L'alchimie d'un combat
Valkyon marchait seul d’un pas pressé et lourd dans la forêt, la mine sombre. Le chef des obsidiennes était seul pour cette mission et cela avait tendance à l’énerver un peu. Pour lui, ce n’était pas sérieux, mais il comprenait la position de Miiko. Ou la gravité de la situation.
Des rumeurs circulaient autour du village de Tyriel. Cette plateforme du commerce alchimique était réputée pour fournir des ingrédients assez chers. Mais ils étaient d’une qualité et d’une rareté telle que les plus grands alchimistes devaient commander certains d’entre eux des mois à l’avance.
Néanmoins, ces ouïs-dires ne concernaient pas un de ses composants. Il y avait des vols, mais cela ne semblait pas l'intéresser. S’il était parti dans cette quête en solitaire, c’était à cause d’une rumeur sur un morceau de cristal que possédaient un groupe de brigands ayant pour spécialité l’alchimie. Il n’en savait pas plus.
Au regard des évènements, le “faélien” ne semblait pas être la personne la mieux taillée pour effectuer cette mission. Mais, avec Ezarel parti dans les terres de Jade pour une mission diplomatique et Nevra étant déjà occupé sur de l’infiltration, il ne restait plus que l’obsidienne.
La cheffe de la garde lui faisait confiance pour gérer seul ce problème et il avait estimé que le plus simple serait, dans un premier temps, de recueillir des informations auprès des locaux. Dans le pire des cas, cela serait utile pour remplir son rapport.
Son regard ambré observa les lieux, ne remarquant pas tout de suite le fumet violâtre qui se dégageait à certain endroit. C’est l’odeur de soufre qui finit par alarmer son esprit. Les sens aux aguets, Valkyon continua de marcher en direction du village, comme si de rien n’était.
Il vit enfin les filets de fumée autour de lui et cela commençait à l’inquiéter. Ce n’était clairement pas quelque chose qui se produisait dans la forêt. S’il pouvait être quasiment sûr que cela avait une origine humanoïde, le chef de garde ne pouvait pas certifier que cela provenait du groupe de brigands qu’il cherchait à arrêter.
Tout doucement, l’obsidienne porta sa main vers le manche de sa hache. Cela le rassura un peu. L’acier froid sous ses doigts lui donnait la force de pouvoir soulever des montagnes. Avec elle, il était en capacité de vaincre n’importe quel adversaire. Ou presque.
Le craquement d’une branche d’arbre se fit entendre. Instinctivement, le dragon se raidit. Il était maintenant assuré d’être suivi et que cela avait un lien avec la fumée violette. L’obsidienne s’arrêta avant de dégainer calmement son arme.
Il balaya les lieux d’un regard des plus perçants tout en dégageant l’air le plus assuré qu’il pouvait donner.
“ Je vous somme de vous montrer ! Tonna la voix pénétrante de Valkyon. Au nom de la Garde d’Eel !”
Aucune réponse ne se fit entendre, ce qui exaspéra un peu les nerfs du guerrier. Le silence n’était jamais bon signe dans ce genre de situation. Et il regrettait un peu d’être parti seul sur cette mission.
La fumée autour de lui devient plus épaisse, finissant par l’empêcher de voir ses assaillants. Tout ce qu’il pouvait remarquer, c’était le bruit que faisaient ses agresseurs en s’approchant de lui. Comprenant qu’il devrait combattre, le “faélien” se mit en position de combat, les muscles tendus.
Il allait clairement le payer un peu plus tard, néanmoins, c’était sa mission et le chef des obsidiennes n’avait pas l’intention de se défiler. Surtout que son sang commençait à bouillir d’excitation à l’approche du combat qui se faisait languir.
Quatre attaquants l’encerclèrent, leurs visages cachés par des cols qui remontaient jusqu’à leurs nez. Valkyon évalua les risques. Au vu de leurs gabarits chétifs, il ne devrait pas avoir trop de problème à les maîtriser. La seule chose à laquelle il devait faire attention était leurs ceintures d’alchimistes.
