Le médaillon de Sylvestre
Edmia observait l’océan de Denrel sous la lumière de la lune qui éclairait le ressac incessant des vagues. Le bruit apaisait à peine les angoisses de la druide. Elle prit une inspiration pour chasser les larmes qui menaçaient de lui échapper. Derrière elle, dans la petite cabane en bambou, Nevra se retourna dans le lit. Il ouvrit son oeil valide et son expression de fit soucieuse. Le vampire se redressa sur ses coudes, il était torse nu. Edmia se retourna vers lui et lui renvoya un sourire désolé de l’avoir réveillé.
— Tu n’arrives pas à dormir ? Tu as encore rêvé ?
— Non, je pense que cette fois, ce sont plus mes craintes qui m’empêchent de trouver le repos.
— Viens…
Nevra lui tendit la main et la druide retrouva sa place dans le lit qu’ils partageaient depuis deux nuits. Le chef des Ombres avait senti la détresse de la jeune femme et bien que leur relation était récente et que cela semblait précipiter, il avait proposé à Edmia de se joindre à elle pour la nuit. Il n’y avait rien eu de plus physique qu’une simple étreinte rassurante et cela avait suffi, un temps.
L’Absynthe s’était blottie dans les bras de Nevra qui lui offrit un baiser sur le crâne. Lui aussi était nerveux par rapport à la situation. La tribu du Printemps avait en leur possession trois des quatre reliques de la Nature et ils retenaient des gardiens d’Eel et notamment Ezarel comme otage. Ils exigeaient en retour de leur libération, que la tribu druidique de l’Été ne leur cède l’Anneau de Leogeas.
Ainsi, ayant réuni les quatre reliques, le Printemps aurait alors le pouvoir de contrôler le Nature et de l’utiliser comme une arme trop puissante pour être maîtrisée par une seule personne. La fin du monde planait sur Eldarya et seule la garde d’Eel pouvait empêcher que cela n’advienne.
— Ne t’inquiète pas, Valkyon arrive demain avec des renforts et nous pourrons envisager une solution.
A la suite de la nouvelle de la prise d’otage, Edmia et Nevra avaient contacté Eel, leur faisant un récit détaillé des derniers événements. Miiko leur avait répondu les directives à prendre et Valkyon et une vingtaines de gardiens de l’Obsidienne étaient partis immédiatement en direction de l’ilot de l’Été.
— Je sais, reprit Edmia Je n’en reviens toujours pas d’apprendre qu’une tribu druidique soit derrière tous ces événements : un prise d’otage, des vols, le massacre de ma tribu…
— Les causes désespérées poussent les gens à agir de façon désespérée. N’oublie pas que Moran est sous notre garde et que la tribu de Sylvestre ne pourra rien tenter sans l’Anneau. Il faut l’en empêcher avant qu’il ne soit trop tard.
Edmia hocha la tête et s’allongea sur le dos en laissant entrevoir un décolleté dans lequel Nevra y plongea le regard.
— J’ai hâte que tout ça soit terminé qu’on retrouve Ezarel et qu’on rentre tous ensemble à Eel.
— Moi aussi, j’ai hâte de te découvrir un peu plus.
Le vampire l’embrassa dans le cou, sentit sa chair de poule naître sous ses levres. Une vague d’envie reflua en lui mais la situation ne se prêtait pas à la luxure. Il fallait parfois ronger son frein.
— Nous devrions dormir à présent, conclut-il à regret.
Edmia eut un mouvement de tête, ses paupières étaient lourdes.
— Merci Nevra.
La druide trouva la main du vampire et leurs doigts s'enlacèrent amoureusement.
**
Une fois encore, les rêves de la druide furent perturbés par Mère Nature. Edmia découvrit un monde de cendres et de lave, de roches volcaniques noires, veinées de rouge, de nuages toxiques et de séismes qui secouaient le sol.
Il n’y avait aucune vie autour d’elle, uniquement la présence de cheminées géantes de volcans furieux qui crachaient des geysers de lave et des colonnes de poussières comme s’ils exprimaient une colère trop longtemps refoulée. La terre de feu s’était morcelée et avait emporté avec elle tous les Faeries qui vivaient grâce à elle. Edmia sut à cet instant que toute trace de vie avait disparu sous les nuages toxiques qui avaient vicié l’air et empoisonné les poumons.
Elle-même commença à étouffer. Elle toussa, mais elle était incpable de retrouver un peu d’air pour empêcher sa poitrine de se comprimer. Finalement, Edmia se retrouva au sol et avant qu’elle ne meurt dans son rêve, elle se réveille brutalement. Elle se redressa dans le lit, toussant énergiquement de chasser la désagréable sensation de ses poumons en feu.
Quand enfin elle se sentit mieux, Edmia remarqua que la place à ses cotés était vide et que, sur la plage de l’ilot, l'agitation régnait autour d’un navire aux couleurs d’Eel. Valkyon et l’Obsidienne venaient d’arriver.
