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Tout ira bien
Quand on est heureux, on espère toujours que les choses resteront éternellement comme elles sont. J'aurais voulu pouvoir rester avec mon frère, Dimitri. Depuis toujours il me protège de tous ceux qui se moquent de moi et de mes yeux vairons, je suis même sûr que si il trouvait celui qui m'a donné ces yeux bleu et rouge, il irait lui casser le nez. Que ce soit un garçon ou une fille, un adulte ou un enfant, Dimitri a toujours pris ma défense comme le ferait un super-héros. Je l'adore, il est mon frère adoré, nous avons toujours été ensemble et je ne vois pas pourquoi cela changerait. Avec lui je sais que ça ira, que je n'aurai jamais peur.
Malheureusement, la réalité finit toujours par nous rattraper. En ce qui me concerne, elle m'a eu au détour de ma première année de lycée. J'étais au lycée depuis environ deux mois et les moqueries de mes camarades avaient commencées dès le premier jour. Je n'en parlais pas à Dimitri, j'avais seize ans et je pouvais me défendre moi-même contre ceux qui se moquaient de moi. Du moins c'est que je pensais. Je ne voulais pas l'embêter avec mes problèmes, mais je me demande si je lui avais dit, est-ce que les choses auraient été différentes ? C'était un soir d'octobre, les vacances étaient bientôt terminées quand Dimitri m'a pris à part après le repas pour me parler. Nous sommes allés sur le balcon et il a d'abord pris mes mains avant de commencer à mer parler :
Cellsius, ce que j'ai à te dire est important et je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, je tiens à toi, me dit-il doucement
Que se passe t-il Dimitri ? Quelque chose de grave ? je ne peux m'empêcher de commencer à paniquer.
Ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien petite sœur. Ce que je veux te dire, c'est que rentre en Russie pour vivre avec papa.
Une bombe aurait pu exploser à ce moment-là que je n'aurais rien remarqué. Une seule chose tournait en boucle dans ma tête : mon frère allait partir à plusieurs centaines de kilomètres de moi.
Pourquoi ? Ai-je faiblement réussi à articuler
Comme tu le sais, mes relations avec maman ne sont pas bonnes, je ne peux plus supporter de passer mes journées dans la même maison qu'elle. C'est pour ça que je m'en vais, la semaine prochaine, m'a-t-il répondu
Une semaine ? C'était si court ! J'étais incapable de lui dire quoi que ce soit. Dans une semaine, je serai seule avec ma mère, loin du frère qui m'avait toujours protégé et que j'avais toujours aimé. Je fus seulement capable de fondre en larme et de monter dans ma chambre pour pleurer tout mon soûl et essayer de me remettre de ce que Dimitri m'avait dit. Alors qu'il n'était pas encore partit, j'avais l'impression d'être abandonné. Je me sentais seule, comme si la personne que j'aimais et admirait le plus m'avait laissée dans un coin et ne reviendrait jamais.
-Une semaine plus tard-
Quand il fallu que lui dise au revoir à l'aéroport, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer toutes les larmes de mon corps. Dimitri m'a longuement serré dans ses bras et m'a dit doucement :
Ne pleure pas sœurette, je ne m'en vais pas pour toujours, on se reverra pour les vacances de Noël, de février, et à Pâques. Et tu pourra venir en Russie pour les vacances d'été. N'oublie pas que tu possède un téléphone et que tu peux donc m'envoyer des messages ou m'appeler quand tu veux. Je serai toujours là, quelque soit la distance qui nous sépare. Je t'aime ma petite sœur chérie.
Il dépose un baiser sur mon front et me sourit gentiment avant de tourner les talons vers l'air d'embarquement.
Les jours qui suivirent son départ ne furent pas facile pour moi, les remarques sur mes yeux devenaient de plus en plus récurrentes et j'avais de plus en plus de mal à les supporter sans mon frère qui me soutenait même sans savoir ce qui me dérangeait. Au bout de deux semaines, après une longue discussion avec ma mère, l'évidence s'imposait à toutes les deux : il fallait que je change de lycée. Ma mère trouva près de chez nous le lycée Sweet Amoris et elle fit très rapidement les démarches pour que je puisse y aller. Elle était si efficace que moins d'une semaine après elle m'apprit que après le week-end, je pourrai découvrir mon nouveau lycée et me faire des amis. Du moins, elle espérait très fort pour ce dernier point. Le dimanche soir, alors que j'allais me coucher, maman vint m'apporter une lettre de Dimitri qui était arrivé la veille et qu'elle avait oublié de me donner. Je l'ouvris avec empressement. Mon frère ne m'avait pas oublié, il pensait à moi ! À peine ai-je ouvert la lettre que je me sentis fondre devant le papier violet qu'il avait choisi. Le violet était ma couleur préféré et Dimitri le savait. Bien que petite, cette attention me mit du baume au cœur, mais avant de me transformer en guimauve je me mit à lire la lettre de mon frère.
