22:58


— Tu es encore ici ? Il est tard.
Intissar sursauta. Elle n’avait pas entendu Lance entrer à l’infirmerie.
— Je suis de garde cette nuit, répondit-elle.
Elle reporta son attention sur son livre de botanique. Depuis l’incident lors de leur dernière mission, Intissar fuyait Lance dès qu’elle le croisait au détour d’un couloir ou à la cantine. Sauf qu’ici, dans le calme de l’infirmerie, elle ne pouvait s’échapper au risque de déserter son poste.
— C’était une mission difficile, tu aurais du avoir plus de jours de repos.
Intissar serra les poings autour de son crayon.
— Je vais bien, répliqua-t-elle, la mâchoire serrée.
Lance laissa le silence s’installer entre eux. Intissar essayait de se concentrer sur les lettres écrites sur les pages mais elle avait du mal à rester concentrer lorsqu’il était dans la pièce. Et surtout depuis ce qui s’était passé. Elle détestait le fait que lui en particulier ait du assister à cette scène.
— J’ai parlé avec les autres membres de l’Étincelante de ce qui s’est passé au village, reprit-il. Huang hua en parlera avec le chef du clan.
Cette fois-ci, Intissar leva les yeux de son bouquin.
— C’était inutile, protesta-t-elle. Ce n’est rien.
Elle détestait l’émotion qui faisait trembler sa voix. Elle détestait encore plus le regard qu’il posait sur elle. De toutes les émotions qu’elle aurait voulu lire sur son visage lorsqu’il la regardait, la pitié n’en faisait pas partie.
— Non, ça ne l’est pas, rétorqua-t-il d’un ton dur. Personne ne devrait être traité ainsi.
Elle aurait voulu lui dire qu’elle avait été traité bien pire par le passé et qu’elle n’avait pas besoin de sa pitié ; elle avait déjà été assez humiliée. Une partie d’elle — la plus sombre et la plus enfouie, lui aurait rit au nez pour tenir un tel discours avec un passé comme le sien.
Mais Intissar n’en fit rien. Elle se contenta de baisser la tête, les paupières brûlantes.
— J’ai encore beaucoup à étudier avant la semaine prochaine, finit-elle par dire.
Lance comprit le message. Pourtant, il prit le temps de poser une main hésitante sur son bras avant de sortir.
Seule, dans la demi-obscurité de l’infirmerie, Intissar frissonna.


mots : 366



@Elmaëyn

16h14

Le ventre gargouillant, Moody grimpa sur un étalage pour attraper sa gourmandise de l'après midi. Il n'était pas facile d'attraper l'objet de ses convoitises lorsque l'on mesurait un mètre cinquante-cinq et pourtant... Malgré un bras tendu... La lunienne frôlait les gâteaux du bout de ses ongles.

"Toi faire quoi? Demanda Jamon sans s'annoncer."

La petite femme aux cheveux violines par la lune noire poussa un cri de surprise, manquant de tomber de son perchoir.

"Par la sainte mère Lune, Jamon !" Le réprimanda l'Ombrette.

L'ogre fit une petite moue, elle secoua son visage avant de lever le visage vers le paquet de gâteaux.

"J'ai faim... Tu veux bien m'attraper le paquet? Quémanda-t-elle.
- Toi être petite. Sourit Jamon en attrapant la chose.
- Toi être grand, nuance."

Elle lui tira la langue avant de le remercier chaleureusement en prenant les gâteaux.

«Invoque mon nom »


