Accepte-le

L’ambiance était tendue entre Matthieu et Nora. Si tendue que Chrome et Karenn pressentaient qu’il ne suffirait que d’une étincelle pour que tout explose.
Matthieu, le visage fermé et la mâchoire crispée semblait être le plus en colère. Il ignorait Nora, laquelle continuait de sourire et de parler malgré la légère tension dans ses épaules.

Chrome et Karenn osèrent un bref coup d’œil l’un vers l’autre. Tout en laissant Nora babiller sur le déroulement de sa dernière mission avec l'Humain, ils prirent les paris.

Trois minutes, signa silencieusement Chrome, avec un clin d'oeil.
Deux, contra sa petite amie, amusée.

« …et c’est passé à ça de m'arracher le bras ! fit Nora, en montrant son membre blessé. Si je ne m’étais pas décalée d’un infime centimètre, je crois bien que cette Hydre me l’aurait bouffé, et…
-Tu veux dire qu’elle te l’aurait bouffé, si je ne lui avais pas coupé une tête à ce moment pour te sauver, intervint Matthieu, dans un grondement rauque. »

Le silence se fit soudainement. Chrome et Karenn retinrent leur souffle.

Moins d'une minute, finalement.

« Elle en avait trente autres, crois-bien que ce n’est pas ça qui l’a freinée, rétorqua finalement Nora avec dédain. Je m’estime plutôt chanceuse d’avoir de bons réflexes.
-« Bons réflexes », s’esclaffa l’Humain, acide. Ca ne t’a pas empêchée d’être blessée, ou alors le bandage que tu portes, c’est du fake ? »

L’Archange déchue plissa les yeux, n’appréciant guère le ton que prenait Matthieu. Et bien qu’elle peinait parfois à comprendre son étrange dialecte (fake ? N’était-ce pas anglais ?), le sens ne lui échappa pas cette fois-ci.

« Et alors ? Ca arrive d’être blessé, en mission. L’essentiel est que je m’en sois tirée en un seul morceau.
-Tu t’en serais bien mieux tirée si tu m’avais écouté au lieu de t’en mêler ! risposta l’Absynthe en haussant le ton.
-Et quoi, t’as cru que j’allais rester sur le côté pendant que tu risquais ta vie à combattre ce monstre ? Héraclès lui-même en a bavé pour s’en débarrasser, alors laisse-moi te dire que tu n’aurais pas fait le poids seul ! Hurla à son tour Nora, des éclairs dans les yeux.
-Je gérais parfaitement la situation, tu n’avais pas besoin de te jeter dans la mêlée !
-Il m’a pourtant semblé qu’un coup de main n’était pas de trop, répondit l’ange, moqueuse. »

Matthieu serra le poing, avant de se lever brusquement. Nullement impressionnée, Nora se contenta de vriller sur lui un regard noir.

« Le problème, c’est que t’as pas pensé une seule seconde à ta sécurité. Tu t’es jetée sur cette Hydre d’un coup. Et maintenant, tu es blessée !
-Ouais, je vois parfaitement où est le problème, siffla Nora. Le problème, c’est que ton pauvre ego de mâle en a pris un coup. Toi qui aimes tant jouer les chevaliers servants, tu n’as pas supporté que moi, une femme, ait pu gérer la chose mieux que toi. »

Avant de laisser à Matthieu l’occasion de répliquer, l’Archange se leva brusquement, approchant son visage empli de colère de celui de l’Humain. Celui-ci ne put s’empêcher de rougir, déstabilisé par sa proximité soudaine.

« Je t’aime beaucoup Matthieu, mais laisse-moi te dire une chose : tu ne me changeras pas. Je suis une Archange, une guerrière, j’ai des millénaires d’expérience derrière moi. Je savais parfaitement ce que je faisais.
-Il n’empêche que tu aurais pu mourir…
-Je ne mourrai jamais pour un homme, même si c'est toi. »

Face au silence interloqué de la petite assemblée, Nora précisa, un peu troublée :

« Je veux dire…Je sais ne pas risquer ma vie. Et je n’ai pas besoin qu’on me protège, je sais parfaitement le faire moi-même. »

Matthieu la dévisagea encore un moment, avant de soupirer :

« Ok, mais ne m’en veux pas de me faire quand même du souci pour toi. En dépit de ta grande expérience, tu es quand même pas mal tête brûlée. Ta blessure…je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que cela aurait pu être pire, si…
-Mais ça n’a pas été pire. C’est même le meilleur scénario qui s’est produit : mon intervention t’a évitée à toi de te faire tuer. »

Avec un petit sourire, Nora pencha la tête sur le côté, sans quitter le jeune homme du regard.

