Suprême de la forêt.

La nuit tombait et emportait avec elle l'innocence, le réconfort et la chaleur de la journée. Un sourire narquois s'esquissa au coin de la bouche charnue de la dame à la grande coiffe.

Parée d'or et de violet, elle était à elle seule, le chant du crépuscule. Selune remuait lentement ses longues griffes au rythme d'une musique inconnue. Une mélodie mélancolique, un requiem apaisant, exaltant. La jeune femme cilla une fois, admirant le ballet des Blackdogs qui courraient à leur tanière.

La Suprême de la forêt tourna les talons pour fouler le sentier, chantant ce mystique psaume nocturne et angoissant. Personne ne devait s'aventurer ici-bas.

L'homme au masque d'or

Qui était-il vraiment ?

Un homme dépourvu de sentiments ? Un assassin de la nuit ? Un chien au masque d’or ?

Personne ne pouvait y répondre clairement, car à vrai dire, il était tout ça à la fois.
Cet individu intriguait autant qu’il terrifiait.
Toutes sortes de rumeurs couraient à son sujet, à Eel, certaines probablement véridiques, d’autres surement erronées.

On disaient de lui, qu’il pourchassait sans relâche ses proies lorsque ces dernières lui tournaient le dos. Il les tuait ensuite, sauvagement et sans remords.

D'autres encore s’interrogeaient sur la raison pour laquelle le chien fou portait en permanence ce masque doré, sur lequel les doux rayons lunaires venaient parfois se refléter, la nuit.

Rare était ceux, qui avaient eu la chance ou la malchance de le croiser. Cet homme mystérieux répondait au nom de Howling.
C’était la seule information incontestable que l’on détenait sur lui.

Théorie des portails

Le portail n’avait décidément pas été préparé de la meilleure des manières. Certaines théories disent que les émotions ressenties pendant une préparation et écriture d’arcanes impact le voyage par portail, les plus radicaux des penseurs assurent que la mort par déplacement de corps est tout à fais envisageable si une émotion trop négative est influée dans les runes et signes. Yurikago était prête à croire ces scientifiques pessimiste, sa respiration se faisait de plus en plus haletante et saccadée, son portail s’était ouvert 4 mètres au-dessus du sol, au milieu de ce qui semblait être une des montagnes, manifestement pas arrivée au campement d’où sa mission devait débuter. Son corps n’ayant pas eu le temps de réagir et de se tendre, elle avait atterri comme une poupée de chiffons, sans rien se casser, mais des bleus se formaient déjà.

Ce qui la paniquait de plus en plus à chaque seconde qui passait était le manque de ses lunettes. Elles étaient tombées de son nez quelques microsecondes après le début de sa chute, et de ses mains déjà tremblantes de froid Yurikago tapotait le sol frénétiquement tout autour d’elle. Sans elles sont environnement étaient formes blanches, spectres de vents et de neiges et aucun sentiers ou étoiles visibles pour se diriger.

Quelle émotion avait influencé ce terrible voyage vous vous demandez ? Honnêtement rien de trop dramatique était ce qu’elle s’était dit tout en traçant les symboles arcaniques, après tout un peu d’appréhension à l’idée de retrouver Lance pour une mission supposée dangereuse était tout à fait naturel. Yurikago regretta cela dit amèrement de ne pas avoir vidé son esprit et calmer ses appréhensions plus tôt. Elle n’était pas près de retrouver ses lunettes et perdue au milieu d’une montagne ses options étaient minces. Bon sang où était son familier ? Le Voclaunn aurait dû tomber avec elle !

Comme si ses pensées avaient fait office d’invocation, les cris de son familier se firent entendre, accompagnés de pas lourds. Pas prête à prendre d’autres risques inutiles, elle s’arma de ses dagues et se mise en position défensive.

