Occupé à enfiler des perles, littéralement, Mélior laisse courir pierres, nacres et boules d'or
entre ses doigts. Les bijoux léchant ses bras, le jeune homme ne remarque d'abord pas son environnement
évoluer. Jusqu'à ce qu'une masse foncée, noyée dans le turquoise des fonds de son royaume, attire son
regard. D'ici, il pouvait apercevoir une grande partie du pays. Et ce drôle de bonhomme là ne faisait pas
partie des siens, il en était certain. Aux aguets, il laisse le courant définir sa vue en attirant l'être
vers lui. S'il existait des Safres gigantesques, ils étaient loin d'être les plus nombreux, et donc les
moins ignorés. Et Mélior ne connaissait pas celui ci. Et puis la simple absence de bijoux confirmait ses doutes.
Rien ni personne ici n'était pas doté d'une chaîne luxuriante, ou d'un maquillage doré. Même les
coquillages étaient peints en conséquence. Un grand monsieur bleu et noir, ça n'existait pas ici.
Et avec un petit sourire amusé, l'anguille se dit qu'il comprenait pourquoi.
C'est tout de même très moche, quelqu'un sans dorure...Sa nostalgie matérielle oubliée, et les amants qui accompagnent ces pensées avec, le doré se redresse
dans un mouvement de queue élégant et replace ses bijoux correctement avant de s'élancer vers le pauvre géant.
Fidèle à son espèce, Mélior n'a besoin que de quelques vives ondulations pour réduire la distance qui le
sépare de son nouveau jouet. D'un oeil faussement désabusé, il remarque la frontière du royaume doré
n'est pas si loin d'eux, et que l'immense bleu risquerait d'avoir quelques problèmes... Mais les problèmes
des autres ne sont pas les siens, alors il lui tourne autour en toute simplicité en guettant l'inconnu
sous toutes ses coutures, agitant doucement l'eau à chaque mouvement de queue.