Le membre de la garde d'Eel se mit en position de combat, la lame de son arme devant lui. Sans crier gare, deux des agresseurs lui sautèrent dessus. Alors qu’ils allaient lui asséner des coups de dague, Valkyon les esquiva. Il en profita pour en assommer un avec le plat de sa hache.
Sans attendre qu’il se relève, un autre alchimiste rentra dans le combat. Il déboucha une des fioles à sa ceinture avant de la lancer en direction du “faélien”. Le guerrier s’écarta prestement. Mais le dernier homme en profita pour lui porter un coup de pied circulaire au niveau du crâne.
L’obsidienne grogna à cause de la vive douleur. Cela ne l’empêcha pas de riposter avec le manche de sa hache. Il l’enfonça avec force dans son ventre, coupant son souffle. Plus que deux adversaires. Ils décidèrent de l’attaquer ensemble, hurlant, comme pour se donner du courage.
D’un mouvement vif et précis, le chef de garde fit tournoyer son arme pour les étourdir. Les deux corps s’affalèrent sur le sol, comme des poupées de chiffons.
L’adrénaline qui coulait dans ses veines, se calma. Valkyon reprit ses esprits pour observer les dégâts. Les individus étaient au sol et la fumée violette était toujours présente, cachant une partie de l’herbe. Sa main se porta à sa tempe, alors qu’un violent battement se fit sentir. Un liquide chaud coula entre ses doigts et il remarqua avec stupeur qu’il saignait.
Alors que le membre de la garde d’Eel observait sa main ensanglantée, il ne remarqua pas que l’un des hommes était encore conscient. Ce dernier ouvrit discrètement une de ses potions qu’il mélangea avec la flaque déjà présente.
De ce mélange apparut un serpent qui fondit en direction du cou du dragon. La morsure surprit Valkyon qui n’eut même pas le temps de comprendre ce qu’il se passait avant de s’effondrer dans un bruit lourd.
À son réveil, l’obsidienne avait du mal à percevoir le monde qui l’entourait. Il lui fallut quelques minutes pour voir correctement et pouvoir percevoir les voix de ses ravisseurs. Le “faélien” aux cheveux blancs ne comprenait pas ce qu’ils disaient. Néanmoins, le chef de garde savait qu’il ne tarderait pas à découvrir ce que c’était.
Le chariot qui le transportait s’arrêta. Il eut à peine le temps de cacher ses yeux avec ses mains pour éviter de se faire éblouir par le soleil couchant. C’est à ce moment-là que le dragon remarqua qu’il était enchaîné et qu’il n’avait plus aucune arme ou pièce d’armure sur lui.
Un homme, à la carrure bien plus imposante que ces derniers adversaires, lui donna un regard noir avant de lui aboyer l’ordre de se lever. Pour éviter le moindre souci, Valkyon fit ce qu’il dit sans un mot.
Devant lui apparut un camp de fortune. Au centre, un foyer crépitait. Juste au-dessus, un chaudron dégageait le délicat fumet du repas du soir. Il lui fallut beaucoup de maîtrise de soi pour empêcher son estomac de crier famine.
Des hommes et des femmes vaquaient à leurs occupations, sans lui donner le moindre regard ou signe d’intérêt. Le camp aurait pu ressembler à celui des gens du voyage, mais il manquait des enfants pour égayer l’endroit.
Un frisson lui parcourut l’échine avant qu’il ne soit ramené de force à la réalité. L’homme qui lui avait intimé de sortir l’avait pris par le col pour l’emmener vers une tente assez éloignée du reste du camp. À l’intérieur, l’obsidienne pu apercevoir une jeune femme assis sur le sol.
Cette dernière était enfermée dans une bulle translucide. Il eut à peine le temps de remarquer sa chevelure brune et bouclée avant de sentir son corps basculer en avant. Un bruit lourd se fit entendre lors de sa chute, faisant sursauter l’autre prisonnière.
Valkyon gémit, s’étant mal réceptionné. Les grands yeux verts de la jeune femme le scrutaient silencieusement, se demandant s’il allait l’attaquer. Mais il ne fit rien et elle soupira discrètement, soulagée.
