En-cas de minuit
TW : mention de mort
Un soir, Erika se réveilla d’un sommeil agitée. Ne trouvant plus le sommeil, elle décida de sortir prendre l’air, arborant les couloirs laissant ses pieds la guider.
Au bout d’un certain temps, elle se trouva face aux portes menant à la cuisine :
« Un verre de lait chaud ne me ferait pas de mal. » pensa-t-elle
Au fond du réfectoire, Erika fût surprise de voir une lueur se dégagée des cuisines, elle s’approcha sans un bruit des portes coulissantes afin d’avoir une meilleure vue de l’intérieur.
« Karuto – »
« AHH!! »
Le satyre, probablement en plein travail à en juger par le bol et le fouet qui tombèrent de ses mains de par la surprise, s’exclama.
« Excuse-moi Karuto, je ne voulais pas te faire peur.»
« Et bien, c’est raté, qu’est-ce qui vous prend à vous les jeunes ? Vous faufiler derrière quelqu’un sans crié garde ? » dit-il d’un regard furieux, « ne reste pas planter là et rends-toi utile en nettoyant cette pagaille. »
Ni une, ni deux, la jeune Aengel s’exécuta. Un silence tendu se fit entendre, pas un osé le briser, de peur d’être à nouveau grondé pour l’une et de s’emporter à nouveau pour l’autre. Ce fut Karuto qui brisa le silence:
« Du mal à dormir ? »
« Ça se voit tant que ça ? Oui.. On peut dire ça » Erika s’installa dans une des chaises hautes à proximité.
« Les cauchemars font toujours ça au début » dit-il « Je te prépare quelque chose à grignoter et tu fiches le camp de ma cuisine »
Erika a l’air surprise :
« Mais comment – »
« Juste parce que tu viens de la Terre, ne veut pas dire que t’es si spéciale que ça gamine. Tu n’est pas la seule qui ose se taper l’incruste chez moi en pleine nuit » Karuto commente comme si c’était une évidence.
"Est-ce qu’il s’agit des mêmes personnes à chaque fois ? »
« Pour la plupart oui, souvent après être rentré de mission. Va savoir ce qu’ils ont vu là-bas pour les mettre dans un tel état. » raconte-t-il en allant chercher un autre ingrédient dans ses étagères.
« Et les autres ? »
« Pour les autres, soit ils sont bourrés et essaye de chiper de l’alcool » continue-t-il « soit ils cherchent un endroit où faire des galipettes. »
À ceci, Erika s’étouffa avec sa propre salive causant un rire s’échapper de la bouche de Karuto.
« Ahah tu devrais voir ta tête ! Mais te fais pas de bile, cette cuisine est aussi propre qu’un Khrynaurth que l’on vient de pouponner !»
« Si tu le dis » regardant ailleurs que le cuisinier.
« Blague à part, tu veux parler de ton cauchemar ? Si tu veux en parler bien sûr. »
La jeune fille fixa le satyre avec surprise, elle ne connaissait pas ce côté, comment le décrire, bienveillant que Karuto lui montrer. Au final, le peuple d’Eel ont encore beaucoup de choses à lui apprendre.
"Ça ne me dérange pas,du tout, c'est juste que je ne sais pas trop si on peut vraiment le considérer comme «cauchemar» . C’est plus de la nostalgie, des souvenirs de quand j’étais encore sur Terre, depuis qu’on m’a forcé à boire cette potion je ne peux m’empêcher de penser à tout ceux qui sont restés là-bas. Le fait qu’à mon retour, les gens que j’aime ma mère, mon père, mes grands-parents et mes amis, me voient comme une étrangère, une folle qui invente une supposé vie à leurs côtés" en racontant son histoire, les larmes montèrent aux yeux d'Erika, trouvant un peu de confort en entourant ses bras autour d'elle "ça me fait mal. J'ai peur de ne pas savoir quoi faire par la suite, de ne plus entendre ma mère, me chanter des berceuses pour m'endormir le soir, ne plus passer mes étés chez papi Lucien et mamie Paulette, ne plus rester je ne sais combien d'heures dans la cuisine avec mon père." un petit rire s'échappa d'elle à se souvenir de ces moments.
Karuto sans un mot, tend un mouchoir pour qu'elle sèche ses larmes et dit :
"Lorsqu'une tragédie nous tombe en pleine poire, les souvenirs heureux deviennent notre pire cauchemar. On ne les voient plus de la même manière." Il se retourna, vaquant à ses occupations.