8 h 32
Mille quatre cents cinquante-sept, mille quatre cents cinquante-huit…
Orak perdait le compte. Etait-ce quatre cents cinquante-sept ou trois cents cinquante-sept ? Combien d’années était-il là ?
Il essaya de s’étirer et une violente décharge électrique parcourut son corps. Ses dents s’entrechoquèrent si fort qu’il se mordit la langue. Un coup métallique envahit sa bouche, et un sourire se dessina sur son visage : il n’avait pas encore perdu le goût…
Le sang… Un goût si agréable, et si addictif… Ah, quand il sortirait, il en ferait couler…
Quelle heure était-il ? Tous les jours semblaient se ressembler. Dans cette obscurité totale, impossible de différencier le jour de la nuit. Il avait bien essayé de tendre l’oreille les cinquante premières années de sa captivité, mais rien à faire, la caverne restait désespérément silencieuse. Pas le moindre chant d’oiseau pour lui annoncer le printemps, ni une rafale de vent caractéristique de l’automne. Il était seul dans son calvaire.
Et au fur du temps qui s’étirait mais ne passait pas, un seul visage demeurait exact : un sourire angélique, des yeux grands et battant rapidement, une peau bleue brillant sous la lune, une voix si mélodieuse que même lui, le grand Djinn du chaos et de la destruction, s’était laissé piéger. Elle allait payer. Il n’allait pas la tuer non, il allait la laisser dépérir lentement… Il lui arracherait sa voix.
Ses différents plans se mélangeaient dans sa tête, s’entrecroisant, certains surpassant les autres à tel point, qu’après toutes ces années, il ne savait plus lequel était le bon. Aucune importance, il finirait par avoir ce qu’il voulait.
Et soudain, il sentit comme une brèche : une faible lumière qui essayait d’entrer. Pour beaucoup, elle aurait été trop faible, trop étroite, impossible de s’en échapper, mais Orak était spécial. Aussi petite aurait-été elle qu’il aurait réussi à sortir. Il sentit tout son corps s’échapper par la brèche, se laissant aller au sens du vent, et ses pupilles se contractèrent si fort au contact de la lumière qu’elles se changèrent en deux fentes démoniaques.
Il sentit son corps s’élever, se déployer, majestueux, en dépit de la haine qui l’avait rendu aussi rouge que du sang. A ses pieds, un malencontreux voyageur, qui ne mesurait pas son malheur, les yeux écarquillés de terreur, ses oreilles de chat battant frénétiquement. Orak éclata d’un rire à glacer le sang :
-Est-ce la gloire la richesse, l’amour, ou alors la folie, qui t’a poussé à me libérer ? Dis-moi quel est ton souhait, et je te l’exaucerai sans détour !
Orak se laissa retomber pour arriver à sa hauteur, son corps prenant environ une taille équivalente à la sienne. Le garçon qui se tenait devant lui était terrifié. Cela ne fit qu’accentuer le monstrueux sourire d’Orak.
-Ou bien la vengeance ?

Mots : 463





«Et je ferai de tes souhaits une réalité »



@Feilora

00:19


Intissar sentait que demain matin, elle allait regretter d’avoir bu.
Sa tête était lourde et elle pouffait seule dans les escaliers. Lorsqu’elle leva la jambe pour accéder au couloir, son pied glissa et ses jambes lâchèrent.
Mais au lieu de s’écraser pathétiquement au sol, deux mains fraîches la retinrent à temps.
Intissar cligna des yeux et leva la tête.
— Lance, sourit-elle.
Il arqua un sourcil.
— Tu aurais pu te casser le nez.
Elle essaya de se remettre sur ses deux pieds mais elle eut le tournis. La sensation la fit rire. À cet instant, tout lui paraissait agréable et amusant. Intissar n’arrivait pas à penser à une seule chose importante. 
Elle s’affala un peu plus contre lui.
— Je cherche les toilettes, l’informa-t-elle alors qu’il ne lui avait rien demandé.
— Si tu y arrives en un seul morceau.
Intissar pouffa à nouveau comme s’il avait dit la chose la plus drôle du monde. Elle ferma les yeux. D’aussi près, son odeur lui caressait agréablement le nez.
Lance essaya de ravaler un sourire, les sourcils froncés.
— Est-ce que tu es en train de me renifler ?
— Tu sens le savon et les fleurs. Quelque chose de frais.
Elle se pencha pour mieux respirer son parfum. Cette fois-ci, il éclata de rire.
— Et toi, tu sens le vin.
Lorsqu’elle passa les mains sur ses épaules et frôla son cou, il frémit. Pour une fois, le chef de Garde portait un haut sombre au lieu de son éternelle armure bleue.
Elle le sentit hésiter avant d’attraper doucement ses bras pour la relever sur ses deux pieds.
— Viens, je t’accompagne.




@Elmaëyn

12h33

Ce n'était peut-être pas le bon jour pour Moody.
La journée avait l'air d'être déjà à rallonge. La lunienne s'ennuyait déjà comme un Beriflore. Pas de maris à embêter, pas de lorialet à secouer. Il ne restait que l'humain. Non pas que sa compagnie lui déplaisait, loin de là mais Mathieu ne la stimulait pas assez...

"Moody." ronronna Purral à son oreille.