Alors que le chef de garde roulait sur le dos pour se redresser, la jolie brune à la peau teintée de brun pâle repensait à ce qui l’avait envoyé dans cette situation des plus inconfortables. Le village de Tyriel avait subi d’importants vols dernièrement.
Les brigands avaient ravagé les laboratoires les plus importants, dérobant élixirs, parchemins et ingrédients des plus rares ou importants. Le chef du village lui avait donc confié la mission, lui faisant une confiance totale pour mener à bien les recherches.
La jeune femme les avait bien retrouvé, mais par un coup du hasard, les alchimistes avaient pris le dessus lors d’un combat. Et maintenant, elle se retrouvait là, assise sur la terre battue, les mains liées et dans l’incapacité de se battre.
Après une analyse de son environnement, le dragon lui donna un regard compatissant avant de replier ses jambes contre son torse. La brune était surprise de son comportement. Avant son arrivée, elle se demandait comment elle pourrait sortir d’ici, mais maintenant qu’il était là, la mercenaire avait peut-être une chance de finir sa mission.
“H-Hé, chuchota-t-elle.
- …
- Je … Je suis Rhinn … Une mercenaire, continua doucement la brune. Je me suis faite capturer alors que j’étais en mission pour le village de Tyriel. Je voul-
- Valkyon. Membre de la garde obsidienne, le coupa sur le même ton le “faélien”, non sans vouloir paraître méchant ou froid. Je suis aussi en mission pour ce village.
- B-bien, fit Rhinn, un peu sous le choc de sa présentation. Comme nous avons … Le même objectif, pourquoi pas nous associer pour sortir d’ici ?”
Le chef des obsidiennes haussa un sourcil, assez surprit de l’entendre dire ça. Face à lui, la jeune femme qui ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans, était assez frêle et ne semblait pas être apte au combat.
Mais une petite voix lui disait de ne pas se fier à son apparence. Quelque chose en elle semblait être ancien et fort … Comme une force draconique. Il ne releva rien tout en réfléchissant à sa proposition. C’était assez censé d’accepter, mais rien ne lui disait qu’il pouvait lui faire confiance.
Rhinn l’observait en silence, se demandant ce qui lui prenait autant de temps pour prendre une décision. Cela commença à la faire paniquer.
Valkyon finit par lui faire face avant d’accepter sa proposition. La mercenaire lui sourit doucement, sans savoir que le garde avait l’intention de l’observer pour savoir à quel camp elle appartenait.
Ils réfléchirent tous les deux à un plan pendant un long moment avant d’être perturbés par un alchimiste. Ce dernier déposa deux écuelles avec des cuillères avant de les laisser. La petite brune renifla son assiette, voulant s’assurer qu’il n’y avait aucune trace de poison.
Il n’en fut rien et elle prit une bouchée. Sa tête grimaça à cause du goût. Valkyon suivit son exemple et son visage ne tarda pas à afficher la même expression. Une petite voix était en train de lui dire qu’il regrettait les gruaux de Karuto.
Soudain, les orbes verts de Rhinn s’écarquillèrent. La cuillère lui avait donné une idée et il fallait qu’elle la teste. La jeune femme déposa son plat sur le sol, puis elle appuya ses mains sur la terre. Elle ferma les yeux pour faire pousser une racine, qui passa sous la barrière.
Le chef de garde la regarda faire, ne comprenant pas ce qu’elle testait. Puis, il vit un petit trou dans la bulle. Mais autour de ce dernier, il sembla apercevoir une tige. La mercenaire s’arrêta et observa le résultat en souriant.
Elle reprit son assiette pour manger, consciente qu’elle aurait besoin de force pour créer une ouverture plus grande qui permettrait à son compagnon d’infortune de quitter cette prison. L’obsidienne voulut lui poser quelques questions, mais la brune lui assura qu’elle lui donnerait des explications une fois le repas mangé.
Le “faélien” accepta et termina rapidement son plat. Rhinn fit semblant de s'allonger proche de lui, voulant donner l'illusion qu'elle cherchait un peu de chaleur pour contrer la froideur des nuits.