« Tu es un valeureux chevalier, Matthieu, mais accepte le fait que je ne sois pas une demoiselle un détresse. »

The Weeknd - Save your tears

Commentaire du texte de Moody

Han...j'ai trouvé ton texte vraiment poignant. J'ai beaucoup aimé même si ce que tu as écrit n'est guère joyeux, mais pourtant fidèle à l'état d'esprit de Gaianee à un certain moment de l'histoire...mon coeur s'est vraiment serré à la lecture car la tristesse et la solitude de Gaia sont admirablement bien décrites. Merci beaucoup pour ce petit texte, je le garde précieusement. <3

On The Rocks

Il y avait les hipsters, les gens swag, les divas, les drama queen, le bling-bling… Puis il y avait Moody qui incarnait à elle seule une badassitude absolument épique, pour autant qu’on puisse qualifier une personne d’épique.

Nul besoin de préciser que partout où elle allait, les hommes comme les femmes avaient la fâcheuse tendance à se retourner sur son passage. Que Moody ait remarqué l’effet qu’elle suscitait dès qu’elle sortait en public et en jouait ouvertement, ou qu’elle ait décidé de ne pas s’en soucier et d’être simplement elle-même, une chose était certaine : elle ne passait pas inaperçue.

La gardienne de l’Ombre poussa la porte de la taverne d’un geste théâtral. Elle attendit que la porte s’incline humblement pour lui céder le passage, puis elle entra sans se donner la peine de la refermer derrière elle.

D’un pas ni trop lent, ni trop rapide, elle roulait des hanches avec la sensualité d’une panthère, tandis que sa longue queue de cheval se balançait paresseusement dans son dos.

Moody se mouva jusqu’au comptoir, s’installa avec grâce sur un des tabourets, puis frappa le plancher de son sceptre astral avant de le laisser reposer sur le bord du zinc.

« Tavernier ! Une bouteille de votre alcool le plus fort, s’il vous plaît. »

Le pauvre homme, subjugué par le charisme écrasant de sa cliente avait été subitement frappé de surdité. Moody lui lança un regard appuyé en lui faisant clairement comprendre qu’il n’avait pas intérêt à l’obliger à se répéter.

«  Je… euh… Notre meilleure bouteille, c’est ça ? Je vous apporte cela tout de suite ! »

Alors que le tavernier s’empressait d’aller chercher son plus grand cru dans la réserve, l’Ombre s’était accoudée nonchalamment au comptoir. Tous les yeux étaient rivés sur elle, on ne voyait plus qu’elle, mais ces gens n’existaient pas à ses yeux. Ils étaient aussi insignifiants que les fourmis qui grouillaient à ses pieds et qu’elle écrasait sans même se rendre compte de leur existence.

De retour, le tavernier eut toutes les peines du monde à déboucher sa bouteille d’eau-de-vie la plus précieuse qu’il gardait jalousement depuis des années. Ses mains moites et tremblantes ne lui facilitaient pas la tâche et le bouchon, bien enfoncé, résistait à ses efforts pour libérer le goulot du breuvage tant désiré.

«  Donnez-moi ça ! » fit Moody en poussant un soupir exaspéré.

En un tour de main, elle avait débouché la bouteille et s’en était versé une généreuse dose. Elle but son verre d’un trait, fit une drôle de moue, sa bouche se tordant en un rictus de dégoût, puis elle jeta un coup d’œil rapide à la bouteille dont l’étiquette était devenue illisible. Sous les yeux ébahis du tavernier, elle retourna la bouteille dont le contenu s’écoula sur le plancher de la taverne, éclaboussant copieusement les pieds de son tabouret.

«  C’est mauvais » déclara-t-elle en reposant la bouteille sur le comptoir.

Puis, sans un mot de plus, elle quitta la taverne comme elle était venue, c’est-à-dire avec panache et, bien entendu, sans payer.