L'interpellée posa son regard vers le chat roux. Enfin de compte, la compagnie de Mathieu valait peut-être mieux que la tâche que lui confierait le Purreko.

21:03


Koori ne pouvait s’arrêter de rire. Pliée en deux, elle avait abandonné les deux fioles qu’elle manipulait pour se tenir le ventre.
— Ce n’est pas drôle, ronchonna Intissar.
— C’est hi-la-rant, oui.
Son rire commençait à dérider Intissar qui devait se mordre la joue pour ravaler un sourire. Elle secoua la tête tout en continuant à écraser les graines de café en grappe.
— Tu n’aurais jamais du me laisser aller au toilettes toute seule, soupira-t-elle.
Koori s’essuya le coin de l’oeil.
— Je n’arrive pas à croire que tu l’aies reniflé, ricana cette dernière.
— Je n’arriverais jamais à le regarder en face après ça, se lamenta Intissar.
— Ce n’est pas comme si tu y arrivais avant.
Intissar chercha quelque chose à lui jeter au visage.
— Sérieusement, reprit-elle, cela fait deux jours que je l’évite.
— Qui sait ? Peut-être qu’il a apprécié.
Intissar fronça les sourcils. Elle n’arrivait pas à savoir si elle était sérieuse.
— Qui aime ça ?
Koori haussa les épaules.
— Peut-être Chrome, répondit-elle. Les loups-garous adorent fourrer leur museau partout.
— Pourquoi est-ce que je continue à te parler de ça déjà ? soupira Intissar.
Koori voulut répondre mais Huang Chu leur criait déjà dessus depuis la salle des archives :
— J’entends beaucoup de bavardages et pas assez d’alchimie !




@Elmaëyn

09h27

Le menton coincé entre les doigts fins de sa femme, le chef de l'Obsidienne osa couler un regard froid sur la cendrée. Moody se contenta de lui offrir un sourire mielleux tout en détournant ses yeux vers le vampire qu'elle maintenait de la même manière.

"Vous ne pensiez pas me quitter sans me dire au revoir, n'est-ce pas?" susurra-t-elle de sa voix suave, baissant ses petites œillades sur les lèvres de ses partenaires.

Nevra eut un rire franc tandis que Lance grogna faiblement.

"Ne faites rien sans moi, mes chéris. Ou je serai jalouse. Minauda-t-elle.
- Autre chose à dire d'intelligent, femme? Demanda le dragon de son air froid.
- Je crois que ce qu'elle essaie de dire c'est... Qu'on ne devrait pas se sauter à la gorge.
- Assez ! Grommela la petite femme.
- Tu vois, elle essaie encore de détourner l'attention, s'amusa Nevra.
- Tu as raison. Je crois qu'on devrait lui apprendre à..." commença Lance.

La lunienne tira sur leur mâchoire respective pour leur voler un baiser, puis tapa tour à tour de rôle leurs fesses d'un air enjôleur.

"Revenez en entier pour m'apprendre une quelconque leçon messieurs."

11:26


Si en général sa taille lui paraissait suffisante, c'était dans ces moments-là qu'elle n'aurait pas dit non à quelques centimètres de plus.
Même sur la pointe des pieds, Intissar ne faisait que frôler le fruit de la lune rouge. Elle souffla. Ses sandales à talons qu'elle avait troqué plus tôt pour d'autres plus confortables lui manquaient à présent.
Elle essaya à nouveau de tendre le bras au maximum mais elle ne récupéra qu'un échec cuisant de sa tentative.
Sans prévenir, une autre main gantée attrapa l'un des fruits et le lui tendit. Intissar le reconnut avant même de se retourner.
— Lance, s'étonna-t-elle. Merci.
Dos à lui, elle le sentit hocher la tête avant d'en attraper d'autres pour les lui mettre dans le panier. Intissar le laissa faire. En d'autres circonstances, elle aurait refuser de l'aide par principe mais après la scène de la dernière fois, elle était trop mortifiée pour pouvoir contester quoique ce soit.
Quand le petit panier d'osier fut plein, Lance laissa retomber ses bras. Ils étaient si proches l'un de l'autre que le dos d'Intissar frôlait son torse. Elle n'osa pas bouger durant de longues secondes. Lance ne dit rien non plus, il eut l'air d'attendre.
Et Intissar finit par craquer. Elle tourna la tête pour rencontrer son sourire.
— Oui ?
— Tu ne dis plus rien sur mon parfum ? demanda-t-il.