Le bruit des ustensiles est le seul son qui résonna dans la pièce par la suite, Erika profita de ce silence pour observer Karuto, le chef manie les couteaux avec tellement de précision, le fait qu’il sache doser les ingrédients sans verre doseur ou même l’aura apaisant qui semble se dégager de lui lorsqu'il cuisine; sans oublier son dernier commentaire. Erika se questionne :
"Est-ce que ça t'es déjà arrivé ? De faire des cauchemars je veux dire."
Karuto stoppa ses mouvements pendant une seconde, tournant son regard vers elle :
"Tu es bien curieuse..." il se retourna à nouveau "m'enfin, je veux bien te divertir pour cette fois et SEULEMENT cette fois. Alors écoute parce que je ne me répéterai pas. Compris ?" Erika hocha la tête.
Le satyre se dirigea vers cette dernière pour s'installer, le temps que ce qu'il a préparé mijote (à feu doux bien évidemment) :
Soupire "Par où commencer ? Je viens d'un petit village au fin fond de la forêt, tout le monde connaissaient tout le monde là-bas mais attention, ça ne veut pas dire que tout était mignon comme tout, les excès de colère et les bagarres engendrées par ces derniers étaient monnaie courante"
"Si excessive que ça ?" commenta Erika
"Crois-moi petite, tu n'aurais pas tenue 2 minutes, les bagarres dont je parle étaient du genre sanglantes avec une peu de chance de survie dans certains cas. Où est-ce ce que j'en été avant que tu ne me coupe, uhm ah ! Oui, s'il y avait bien une chose sur laquelle tous étaient d'accord, c'est la protection de notre village. Les aventuriers ne faisaient pas long feu chez nous, en même temps, personne saint d'esprit n'oserais faire face à des Centaures."
L'Aengel s'exclama "Des Centaures !? Mais tu n'es pas un satyre !?"
"On ne t'as jamais appris à ne pas couper la parole ?"
"Désolée"
"Bon, oui je suis un satyre, mais ce n'était pas le cas de ma grand-mère.
"C'était un centaure ?" Erika s'exclama avec émerveillement
Karuto sourit "Oui, elle s'appelait Bemral et beaucoup la connaissaient de nom, de part le fait qu'elle eu ma mère avec un satyre. Le métissage entre deux espèces, qu'elles soient similaires ou pas, était très mal vu à l'époque surtout chez nous, les centaures pensés que leur sang était supérieur aux autres habitants de la forêt. Ma famille été considéré des pariah et la seule raison pour laquelle nous n'avons pas été exilés, fût à cause de ma grand-mère qui a du faire ses preuves. Je t'épargne les détails, mieux vaut t'éviter un autre cauchemar."
"Elle devait être très protectrice des siens pour prendre de telles mesures pour votre sécurité ?"
"L'autre chose qui l'a différenciée de ses pairs, mais ne t'y méprends pas, parce qu'elle était protectrice n'enlève en rien le fait qu'elle reste une centaure au tempérament explosif."
"Quant est-il de tes parents ?"
"Je n'ai jamais vraiment connu mes parents, du moins, je n'ai pas beaucoup de souvenirs les concernants. Ma mère, Jelduth, est partie du village pendant un certain temps, quand elle est revenue, c'était avec un satyre, Thelzind, au bras et moi sur le point de montrer le bout d'mon nez. Les autres ont vus rouge, grand-mère et mon père ont dû s'interposer. Tout se remue-ménage à causé un grand amount de stress à ma mère causant le déclenchement de la grossesse, et POUF" le chef fit de grands gestes avec ses bras "Je suis né au milieu du chahut"
D'un regard inquiet, l'Aengel se demanda :
"Que s'est-il passé par là suite ? Est-ce que les tensions se sont calmés ?"
À ça, Karuto ricana :"On a vécu notre vie aussi bien que l'on a pû malgré les insultes et regards qu'on nous jetés. Mon père n'en avait rien à fiche, satyre ou non, il ne laissait personne lui dire ce qu'il devait faire."
"Ça me rappelle quelqu'un !"
"AHAH →_→, continue et c'est un coup de louche qui t'attendra. Maintenant arrête de me couper."
"D'accord."
"Comme je disais, ce comportement ne plaisait guère à personne, grand-mère Bemral en faisait partie. Elle ne supportait pas que tout ses efforts pour ne pas être exilé, soient réduis en miettes par un je cite : "écervelé de pacotille". Plusieurs fois, les deux se sont tenus tête, ma grand-mère sur le fait qu'il ne sache pas tenir sa langue de Jipinku dans sa poche et lui la questionnant sur si elle était vraiment une centaure au vu de son comportement atypique. Cela avait le don de la sortir de ses gongs."
