Roulant des épaules contre le courant pour mieux s'agiter devant son nouvel interlocuteur, Mélior
affiche un sourire ravi. Ravi de curiosité, d'intérêt, d'intrigue, et de supériorité. Il était dans son
pays, à l'abri, caché derrière ses privilèges et ses bijoux, et l'autre était à la merci de tout. Mais
surtout de sa propre angoisse visiblement, qui empestait si fort les remous que Mélior s'élance plus haut,
pour mieux danser autour de la drôle de tête privée du plus beau des sens pour les Namaakéens. L'individu
était bel et bien immense, le découvrir de sa petite taille était un exercice amusant. En tout cas, Mélior
y prenait beaucoup de plaisir. S'il avait été méchant, et surtout moins cupide, il aurait retiré ses bijoux
pour s'agiter en silence et mieux embêter le pauvre homme. Mais il n'était pas méchant. Tout aussi
méchant qu'il était mature d'ailleurs, il ne se risque à rien de ce genre et use de la force du courant
pour se placer devant le visage de l'énergumène couleur océan.
Les bras croisés sur sa poitrine aussi plate que la surface au dessus d'eux, il penche la tête avec
une moue que personne ne verra visiblement.
-J'espère que ce que tu vends est aussi intéressant que ce que je voudrais...
Parce que pour venir s'aventurer ici lors d'un jour théoriquement politique, cela passerait difficilement
passer pour un acte pacifique. Donc soit il était le premier soldat d'un assaut - mais le doré en
doutait - soit il était un marchant insolite.
Et si le grand se révèlait être un ennemi, Mélior lui s'en fichait royalement. Il avait l'habitude de fuir.
En revanche, intercepter un marchand apeuré avant qu'il soit passé dans la ville... là c'était intéressant.
Les prix seraient les siens et la marge qu'il se ferait ensuite, exceptionnelle. De plus, il se voyait déjà
vainqueur de la joute verbale qu'il venait de démarrer. Et de très loin.