Des Rocs - Used to Darkness

[Verse 1]
I've made mistakes, the Lord struck me down
Caught in a landslide, lost underground
I hear them gates, swing open loud
Come close to midnight, hell fade me down

[Pre-Chorus]
And then my eyes got used to the darkness
And everyone that I knew
Was lost and so long forgotten after you

[Chorus]
Now would you pray before you twist the knife?
Yeah, would you take my hand and take a life?
I'm too damn young to give up on the light
I'm used to the darkness, I'm used to the darkness
(Hey)
I'm just a man, I'm only flesh and bone
I can't bring it back on everything I've done
And now there's no one else left to love
I'm used to the darkness, I'm used to the darkness
(Hey)

[Verse 2]
Sweet smell of roses, have come at last
One fist of Earth fights, to come join the rest, rest, rest
[Pre-Chorus]
And then my eyes got used to the darkness
And everyone I knew
Was lost and so long forgotten after you

[Chorus]
Now, would you pray before you twist the knife?
Yeah, would you take my hand and take a life?
I'm too damn young to give up on the light
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)
I'm just a man, I'm only flesh and bone
I can't bring it back on everything I've done
And now there's no one else left to love
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)

[Bridge]
I got used to the darkness, too
I got used to the darkness for you
I got used to the darkness, too
Yes, I did
[Chorus]
Would you pray before you twist the knife?
Would you take my hand and take a life?
I'm too damn young to give up on the light
I'm used to the darkness, I'm used to the darkness
I'm just a man, I'm only flesh and bone
(Flesh and bone)
I can't bring it back on everything I've done
(Thing I've done)
And now there's no one else left to love
(Left to love)
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)
I'm used to the darkness
(Used to the darkness)

[Outro]
Na, na, na, na, na, na, na, na, na
Na, na, na, na, na, na, na, na, na
Na, na, na, na, na, na, na, na, na
Used to the darkness
(Used to the darkness)
I'm used to the darkness, hey

Au nom du Chaos

Cette nuit marquera l’avènement d’une nouvelle ère. La fin d’un monde et le début d’un autre.

C’était nécessaire. Mettre fin à ce système absurde, détruire pour mieux recréer.

Hélas, chaque changement exigeait un sacrifice. Peu importait qu’il fût si dur à accomplir. Même pour Shion. Surtout pour Shion.

Ses pieds ne touchaient pas le sol. A l’image de la mort en marche, Shion lévitait dans l’obscurité du palais. La capuche rabattue sur sa tête ne laissait apercevoir que le bas de son visage et sa bouche  aux lèvres fines et pâles.

Apporter le mort ne le gênait pas d’ordinaire. Bien au contraire. Mais là, c’était différent. Il était nettement moins aisé d’ôter la vie à un être estimé. Pourtant, il le fallait. Pour vaincre l’Oracle une bonne fois pour toute.

Ne pas tarder. Plus vite iel terminerait, moins longtemps dureraient ses tourments.
Dans un silence des plus parfaits, Shion se glissa dans les appartements du Phénix.

Celui-ci lui tournait le dos, agenouillé devant une petite table en bois. La chambre était plongée dans une semi pénombre, l’unique source de lumière provenant d’une petite lampe à huile posée à côté du souverain. Sereinement, sans même se douter du danger qui planait au-dessus de lui, ce dernier écrivait une missive sur un morceau de parchemin clair. Seul le bruit de sa plume grattant le papier vint troubler le silence mortel qui régnait dans la pièce.

Un infime moment d’hésitation. Puis, d’un mouvement fluide et quasi imperceptible, Shion s’empara du poignard qui pendait à sa ceinture. Dans le même mouvement, iel s’approcha de la vénérable silhouette, verrouillant les sursauts de son cœur derrière les ténèbres de sa détermination. Iel ne faillirait pas.

« Bonsoir, Shion. »

Shion s’immobilisa brusquement, les yeux écarquillés sous l’ombre de sa capuche. La voix de Hélios avait fusé, claire et sereine, sans qu’il n’interrompe son activité. Il était impossible qu’il ait pu l’entendre. Ses sens de Phénix avaient dû l’alerter, cela ne pouvait être que ça. Pourtant, il n’avait pas perçu la menace que Shion représentait. Dans le cas contraire, il aurait réagi tout autrement. Iel pouvait encore le prendre par surprise et c’est ce qu’iel fit, poursuivant son avancée jusqu’à se retrouver dans son dos.

« Baisse ce poignard, Shion. »

Pour la seconde fois en quelques minutes, le Nilien s’immobilisa, surpris. Hélios leva vers iel un regard d’une bonté infinie. Cette bonté si radieuse et chaleureuse qui, à maintes reprises, avait su réchauffer son cœur gelé. Cette fois-là ne fit pas non plus exception.

« J’ignore ce que tu espères accomplir en me tuant, mais cela n’amènera rien de bon, poursuivit Hélios en se redressant légèrement.

-Au contraire, rétorqua l’assassin de sa voix grave, presque masculine. »

Hélios ignorait ses véritables desseins. Il ne savait donc pas que sa mort ne visait qu’à servir un objectif bien plus grand. Une fois le Cristal détruit et le Phénix mort, plus rien ne s’opposerait au Chaos.