Elle prit un instant avant de finalement se lever et s’habiller. Un nouvel espoir et une nouvelle force venaient de naître en elle. Ils disposaient d’une cinquantaine de gardiens, de deux chefs de garde et ils possédaient encore des atouts non négligeables. Tant que le Printemps n’aura pas mis la main sur l’Anneau, ils ne pourront rien tenter. Le petit-fils du chef du Printemps était leur prisonnier et il constituait une monnaie d’échange de grande valeur.
Edmia sortit sur la plage et accueillit Valkyon qui dirigeait les opérations de déchargement des barques.
— Nous devons discuter du plan d’attaque… débuta le chef de l’Obsidienne.
— Nous sommes prêts à vous aider dans votre quête qui est aussi la nôtre, lui assura la doyenne de l’Été. Venez, nous allons en discuter avec le conseil.
Les deux chefs de gardes et Edmia suivirent la vielle dame aux cheveux blancs et à la peau tannée à travers le campement jusqu’à une hutte en bambou protégée du soleil par des palmiers. Le sol de la petite cabane était couverte de feuilles savamment tressées et trois autres druides attendaient déjà sur place. Les trois gardiens prirent place, assis en tailleur et Valkyon rapporta en premier lieu la décision du conseil d’Eel.
— Miiko souhaite qu’il n’y ait pas de bataille avec la tribu de Sylvestre. C’est déjà une catastrophe d’avoir perdu le clan de l’Automne alors l’équilibre d’Eldarya ne supporterait pas une nouvelle perte.
— Mais ils veulent l’Anneau et ça, nous ne pouvons pas leur donner…
— Alors nous envisageons une infiltration nocturne pour libérer Ezarel et les autres. Après nous négocierons avec eux Moran contre le Diadème d’Asilya et le Poignard d’Odilion. Ils n’auront plus de monnaie d’échange ou de moyen de pression.
— Nous n’en sommes pas encore là, le réfréna Nevra. Nous ne connaissons rien des terres de feu. Il nous faudrait plusieurs jours pour faire un repérage complet et exhaustif et nous ne disposons pas d’assez de temps !
— Nous n’avons pas le choix, au risque de les mettre en danger si nous ne nous manifestons pas assez rapidement, le contra Valkyon.
Nevra fronça les sourcils, il n’était pas du genre à se précipiter dans une mission de sauvetage sans être correctement préparé.
— Peut-être que nous pourrions aller les voir et entamer des négociations. Ce serait une distraction pendant que la moitié de l’équipe va libérer les prisonniers ?
Le vampire hocha la tête. C’était une idée intéressante qui leur ferait gagner du temps tout en essayant une autre approche.
— Nous pourrions partir dans la journée et les prévenir de notre arrivée.
— Nous vous fournirons des hommes et toutes les informations dont nous disposons pour sauver vos amis, leur assura la doyenne.
Les gardiens la remercièrent et chacun retourna à ses tâches. Nevra briefa les hommes qui les avaient accompagnés et Valkyon se chargea de l’organisation du voyage. Les pas de Edmia la conduisirent vers la petite cellule improvisée où était détenu Moran. Le jeune homme était un druide du Printemps et petit-fils du doyen du clan. C’était lui qui avait dérobé le Poignard d’Odilion lorsque Edmia et Nevra étaient à la tribu de l’Hiver et c’était lui encore qui avait tenté de manipuler l’Été et qui les avait montés contre Eel pour leur subtiliser l’Anneau.
Edmia éprouvait un certain attachement pour Moran. Étant elle-même petite fille de doyenne et fille d’un conseiller de clan, elle se sentait proche de lui. Il ne cherchait pas à faire volontairement le mal, ce n’était qu’un moyen en vue d’une fin mais elle ne pouvait pas cautionner ses actes et surtout, la mort de son clan. La jeune femme se positionna de l’autre côté des barreaux qui condamnaient une fenêtre. A sa vue, Moran apparut. C’était un bel homme, jeune mais son regard trahissait une certaine lassitude.
— Bonjour Edmia. J'imagine que la garde d’Eel a envoyé ses renforts. Je peux entendre d’ici l’animation sur la plage.
— Oui. Nous allons nous mettre en route pour les Terres de Feu.
— Et l’Anneau ?
— Il reste ici…
Moran secoua la tête, c’était un geste désespéré.
— Vous faites une erreur si vous croyez pourvoir négocier. Mon grand-père est prêt à tous les sacrifices pour obtenir cet anneau. Et ne pense pas que ma vie à une valeur quelconque.
— Mais tu es de sa famille, son sang.
— Cela fait des années qu’il est obsédé par les reliques de la Nature, par son pouvoir…
— Mais il n’arrivera pas à le maîtriser. Je l’ai vu.
Edmia lui raconta alors brièvement ses visions offertes par Mère Nature et qui la mettait en garde des pouvoirs destructeurs des reliques.