-Content de t’avoir trouvé avant le début de la tempête Yu’, ton portail nous a envoyé ton familier mas toi apparemment il a préféré t’expédier autre part…

La voix pleine et étonnamment chaleureuse de Lance calma instantanément les battements de son cœur. Le Cristal ne la haïssait pas entièrement décidemment, elle se releva prête à répondre à l’humain flou qu’elle reconnaissait aux cheveux blancs qui à ses yeux se laissaient fondre dans l’arrière-plan, mais alors qu’elle ouvrait la bouche, une petite exclamation sortie de celle de Lance, il se baissa et en se relevant tendit vers elle ce qui ne pouvait être qu’une paire de lunettes. Soupirant de soulagement, elle les plaça à leur place cruciale et releva les yeux pour les plonger dans ceux amusés, et comme toujours perçants, de Lance. Aucune vision n’était plus réconfortante que ces yeux en cet instant, et Yurikago laissa son propre sourire timide éclairer son visage, ne manquant pas de remarquer la réaction de Lance à la rare vulnérabilité qu’elle venait de montrer. Cette mission allait être très intéressante et elle ne pouvait déjà plus se souvenir des appréhensions passées, peut-être était-elle l’une des préférées du Cristal au final…

Mélodie (vraiment pas si effrayante enfin) d'Argent

Les yeux de la créature face à lui le transperçait, le clouant au sol et semblaientt fouiller dans son âme, cherchant la réponse à une question qu’il ignorait. Gémissant de douleur, il tentait de reculer en rampant, ses mains s’écorchant sur les branches mortes qui tapissaient le sol. Une fumée anormale s’échappait d’une pierre tout aussi peu naturelle fixée au front de l’être qui lentement s’avançait vers lui.

-Pitié… Je n’ai rien, qu-que me voulez-vous ??

Il avait rejoint la garde quelques mois seulement auparavant, envoyé en tant que membre de la garde Absynthe pour enquêter sur un arbre apparemment malade dans un coin profond et peu connu de la forêt. Cristal qu’avait-il fait pour mériter cela ?

Chaque pas de Medusis faisait s’entrechoquer ses innombrables bijoux d’argent, formant une mélodie qu’elle savait absolument terrifiante à cette heure-ci et dans ces conditions, elle n’en voulait absolument pas à la pathétique créature qui la méprenait sans doute pour l’origine des horribles défigurations et pestilences de l’arbre derrière elle. A sa place peut-être qu’elle ne serait pas tombée aussi ridiculement ou même gémis aussi bruyamment, mais elle comprenait son effroi…

S’agenouillant face à lui elle posa pour une seconde ses doigts sur le front de l’homme aux cornes de chèvres, alors que son torse s’affaissa au sol et que ses yeux se fermèrent, elle détourna son regard vers la parodie d’arbre qui pourrissait à une vitesse extraordinaire. Nurgle avait donc octroyé un peu de ses pouvoirs à un mortel assoiffé de chaos et pleins d’idéaux qui testait la grâce de son dieu sur d’innocents arbres… Quel idiot. Le trouver ne serait pas trop compliqué s’il continuait à user avec aussi peu de discrétion de ces pouvoirs de corruption. Medusis se redressa et faisant attention à ne pas toucher le pus et autres fluides qui s’échappaient lentement de l’arbre souffrant, s’approcha de lui.

Le dieu chaotique de la maladie et autre afflictions plus créatives était généreux dans ses « bénédictions », son disciple, bien que facile à trouver, ne serait pas facile à interroger et éliminer. Mais Medusis dans ses nombreuses quêtes et propres aventures avait affronté d’autres monstres plus effrayant même que l’idée de pourrir pour l’éternité. Son arrivée à Eldarya avait malheureusement attiré l’attention de divinités en manque d’amusement tous plus horribles les uns que les autres, et Nurgle était l’un des plus puissants.