"Et.." Erika commença
Le chef lui lança un regard agacé :
"Qu'est-ce que j'ai dit ?"
"Je sais, je sais, désolée. C'est juste, comparé à la mienne, ta famille semble beaucoup plus comment dire stressante"
"Mhm, en repensant à la description que tu m'as faîte de ta famille et en voyant la mienne, pas beaucoup de gosse auraient survécu dans ce climat. J'étais peut-être chanceux ?"
"Ou mal chanceux." Erika remarqua, elle continua pour ne pas laisser l'ambiance se faire plus pesant "et ta mère, Jelduth c'est ça ? Quel était son avis sur le sujet ?"
"Tss cette ingrate, pas mieux que son mari. La vie hors du village a dû lui retourner le cerveau, toujours prendre son parti lors des disputes, ma grand-mère ne reconnaissait plus sa fille, elle me disait des fois qu'elle venait me voir en plein milieu de la nuit et se demandait si je finirais comme mes vieux." Karuto pris un profond soupire en se passant une main sur le visage "Tout ces sacrifices pour rien."
"Tu sembles avoir beaucoup de respect pour elle."
L'Aengel a cru rêvé mais pendant une seconde, l'ombre d'un sourire sembler s'être formé sur les lèvres du cuisinier, avant de disparaitre en un clin d'œil.
"La seule personne sur laquelle j'aurai mis toute ma confiance. En même temps, c'est normal vu que c'est elle qui m'a élevé." Il se leva afin d'aller vérifier comment se passer la cuisson.
"Que s'est-il passé ?"
"Mon père est mort 3 automne après ma naissance c'est ce qui arrive quand on joue avec le feu sans précaution, ma mère à décider de mettre les voiles après ça, va savoir la raison elle en avait peut-être marre du village, de nous.."
"Ou d'autre chose."
"Ou d'autre chose" répète-t-il
"Mes condoléances pour ton père."
Karuto se tourna d'un air confus "Tes quoi ?"
"Mes condoléances.. oh, cette phrase n'existe pas à ce que je vois. C'est ce qu'on dit chez moi, lorsque quelqu'un a perdu un proche."
"Ah, drôle d'expression. Te fais pas de bile va, il ne mérite pas qu'on l'honore, encore moins ma mère qui a décidé de nous abandonnés. Ma grand-mère en a beaucoup souffert, elle n'est plus resté la même."
"Je me sens mal pour elle, mais pour toi aussi tu n'étais qu'un enfant." Erika dit d'un regard triste.
"Merci, c'est... gentil de ta part."
"Tu disais que Bemral avait changé depuis, de quel manière ?"
"Ce qui la rendait différente, commença à se faire plus rare, au point qu'elle semblait au même niveau de violence que les autres. Non pas qu'elle ne prenait pas soins de moi, loin de là, c'est simplement que son approche était plus fermée ? Glaciale peut-être. Moi dans tout ça, je n'étais pas mieux, au fil du temps je cherchais la bagarre à chaque insulte à mon encontre qu'il s'agisse d'un centaure de mon âge ou plus vieux. Je rentrais couvert de bleus et coupures sans la moindre attention aux préoccupations de grand-mère qui finissait à chaque fois agacée. C'était la routine habituelle... Jusqu'à notre exile."
"Mais je pensais que les efforts de ta grand-mère vous évitez l'exil ?"
"C'était un accident, la dispute de trop, le commentaire de trop et la rage me montant à la tête.Je ne me rappelle même plus la raison de notre querelle, tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir brandi une lame qui traîné est de le lui avoir planté dans l'oeil."
Erika fut ahuri de part la violence que décrit le chef cuisinier :
"Est-ce qu'il est..."
"Il a survécu à sa blessure oui, mais ne crois pas t'en sortir vivant lorsqu'il s'agit du fils du chef." l'Aengel fût à nouveau surprise "La défense de ma grand-mère n'a servi à rien. On nous a jeté sans aucuns remords. Je me suis retourné vers elle, le regard noir qu'elle me jeta me congela sur place, j'avais déjà vu ce regard mais il était toujours destiné aux autres qui lui tenaient tête. C'est à ce moment que j'ai su, que j'aurais donné n'importe quoi pour retourner en arrière et ne pas être là cible de sa colère.