— Et pourquoi penses-tu que cela se produirait si on utilise les reliques et pas si nous ne faisons rien ? La Terre de Feu se réveille et son éruption menace tout le continent.
Sur ces paroles, le druide du Printemps se détourna et s’enfonça dans l’ombre de sa cellule. Edmia le quitta et alla faire le tour de l'îlot. Son échange avec Moran la perturbait et le doute s’insinua en elle. Et s’il avait raison ?
La druide se retrouva au sommet d’une falaise qui se situait au nord de l’île. Sur l’apic, un calvaire était construit en bordure du gré et la doyenne était agenouillée au pied. L’Absynthe fronça les sourcils lorsque le regard de la druide de l'Été tomba sur elle.
— Je savais que tu viendrai ici…
— Comment ?
— Tu n’es pas la seule dont les rêves dont visités par Mère Nature. Bien sûr, je ne suis qu’un caillou sur le chemin de son plan. Toi en revanche, ton rôle est capital dans sa destinée.
— De quoi parlez-vous ?
La doyenne avisa un banc , s’y assit et invita Edmia à prendre place à ses côtés. Bien que la gardienne attendait que la vieille dame ne parle, cette dernière resta silencieuse à regarder le vent et la mer jouer ensemble comme deux enfants qui court l’un derrière l’autre. Puis le bruit d’un éboulement se fit entendre et quelques roches, pas plus grosses qu’un poing, roulèrent le long de la falaise pour plonger dans l’eau. Ce fut comme un signal pour que la doyenne ne s’exprime.
— Lorsque j’étais enfant, il y avait une bonne dizaine d’arbres entre ce petit calvaire et la mer. A présent, il n’y a qu’une longueur de pas. J’ignore si mes arrières-petits-enfants verront ce sanctuaire debout avant qu’il ne tombe à la mer.
Edmia resta muette à la regarder puis elle imagina à quoi devait ressembler ce lieu 70 ans plus tôt. L'érosion avait grignoté l’ilot au fil du temps, modifiant profondément son aspect.
— Mère Nature est capricieuse, il ne faut pas qu’elle oublie qu’on existe…
Edmia fronça les sourcils, elle ne comprenait pas le discours de la doyenne. Cette dernière lui tendit un écrin et la druide sentit son coeur battre d’anxiété.
— Je te le confie. Je sais que tu sauras en faire bon usage…
La druide ouvrit l’écrin et découvrit l’Anneau de Leogeas, tout en nacre brillant des nuances arc-en-ciel multicolores. Il était d’une simplicité incroyable mais Edmia ne pouvait détacher son regard du bijou hypnotisant sur lequel les rayons du soleil donnaient presque vie au matériau.
— Je ne comprends pas… avoua Edmia.
— Je ne connais pas les Desseins de la Nature mais je sais que je dois te le confier. Garde ce secret pour toi et prends en soin…
La doyenne serra les mains de l’Absynthe avec force et leur regard restèrent accrochés fixement durant de longs instants, sans un mot échangé.
Un mouvement dans son champ de vision fit tourner la tête à Edmia qui aperçut Nevra.
— Nous allons y aller.
— Prends soin de toi fille de l’Automne, prends soin de nous…
**
Il fallut une journée de marche entière pour rejoindre les Terres de Feu et les limites du territoire du clan du Printemps. Les terres des volcans étaient peu habités, ce qui faisait que le lieu était idéal pour une tribu recluse. Les paysages étaient magnifiques avec les vallées vertes à perte de vue, les forêts qui recouvraient les cratères d’autrefois. Toutefois, à certains endroits, Edmia pouvait entrevoir l’activité des cracheurs de feu, les rivières à l’eau chaude, les pâturages fuis par les bêtes, une fissure qui coupait en deux une ferme… La Nature était moins clémente ici…
Un peu avant d’arriver à destination, Nevra et un détachement de gardiens les quittèrent pour contourner le camp par l’est. Ils pourront alors agir en toute discrétion pendant que Valkyon et Edmia débuteraient les négociations. Moran était avec eux et la druide pouvait entrevoir dans son silence, son inquiétude. Avant de franchir le territoire du Printemps, Valkyon s’adressa à Edmia.
— Nous allons réussir, l’encouragea-t-il.
— Je sais, je sais que nous allons réussir mais j’ai un mauvais pressentiment...