Après un soupir de fatigue, elle sortie son medium du moment, une sorte de dague extrêmement fine d’argent qu’elle utilisait ces jours-ci pour ses pouvoirs, elle en était plutôt fière, l’ayant créée de ses propres mains et talents, murmurant des mots anciens, méconnus et dans une langue jamais entendu à Eldarya elle se mit à la tâche de supprimer toute trace de maladie. Malheureusement, rien ni personne touché par le grand-père Nurgle ne pouvait guérir, et si laissé à l’abandon, rien ni personne ne pouvait mourir non plus, bloqué dans un cercle infini de souffrance. Vraiment, Medusis faisait preuve de miséricorde. Elle devait seulement espérer maintenant que la garde d’Eel ne soit pas trop curieuse de ce qui sera elle espère un rêve terrible après une chute ridicule de la part de leur envoyé. Les avoir dans ses pattes alors qu’elle avait tant à faire serait agaçant.

Retournant vers le jeune brownie, elle agrippa ses cheveux et frappa sa tête avec force contre le sol, une simple contusion sera suffisante. Alors qu’un peu de sang s’écoulait de son crâne et mouillait le sol sous lui, elle recoiffa ce dernier avec quelques petites tapes. Satisfaite et avec un sourire aux lèvres, elle s’enfonça dans la forêt, sa mélodie, qui par beau temps n’était pas aussi effrayante vraiment, l’entourant.

Questionnements

Ce jour-là, tout était calme au QG.
Le vent sifflait tristement sur la grande plaine, aujourd’hui déserte. Le soleil était caché par de nombreux nuages. La végétation, elle, bougeait au rythme changeant de l’air. Le QG paraissait bien vide, sans ses membres. Beaucoup d’entre eux, étaient en mission à droite, à gauche. La vie à Eldarya semblait paisible, du moins en apparence. Ces derniers temps, plusieurs peuples d’Eel avaient fait appel à la garde pour leur venir en aide, suite à de nombreuses et récentes attaques.

Chlorisnée, elle était restée. N’appartenant pas encore à la garde, elle ne pouvait partir exécuter des missions pour cette dernière, à son plus grand désespoir. La belle voulait venir en aide à tous ces gens, elle voulait se sentir utile dans ce monde qui n’était pas le sien.

Au dépit des contestations de la jeune femme, Miiko la considérée encore comme trop fragile au vu de son passé trop récent. Elle n’avait nul autre choix que de se plier aux décisions de la kistune.

La belle avait donc décidé de mettre à profit son temps libre, pour en apprendre plus sur ce monde encore inconnu. Et peut-être essayer de comprendre ces attaques répétées. Naturellement, la bibliothèque était l’endroit le plus approprié pour ses recherches.

Après avoir sélectionné tous les ouvrages possibles et inimaginables sur le sujet, Chlorisnée se laissa tomber sur une des chaises, bien décidé à étudier et à en découvrir davantage sur Eldarya.
Les minutes, puis les heures passaient rapidement. La jeune femme était absorbée par ses recherches, elle ne se souciait pas du reste.
Mais soudain, la porte s’ouvrit à volée, dans un grand fracas.

-Chloooooorisnée ! Enfin…j-je..te trouv..e…

La concernée leva la tête. Ykhar déboula dans la pièce. La brownie était essoufflée, et tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Chlorisnée ne put retenir un petit rire amusé à la vue de son amie.

-Tu me cherchais ?

Ykhar toujours occupé à retrouver une respiration normale, leva son index dans sa direction comme pour lui signifier ‘’Attends, j’essaie de rester en vie’’. Après quelques dizaines de secondes, l’Etincelante se redressa.

-Et bien t’es pas facile à trouver toi ! Miiko te cherche.
-Tu sa-
Chlorisnée curieuse s’apprêtait à l’interroger, mais Ykhar anticipa sa question.

-Ne me demande pas pourquoi je n’en sais rien ! Je sais juste que la grande cheffe veut te voir, et que tu ne devrais pas trop tarder à mon avis.
La brownie accompagna sa phrase d’un léger signe de la tête, histoire de dire ‘’Bouge-toi au plus vite’’. Elle comprit le message, et rangea rapidement ses affaires, avant de quitter sa chaise.

