MANËARE
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RÉCIT D'EXPÉRIENCE
Bien mal acquis, ne profite jamais - 1 412 mots
Je me rappelle avoir d’abord été particulièrement déçu, de constater que les Gobelins de l’Île au Rubis, étaient aussi laids et bruyants, que ceux des Terres de l’Aube. J’étais la seule à être rentré avec ces petits êtres dans leur fameuse mine, et bien que me sentais oppressé par leur grand nombre, je ne regrettais pas d’avoir insisté pour que mes camarades restent au dehors. Car dans le désordre qui régnait en ces lieux, les poutres plus bancales les unes que les autres, manquaient à tout à instant de céder sous le poids de ces parois rocheuses. Au final, je craignais plus de me retrouver ensevelit sous un tas de roches, que d’avoir à croiser le fer avec l’escorte de celui qui me menais je ne sais où dans les profondeurs de cette grotte. Mais malgré leurs airs farouches, je restais tout à fait confiante quant au fait qu’ils ne se permettraient pas de s’en prendre à de potentiels nouveaux acheteurs, et encore moins à l’un des représentants de la Garde d’Eel.
Puis au détour d’un couloir au sol jonché de malles débordantes de gemmes bleutées, nous arrivâmes enfin dans une sorte d’antichambre, dans laquelle étaient entreposée presque exclusivement des rubis ! Jamais je n’avais vu pareille récolte, et ne pus alors m’empêcher de rester ébahis face au miroitement de ces pierres aux teintes écarlates. J’en oubliais presque où je me trouvais et ce pourquoi même j’étais venue jusqu’ici. C’est mon guide qui me le rappela très vite, en s’éclaircissant bruyamment la gorge comme pour montrer son impatience. Lui il ne perdait évidemment pas le nord, et m’invitant aussitôt à prendre place sur l’un des coffres servant à transporter leurs précieuses marchandises, nous commençâmes à régler les formalités et à nous accorder sur ce fameux contrat de commerce.
L’homme de main du seigneur de cette île, s’était dès notre arrivée montré bien moins agréable que ses comparses, ne semblant guère ravi à l’idée de nous voir nous éterniser ici plus longtemps. Je n’en n’étais moi-même pas plus enchantée, mais son attitude finit de me convaincre que mon mauvais pressentiment, n’était pas uniquement dû au fait que j’avais à faire à des peaux-vertes. « Un Gobelin reste un Gobelin petite. Leur vil esprit finira toujours par les trahir.» Heureusement que mon oncle n’était pas là pour m’entendre alors une nouvelle fois, lui donner raison. Car à l’évidence, ce Stourch redoutais que je me rende compte de l’étonnante propreté des habits de ses prétendus miniers, de l’éclat quasi neuf des rares pioches et pelles posées dans des coins en attendant sagement que quelqu’un daigne s’en servir, et des ventres bedonnant de ces Gobelins qui n’avaient assurément jamais transpiré une seule goutte de travail dans ces mines. Espérait-il que l’envoûtant scintillement de ces gemmes, suffisent à faire taire les suspicions dans le perçant regard, que je prenais un malin plaisir à poser sur lui ? Et quand bien même j’aurais été assez naïve pour ne me rendre compte de rien, le propriétaire de cette mine n’aurait pu dissimuler bien longtemps au flaire de mon brave ami, l’odeur du mal émanant de ces étroites galeries.
Bientôt des couinements plaintifs mêlés à des cris de terreurs, résonnèrent aux quatre coins de la mine, tandis que l’élégante silhouette d’un familier légendaire, se glissait en un grognement sourd, plus loin encore dans les dédales de la grotte aux rubis. Je lui emboîtais aussitôt le pas, en bousculant sans ménagement les hommes de Stourch qui, remit de leurs vives émotions, répondaient enfin à l’ordre de leur maître : « Arrêtez-la ! Arrêtez cette sale brouvouk ! ». J’entendais les petits pas des Gobelins tenter de suivre ma cadence, tandis que j’essayais moi-même de rattraper Ylfr dont la rageuse attitude me faisait de plus en plus, redouter le pire. Et lorsque nous parvînmes enfin au seuil de l’excavation, dont même les voûtes rocheuses étaient ornées de ces gemmes rougeoyantes, la sombre colère qui hérissait chacun des poils du Ferinsulfr, vint bouillir elle aussi dans mes entrailles avec une telle intensité, que le contrat que je tenais encore dans la main, fut aussitôt changé en cendres.