Les gardiens avaient prévenu la tribu du Printemps de leur arrivée, ainsi deux druides accueillirent le groupe et n’autorisèrent que Valkyon, Edmia et leur prisonnier à pénétrer au coeur du cratère volcanique dont une barrière d’arbres en dissimulait le coeur. Les deux sentinelles étaient armées de hallebardes, ce qui ne rassura pas le guerrier ou la druide et ce, même s’ils ne s’attendaient pas à un accueil chaleureux. Ils furent conduits au centre du village et Edmia y retrouva la même configuration que le campement de l’Automne, entouré ainsi de hêtres et de chênes. Les habitations étaient en bois clair et les façades ornées de plantes grimpantes comme de la vigne, de la glycine ou du lierre. Le vert était la couleur dominante, agrémenté de fleurs multicolores. C’était un endroit vraiment agréable où il faisait bon de vivre, entouré du chant des oiseaux, de la présence familière de cervidés et de familles de sangliers. Et pourtant, les visages des druides qu’ils croisaient étaient fermés, soucieux, apeurés. Edmia avançait prudemment en mémorisant un maximum d’éléments quant à l’organisation du camp, les issues de fuite possibles. Elle fut saisie par la scène qui s’offrit à elle au détour d’une maison.
Une immense faille séparait le village en deux moitiés parfaites. Comme s’ils s’y étaient accomodés, les druides qui les conduisaient, traversèrent un pont construit pour enjamber la fissure. En passant au dessus, Edmia laissa son regard tomber dans le vide où, à plusieurs centaines de mètres plus bas, une rivière de lave rougeoyait tout au fond. Une forte odeur de souffre se dégageait du coeur du volcan et des grondements colériques menaçaient de faire rompre le fragile équilibre d’un moment à l’autre. Elle remarqua même au milieu de la faille, des restants d’une maison qui avait sombré dans la chute...
Les deux gardiens arrivèrent enfin devant une grande maison que Edmia devina être celle de Othos, le chef de la tribu du Printemps. Il sortit au même instant, revêtu de sa tenue de cérémonie, d’un long bâton et d’une couronne de bois de cerf, à l’image de Sylvestre, l’animal totem du Printemps. Son regard était glacial, déterminé et il ne sembla même pas remarquer la présence de son petit-fils.
— Nous sommes venus négocier, débuta Valkyon comme salutation.
— Aucune négociation n’est possible. Nous vous avons demandé une seule contre-partie en échange de la vie de vos amis ! tonna fort la voix de Othos. Où est l’Anneau de Leogeas ?
— Nous ne l’avons pas. Mais nous pouvons trouver un autre terrain d’entente et nous mettre d’accord sur un compromis qui nous satisfera tous.
Othos eut un regard sévère et, d’un geste de la main, ordonna à un homme à l’intérieur de la maison, de sortir. Il maintenait debout un homme que Edmia reconnut parmi les gardiens de l’Ombre. Il avait les mains attachées dans le dos et son visage était déjà salement amoché. Sans que Valkyon ou Edmia puisse esquisser un geste, le druide trancha la gorge du gardien qui s’effondra au sol. La druide retint un cri de stupeur et porta ses mains à sa bouche, assistant impuissante à l’exécution de l’Ombre. L’homme mit plusieurs longues secondes à mourir, s’étouffant dans son sang qui se répandait en flaque qui assombrissait la terre. Les bruits gutturaux qui s’échappaient de sa gorge tranchée resteraient graver dans la mémoire de l’Absynthe.
Le druide qui venait de tuer le gardien retourna à l’intérieur de la maison et sortit avec un autre homme. C’était Ezarel. Il était torse nu, les mains attachées dans son dos et son visage marqué des mauvais traitements qu’il avait subis. Le regard de l’elfe tomba sur ses amis, puis sur le corps du gardien mort. Il tenta de se débattre mais le druide qui le maintenait le força à s’agenouiller et posa sa lame, encore chaude du sang de sa victime précédente.
— Non attendez ! l’arrêta Valkyon d’un geste de la main.
Tout s’était enchaîné tellement vite que ni lui, ni Edmia ne purent émettre un mot. Le guerrier tremblait d’effroi et de rage.
— Où est l’Anneau de Leogeas ? réclama encore Othos.
— Je l’ai ! Je l’ai ! s’écria Edmia.
La druide fouilla dans ses affaires, sortit l’écrin qui contenait la relique de l’Été et le brandit bien haut.
— Voilà, voilà, il est là ! S’il vous plaît non !!
Othos fit un geste de la main, empêchant l’exécution de l’elfe. Il approcha avec son bâton et tendit la main. Edmia lui remit l’écrin, il regarda à l’intérieur et la druide vit son regard brillant. D’une lèvre tremblante, il respirait d’excitation et sa voix n’était qu’un murmure.
— Enfin, enfin…
D’un autre geste d’humeur de la main, d’autres druides arrivèrent et embarquèrent Edmia et Valkyon, avec Ezarel à l’intérieur de la maison où l’elfe était retenu.
**
Edmia fut fouillée, on lui retira ses armes et elle se retrouva avec son pantalon et une simple brassière. Valkyon, comme tous les autres hommes était torse nu, sans botte, ni plastron ou épaulière. Ils furent emmenés dans le sous sol de la maison et Edmia retrouva tous les autres gardiens qui avaient accompagné Ezarel dans la mission. Les druides du Printemps les attachèrent à des chaînes qui étaient elles-mêmes scellées dans le mur. Il n’y avait qu’un simple soupirail qui offrait une lumière aux prisonniers sales et affamés.