Chlorisnée redoutait ce que la kistune pouvait lui dire, elle appréhendait, mais elle était aussi très intriguée. Alors que la belle se dirigeait hâtivement vers la salle du cristal, Ykhar lui cria au loin.

-Bonne chance !

Arrivée à la fameuse pièce, où Miiko l’attendait. Chlorisnée sentit l’angoisse monter en elle. Une question tournait en boucle dans sa tête ‘’Pourquoi m’avoir fait venir ?’’. Elle prit une profonde respiration, et commença à monter dans la salle du cristal. La belle allait bientôt avoir une réponse.

A suivre !

Entrainement nocturne

La nuit était fraîche, le temps était propice pour un entrainement nocturne. Ses pieds nus sur le sable fin de la plage, Ashuna répétait les même mouvements d'épée depuis de longues minutes, sous le regard perçant de  Lance.
Il la reprenait quand ça n'allait pas et se contentait de sourire lorsqu'elle réussissait les exercices. La jeune femme profitait de ce genre de moment, qui était précieux pour elle. L'hybride aimait la présence du dragon.

"- Pas comme ça, répliqua l'obsidien."

Il s'avança, réduisant l'espace qui les séparait. Il plaça ses grandes mains sur les hanches d'Ashuna pour la redresser avant de les glisser sur les mains graciles de l'ombre pour les replacer correctement. Elle frissonna à ce simple contact.

"- Merci pour tes conseils, mais je suis sûre que même si ma position n'est pas la meilleure, je pourrais quand même te battre, le taquina-t-elle.

- Eh bien en garde, j'attends de voir ça."

Il sourit, la témérité de la jeune femme lui plaisait.

Face à face, ils se jaugeaient du regard, avant de commencer leur duel dont l'issue était déjà jouée.

Méditation

Le temps était propice à se ressourcer loin de l'agitation de la cité. Non pas qu'Edmia n'aimait pas la présence d'autrui, loin de là. Elle avait besoin, comme tous, d'avoir son moment avec elle, et sa divinité. Ses pas en connaissaient par cœur le chemin au travers de la forêt.

La jolie brune regardait le spectacle que lui offrait la nature, un sourire léger sur ses lèvres roses. Elle s'installa au creux des racines d'un arbre, reposant son dos contre son tronc. Ses mains plongèrent dans la mousse humides, ses paupières s'abattirent sur ses améthystes.

Elle inspirait l'odeur terreuse de la forêt, laissant ses muscles se détendre et son cœur battre au rythme de la vie qui coulait ici bas. Il n'y avait rien de mieux que cet instant. Et ceux partagés avec Nevra. Le vent lui balaya les cheveux pour qu'elle se reconcentre.

D'abord moi.

Edmia eut l'esquisse d'un sourire ravi sur son visage apaisé, blottie contre ce grand chêne. Le roi de cette forêt.

Sombre mariée

La première fois qu'il s'était aventuré dans ces ruines, il n'avait pas cru un traître mot des avertissements cryptiques donnés par les villageois du coin. Son monde était peut-être rempli de magie et de mystères, mais les êtres qu'ils abritaient restaient des créatures régies par la raison et la rationalité. Toute chose vivante suivait un code de conduite, un ensemble de lois écrites pour faciliter sa survie et rendre son quotidien plus confortable. Tout homme persuadé par cette pensée qu'il était, il était certain que tous agissait de manière un temps soit peu rationnel.
C'est pour ça qu'il ne les avait pas cru, c'est pour ça qu'il était pris au piège.
Un fantôme séduisant les voyageurs dans ces ruines ? Sûrement une succube égaré oui, rien qui ne puisse inquiéter un mage dans son genre. Il était venu étudier, ça n'était pas des superstitions de pacotilles qui allait l'arrêter. Mais à mesure qu'il avançait entre les colonnes à demi effondrées et les statues décapitées, le brouillard s'épaississait, les oiseaux devenaient muets.

Puis, il la vit.