Le gardien fit de même et écouta les murmures de son acolyte. Elle lui expliqua rapidement que son pouvoir lui permettait de faire pousser des plantes quand elle le souhaitait.
Et ce qu'elle avait testé un peu plus tôt, c'était de savoir si elle pouvait utiliser une racine pour créer une brèche dans la paroi translucide.
Valkyon trouva l'idée intéressante et l'accepta. Puis, il indiqua à la brune qu'il vaudrait mieux se reposer un peu avant de s'évader de cette cellule.
Rhinn ferma les yeux, écoutant son conseil. Néanmoins, aucun des deux prisonniers ne put dormir correctement. Ils étaient tous les deux à l'affût du moindre bruit.
Une fois le camp bien plus calme, la mercenaire se leva, puis reprit son travail pour faire grandir la racine. Il lui fallut trente bonnes minutes pour créer une ouverture suffisamment grande pour que Valkyon puisse passer sans encombre.
Néanmoins, la tige commençait à ployer un peu à cause de la force de la barrière magique. La brune roula in extremis pour sortir alors que la racine se brisait dans un craquement sec. Les deux évadés se tendirent quelques instants, ayant peur qu’un des brigands ait entendu le bruit de leur évasion.
Personne ne vint et ils purent respirer. Jusqu’à ce que le tissu de l’entrée de la tente se déplace doucement sur le côté. Valkyon se mit en position de combat alors que Rhinn apercevait la silhouette d’un fenrisulfr. L’obsidienne le reconnut grâce à son collier et tendit sa main vers lui.
Le familier s’approcha en silence et le laissa le caresser. Le chef de garde lui souffla quelques mots à l’oreille, tandis que sa compagne d’infortune le regardait sans un mot. Il disparut alors que le “faélien” se relevait.
Rapidement, le dragon lui expliqua qu'il appartenait à une membre de la garde et qu'il allait transmettre une demande de renfort. La mercenaire hocha la tête avant de lui demander s'il avait un moyen de sortir le plus discrètement possible en les attendant.
Il proposa, dans un premier temps, à la jeune femme d’aller chercher leurs armes, ce qu’elle accepta d’un mouvement de tête. Rhinn passa devant lui pour observer l’extérieur. Il n’y avait personne et elle chercha du regard l’endroit où seraient cachés leurs possessions.
La mercenaire remarqua dans une des tentes, il y avait plusieurs armes qui pouvaient être distinguées. Elle recula avant de faire part de ses découvertes à Valkyon. Il écouta silencieusement avant de lui montrer l’arrière de la tente pour effectuer une sortie plus discrète.
La brune accepta et passa en première, ne faisant aucun bruit. Elle fut suivie par le chef de garde et ils contournèrent le camp en passant par la forêt pour s’approcher de leur destination. Ils attendirent que le brigand chargé de la surveillance délaisse son poste quelques instants avant de rentrer.
Le dragon put retrouver sans peine sa hache, mais sa partenaire avait un peu plus de mal à mettre la main sur ses affaires. Elle fronçait les sourcils, marmonnant quelque chose concernant une épée. Il lui intima de se dépêcher, mais la mercenaire lui fit comprendre d’un regard qu’elle ne trouvait pas ses armes.
Le gardien soupira avant de l’aider. Néanmoins, ils firent un peu de bruit, ce qui attira l’attention d’un alchimiste. Ce dernier les aperçut, puis alla sonner l’alerte, ce qui fit pester le chef de garde. Il intima à la jeune femme d’arrêter pour fuir. Mais Rhinn refusa, prétextant qu'elle ne le laisserait pas seul ici.
Le duo s'enfuit de la tente, mais il ne tarda pas à être encerclé, ce qui fit bouillonner intérieurement le dragon. Sa compagne d’infortune était quelque peu bornée et cela risquait de leur coûter la liberté qu’ils venaient à peine de retrouver.
La “faélien” à la chevelure d’argent empoigna son arme avant d’intimer à la mercenaire de courir pour sortir et s’enfuir le plus loin possible pendant qu’il retiendrait les assaillants. Pourtant, elle refusa, consciente que c’était sa lenteur à retrouver ses armes qui les avaient mis dans cette situation.