— Merci d’être venus nous sauver… débuta Ezarel.
Edmia ne sut dire si le ton de l’elfe était reconnaissant ou cynique. C’est vrai que la situation ne prenait pas vraiment la tournure espérée.
— Comment t’es tu retrouvée avec l’Anneau sur toi ! Je pensais que nous nous étions mis d’accord, la relique devait rester sur l’île ! s’exclama Valkyon mécontent.
— La doyenne me la confiait ! se défendit Edmia.
— Et pour quel résultat… Othos dispose des quatre reliques maintenant et d’une vingtaine de gardiens dont deux chefs…
— La fusion des reliques ne pourra être que possible demain soir… les informa l’elfe.
— Mais oui… C’est le passage au Printemps !
— Il nous reste une infime chance que tout ne soit pas perdu dans ce cas, espéra le guerrier.
— Sans compter que Nevra fera tout pour nous sauver.
Edmia ferma les yeux comme pour adresser une prière au vampire. Elle imagina ses lèvres et son étreinte qu’elle espérait bientôt retrouver.
**
Nevra et la demi-douzaine de gardiens avec lui, avaient rapidement compris que quelque chose clochait quand il n’avait reçu aucun signe de vie de Edmia et de Valkyon. Un tour furtif dans les alentours du camp leur avait permis de constater une activité débordante mais aucune trace des gardiens.
A la nuit tombée, le vampire avait décidé d’explorer au plus près ce qui se passait au coeur du campement et de retrouver ses amis.
Dans le noir le plus total, le chef de l’Ombre se retrouva caché dans un buisson. Il pouvait sentit une feuille chatouiller la peau de sa nuque mais il ne bougea pas. Il se fondait dans l’obscurité comme l’ombre qu’il était. Seul son oeil bougeait, il suivait du regard un druide armé qui traversait le village, une lanterne à la main. Le village était calme, le vampire avait étrangement remarqué qu’il n’y avait ni femme, ni enfant, ni vieillard. Seuls les hommes jeunes et forts étaient restés. Il eut un mauvais pressentiment. C’était comme si la tribu du Printemps se préparait à livrer une bataille…
Le druide finit sa ronde en se postant au pied de la maison la plus importante du clan et que le vampire devina être le centre administratif du village. Ses amis devaient y être puisqu’elle était aussi l’habitation le plus surveillée. Il lui fallait quelques instants pour faire un repérage exhaustif des lieux. Il repéra bien sur la faille immense qui creuvait le centre du cratère et qui menaçait la tranquilité du lieu de ses grondements colériques. Plus inquiétant encore, il sentit avant d’apercevoir la flaque de sang encore fraiche qui maculait le sol. Il n’y avait plus de corps mais cela ne lui dit rien qui vaille.
Nevra pouvait constater que le Printemps n’était pas préparé à la visite d’espion et de cambrioleur. Aucune porte n’était verrouillée, les fenêtres étaient souvent entrouvertes, il n’y avait presque ni serrure, ni barrière magique. Ils étaient tellement persuadés qu’ils étaient introuvables qu’ils avaient négligé la sécurité minimale.
Furtivement, le vampire descendit au sous sol où il avait senti la présence de ses compagnons. Son odorat reconnut une fragrance parmi d’autre, le parfum de sève fraîche et de fleurs de pommiers, le parfum de l’Automne où les feuilles rouges tombaient sur un sol fatigué de l’été, le parfum d’Edmia.
Le vampire trouva ses compagnons dans la cave. Tous restèrent silencieux, malgré leur espoir d’étre sauvés.
— Que s’est-il passé ?
— Othos a les quatre reliques… lui répondit Valkyon.
— Je n’ai pas eu le choix, ils allaient exécuté Ezarel ! se défendit Edmia.
— Ne t’en fais pas, tout n’est pas perdu…
D’un geste du bras, Nevra rassura la druide. Il ne supportait pas de voir la jeune femme prisonnière, ses camarades aussi mais il ne pouvait pas les libérer avant d’avoir élaboré un plan solide pour contrecarrer les machinations du Printemps.
— Depuis le temps que je suis ici, souffla Ezarel malgré la fatigue évidente de son visage. J’ai pensé à un plan en fonction des différentes modalités qui s’offrent à nous…
**
La journée précédant la cérémonie de fusion des reliques, tous les hommes restant de la tribu s’agitèrent à la mise en place du rituel. Les gardiens d’Eel avaient passé des heures à les observer gravement. S’ils venaient à échouer, cela signerait le déchainement inarrêtable de la Nature, jusqu’à l’anéantissement de toute forme de vie à Eldarya.
Et eux même seraient les premières victimes de ces cataclysmes.
Sous ses pieds, le vampire pouvait sentir le volcan gronder. Il faisait aussi bien trop chaud et trop sec pour une zone où le Printemps devait régner en maître.