Au début, il cligna des yeux plusieurs fois, peu sur de l'apparition se dirigeant vers lui. Une silhouette comme taillé dans l'ébène et l'onyx, à la peau laiteuse et à la chevelure nocturne. Sa respiration se bloqua dans sa gorge, pétrifié qu'il était par la venue de cette sombre fée, un air mutin se peignant sur son visage à la fois si clair et si sombre. Elle était belle, mais d'une beauté froide, inquiétante, comme auréolée d'une noirceur vivace.

Tiens tiens tiens, le dîner qui vient me tomber tout cuit dans mon bec, si ce n'est pas adorable~

Le mage désirait protester, mais aucun son ne passa les portes de ses lèvres. Ses pieds comme enracinés dans le sol, il regardait, impuissant, la séduisante créature s'approcher de lui, les voiles de sa tenue flottant autours de ses jambes graciles.
Impossible de détacher son regard d'elle.
Impossible de bouger.
Impossible de résister.
Impossible de ne pas la désirer.

Bonjour mon cher, voulez-vous couchez avec moi ce soir ?

Et alors qu'elle passait ses bras autours de son cou pour s'approcher de lui, il regretta de ne pas avoir écouté les avis, car mille succubes et autant de spectres n'auraient pu le préparer à la mortelle créature qui allait le posséder

Dernier recours

La garde était désespérée, un fou furieux avec trop de talents avait invoqué une créature démoniaque entièrement investie dans sa propre rage et soif de sang. Personne quelques soient leurs pouvoirs ne pouvaient la vaincre, en tout cas rien ni personne ayant l’esprit d’intégrer la Garde. Alors dans un dernier geste de désespoir, pour arrêter la destruction et l’horreur qui avançait lentement dans le pays, l’idiot avait heureusement commencé sa conquête dans une partie peu habitée et la majorité des habitants avaient pu évacuer ; Huang Chu avait proposé une contre-créature.
Une avec qui discussion était possible, une qui avait le pouvoir indiscutable de débarrasser le continent de l’invocation et son maître. Au nom de la créature mentionnée, un silence s’était abattu dans la salle, certains n’essayaient même pas de cacher leur effroi, les autres le cachait en gardant leurs visages le plus fermé et inexpressif possible.

-Bon ben j’irais alors ! Seule en plus pas de soucis les gars … J’en ai vu des pires HAH !

Frappant son genou d’une main et laissant son rire doucement s’effacer, voyant que personne n’avait apprécié la blague sur la créature solitaire dont le regard tuait absolument tout, Haven redressa la tête et tourna son regard droit dans celui de Huang Hua.
-J’irais. Insista-t-elle doucement. Huang Hua hocha gravement la tête.
-Jamon te guidera jusqu’aux marais, après ça … Bonne chance. Vous partez dans une heure.


Après deux jours de marche pressée, après tout, chaque jour qu’ils marchaient et utilisaient était un jour de plus de violence et de mort quelque part, ils arrivèrent à l’entrée des marais. Jamon après un dernier souhait de réussite reparti aussitôt. Un parchemin de téléportation avait été donné à Haven au cas où le Catoblépas acceptait d’aider, il était lié au démon et amènerait Haven et le nouvel potentiel allié directement face à leur ennemi. Sans trop d’hésitations et évitant du regard l’étendu du marais, Haven couvrit ses yeux d’un bandeau. Outre son apparence dite pathétique, le Catoblépas était décrit comme mélancolique et généralement désintéressé des problèmes humains, trop occupé à rouler sa lourde tête autour de lui, trop occupé à vivre en paix son existence pénible. Et elle allait devoir le toucher, lui porter ladite tête et tant bien que mal la diriger vers l’ennemi s’il acceptait d’aider, la garde misait tout sur le regard destructeur du buffle. Le plan formulé pour vaincre avait un côté visuellement comique qu’Haven n’avait cessé d’utiliser pour faire sourire et des fois rire Jamon sur la route.