« Ma chère petite sœur,
J'espère que tu te portes bien et que tu ne m'en veux pas trop d'être si loin de toi. Je sais que ça n'a pas été facile pour toi mais je suis sûr que tu surmonteras cette épreuve tout comme tu as survécu à la perte de Mister Carotte, ton lapin en peluche quand tu étais en CP. J'ai aussi une bonne nouvelle pour toi, papa et moi pourront venir en France pour passer Noël avec maman et toi. Du moins si je survis au climat russe, en ce moment, il fait tellement froid que je vais finir par devenir un bonhomme de neige.
Porte-toi bien ma sœurette d'amour,
Ton grand-frère préféré, Dimitri »
Après avoir lu la lettre, je sentis mon cœur se réchauffer et une vague de joie m'envahir. Dimitri pensait à moi ! Il prenait de mes nouvelles ! Et j'allais même pouvoir le revoir avec papa dès les vacances de Noël. Malheureusement, je me souvint que j'allais arriver dans une nouvelle école dès le lendemain et que je n'y connaissais personne et mon cœur se serra. Malgré tout, je me promis d'envoyer à mon frère une lettre dès le lendemain même si elle ne promettait pas d'être des plus joyeuse si je disais la vérité. Le lendemain, je ne pus m'empêcher de me réveiller avec une énorme boule de stress au ventre. J'allais me jeter corps et âme dans l'inconnu et je n'étais absolument pas optimiste à cette idée. Cela fit que je fus incapable de manger plus qu'un morceau de pain avec un verre de jus de fruit qui me resta en travers de la gorge. C'était le grand jour, j'allais découvrir de nouvelles personnes et un nouveau lycée. Même si je n'étais pas très optimiste, je devais profiter de ce nouveau départ, peut-être allais-je faire de belles rencontres et avoir quelque chose de joyeux à raconter à mon frère.
En arrivant à mon nouveaux lycée, je vis le panneau avec son nom dessus et j'eus envie de rire. Qui, en plus d'appeler cet établissement « Sweet Amoris », avait eu l'idée de choisir un cupcake comme logo ? J'avais l'impression d'être tombée dans un roman à l'eau de rose. Cette impression fut de courte durée puisque je me rendis compte rapidement que le lycée était immense et que je n'avais pas la moindre idée d'où se trouvait le bureau de la directrice. Je me décida à rentrer dans le bâtiment, où peut-être je trouverai quelque chose m'indiquant où le bureau était. Une fois à l'intérieur, je vis une fille de mon âge avec des cheveux blonds ondulés qui regardait son téléphone. C'était la seule personne présente donc je n'avais pas le choix, j'allais devoir lui demander mon chemin. Je fis donc quelques pas timides pour me rapprocher d'elle et je lui posât ma question :
Hey, je suis nouvelle et je me demandais si tu savais où se trouve le bureau de la directrice.
Elle leva la tête, me regardât de haut en bas avant de lâcher :
J'ai l'air d'un guide pour les paumées dans ton genre ? Non ! Alors fiche-moi la paix looser !
Il me fallut un instant pour comprendre que je venais de me faire insulter par la première fille que je croisai ici. J'étais prête à répliquer quand heureusement pour moi, une jeune femme aux cheveux blanc vint à ma rescousse.
Elle va se calmer tout de suite Barbie !
Puis elle se tourna vers moi et me dit :
Tu cherches le bureau de la directrice ? Pas de problème, je t'y emmène !
Sur ces mots, elle prit ma main et m’entraîna dans les couloirs du lycée jusqu'à une porte peinte en rose et me dit :
Et voilà ! Je vais te laisser ici, mes cours commencent bientôt. Au fait, je m'appelle Rosalya, et toi ?
Je m'appelle Cellsius.
Eh bien, ravie d'avoir fait ta connaissance miss. J'espère que l'on se reverra.