@Elmaëyn

13h05

Il est temps pour la jeune cendrée de quitter ce brin d'ombre pour aller nourrir les familiers impatients. Moody se releva du banc sur lequel elle était assise pour s'étirer dans un faible gémissement.

Ses doigts jouèrent avec les alliances autour de son cou, un sourire radieux aux lèvres. Cette journée était parfaite.

13:16


— Tu déjeunes tard, commenta Nevra.
Intissar sursauta. Elle faillit renverser son jus de fruit sur le livre face à elle. Bon sang, il n'était pas l'ancien chef de l'Ombre pour rien.
— Je travaille tard, finit-elle par répondre.
Il sourit en coin avant de reprendre :
— Une de mes recrues, Janiz, boite depuis quelques jours. Si tu pouvais lui assigner un rendez-vous et en parler avec Eweleïn.
— Pourquoi est-ce qu'elle ne vient pas d'elle-même à l'infirmerie ? s'étonna Intissar.
Il haussa les épaules.
— Elle ne veut pas l'avouer mais elle a une peur bleue des médecins.
Intissar sourit.
— J'essayerais d'être gentille, promit-elle.
Elle se concentra à nouveau sur son plat et sur son livre mais Nevra ne bougea pas.
En haussant les sourcils, Intissar leva la tête. Le vampire continuait à la regarder. Elle se figea lorsqu'il réarrangea une épingle dans ses cheveux.
— Je pensais à..., commença-t-il.
Mais la voix de Lance depuis le garde-manger l'appela et il dut s'éloigner.





@Elmaëyn

10:29


Intissar s'emmitoufla un peu plus confortablement sous ses draps. Elle avait été de garde toute la nuit à l'infirmerie, elle méritait encore quelques petites heures de sommeil.
Au moment où elle changea de position, un objet tomba au sol et se brisa. Noom, son familier, émit un couinement coupable avant de se cacher sous le lit.
Intissar refusa d'ouvrir les yeux.
Ce sera un problème pour la future elle.




@Elmaëyn

11h59

-Ca suffit lâchez-moi ! J’ai dit stop !

Siam riait aux éclats, son souffle coupé par les coups de becs des alfelis sur ses côtes et autres endroits susceptibles de la chatouiller. Elle avait tenté de ramasser leurs belles plumes pour en faire des colliers et autres ornements, mais ceux-ci ne l’entendaient pas de cette oreille. Bien que la brownie leur avait toujours témoigné beaucoup de respect, ils n’acceptaient pas qu’elle utilise diverses carcasses pour confesser des vêtements, ou des ustensiles de cuisine.
Le soleil se levait dans le ciel, frappant le QG de tous ses rayons, l’illuminant davantage que le rire de Siam. Tandis qu’elle continuait de rire, elle aperçut une grande ombre recouvrir un instant le ciel, comme s’il s’agissait d’un mauvais présage. Elle s’arrêta de rire pour momentanément regarder la lumière disparaître et le ciel s’assombrir. Cet instant ne dura que quelques secondes, mais c’était comme si Siam était figée dans le temps. Quand le soleil revint, Purral la tira de sa contemplation :

-Eh la Miss, ton chéri est là.

Avec une énergie nouvelle et un sourire étirant ses joues, Siam bondit sur ses pieds pour dévaler en direction de la place du marché, son cœur s’embaumant de joie.

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20:27


- « Wow je savais pas que j’étais en couple avec une barbe à papa… » se moquait une personne aux cheveux noirs.
- « C’est moi ou depuis que tu connais l’existence des barbes à papa grâce à Mathieu tu fais une fixette dessus ? » demandait ironiquement  la jeune femme aux cheveux roses.

- « Dit celle qui est habillée comme tel… » Encore dans le couloir, les deux protagonistes allaient partir en route pour leur petit rendez-vous organisé devant le cerisier. Nevra, comme le taquin qu’il était n’avait pas pu se retenir de charrier sa petite amie. « Et puis c’est pas de ma faute t’as l’air douce comme cette sucrerie.. »

- « Quel charmeur… » elle leva le yeux aux ciel. « Je me demande bien comment j’ai fais pour tomber dedans. »
- « C’est logique, mon charme naturel. » énonça-t-il comme une évidence sous le ricanement de Meïah.
- « Très drôle… »

11h39

La lunienne comptait dans sa tête le nombre d'enfant qui s'était réuni devant elle pour pouvoir aller déjeuner. Une petite avait entouré sa jambe lorsque Lance s'était avancé vers le petit attroupement pour saluer sa femme. Moody lui avait sourit tendrement en serrant l'enfant contre elle.