Shion abaissa son poignard. Ce geste lui coûta bien plus qu’iel ne l’aurait voulu, car Hélios ne chercha pas à se protéger, continuant de dévisager le Nilien alors même que la lame aiguisée crevait le tissu de son riche kimono. Et ce fut ce regard, ce qu’il dégageait, qui empêcha Shion d’aller au bout de son geste. Le couteau ne perça jamais l’épiderme du Phénix. Le sang ne coula pas, pas plus que le poison suintant sur le fil du métal.

Parce que malgré la puissance de son idéal, iel ne pouvait se résoudre à tuer un ami en son nom.

Haletant, les yeux embués de larmes sous sa capuche, Shion contempla le Phénix serein qui ne l’avait pas quitté du regard. Le silence religieux fut d’un seul coup troublé par un brusque éclat de lumière aveuglante, semblable à un éclair.

Puis le sol se mit à trembler et le ciel fut balayé de traînées lumineuses, comme une pluie d’étoiles filantes.

Sauf qu'il ne s'agissait pas d'étoiles.

Shion ne put se réjouir face à ce spectacle. Pas alors que les yeux de Hélios, après avoir contemplé le ciel, se reposaient sur iel avec tristesse. Ses mains prirent en coupe son visage maigre et ce contact le fit tressaillir.

« Qu’as-tu fait, Shion ? »

Fiever - Dua Lipa & Angèle

Commentaire du texte de Chrome

Haaan! J'ai vraiment adoré ton texte, qui colle parfaitement aux paroles de la chanson. *_* J'ai adoré chaque ligne. C'était vraiment très attendrissant je trouve, et tu as parfaitement cerné ma Gardienne (omfg, en plus ça parle de Lance, je- *meurt*). Tu as vraiment une belle plume, je veux te voir écrire plus souvent!Merci beaucoup de m'avoir choisie et pour cet écrit! >w<

Rencontre incongrue

Le soleil était à son zénith, la chaleur fouettait la peau de Moody, qui ne semblait guère s'en préoccuper. Elle marchait fièrement, la tête haute, une détermination ardente se lisait sur son visage. Il fallait qu'elle fasse ses preuves, et, il était hors de question d'échouer, elle préférait mourir que de subir une telle humiliation !

Six mille quarante-six pas, six mille quarante-sept.

Elle s'approchait de plus en plus de la grotte au mille merveilles, celle-ci était à priori une légende, mais Moody était tellement motivé, qu'elle était prête à en faire une réalité.

Doucement, elle distinguait deux statues de sables, ces derniers semblaient représenter un Djinn, les bras croisés avec un air austère. Cependant, cela ne semblait guère rebuter Moody, qui s'aventura dans l'entre comme si de rien n'était.

À l'intérieur, elle ne trouva rien d'autre que de la pénombre, et un vide hostile. Elle était loin de trouver des merveilles, cependant, ce qu'elle y découvrit était tout autre. Un homme était allongé à même le som crasseux, curieuse, elle s'avança prudemment tout en demandant s'il était encore vivant, seul me silence lui répondit. En le voyant de plus près, elle me trouvait incroyablement beau pour un borgne, ce dernier était inconscient. Ce n'était pas dans ses habitudes de recueillir qui que ce soit, mais ce bougre était bien trop séduisant pour le laisser au seuil de la mort, et qui sait ? Peut-être deviendrait-il son amant.

Danse spectrale

Toc. Toc. Toc. Dans le village des damnés, une porte s’ouvre en grinçant. Tout n’est que mort et désolation, mais la Mort s’est mise sur son 31. Brillant de mille feu, parures dorées et eau de Léthé, elle vient collecter les âmes égarées.

Fredonnant une joyeuse ritournelle, l’ange des macchabées apporte la lumière qui mettra vint aux ténèbres qui ont englouti ce village maudit. Chaque malédiction levée est une âme libérée qui embrasse la lumière pour redevenir lumière.

Au centre de la place, l’ange danse et chante. Sa magie aussi puissante qu’éblouissante est terrifiante. Pourtant, tel le feu qui attire le papillon qui vient s’y brûler les ailes, les spectres sortent un à un de leur cachette et s’avancent tous vers cette lumière à la fois si belle et si douloureuse.