Je vis Rosalya s'éloigner et me laisser seule devant le bureau. Je pris mon courage à deux main pour toquer à la porte et l'instant d'après, une femme avec des cheveux gris noués en chignon et une robe rose faisant penser à une robe de chambre ouvrit la porte.
Oh vous devez être mademoiselle Cellsius, entrez donc, que nous complétions votre dossier avant de vous menez à votre classe.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour compléter ledit dossier et la directrice, qui s'appelait Madame Shermansky me conduisit jusqu'à ma classe. Et quelle classe... Je n'eus aucun mal à identifier la blonde qui m'avait rembarrer tout à l'heure, elle était avec deux autres filles dont je sentais que j'allais devoir m'en méfier comme de la peste. Je vis aussi Rosalya qui me fit un petit geste de la main et un sourire. Je ne fis pas attention aux autres si ce n'est qu'à un jeune homme qui avait les yeux vairons, un jaune, un vert, qui semblait un peu ailleurs. Cela me fit aussitôt sentir une bouffée d’espoir. Il y avait ici quelqu'un comme moi. Et sa différence ne semblait choquer personne.
Mademoiselle Cellsius ?
Oui ? fis-je en relevant la tête d'un air surpris.
Je disais que vous pouvez vous asseoir à côté de Kentin.
Le professeur me désigna une place au fond à côté d'un jeune homme châtain qui semblait habillé tel G.I Joe. Quand je m'assis près de lui, il me fit un petit sourire que je lui rendis timidement. Après ce bref échange, je fis de mon mieux pour me concentrer sur le cours et dès la sonnerie je me précipitais hors de la salle. Je me fis néanmoins bousculer par la blonde qui s'appelait Ambre et dont j'avais appris le nom durant le cours car elle s'était faîte réprimander pour une très mauvaise note à un devoir. Ambre me jeta un regard mauvais et méprisant et je m'enfuis le plus vite possible sans voir Rosalya essayer de rattraper.
Une fois chez moi, je montas rapidement dans ma chambre pour essayer de faire le tri dans tout ce qui s'était passé dans cette journée. Il y avait eu du négatif comme du positif. Mais ça n'allait pas suffire à me faire avouer à mon frère que j'avais changer de lycée à cause du harcèlement. Je lui écrivis une lettre dans laquelle je disais que tout était comme d'habitude, que j'allais bien et que j'étais pressée de le revoir lui et papa. Une lettre assez banale en somme. Ayant repéré une boite au lettre pas loin de Sweet Amoris, je décidais de poster ma lettre le lendemain avant d'aller en cours.
Le lendemain en question, je me réveillais presque aussi stressée que la veille mais je fis un effort pour avaler mon petit-déjeuner. Je me devais de tenir. Je partis avec vingt minutes d'avance avec l'espoir que ce soit suffisant pour ne pas croiser Ambre et ses acolytes. Cela sembla marcher puisque ce fut sur Rosalya et Kentin que je tombais en arrivant devant ma salle de classe.
Ma petite Cellsius ! Je suis contente de te voir, tu es partis si vite hier que je n'ai pas eu le temps de te parler !
Je ne te le fais pas dire, ajouta Kentin, je n'ai même pas pu lui demander si elle voulait manger avec nous ce midi.
Je ne pouvais pas m'empêcher d'être surprise par leur mots. Allais-je réussir à me faire des amis aussi vite. Je réussi tout de même à articuler :
Pour ce midi, ce sera avec plaisir. Enfin, si ça tient toujours.
Bien sûr ! me dit Rosalya avec un immense sourire sur le visage, les jumeaux ont tellement hâte de faire ta connaissance.
Les jumeaux ?
C'est vrai, tu ne les a pas encore rencontré. Alexy et Armin sont dans notre classe, tu les a sûrement aperçu. L'un est toujours collé à sa console et l'autre a des cheveux bleus.
On parle de mes merveilleux cheveux ? ajouta une voix amusée derrière moi.
Je fis un bond et vis un garçon aux cheveux bleu pétant aux yeux rieurs qui me souriait à pleine dents.
Je vois que Rosa n'a pas traîné pour te mettre le grappin dessus. Au fait moi c'est Alexy, et la chose collée à sa console c'est mon frère Armin.
L'intéressé releva la tête et me sourit. Il ressemblait à Alexy comme deux gouttes d'eau si ce n'était ses cheveux noirs. Il fit ensuite un signe de la main à Rosalya et Kentin. La jeune femme combla rapidement le silence.