L’attente de la nuit qui tombe fut longue, un supplice pour les nerfs et Nevra ne pouvait s’empêcher de penser à ses amis retenus prisonniers. Et si Othos exigeait une sorte de sacrifice ? Et s’il choisissait Edmia ? Penser à l’Absynthe lui noua le coeur. Il avait envie d’être avec elle, à Eel, se réveiller à ses côtés, l’aimer avec toute la passion dont il savait faire preuve. Cela faisait presque deux mois qu’il retenait ses sentiments pour la druide et son coeur était sur le point d’exploser. Mais il savait aussi que cette mission était non seulement primordiale pour Eldarya mais aussi pour Edmia. La jeune femme avait besoin de faire le deuil de son passé, de refermer les blessures qui fendaient son coeur en deux. Elle avait besoin de revivre et il ferait tout pour l’aider…
Lorsque la nuit tomba enfin, des flambeaux furent installés un peu partout au coeur du village. Tous les druides avaient revêtu une tenue de cérémonie, une capuche sur la tête et Othos sortit enfin la tête couronnée d’immenses bois de cerf. Il portant un plateau sur lequel, de son oeil de lynx, Nevra put voir les quatre reliques de la Nature, déposées sur un tissu de velour rouge.
Othos avançait solennellement d’un pas mesuré, drapé dans une toge cérémonielle. De loin, le vampire pouvait aussi entendre sa voix récitant gravement des paroles inintelligible. On aurait dit qu’il récitait une prière ou une incantation.
Un bruissement se fit entendre à ses côtés et Nevra tourna la tête vers une silhouette claire qui venait d’apparaître.
Ebahi, il reconnut Sylvestre incarné en un magestueux cerf blanc aux bois fleuris. L’animal le regarda d’un air calme et fit quelques pas dans sa direction et baissa le museau jusqu’au contact des cheveux du vampire. Nevra sentit son souffle sur son crâne mais il ne bougea pas, il se savait chanceux de cette rencontre provoquée par la Nature, comme un signe d’encouragement. Le vent se rappela à lui, Nevra ferma les yeux, apprécia ce moment qu’il savait privilégier.
L’instant suivant, Nevra reporta son intention sur le campement et jura. Tous les druides étaient réunis autour d’un autel en pierre au milieu de ce qui devait être la place du village. Face à eux, la faille apportait une lumière rougeoyante provenant des entrailles de la terre. Nevra sursauta, il avait réagi trop tard,.
Précipitamment, il se faufila dans le campement et rejoignit la maison sans être repéré. Au moment de franchir la porte qui menait au sous sol, le vampire sentit une brusque montée d’énergie.
— Merde, merde, merde…
L’apparition du cerf l’avait retardé. Il devait libérer tout le monde et donner le signal aux autres pour intervenir. Maintenant, c’est presque trop tard.
Il ne perdit pas plus de temps et déverrouilla la porte. Au sous sol, tous les prisonniers s’étaient libérés quelques instants plus tôt, aidés par une lime apportée par l’espion lors de sa dernière visite.
— Dépêchez-vous ! leur intima Nevra. Il faut donner le signal aux autres, voilà des armes !
Le vampire fit basculer le sac qu’il portait sur son dos, des lames principalement, longues épées ou courtes dagues. Chaque prisonnier passa devant lui, se saisit d’une arme et quitta la maison, dissimulé par la nuit.
— Où est Edmia ? réalisa Nevra en fouillant des yeux les gardiens.
— Othos l’a emmenée il y a plusieurs heures, l’information Valkyon. Quel est le signal ?
Nevra sentit un violent frisson de terreur l’envelopper. Mais il ne céda pas à la panique et aperçut un foyer de cheminee agonisant. Sans craindre de se brûler, il se saisit d’une bûche à l’extrémité embrasée et en caressa des rideaux à proximité. Immédiatement, les fibres de tissus roussirent et les flammèches se transformèrent en langues de feu qui léchèrent rapidement le plafond. Le vampire reproduit son geste à plusieurs reprises et lâcha la buche.
— Je pense qu’ils comprendront… Allons sauvé Edmia.
**
La druide avait été séparée du reste des prisonniers en fin d'après-midi. Malgré les questions qu’elle avait posées à ses congénères, elle n’avait obtenu aucune réponse. Edmia s'était vue forcée d’enfiler une tunique cérémonielle à capuche et avait été obligée de marcher à la suite de Othos. Elle avait bien tenté de s’échapper et de dérober l’une des reliques mais un druide du Printemps l’avait retenue.