Sans avoir trop l’envie de rire sur le moment, Haven ne ressentait aucune pitié, peur ou appréhension envers l’être mythologique et manifestement éternellement souffrant qu’elle allait devoir convaincre, ses valeurs n’étaient pas basées sur la mort, la violence et l’horreur, ça lui suffisait. Et s’il refuserait, elle ne lui laisserait pas trop de choix, apparemment il était plutôt faible après tout. Sur cette dernière pensée elle fit son premier pas dans les marais.

Humaine

Lance était assis sur le bord d'un des confortables lits de l'infirmerie. Intissar se tenait face à lui, concentrée sur l'examen de ses mains, et plus particulièrement de ses phalanges sanguinolentes. Les sourcils froncés, l'apprentie infirmière était visiblement furieuse.

- Tu abuses vraiment, grommela-t-elle en passant du désinfectant sur les plaies. Ça fait à peine quelques mois que tu es sorti de prison, et tout ce que tu trouves à faire, c'est de tabasser les premiers venus ?

Le Dragon pinça les lèvres en détournant le regard. Il n'aimait pas ce qu'il ressentait en présence de l'humaine, il n'aimait pas se sentir aussi...faible. Et pourtant, c'était à cause de ses sentiments que ses mains avaient fini dans un tel état.

Alors qu'Intissar enroulait des bandes de gaze autour de ses doigts, il parvint enfin à trouver ses mots.

- Ils t'avaient insultée.

- Et alors ?!

La violence de son ton surprit l'Obsidien. L'apprentie infirmière ne lui laissa pas le temps de répliquer quoi que ce soit et enchaîna.

- Tu crois que c'est la première fois qu'on me traite de faiblarde ? Tu crois que c'est la première fois que j'en prends plein la gueule parce que je suis humaine ? Je n'ai pas besoin de ta pitié, et je n'ai pas besoin que tu risques ta liberté provisoire pour des bêtises pareilles !

Lance restait sans voix. Habitué à côtoyer une humaine douce et réservé, il ne s'attendait pas à ce qu'elle s'énerve ainsi.

- C'est noté, grinça-t-il alors qu'elle finissait ses bandages.

Quand enfin le Dragon put quitter  l'infirmerie, il jeta un dernier coup d'œil à Intissar, qui était plongée dans un livre d'anatomie. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il prenait la direction de la salle des portes. Décidément, cette humaine était plus qu'intéressante.

C  r  ê  t  e    d  e    s  a  b  l  e    à    p  e  r  t  e    d  e    v  u  e
R  e  g  a  r  d  s    e  n  t  r  e  l  a  c  é  s
É  t  e  r  n  i  t  é

@Nøra

Idée farfelue.

L’Elfe se promenait de manière habituelle à travers les longs couloirs du QG. Ses talons claquaient froidement sur le carrelage bleuté alors que sa main se porta délicatement à la lourde porte menant au Laboratoire.

Il soupira, afin d’y faire un pas. L’ambiance lourde de la pièce le rendait nerveux, et l’excitation certaine d’Ezarel n’arrangeait en rien les choses.

Rokunn ! Il faut que tu testes ça pour moi !
Je-

L’homme à la chevelure bleu se précipita sur Rokunn, posant un doigt sur ses lèvres afin de lui intimer le silence.

Ne dis rien ! Juste, bois.

Toute cette histoire ne sentait pas bon, oh non. Un traquenard, un piège. Rien ne le forçait à boire cette fiole au liquide étrange, alors pourquoi portait-il celle-ci à ses lèvres dans le but de ne serait-ce que goûter ?

L’Elfe se mit donc en tête de boire la fiole étrange, sous le regard impatient de son homologue.
Une fois le contenu bu, une douleur atroce lui parvint à la poitrine, une dague s’enfonçant dans ses chairs, déchirant sa peau, ses organes. Ses cotes s’ajustaient, emprisonnant ses poumons sans pour autant les perforer.

Une chose était sûre : cette potion n’était pas anodine, et cela se voyait sur le visage d’Ezarel qui avait réussi son coup foireux.