Tapant du pied en rythme, les fantômes dansent et tournoient à leur tour tant et si bien qu’au lever du matin, le village s’est paré d’une myriade de lucioles qui virevoltent gaiement avant de s’élever dans le ciel et de s’en aller rejoindre le Grand Cristal. Maana tu es, maana tu redeviendras.

Dahlia — Chanmina

Sa raison de vivre

Tomber amoureuse de Nevra lui avait pris du temps. Certes, le Vampire lui avait plu dès leur première rencontre, mais l’attirance n’était au départ que physique. Moody collectionnait les hommes et telle une veuve noire, elle prenait tout d’eux avant de les jeter une fois qu’ils ne lui servaient plus à rien. Nevra n’aurait dû être qu’un nom de plus à sa longue liste d’amants mais il en avait décidé autrement. En bon séducteur, le capitaine de l’Ombre lui avait montré que lui aussi savait jouer, la titillant sans vergogne jusqu’à lui laisser croire qu’elle l’avait piégé dans sa toile.  Tout cela avant de lui échapper comme un souffle d’air entre les doigts. Moody n’avait guère l’habitude qu’on lui résiste autant. Malgré elle, elle s’était laissée prendre à ce petit jeu. Et lorsqu’enfin la fille de la lune avait eu le Vampire entre ses cuisses, il était déjà trop tard. Son cœur indomptable s’était retrouvé en cage, et malgré ses rebuffades, il n’avait pu que se rendre à l’évidence : désormais, il ne battait plus que pour Nevra.

Du moins, Moody le croyait-elle.

Car non content de n’appartenir qu’à un seul homme, il avait fallu qu’il frémisse pour un autre. Si seulement Moody n’avait pu aimer que Nevra, les choses auraient été tellement plus faciles. Elle aurait dû se douter, pourtant, que rien ne serait jamais simple avec elle. Pas lorsque dans ses veines coulait ce sang mêlé qui la rendait si unique et précieuse.

Progressivement, presque sournoisement, un certain Etincelant aux yeux de glace avait fini par mettre le feu à ses sens. Malgré le plaisir qu’elle trouvait entre les bras de Nevra, son corps puis son cœur réclamaient ceux de Lance.

Choisir devint alors impossible. Nevra ou Lance. Lance ou Nevra. Moody préféra les deux. Seuls, ils la complétaient. Ensemble, ils formaient un tout.
A partir de ce moment, la Veuve Noire trouva sa corne d’abondance. Les hommes ne défilèrent plus dans son lit, à l’exception de ses deux amants qui savaient la combler de la plus délicieuse des manières.
Elle qui se croyait incapable de tomber amoureuse trouva la raison de son existence.

Parasyte OST - Next to you

Commentaire du texte de Noraangel

Wah. J'ai lu ton écrit en écoutant la musique et je dois bien avouer avoir eu les larmes aux yeux également. C'était franchement poignant, tu décris les sentiments de ma Gardienne avec tellement de justesse, je m'y croyais. C'est très triste et très beau à la fois et tellement représentatif de l'état d'esprit de ma Gardienne. Je la vois bien si désespérée au point d'halluciner comme dans ton histoire. Et sa remarque à propos de Nevra, c'était par-fait.
Mon seul regret: qu'elle ait pas bousculé Miiko du haut d'un escalier au courant. *PAN*
Merci beaucoup pour ce très joli écrit! <3

Sing me a song of a lass that is gone,
say, could that lass be I ?

©Elmaëyn

Pour un regard

Nora. Aussi belle qu’insaisissable. Aussi secrète que son cœur qui, malgré sa grandeur, ne laissait personne l’approcher. Pas même lui, Matthieu.
Pourtant, le jeune homme pouvait se targuer d’obtenir facilement la confiance des gens par ses sourires et sa sociabilité. Avec Nora, il s’était heurté à un mur. Sous sa façade douce et chaleureuse se cachait en vérité un être solitaire qui n’avait jamais vraiment appris à s’ouvrir à autrui. Matthieu s’était dit que cela pouvait s’expliquer par sa nature d’Archange millénaire. Nora était une créature céleste immortelle, d’innombrables vies avaient défilé sous ses yeux durant des siècles. Forcément, elle ne s’attachait pas. Alors comment pouvait-il espérer obtenir son attention ? Lui, l’humain à l’espérance de vie si courte en comparaison de la sienne...c'était tout juste si elle avait connaissance de son existence.