A présent bâillonnée et les mains attachées, L’Absynthe assistait impuissante à la cérémonie. Othos avait invoqué la force de chaque relique dans une incantation ancestrale. Chaque relique irradiait d’une vive aura magnétique. Puis, une par une, Othos les assembla : le Poignard d’Odilion, puis le Diadème d’Asilya, l’Anneau de Leogeas et le Médaillon de Sylvestre. Ainsi réunis, l’aura s’intensifia brusquement. Tous les druides présents furent éblouis par la vive lumière qu’elles émettaient. Edmia détourna le regard et, en ouvrant à nouveau les yeux, elle découvrit avec un hoquet de stupeur un globe de couleur bleu. On aurait dit un morceau taillé dans le grand cristal lui-même et cela fut comme une révélation. On aurait dit que toute forme de vie sur Eldaya était reliée au cristal, insufflé par le maana qui imprégnait chaque être, chez caillou, chaque végétal.
— Regardez ! L à!
La distraction offerte par la fusion des reliques avait permis à tous les gardiens d’Eel de prendre le campement. Comme l’avait planifié Ezarel, l’attaque devait à la fois venir de l’extérieur comme de l’intérieur par le biais de Nevra qui devait s’infiltrer pour les libérer Valkyon, Ezarel et les autres.
— Défendez le globe ! ordonna Othos en lançant ses hommes contre leurs ennemis.
S’en suivit une bataille à laquelle Edmia ne put assister. Elle était trop préoccupée par le globe qui, entre de mauvaises mains pouvait détruire le monde.
Othos s’empara du résultat de la fusion des reliques et prit la fuite à travers le campement. Tous les druides étaient en proie avec les gardiens d’Eel qui les surpassaient en nombre. L’Absynthe vola un poignard sur le corps d’un congénère blessé et se libéra de ses liens et de ses entraves. Elle se lança à la poursuite du doyen du Printemps.
Tout le village était encerclé, le chef n’avait aucune chance de fuir et il le savait. Il s'arrêta au milieu du pont de fortune qui surplombait la feuille géante.
— Non ! Attends ! l'arrêta Edmia. Si tu fais tomber le globe, les saisons n’existaient plus !
— Ce n’est pas ce que je veux ! Mais il faut apprendre aux Faeries à respecter Mère Nature ! À cause de tous ces inconscients, le cristal est fragilisé, tout comme l’équilibre de ce monde et regarde quelles en sont les conséquences !
Othos pointa l’abîme qui s’enfonçaient sous ses pieds. Edmia laissa son regard tomber vers le vide. Le niveau de magma avait considérablement augmenté. Elle aurait pu plonger dans cette rivière de lave. L’odeur de soufre le fit tousser et le sol commençait à trembler sous ses pieds.
— Il est encore possible de tout arrêter… Donne moi le globe ! lui ordonna Edmia.
— Comment peux-tu encore croire en ce monde après le massacre de ton clan !
— Un massacre que TU as ordonné !
— Ce n’est pas ce que nous voulions ! Mais les hommes que nous avions engagé voulaient toujours plus de richesses ! Ils pensaient que vous cachiez un trésor plus grand que la relique !
— Grand-père !
De l’autre côté du pont, Moran venait d’apparaître il était blessé et son regard était affolé.
— Grand-père, arrête tout ça pendant qu’il est encore temps.
Othos regarda le globe que ses mains enserraient. Il ferma les yeux et leva l’objet haut dans le ciel. Edmia eut un cri et à la seconde suivante, une forte bourrasque de vent vint les balayer.
La terre des volcans grondait de toute part, les géants endormis se réveillaient et les nuages lourds d’une pluie furieuse vinrent masquer la lune. La lave s’accumulait encore un peu plus sous leurs pieds et déborda de la faille. Les corps qui gisaient au sol furent recouverts de lave et les gardiens stoppèrent leur combat et s’éloignèrent. Edmia entendit Nevra crier son prénom mais elle n’avait d’yeux que pour les rondins de bois qui maintenaient le pont debout. Entourés de magma, ils fumaient et des flammèches commençaient à lecher la structure.
— Grand-Père !
Sans réfléchir, Edmia se précipita sur Othos qui n’arrivait plus à ralentir le pouvoir de la nature qui se déchaînait. D’un bond, elle attrapa le globe et à son contact, tout disparu autour d’elle.
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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Edmia se retrouva dans un endroit qui lui était familier mais qui évoquait chez elle des souvenirs douloureux. La forêt de pins qui abritait la tribu de l’Automne autrefois, était étrangement calme. La jeune femme pouvait parcevoir le bruit du vent et quelques plaintes lointaines d’animaux. Les maisons incendiées du clan n’étaient plus que des ruines sur lesquelles une nouvelle vie venait d'apparaître : une herbe fraiche et verte, des terriers de lapins, plusieurs monts de fourmilières, des fleurs un peu partout, de jeunes pousses d’arbres. L’endroit était beaucoup plus beaux que dans ses souvenirs, malgré la sensation de mort qui y résidait encore à travers ses souvenirs.
Un bruit derrière elle la fit se retourner et Edmia se retrouva nez à nez avec une louve aux pelage roux de feuilles d’automne. C’était Asilya l’animal totem de sa saison et c’était la première fois que la druide la voyait d’aussi près.