Après ça, nous avons avancés de village en village, personnes n'appréciaient guère notre présence de part notre réputation. En aparté, je faisais tout les efforts du monde pour avoir le pardon de ma grand-mère, pour l'avoir mis dans un tel pétrin, juste m'excuser. Au bout d'un certain temps, nous avons réussi à trouver un village où les habitants n'étaient pas hostile envers nous, ma grand-mère trouva un emploi en tant que cuisinière, pour une vieille elfe du nom de Calathiel qui possédait une taverne et je l'aider en cuisine et en faisant des petites tâches ici et là. Ma grand-mère avait les bases en cuisine mais avec la patience et les conseils de Calathiel, elle devient surprenamment douée dans ce domaine et elle semblait adoré ce dernier cela en valait de même pour les clients qui se faisait de plus en plus nombreux chaques jours. Elle commença à redevenir la femme qu'elle était et encore plus, j'étais heureux de ce changement, mais je sentais encore qu'elle ne m'avait pas entièrement pardonner. Alors j'ai eu une idée"
"Quel était cette idée ?"
"Eh bien, vu que la cuisine la rendait heureuse et la passionnée, j'ai pensé qu'en lui préparant moi-même un plat qu'elle adore, une tarte aux baies sauvages, elle m'en aurait moins voulu. Je me suis du coup mis au travail."
"J'imagine que la tarte était délicieuse ^^ ?"
Le chef rigola à ce commentaire :
"Ahah tout le contraire en réalité, le moi de 14 été ne sait pas rendu compte à quel point la cuisine était un calvaire sans nom. Entre les noms tordus des ingrédients et les étapes aussi complexe les une que les autres, je me suis rapidement retrouver avec une cuisine sens dessus dessous et une tarte trop cuite et hyper salée. J'avais permuté le sel et le sucre."
"Eugh." un regard de dégoût s'afficha sur le visage de la jeune fille.
"Tu peux le dire mais" une pause s'installa "quand j'étais sur le point de jeter cette monstruosité, ma grand-mère est rentrée dans la pièce, elle a dû sentir la fumée ou autre. Elle m'a vu en premier, puis à regarder l'état de la cuisine, elle a par la suite posé son regard sur ma "tarte" et demandé si je l'avais préparer, ce que je lui ai répondu par l'affirmative. Elle a d'un coup, attrapé une fourchette et avant que j'ai pu l'en empêcher, elle pris une bouchée du plat. Elle n'a pas bougé d'un poil, j'étais tellement angoissé de ce qu'elle pourrait dire, que j'ai préféré regarder n'importe où mais elle. Après un certain temps, elle me questionne sur le pourquoi j'avais préparé cette tarte, je lui explique du coup mon idée. Elle me regarda et ensuite me pris dans ses bras, s'excusant pour son comportement et le fait que la fautif c'était elle, pour ne pas avoir vu combien j'avais dû souffert tout ce temps et de ne pas avoir été là pour moi"
"Laisse-moi deviner, l'émotion a pris le dessus ?" dit-elle d'un ton taquin.
Karuto se leva d'un bond, prétextant finir le plat d'Erika, cette dernière ne manque pas d'observer les oreilles du satyre devenir rouge. Après quelques minutes, il revient, plat en main tendant ce dernier vers elle. Il s'installa à nouveau et repris son récit :
"Pour revenir au fait, notre relation s'est beaucoup amélioré depuis cette nuit, elle a même décidé de m'enseigner la cuisine comme moyen d'avoir des points en commun et pour dire vrai, j'y ai pris goût. Je n'arrêtais pas de peaufiner mes talents en proposant de nouvelles recettes et faire goûter ces dernières auprès d'elle et Calathiel, certaines d'entre elles ont même finis sur le menu, j'ai compris le sentiment que ressentait ma grand-mère en cuisinant : la sérénité que l'on ressent est tellement apaisante. Nous avons travaillé pendant plusieurs années auprès de Calathiel et les nouveaux clients de l'auberge."
En un instant, l'atmosphère nostalgique qui se dégager de la pièce, devint sombre, aussi sombre que le visage du satyre ce qui inquieta Erika :
"Karuto, tout va bien ?"
"Un jour, Calathiel s'est mit à avoir une forte fièvre, nous étions en pleine saison hivernale donc nous avons cru que le climat la rendue malade. Une semaine plus tard, son état s'aggrave brutalement, elle est morte tordue dans son lit. Elle était une des premières à y passer, la Peste Blanche, comme on l'appelait de part l'apparence fantomatique que prenait la peau du malade. Plusieurs l'ont suivi beaucoup plus tard" Karuto se retient d'exploser avec sa prochaine phrase "grand-mère Bemral en faisait partie."