un peu plus faibles dans tes disciplines de prédilections, mais elles restent correctes.

L’humaine lui montra son bulletin que la nymphe parcourut rapidement des yeux.

— Je comprends pourquoi tu as été admise dans la classe des Ombres, reprit-elle joyeusement. Tes notes sont excellentes !
— C’est le fruit de mon travail, je suppose.
— Loin de moi l’idée de vouloir t’accabler d’un fardeau de plus, mais si jamais tu as un peu du temps, tu crois que tu pourrais m’aider à m’améliorer dans ces matières ? Bien que le coefficient soit plus faible dans ma filière, ça sauverait mon année !
— Si je peux, oui, bien sûr !
— Merci mille fois ! T’es sûre que, plus qu’une humaine, tu ne serais pas un ange pour posséder une telle bonté d’âme ?

Alvie ne répondit rien, se contentant de rire. Oh ça oui, elle en était sûre ! Mais peut-être que ne pas avoir d’acquis extraordinaire était justement un avantage, dans son cas ? Sans pouvoir, il lui fallait adopter beaucoup de rigueur et cela lui permettait de progresser toujours plus.

Elle jeta finalement un coup d’œil à sa montre avant de se lever.

— Je vais devoir te laisser Balya, j’ai des choses à faire.
— Pas de souci ! Bonne nuit si jamais je ne te revois pas.
— Merci, à toi aussi.

Elle lui adressa un dernier signe de la main avant débarrasser son plateau et quitter la pièce. Ignorant les élèves qui se trouvaient sur sa route, elle marcha vers la cave, cet itinéraire qu’elle connaissait si bien désormais. Elle descendit doucement les marches de l’escalier en colimaçon avant de constater que Nevra s’y trouvait déjà. Il était assis sur un muret de pierre et elle alla doucement prendre place à ses côtés.

— Alors ces résultats ? questionna-t-il dans un sourire. Satisfaite ?
— Oui.

Bien sûr, en tant que professeur principal, le vampire devait déjà être au courant de toutes ces notes. Malgré tout, Alvie lui tendit joyeusement son bulletin.

— C’est bien, très bien même, assura-t-il. Qui aurait cru qu’une simple petite humaine puisse être aussi performante, étant même devant des élèves des grands peuples de ce monde ? Tu as vraiment bien progressé depuis le début de l’année.

La jeune femme sourit légèrement, ne faisant pas le moindre commentaire. Cela faisait un peu plus d’un mois maintenant que le brun la tutoyait durant leur séance, brisant la distance du langage qui les séparait, et cela ne la dérangeait pas outre mesure. Au contraire, si elle devait être parfaitement honnête, elle l’appréciait même beaucoup.

— Mais avec tout ça, je ne vois pas ce que les cours particuliers que je te donne pourraient t’apporter de plus, reprit-il. Tu es suffisamment en avance pour avoir déjà assimilé des techniques que nous avons à peine vues en cours, avec le reste de la classe.

Le sourire d’Alvie disparut rapidement. Était-il en train de dire qu’il fallait que tout ceci cesse ? Non, ce n’était pas possible, pas comme ça. Il fallait qu’elle trouve une excuse, et vite !

— C’est justement grâce à toutes ces leçons que j’arrive à m’en sortir. SI nous nous arrêtons là, j’ai peur que mon niveau ne commence à stagner, et que je me retrouve bien vite à la traine.

Elle se concentra pour essayer de faire en sorte que sa voix ne sonne pas si désespérée. Après tout, c’étaient les seuls instants qu’elle pouvait partager avec celui qui hantait ses pensées. Elle ne voulait pas avoir à y renoncer.

— Je pense que tu t’inquiètes pour…
— Non ! S’il te plaît Nevra, j’ai besoin de toi !

Elle plaqua aussitôt ses mains sur sa bouche alors qu’elle détournait les yeux pour ne pas rencontrer le regard surpris de son interlocuteur. Que venait-elle de dire ?

— Alvie… Tu…
— S’il vous plait, faites comme si vous n’avez rien entendu !

Il risquait de comprendre qu’elle devait être amoureuse de lui, comme la plupart des étudiantes de l’académie. Et que c’était précisément pour passer du temps avec lui qu’elle lui avait demandé de l’entraîner. Mentalement, elle se préparait à l’entendre rire avant de quitter la salle sans un regard pour elle. Mais ceci ne s’est jamais produit. Au lieu de cela, elle sentit une main douce venir prendre celle qui recouvrait toujours ses lèvres, l’abaissant doucement.