De ces deux immenses pattes rocailleuses, un Alcopafel creusait telle une bête de somme, le fond de cette grotte. Il était enchaîné au sol par des maillons étrangement fins pour contenir la force d’une aussi imposante créature, et son regard était voilé, comme envoûté par le Gnome juché au-dessus de sa tête - trop absorbé par ses sortilèges, pour remarquer notre présence. Autour d’eux, une bonne quinzaine de Meepers récupéraient les précieuses pierres rouges dans leurs poches ventrales, tout en prenant garde à n’être fauché par les épaisses pattes du familier au bec bleu. Ils étaient tous plus sales et décharnés les uns que les autres, la peau marquée par le coup des cravaches des quelques Gobelins alors présents, et qui se ratatinèrent à l’instant même où j’attrapai l’épée accrochée dans mon dos.
Finalement alerté par notre « intrusion », le Mage-Gnome détourna le sort qu’il avait jeté sur l’Alcopafel, de sorte à ce qu’au lieu des parois rocheuses, se soit sur nous qu’il vienne défouler sa puissance. C’est alors qu’Ylfr vint d’un bond, se placer au travers du chemin de l’immense familier, puis poussa subitement un rugissement d’une telle fureur, que la crinière ardente de l’Alcopafel frissonna autant d’effroi que le mage qui en tomba à la renverse. Dans le même élan, et sachant qu’aucun sort aussi abject ne saurait résister à la Protectrice des Créatures, je profitais de la stupeur générale pour venir briser de ma lame, les chaînes du familier et ainsi totalement le libérer de l’emprise du Gnome.
Et craignant sans doute qu’ils soient les prochains à gouter du tranchant de mon épée, les Gobelins prirent la fuite, Stourch le premier. Mais au lieu de prendre la direction de la sortie, lui et ses hommes s’en retournèrent vers leur précieux trésor. Un sourire amusé aux lèvres, j’indiquai alors d’un signe de tête au Ferinsulfr, de conduire nos protégés au dehors ; j’avais quant à moi, encore quelques formalités à régler ici…
Quelques minutes plus tard, et dans un épais nuage de poussière, je parvins inextrémiste à quitter cette maudite grotte, par là-même où j’avais plus tôt laissé mes Sœurs d’armes à l’entrée. Celles-ci me regardaient d’un air ahuris, sans doute plus déroutées encore qu’elles avaient dût l’être en voyant Ylfr venir à elles et qui plus est, avec de nouveaux amis.
Derrière moi, j’entendais Stourch marmonner ce que je devinais sans peine être des insultes. Et les autres Gobelins qui avaient échappé à l’éboulement provoqué par les poutres porteuses - qui avaient eu la malchance de se trouver sur le passage de ma lame, me fusillaient d’un regard sombre auquel je répondis :
- Auriez-vous plutôt préféré que je tranche vos corps rabougris ? A moins que vous ne me maudissiez d’avoir condamné ceux des vôtres, qui n’ont malheureusement pas été assez rapide pour éviter d’être enterré vivant ?
- Tsss, ne va pas croire petite sotte, qu’il suffit de quelques pierres pour défaire un Gobelin !
- Oh, mais je le sais que trop bien mon ami. Et c’est aussi parce que je sais que « bien mal acquis ne profite jamais », que j’espère que toi et les tiens vivrez suffisamment longtemps pour peut-être, parvenir un jour à apprendre cette leçon.
Le Gobelin éclata subitement de rire, avant d’immédiatement se ressaisir pour renchérir :
- Quand notre roi apprendra ce que vous avez fait de ses mines, on verra bien qui aura à prendre une bonne leçon ! Vous feriez mieux de fuir, tant que vous en avez encore l’occasion, maudits brouvouks ! rajouta-t-il sous l’ovation de ses semblables.
- Ne soyez donc pas si pressé de nous voir partir, messire, répondit la semi-hilée en plongeant son regard doré dans ceux du Gobelin. Car quand nous repartirons avec notre or, et que tous nos amis en communs apprendront que les gemmes ornant leurs armes et bijoux, ont été souillées par le sang de ces innocentes créatures, ce sera alors très certainement la dernière fois que vous verrez la couleur de ce beau métal, être marchandé sur votre précieuse île.
Sous la menace de la brouvouk, la peau verte de Stourch prit instantanément une couleur certes indescriptible, mais suffisamment parlante pour comprendre la peur qui s’insinuait en lui, ainsi que la rage insufflée par l’atteinte d’une corde qui lui était certainement bien plus sensible encore, que la vie de ses propres compagnons...
Hâte de commenter les récits de mes coupines Obsi' *^*
QUE VOS LAMES VOUS GUIDENT !
TOMBER EST PERMIS, NOUS RELEVER EST NOTRE DÉFI
@Eldryda
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Dernière modification par Asïol (Le 18-08-2021 à 05h11)