Malgré l’ampleur de la tâche, l’Absynthe ne s’était pas découragé. La bravoure, l’entêtement, Matthieu n’en manquait pas. Encore moins lorsqu’il s’agissait de se faire remarquer par la fille de ses rêves.
Car Nora était tout ce qu’il aimait. Si belle, si forte, si indépendante…trop peut-être. Elle lui avait tapé dans l’œil dès qu’il l’avait vue étendue au sol, dans la salle du Cristal. Avec ses grandes ailes blanches et ses yeux perdus, l’Ange lui avait paru si fragile. Il n’en était rien. La suite des événements avait démontré que Nora était bien plus forte qu’elle ne le paraissait.

Cela lui tenait à cœur, d’ailleurs : sa force, cette puissance qui lui permettait de ne dépendre de personne. Surtout pas d’un homme. Encore moins d’un homme.

Alors Matthieu, malgré son côté chevaleresque, avait accepté de ravaler sa fierté.

Avec un grand cri, le jeune homme bondit sur le monstre en furie, l’épée en avant. La créature, qui ressemblait à s’y méprendre à un crocodile géant, laissa échapper un hurlement de rage, avant de balayer l’air de son énorme queue. Le guerrier Absynthe se la prit de plein fouet dans le thorax et fut éjecté dans les airs, le souffle coupé. Heureusement qu’il portait un plastron, sans quoi sa cage thoracique aurait été réduite en miettes. Alors qu’il retombait, risquant cette fois-ci un sort plus funeste, l’humain sentit deux mains se glisser sous ses aisselles et le soulever plus haut.

« Je te tiens ! s’exclama une voix féminine. »

Sa voix.

Matthieu grimaça, à la fois soulagé et quelque peu honteux de son geste. Au-dessus de lui, Nora étendit ses grandes ailes blanches, survolant les lieux de l’affrontement avec grâce.

Il devait l’avouer : malgré sa témérité, il n’aurait jamais tenté un coup pareil si l’Ange n’avait pas été présente pour assurer leurs arrières.

« Tu gères, assura Matthieu en levant le pouce et le visage vers sa sauveuse. Sans toi, j’étais cuit. On se débarrasse de ce croco géant et on va ensuite se boire un verre ? »

Nora baissa vers le jeune homme un regard surpris. Puis un sourire amusé étira ses lèvres charnues.

« Et en quel honneur ?
-Il faut bien que je remercie mon ange gardien, si toutefois cette modeste offrande te sied, répondit Matthieu, sans se laisser démonter. »

L’Ange éclata de rire, faisant s’affoler le cœur de l’Absynthe.

« Tu es drôle, toi ! Va pour un verre. »

Toujours porté par la jeune femme, Matthieu afficha un sourire niais. Premier objectif atteint : désormais, Nora savait qu’il existait.

Thomas Bergersen - Ocean Princess

Commentaire du texte d'Uchü

Hooo! Merci beaucoup pour ce petit poème, je l'ai trouvé super et tellement fidèle à l'esprit de ma Gardienne! Je t'envie de savoir écrire de tels poèmes, j'en suis tout bonnement incapable car la poésie et moi, ça fait deux mdr. Ca ne m'empêche pas d'apprécier ton texte à sa juste valeur! Encore merci! <3

Sing me a song of a lass that is gone,
say, could that lass be I ?

©Elmaëyn

Danser pour exister

Elda évoluait dans une atmosphère des plus lascives, tous ses sens pris à partie par la musique langoureuse et le parfum capiteux qui flottaient dans l’air. Les paupières lourdes, elle observa les corps de ses congénères se mouvoir en une danse envoûtante, accentuée par les jeux de lumière qui donnait l’illusion au temps de s’être ralenti.

Elle aussi n’aspirait qu’à se laisser aller. Elle ignorait juste comment faire.

La jeune femme n’était pas quelqu’un qui aimait se faire remarquer. Sa nature timide l’empêchait bien souvent de s’exprimer. Et quand bien même personne ne risquait de faire attention à elle en ces lieux dédiés à la frivolité et au plaisir, Elda ne parvenait pas à se libérer.

Elle était pourtant si entraînante, cette musique…peut-être qu’un peu d’alcool lui permettrait d’envoyer au diable toutes ses craintes ?
Sans plus réfléchir, la faëlienne s’empara d’un cocktail encore plein abandonné sur une petite table juste à côté d’elle. Elle l’avala d’une traite, savourant à peine le goût à la fois âcre et sucré de la boisson. Progressivement, elle sentit une douce chaleur se répandre dans son ventre et s’étendre dans tout son corps. Ses sens parurent s’exacerber et la musique résonna plus nettement à ses oreilles. Impossible de ne pas répondre à son appel.