— Mon prénom, murmura-t-il. S’il te plait, redis-le.
Ce n’était pas réellement la réaction à laquelle l’humaine s’était attendue, mais elle était nettement plus réconfortante, lui forçant un léger sourire.

— Nevra, répéta-t-elle doucement, appréciant la symphonie que ce prénom jouait sur sa langue.

Cette action provoqua un doux sourire sur les lèvres pâles du vampire, dévoilant ses canines pointues. Il se rapprocha doucement de la jeune femme.

— Depuis le début, dès la seconde où tu t’es présentée au reste de la classe, j’ai su que tu n’étais pas comme les autres, confia-t-il. Je ne saurais expliquer quoi, mais il y a quelque chose que dégage ton âme de captivant, envoûtant. Je dois avouer que de ce fait, j’étais plus qu’heureux quand tu es venu me demander de te donner des cours particuliers. Même si ce n’était qu’une relation de maître à élève, je pouvais au moins passer du temps avec toi.

Le cœur d’Alvie sembla faire un bond dans sa poitrine à cette écoute alors qu’une douce rougeur recouvrait progressivement ses joues. C’était le moment pour elle de faire également quelques révélations.

— Eh bien… pour être tout à fait honnête, c’est justement parce que je voulais également passer du temps avec toi que j’ai demandé ces cours. Bien sûr, ils m’ont été bénéfiques, mais c’est surtout que, parmi toutes ces demoiselles issues de peuples plus prestigieux que le mien, je pensais n’avoir aucune chance que tu me regardes. Parce que je suis ton élève et uniquement cela…
— Je ne t’ai jamais vu que comme cela. Je t’aime Alvie.

Un agréable frisson parcourut la colonne vertébrale de la jeune femme à l’entente de ces mots. Son prénom avait l’air si doux, prononcé par sa voix. Rougissant davantage, elle rassembla ses esprits, son regard ayant du mal à soutenir celui du brun. Mais elle ne voulait pas détourner les yeux malgré tout.

— Je t’aime aussi, Nevra.

Le sourire du jeune homme s’illumina davantage avant qu’il ne se penche, capturant les lèvres de la demoiselle dans un doux baiser. Bien sûr, ils savaient tous les deux que les relations entre un instructeur et un étudiant étaient interdites, et qu’il ne fallait pas qu’elle s’ébruite. Mais pour le moment, cela leur importait peu. Dans leur bulle, le monde n’existait plus.

***

Deux semaines étaient déjà passées depuis qu’Alvie était en couple avec son instructeur. Et honnêtement, elle avait encore du mal à y croire pleinement. Bien sûr, à première vue, rien n’avait changé dans son quotidien. Pourtant, ce qui était initialement des cours particuliers s’était transformé en rendez-vous nocturne. Combien de temps avait-elle passé dans les bras de son cher et tendre, à profiter de l’odeur de sa peau et de la douceur de ses lèvres ? Beaucoup trop pour être compté, c’était certain.

Néanmoins, tout ceci n’avait pas eu que du bon, puisque cela faisait un moment maintenant qu’elle était suivie par Anarys. Il s’agissait d’une elfe noire de sa classe. Sa peau était de la couleur des ténèbres et d’aspect nébuleux. Elle contrastait grandement avec ses longs cheveux d’un blond platine et ses yeux dorés lumineux. Ses oreilles pointues étaient serties de bijoux en tout genre, alors qu’elle n’était vêtue que de t-shirt d’un rouge sombre, rappelant la couleur du sang. Celle-ci avait prétendu vouloir apprendre à connaître davantage Alvie, mais l’humaine s’était rapidement rendu compte que tout ceci ne servait qu’à la surveiller. Visiblement, l’elfe n’avait pas apprécié qu’elle ait de meilleures notes dans les matières d’espionnages et tentait de découvrir comment elle avait pu s’y prendre. De ce fait, il lui était plus délicat d’aller voir Nevra, et devait écourter leur rendez-vous pour éviter d’éveiller les moindres soupçons.

C’est donc lassé qu’elle entra dans le réfectoire pour prendre son diner. Elle se saisit rapidement d’un plateau avant d’aller s’asseoir auprès de Balya. La nymphe releva rapidement ses yeux de ses fiches de notes pour la regarder.