Cela énerva un peu plus Valkyon, qui pour ne pas exploser, canalisa sa frustration dans les coups qu’il donnait à leurs ennemis pour les repousser. Il ne lui laissait pas beaucoup d'occasions de l’aider, alors qu’elle s’évertuait à lui crier qu’elle savait comment se battre.
Les brigands se succédaient par vagues et les premiers qui avaient été terrassés revenaient pour permettre à leurs compagnons de se reposer. Rhinn tentait de se caler sur les mouvements de Valkyon, mais n’arrivant pas à communiquer avec le chef de garde, la jeune femme avait un peu de mal à encaisser ou repousser les attaques. Et sans son arme, cela ne l’aidait pas.
La mésentente entre les deux combattants finit par les mettre dans une posture assez délicate. Ils étaient dos à dos, quelque peu fatigués par le flot incessant d’alchimistes qui leur tombaient dessus. Rhinn ferma les yeux pour se calmer avant d’attirer l’attention du guerrier.
“Si l’on ne se coordonne pas, on va finir par tomber …, soupira la mercenaire.
- Merci de me faire remarquer ce petit détail ! S’emporta un peu le dragon.
- Laisse-moi finir de t’expliquer ! S’énerva à son tour la brune. Pour gagner il faut communiquer. Et ainsi, on pourra utiliser judicieusement ta force et ma magie !
- Hum … D’accord. Tu as un plan en tête ?
- Je … Si tu peux me couvrir, je pense que je peux utiliser mon don.
- Pour les emprisonner avec des lianes, termina Valkyon en déviant une potion qui était lancée contre eux.
- Mieux que ça, sourit-elle. Mais il faut qu’ils soient vivants … Cela fait partie de mon contrat.
- Hum … Cela peut s’arranger si tu me permets de les assommer, concéda le chef de garde.
- Marché conclu."
Le duo se donna un regard entendu sur la manière dont ils allaient se placer. Valkyon se mit en garde, les pieds ancrés dans le sol. À côté de lui, Rhinn ferma les yeux, se concentrant sur l’énergie qui s'accumulait dans ses avants-bras.
La douce chaleur qu’elle ressentait la coupa momentanément du monde extérieur. Plus aucun cri, signe de la ferveur des combats autour d’elle, ne se faisait distinguer. C’était juste elle et sa magie. En rouvrant les yeux, ses pupilles étaient devenues noires.
Autours de ses bras venaient d’apparaître des chaînes de couleur roses. Le maana qui les composait donnait un air translucide et quelque peu fragile aux liens, ce qui fit rire les alchimistes qui lui faisaient face.
Un premier s’élança vers la mercenaire, mais avec une rapidité déconcertante, elle roula sur le côté pour s’écarter. Après avoir levé son bras, elle l’abattit vers son assaillant. La chaîne fondit vers l’alchimiste.
Elle le frappa dans le bras avant de s’enrouler autour de son torse. Il rit puis commença à écarter ses bras pour s’en défaire. Mais à sa plus grande stupeur, le criminel ne parvint pas à s’en extraire.
La mercenaire ne laissa pas le temps aux autres de comprendre ce qu’il se passait qu’elle glissait entre ses adversaires telle une danseuse pour les enchaîner.
Valkyon, qui observait du coin de l’œil la scène, fut assez surpris. Il para un violent coup d’épée avant d’entendre la voix de sa partenaire lui demander de s’accroupir. L’obsidienne s’exécuta avant de sentir la petite main de Rhinn sur son épaule. Puis un souffle d’air balaya ses cheveux.
La jeune femme venait de fendre l’air avec sa jambe pour asséner un puissant coup dans les côtes d’un des alchimistes. La mercenaire venait de repousser l’un des attaquants qui allait porter une violente charge au gardien.
Un phénomène étrange semblait naître entre eux et ensemble, le duo enchaînait les contres pour se défendre. Cela ressemblait à une danse dont le rythme était naturel entre les deux. Valkyon maintenait un rythme soutenu tout en faisant tournoyer sa hache pour assommer les alchimistes. Quant à Rhinn, elle sautait, glissait, esquivait pour mettre hors d’état de nuire leurs adversaires.