Alors Elda ferma les yeux et lâcha prise. Son corps se mit à onduler dans la pénombre, parcourut d’éclats de lumières colorés. Ses jambes et ses bras suivirent le mouvement, d’abord doucement, puis avec plus d’entrain, suivant le rythme de la mélodie. Bientôt, Elda ne pensa plus à rien. Seules comptaient la musique et la danse improvisé par son corps pour lui répondre.

Sans qu’elle ne le remarque, les regards commencèrent à converger vers elle, happés par sa grâce, et les murmures se turent. La timide Elda devint progressivement le centre de l’attention du night-club et un cercle se créa autour d’elle.

Elle ne sut au juste ce qui la fit revenir à elle. Peut-être le poids des regards, ou les effets de la boisson qui s’estompaient. Toujours était-il que la jeune femme finit par ouvrir les yeux et apercevoir tous ces yeux braqués sur elle. Embarrassée, la jeune femme promena sur sa silhouette menue un regard affolé, cherchant ce qui avait pu attirer l’attention de tous ces gens. Les regards n’étaient pas hostiles, ni moqueurs, juste…subjugués.

Ne supportant plus cet excès d’attention, la jeune femme prit la fuite en direction de la sortie, se frayant un passage dans la masse de badauds sans que nul ne cherche à la retenir.

« Attends ! »

Elda entendit vaguement qu’on essayait de l’appeler, mais elle ne voulait pas rester une seconde de plus dans ces lieux. Elle préférait se faire oublier.
Heureusement, ou malheureusement, une main la saisit au bras, la forçant à se retourner.
Un homme, un faery dont elle ne sut déterminer la race, la contemplait, fasciné. Il lui tendit un morceau de papier, criant pour se faire entendre par-dessus la musique :

« Tu as un sacré talent, et on recherche des danseuses. Reviens demain et demande moi au vigil, je m’appelle Luan. »

Elda hocha machinalement la tête, plus dans l’espoir de se débarrasser de l’homme que pour accepter sa proposition. Celui-ci lui sourit avant de disparaître, la laissant seule avec son ébahissement et le bout de papier.

Lindsey Stirling - Moon Trance

Commentaire du texte de Togame

Waw! Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce genre d'écrit, ça me change dis donc!
J'ai beaucoup aimé, j'ai tout lu d'une traite! Tu es douée pour  faire monter la tension et cette fin, abrupte, est un véritable supplice! Bon, même si tu t'es arrêtée sur un cliffhanger, je suis plutôt optimiste concernant le canon à Maana...d'ailleurs, j'ai beaucoup souri en lisant ce nom, ça me rappelle mon jeu vidéo préféré où il est aussi question d'un canon à mana...
On sent bien l'inspiration steampunk également! Merci à toi pour ce texte! <3

Sing me a song of a lass that is gone,
say, could that lass be I ?

©Elmaëyn

Compte à rebours

Sous la montagne, les bruits de forge emplissaient les cavernes de leur écho métallique. Les creusets accueillaient le métal en fusion, l’eau s’évaporaient en épais nuages de vapeur et il faisait une chaleur suffocante.
Dehors, à quelques kilomètres d’ici, la bataille faisait rage, mais Gaianee menait un autre combattre, des dizaines de mètres sous terre.

Le prototype de leur canon à maana condensé était presque près. L’issu de cette bataille et peut-être même de cette guerre en dépendait. Ils n’avaient pas le droit à l’erreur.

Il ne leur restait plus beaucoup de temps… L’Absynthe consulta sa montre à gousset. Ils devaient être prêts à faire feu dans… ving-trois minutes. C’était l’heure convenue avec leur chef de Garde qui se battait en ce moment-même en première ligne.

— Il faut que ça fonctionne, murmura Gaianee pour elle-même. Si on échoue…

Elle ne voulait pas penser à l’échec.

— Madame ! la salua un gardien en se mettant au garde-à-vous. Nous avons reçu un message du front. Notre armée s’apprête à battre en retraite.

Gaianee acquiesça lorsqu’elle fut interpelée par un mage qui se précipita vers elle, l’air paniqué.

— Madame, nous avons un problème ! C’est le canon… Nous l’avons chargé et nous avons essayé de l’amorcer, mais le réacteur est en surchauffe… Le système de refroidissement hydraulique ne suit pas, l’eau est bouillante. Si on l’active dans cet état, il risque d’exploser…

L’Absynthe ferma les yeux quelques secondes pour réfléchir.