— Que t’arrive-t-il Alvie ? questionna-t-elle finalement. Tu n’as pas forcément l’air de très bonne humeur ce soir.
— C’est normal. Ça fait bientôt quatre jours qu’Anarys, une fille de ma classe, prétend vouloir être mon amie. Ça ne m’aurait probablement pas dérangée si elle venait me parler plutôt que de rester à bonne distance et épier tous mes faits et gestes. À cela se rajoute le fait qu’elle me suit absolument partout.

Pour appuyer ses propos, elle désigna d’un léger signe de tête la table où se trouvait l’elfe en question. Balya suivit son regard pour constater qu’elle les observait.

— Je comprends mieux, marmonna la nymphe avant de reprendre : tu as essayé de lui dire que ça te gênait ?
— Oui. Elle m’a dit ne pas s’en rendre compte et n’avoir aucune arrière-pensée, mais elle n’a pas cessé pour autant.

Et honnêtement, cette situation angoissait beaucoup la blonde. Peut-être qu’Anarys avait découvert quelque chose concernant sa liaison avec Nevra, et qu’elle attendait qu’elle se trahisse. Mais si cela se produisait, elle risquait d’être radiée de l’académie, et de faire perdre son emploi au vampire. Et elle ne pouvait pas se le permettre.

— Elle a l’air un peu bizarre, conclut Balya. Si elle est jalouse de ta réussite, elle a qu’à travailler davantage au lieu de venir t’importuner.
— Oui, sans doute.

Le calme revint alors qu’elles terminaient toutes deux leurs repas. Par la suite, Alvie se dirigea vers sa chambre. Même s’il s’agissait d’un jour où ils se retrouvaient d’ordinaire à la cave, elle avait dit à Nevra qu’elle ne viendrait pas, afin de ne pas risquer d’être suivie. Après tout, sa chambre était peut-être le seul endroit où elle avait encore la paix. Quelque part, le comportement d’Anarys lui apparaissait presque inquiétant.

Elle secoua la tête pour chasser ce genre de pensée avant de verrouiller la porte de son petit chez elle. Elle se dirigea par la suite vers son lit avant de s’installer pour lire un peu ses cours de botanique. Après tout, la dernière note qu’elle avait eue dans cette discipline s’était révélée passable. Il lui restait encore beaucoup à apprendre sur les plantes si elle voulait améliorer son niveau en alchimie avant la fin de l’année.

Concentrée sur ce qu’elle faisait, elle ne prêta plus attention à ce qui l’entourait jusqu’à sentir le matelas s’affaissait auprès d’elle et une main se poser sur son épaule, la faisant sursauter. Elle se retourna vivement avant que son regard ne s’adoucisse.

— Nevra, sourit-elle légèrement. Tu m’as fait peur, je ne t’ai pas entendu approcher. Par où es-tu même entré ?
— Par la fenêtre, répondit le brun en montrant la vitre d’un signe de tête. Ne sous-estime pas ma discrétion et mes compétences d’infiltrations.

L’humaine ne répondit rien, se redressant pour déposer tendrement ses lèvres contre les siennes.

— C’est risqué de venir ici, déclara-t-elle tout de même. Je pense que nous devrions prendre un peu de distance ces temps-ci.
— Je sais. Ezarel est venu me voir à ce propos. Visiblement, une élève lui aurait dit qu’elle se demandait si je ne faisais pas du favoritisme auprès d’une de mes étudiantes.

Alvie se tut un instant. Au fond d’elle, elle était certaine qu’il devait s’agir d’Anarys. Mais si elle commençait à exposer ses doutes aux autres instructeurs, cela risquait de compliquer davantage les choses.

— Raison de plus pour attendre un peu avant de nous revoir.
— Ce n’est pas la peine. Plus que des collègues, Valkyon et Ezarel sont mes plus proches amis. Je sais qu’ils ne diront jamais rien à la directrice de cette académie, rassura Nevra. Et surtout, j’avais envie de te voir. Et je ne pouvais pas attendre pour le faire.
—Oh Nev…

Il reprit possession de ses lèvres, l’entraînant dans un doux baiser, contenant tout son amour pour elle. Et Alvie pouvait sentir ses doutes se balayaient à cette simple pensée. Bien sûr, dissimuler ce couple aux yeux du monde pendant le reste de l’année serait difficile. Mais à ses côtés, elle était prête à réussir toutes les épreuves jusqu’à l’obtention de son diplôme.

Après tout, l’amour ne connaît aucune barrière.