— Edmia mon enfant, tu m’as retrouvée…
L’Absynthe se souvint alors de la scène précédente, du danger imminent qui la menaçait elle et Eldarya.
— Que dois-je faire pour empêcher Othos de tout détruire ?
— Mère Nature t’a guidée jusqu’à cet instant. Tu sauras quoi faire pour apaiser ses craintes et ses colères, lui intima la louve.
— Et si j’échoue ?
— Tu n’échoueras pas ! Tu as tellement de choses à prouver et des personnes que tu veux sauver. Je crois en toi Edmia, nous croyons tous en toi …
La druide tourna la tête et tous les animaux totems étaient là, à l’observer : le dauphin arc-en-ciel, l’ours de granite, le cerf aux bois fleuris et la louve aux feuilles d’automne. Edmia sentit une force nouvelle chargée d’espoir et d’amour l’envelopper et aussi soudainement qu’elle était arrivée, elle se retrouva avec le globe cristalin entre ses mains. La peau de ses mains étaient chaudes à en être douloureuse, la lave sous ses pieds se répandait de plus en plus et fragilisait le pont sur lequel elle se trouvait en compagnie de Othos et de Moran. Ce dernier cria son prénom, elle pouvait voir la peur sur son visage.
— Moran ! Aide-moi à briser le globe !
Le druide du Printemps eut un froncement de sourcil hésitant mais il obéit. Il leva l’épée qu’il tenait en main et abattit la lame sur le globe. Il eut une brusque aspiration puis une violente déflagration qui balaya les druides. Othos tomba dans la lave qui étouffa son hurlement de douleur et Edmia se retrouva face au magma en fusion. Une main la tira en arrière et elle se retrouva en face de Nevra qui avait bondi pour la sauver.
Ils ne maîtrisaient plus rien, la pluie tombait toujours plus violente, la terre n'arrêtait plus de trembler. La faille qui divisait le village en deux s’ouvrit encore plus et une nouvelle vague de lave atteignait déjà les arbres dont les troncs fumaient. Au coeur de ce chaos, le globe brillait encore plus intensément et Edmia crut avoir échoué mais en un instant, la pluie cessa et les tremblements se firent moins violents. La lave reflua en son centre et après un dernier séisme, la faille se referma, laissant derrière elle une cicatrice de roche volcanique dans la terre.
La lune avait laissé place à une aube naissante que les nuages avaient délaissé le ciel comme pour faire naître un nouvel espoir. Dans les bras de Nevra, Edmia se releva et balaya le paysage des yeux. Des maisons avaient été détruites durant la catastrophe, il y avait des corps de druides et de gardiens, les arbres avaient souffert du feu et il régnait toujours une désagréable odeur de soufre.
— Tu penses que c’est terminé ? l’interrogea le vampire qui n’arrivait plus à lui lâcher les mains.
— Je ne sais pas… On dirait.
Edmia avança vers Moran qui, les yeux dans le vide, priait la mort de son grand-père et d’une demi douzaine de druides du printemps. À ses pieds les quatre reliques de la Nature avait retrouvé leur forme originelle. La druide se saisit du diadème d’Asilya et l’observa longuement. Elle ferma les yeux, reconnaissante d’avoir pu retrouver tout ce qui lui rappelait son clan et d’avoir sauvé Eldarya au passage…
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Les quatre représentants des saisons étaient présents à Eel pour une cérémonie de remise des reliques à leur chef de clan. Paskal de l’Hiver avait présenté ses plus plates excuses envers Nevra et Edmia pour les avoir accusé à tort et la doyenne de l’Été s’était montrée tout à fait sereine malgré les événements racontés par la druide. La totalité de la tribu du Printemps avait rejoint le coeur du volcan, à nouveau endormi et c’était Moran qui avait accepté de reprendre la direction de la tribu malgré ses réticences. Edmia avait jugé que c’était le meilleur candidat pour prendre soin du médaillon de Sylvestre. Ainsi, toutes les reliques avaient retrouvé leur place première au coeur des tribus druidiques, à l’exception du diadème d’Asilya.
— Tu es sûre de ton choix ? la questionna Nevra.
— Oui…
Au sous-sol du château d’Eel, la druide et le vampire regardaient la relique de l’Automne dans un reliquaire en verre, posé au coeur d’une salle rempli d'artefacts précieux.
— Je ne veux pas quitter la garde d’Eel. Mon passé appartenait à l’Automne mais mon avenir est ici, à tes cotés.
— Je suis bien heureux que tu aies pris cette décision… Et je valide entièrement ta décision !
La druide eut un sourire amusé, elle posa sa tête contre l’épaule de Nevra mais elle n’eut pas à coeur de lui dire à quelle point elle l’aimait et combien sa présence à ses côtés l’avait faite grandir et l’avait soutenue. Il aura bien le temps de le découvrir amplement…