— Rassemblez tous les mages élémentaires d’eau et de glace, ordonna-t-elle alors. On va essayer de refroidir le réacteur par supraconduction. Il ne nous reste plus beaucoup de temps…

Le mage acquiesça. C’était la cohue dans les souterrains. Tout le monde courait dans tous les sens, mais Gaianee gardait son sang-froid. Il était hors de question d’évacuer. Ils tenteraient le tout pour le tout ou mourraient en essayant.

Après un rappel à l’ordre et une injonction à ne pas céder à la panique, l’Absynthe avait réussi à calmer et remotiver les troupes. Un groupe de mages de tous niveaux s’était rassemblé dans la caverne où trônait le fameux canon à maana condensé. Formant un cercle en rang serré, ils avaient tous dirigé leur magie en même temps vers la base du canon. Gaianee, elle, surveillait de près la température du réacteur tout en gardant un œil sur sa montre. Plus que cinq minutes…

— Ce n’est pas suffisant ! lança-t-elle d’une voix forte. Ne relâchez pas vos efforts ! Du nerf !

Trois minutes… La température était encore un peu trop élevée, mais le risque d’explosion avait été divisé par deux.

— À mon signal, arrêtez-vous.

Trente seconde avant la fin du compte à rebours, Gaianee avait armé le canon et activé le système de lancement. Cette simple manipulation avait fait grimper la température, mais ils n’avaient plus l’énergie ni le temps pour la faire baisser. C’était quitte ou double. Tout le monde retenait son souffle. Trois, deux, un…

Kaleo- Way Down We Go

Love game

Il en avait fallu si peu pour que sa nouvelle proie lui mange dans la main. Un sourire, une caresse, et l’homme était désormais prêt à lui décrocher la lune. Tout comme ses précédentes conquêtes avant lui. Et pourtant, malgré l’issue toujours identique de ce jeu de séduction, Moody ne se lassait pas. Elle aimait plaire, séduire, se sentir désirée et l’ivresse des regards concupiscents posés sur elle agissait comme une drogue. Impossible de s’en passer.

Peu importaient les médisances sur son compte, les regards et les murmures mauvais sur son passage. Moody assumait totalement cet aspect de sa personnalité. Mieux encore, elle s’en vantait.

Et puis pourquoi s’arrêter alors qu’elle trouvait sans cesse un nouveau partenaire de jeu ?

Moody détacha ses lèvres pulpeuses de la bouche du Faëlien totalement envoûté par sa beauté. Il la contempla avec béatitude, comme s’il ne parvenait pas à croire qu’il la tenait entre ses bras. Elle, Moody, gardienne de l’Ombre, guerrière redoutée et amante passionnée. Même s’il devenait cet instant éphémère, l’homme avait envie de croire qu’il était unique à ses yeux et qu’elle lui garderait une place dans son cœur.

Comme tous les autres.
Et comme pour tous les autres, amère serait la chute lorsqu’il se réveillerait seul dans sa couche le lendemain matin.

Avec un regard gourmand et empli de promesses, Moody se redressa et prit sa proie par la main pour l’inviter à la suivre. En souriant, elle l’entraîna hors de la salle bondée. Personne ne fit attention à eux. Ou presque.

Moody jeta un oeil par dessus son épaule en sentant un regard de braise peser sur elle. Avec étonnement, elle aperçut Lance qui dardait sur elle un regard intense, mais la jeune femme fut incapable de décrypter son expression.

Elle haussa les sourcils avant qu’un sourire mutin ne se dessine sur sa bouche sensuelle. Sans plus faire attention à l’Etincelant, elle se détourna avant de s’évaporer avec son amant d’un soir.

Monody - The FatRat

Commentaire du texte de Noraangel

Gmblblbl bon déjà y a Lance dans ce texte, ça ne pouvait que me plaire. *SPARF*
Plus sérieusement, j'ai adoré ce texte, je me suis laissée emportée par ta plume! J'ai beaucoup aimé lire ma Gardienne plus apaisée et sereine que d'ordinaire. Il est vrai que pendant longtemps, cette paix intérieure lui fera défaut...
J'ai souri à la mention des Regarius, il s'agit de mon deuxième Familier préféré après les Owletts. Voir Gaia nager avec eux m'a transportée! >w<
Je me sens vraiment flattée de savoir que mon OC t'intéresse, notamment cette période tragique de son histoire. J'aime beaucoup imaginer autour de cette partie car il s'agit d'un moment extrêmement important de sa vie, notamment à cause du traumatisme qu'elle a subi qui la change du tout au tout.
Merci à toi pour ce texte que je conserve précieusement! >w<

Sing me a song of a lass that is gone,
say, could that lass be I ?


©Elmaëyn