Alexy, qui crois-tu que je suis ? Je n'allais pas laisser une aussi adorable demoiselle telle que Cellsius toute seule. Et puis plus on est de fous plus on rit.
Un sourire vint naître sur mon visage. Finalement ce nouveau lycée allait être plutôt cool.
Trêve de bavardage les enfants, grommela Alexy, Mr Faraize vient de débarquer et nous devons nous préparer à une matinée excitante en compagnie de notre nouvel ami depuis une semaine, Attila, roi des Huns et son herbe qui ne repousse pas.
Sur ces mots, il nous poussa vers la salle de classe et je me retrouvais assise près de Rosa pour mon plus grand plaisir qui sembla s'ennuyer ferme jusqu'à midi.
Une fois que l'heure du déjeuner fut venu, Rosa m'entraîna vers la cantine, me laissa à peine choisir quoi manger et m'amena à une table près de la fenêtre. Dès que les jumeaux et Kentin furent avec nous, elle commença à m'interroger :
Alors ma petite Cellsius, qu'est-ce qui t'a amené au lycée Sweet Amoris ?
Eh bien... disons que les gens n'aimaient pas ma différence et se faisaient un plaisir d'en rire.
Ta différence ? Aaah je vois, tu parles de tes yeux. Ne t'inquiète pas pour ça, ici on a Lys-chou qui a lui aussi les yeux vairons et personne ne lui fait de réflexion.
Lys-chou ?
Elle parle de Lysandre, m'informa Armin, il est avec nous en classe.
Oh, je crois l'avoir vu hier, il semblait un peu à l'ouest.
Rosalya éclata de rire.
Tu n'as encore rien vu de ce côté là.
Je confirme, sourit Kentin
C'est un vrai poisson rouge, ajouta la jeune femme, mais Cellsius, si tu te sens mal vis-à-vis de tes yeux, tu pourrai en parler à Lysandre. Il serait heureux de parler avec toi. Je te le présente dès qu'on a fini de manger !
Rosalya ne m'avait pas menti. Elle m'emmena voir Lysandre dès que notre repas fut fini. Quand j'y pense, c'est grâce à elle si aujourd'hui je vais mieux, si j'ai pu rencontrer mes amis ce jour-là et grâce à elle si j'ai pu parler à Lysandre pour la première fois. D'ailleurs je ne suis pas prête d'oublier les premiers mots que j'ai échangé avec lui. J'étais un peu stressée mais le doux sourire de Lysandre et le l'expression encourageante de Rosa m'ont donné le courage de lui parler. Il m'a dit que personne ne l'avait jamais dérangé pour ses yeux mais que si jamais qui que soit venait à m'enquiquiner, je pouvais lui en parler et que mes yeux étaient très bien comme ils étaient. Ces mots m'ont fait tellement de bien. Je vais bien...
Aujourd'hui c'est la dernière semaine de cours avant les vacances de Noël et bien que je vais bientôt le revoir, j'ai décidé d'écrire à Dimitri. Nous avons eu de nombreux échanges lui et moi mais je lui avais encore jamais dit tout ce qui m'était arrivée. Cette fois c'était la bonne. Je pris mon stylo et je lui écrivit ma dernière lettre de l'année.
« Mon frangin adoré,
Comment vas-tu depuis la dernière fois ? En ce qui me concerne tout va bien. Bien que j'ai dû changé de lycée peu de temps après que tu sois partis, j'ai réussi à m'en sortir et je me suis fait plein d'amis ! Je suis persuadé que tu les aimerais de tout ton cœur. Il y Rosa, toujours de bon conseil et chaleureuse. Elle adore la mode et s'est mis en tête de me relooker. Ensuite il y a Kentin, on dirait G.I Joe mais étant donné qu'il a fait l'école militaire, on va dire que c'est normal. C'est un vrai bisounours en vrai. Enfin, il y a les jumeaux Alexy et Armin, Alexy a les cheveux bleux et est un vrai petit rayon de soleil, Armin quand à lui un pro des jeux vidéos mais on peut compter sur lui pour lever le nez de sa console si on a besoin de lui. Je suis heureuse et j'espère que tu le seras aussi en lisant ma lettre.
Ta petite sœur adorée,
Cellsius. »
Je pense sincèrement ce que j'ai dit à mon frère, depuis que j'ai rencontré tout ce petit monde chaque jour est une nouvelle aventure. Avec eux je sais que ça ira, que je n'aurai jamais peur. Tout ira bien.
FIN