Ils finirent leur prestation. La brune emprisonna les derniers brigands, puis s'étira. Avec un doux sourire, la mercenaire remercia Valkyon après avoir récupéré son arme. Elle la remit sur son dos avant de se glisser à l’extérieur.
Le chef de garde arqua un sourcil avant de la suivre. Il vit la jeune femme entrer dans une tente. Elle sortit d’une de ses poches un parchemin contenant une longue liste. En marmonnant pour elle-même, Rhinn récupéra ce qu’il lui fallait.
Ses yeux qui étaient revenus à la normale s’assurèrent qu’il ne lui manquait rien et elle s’échappa des lieux. Néanmoins, la fatigue des combats prit le dessus. La mercenaire n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que son esprit sombra dans les limbes.
Le chef de garde la réceptionna avant de l’emmener vers le feu au centre du camp. L’obsidienne la coucha pas trop loin de l’âtre pour qu’elle n’ait pas froid, tandis qu’il profita du calme pour soigner ses blessures.
Les renforts ne tarderont pas à arriver. Et une partie des criminels pourraient être pris en charge par la garde. Les fameux voleurs avaient été arrêtés, mais une partie de son esprit lui disait que sa mission n’était pas encore terminée.
Il n'y avait aucune trace de morceau du cristal parmi les malfrats. Pourtant, cette rumeur devait bien avoir un fondement. Le gardien se dit qu'il pourrait pousser ses investigations au village de Tyriel pour en savoir un peu plus.
Son regard ambré se déplaça des flammes au corps qui se reposait à ses côtés, sous une couverture bien chaude.
Après le combat en compagnie de Rhinn, il était sûre qu’elle n’était pas une des leurs. Et la liste qu’elle avait rassemblée finit de le convaincre de sa bonne foi. La mercenaire devait avoir été envoyée par le village de Tyriel au vu du sceau incrusté dans le vélin.
Les heures passèrent et une nouvelle journée s’entama. La brune se réveilla à cause de son estomac qui criait famine. Elle se releva doucement avec un léger grognement. Une écuelle apparut dans son champ de vision. La jeune femme releva son regard pour voir le gardien lui tendre le plat.
Elle le remercia avant d’en manger le contenu tout en posant des questions sur ce qu’il s’était passé après son évanouissement. Le “faélien” lui expliqua de manière succincte que la garde avait prise en charge les alchimistes et qu’il était maintenant chargé de l’accompagner pour rendre les différents ingrédients et parchemins.
La mercenaire écouta en silence tout en finissant son assiette. Ils finirent de se préparer avant de prendre la route en direction du village commerçant. Le chemin se fit en silence pendant quelques heures avant que la brune attire l’attention du chef de garde.
“Hum … Valkyon ? Tenta la brune.
- ...
- Qu’est-ce-que je peux faire pour te rembourser ? Proposa la mercenaire.
- De quoi ? Demanda le gardien en haussant un sourcil.
- Pour avoir veillé sur moi cette nuit, lui répondit-elle.
- Ce n’est rien, fit-il d’un ton calme.
- J’insiste ! Tu n’avais pas obligation de garder un œil sur moi une fois notre accord … Fini.
- Je n’ai pas l’habitude d’abandonner un partenaire de combat. Et ma mission n’est pas vraiment terminée.
- Cela ne répond pas vraiment à ma question, soupira la jeune femme.
- Oh ça ? Eh bien … Pourquoi ne pas boire un verre ce soir ? J’avoue que je suis intéressé par tes capacités en combat.
- Bien ! Sourit Rhinn. Je connais une bonne auberge en ville. Je vais juste avoir besoin d’un peu de temps … Pour rendre ce qui a été volé.
- Compréhensible. Nous n’avons qu’à nous retrouver à dix-neuf heures ?
- Cela me va ! Acquiesça-t-elle.”
Le duo se sourit avant de finir la route jusqu’au village, pensant déjà à la soirée qu’ils allaient passer à mieux se connaître autour d’une bonne pinte.