Le dragon l'avait quitté après une caresse discrète sur l'épaule. La cendrée lui jeta un dernier regard amoureux avant de taper dans ses mains pour inviter la petite troupe bruyante à entrer dans la cantine.

14:31


— Quelle surprise de te voir au labo, lâcha Huang Chu, les bras chargés de parchemins. On oublie presque que tu appartiens à l'Absynthe.
Intissar grimaça.
— Ces derniers temps, l'infirmerie est bondé de monde, Eweleïn avait besoin de moi.
La chef de garde ferma la porte derrière elle d'un coup de pied.
— Je sais, je dois me crêper le chignon avec elle pour qu'elle consente de te laisser faire ton travail.
— Promis, j'essayerais d'être plus présente.
Huang Chu secoua la tête et laissa tomber ses parchemins sur la table la plus proche.
— Je dois aussi me crêper le chignon avec Lance, ajouta-t-elle.
Intissar releva la tête de ses fioles, intriguée.
— Ah oui ?
— Il insiste pour que tu participes à sa prochaine mission. Il me le paieras, j'avais prévu que tu remplisses notre stock de potions. Il est hors de question que ce soit Mathieu qui le fasse.
Puis, elle entra dans les archives en marmonnant contre Mathieu et le test des Gardes.





@Elmaëyn

14h27


- Et voilà.

Banafrit offrit un de ses rares sourires à l'enfant aux yeux encore larmoyants qui suçait son pouce, assis sur les genoux de Leiftan sur la table d'auscultation de l'infirmerie. Elle vint flatter la joue du bambin de sa main gantée, frôlant au passage le bras de l'ancien de l'Etincelante. Leurs yeux se rencontrèrent, et il lui offrit un sourire timide.

- Merci, Banafrit, d'avoir mis de côté ton travail pour t'occuper de Berkah.

Il chatouilla l'enfant, qui abandonna l'air incertain qu'il abordait face à la stratège pour rire aux éclats sous sa taquinerie. Il était bien plus doué avec les bambins qu'elle-même.
Il était si doux avec eux, si tendre. Son cœur a elle se gonfla dans sa poitrine, et elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille pour cacher sa gène.

- Evidemment. Je ne vous aurai pas laissé ainsi, tous les deux.

Son cœur palpitait un peu trop fort dans sa poitrine, alors qu'elle était bien incapable de détourner le regard de l'homme qui lui faisait face, et dont le regard était tout aussi ancré dans le sien. Il avait entouré l'enfant de ses bras, et celui-ci se tenait silencieux dans son étreinte, comme fatigué de ses récentes aventures.

- Tu peux me demander n'importe quoi, tu sais. formulaient ses yeux à elle.

- Mais suis-je vraiment digne de ton affection? formulaient ses yeux à lui.

Elle se rapprocha, dégagea le visage de l'enfant désormais endormi avec douceur. Elle fit de même avec Leiftan, repoussa une mèche folle du coin de son œil. Il la laissa faire, se contentant de la fixer avec intensité.

Elle inspira à fond, puis sa main descendit vers son bras pour le serrer avec un peu trop de force pour que ce soit tout à fait naturel.

- Va le rendre à sa m... Sa mère va s'inquiéter.

Leurs phrases s'étaient fondues l'une dans l'autre. Banafrit pinça les lèvres, avant de s'arracher au regard de l'homme qui lui faisait face.

- Je vais nettoyer l'infirmerie. Si tu me cherches ensuite, je serai au même endroit que tout à l'heure.

Leiftan hocha la tête, mais elle le sentit plus qu'elle ne le vit.

- Peut-être à tout à l'heure.

Elle ne réagit pas, laissa la porte se refermer. Puis elle poussa un long soupir, et s'attela à ranger. Comme si de rien n'était. Peut-être ainsi oublierai-t-elle son trouble...


441 mots



"Start over, my darling. Be brave enough to find the life you want
and courageous enough to chase it. Then start over and love yourself the way
you were always meant to."
© Loplo

12h07

Elle inspira lentement, le poing serré autour du kimono de Nevra. En proie à une crise d'angoisse, le vampire était resté près d'elle, le front posé contre le sien. Du bout des doigts, il caressait sa joue rougie par ses larmes.