Bienvenue à tous en ce 3e et dernier jour de
réglage de trouillomètre ! (et oui c'est déjà fini snif)
Petit rappel : Pour chaque création, vous allez devoir régler votre trouillomètre de 0 à 10 pour exprimer votre peur, votre surprise, votre effroi, par rapport à la création en question.
Vous n'êtes pas obligé d'écrire un
commentaire sous votre trouillomètre mais c'est fortement recommandé. Notamment si vous voulez que votre garde décroche le
prix des commentaires les plus constructifs.
De plus, si vous avez raté les lots précédents, ne vous inquiétez pas, vous pouvez toujours y réagir et ce jusqu'à ce soir minuit. (Vous pouvez également modifier vos trouillomètres jusqu'à cet horaire si vous le souhaitez)
Voici donc sans plus attendre le
troisième lot de créations :
Création 1 :
L'Homme Aux Chestoks
C'était une dent jaunie par la corruption. Une dent chaussée dans une gencive trop lâche et noirâtre, prête à tomber sur un carrelage souillée, auprès de celles qui avaient déjà quitté ma bouche.
Il paraît qu'en cas de possession, c'est le corps qui cède en premier. C'est faux. C'est la raison et grâce à l'Oracle, c'est une bonne chose.
Et si moi, âme entre les griffes du démon, j'étais conscient de ma chair putride ? Ma chair pourrie de la pointe de mes cheveux jusqu'à la dernière de mes écailles ? J'en perdrais le sens commun. Mais je n'en ai plus.
La bulle dans laquelle je suis enfermé sera mon carrosse pour l'enfer et même la présence maléfique qui m'a choisi ne m'accompa…
« Choisi ? Tu as dit choisi ? Mais qui t'as choisi ? »
Je me sens happé vers les abysses, comme si un crochet s'était planté dans mon nombril. Ma bouche s'ouvre pour attraper de l'air et cette fois, je constate qu'aucun goût rance ne s'infiltre dans mes poumons racornis.
Le démon a parlé. Le démon veut parler et pour une dernière conversation, il m'a conduit vers un endroit familier. Le salon de ma maison.
Là où tout à commencé.
Que cette pièce m'avait manquée… Les fauteuils couleurs sauges qui ont vu mes parents s'asseoir pour lire ou discuter, la longue table en bois aux pieds croisés et les six chaises alignées comme des invités silencieuses. Là-bas, le miroir réfléchit une image que j'avais oubliée.
Celle d'un jeune morgan à la peau glacée, aux boucles nacrées et aux oreilles membraneuses. Un visage vierge des stigmates du démons. Pas de taches, pas de plaies purrulentes, pas de veines saillantes, véhiculant un sang noir comme les ténèbres les plus damnées.
Juste pour cette fois, juste pour cette dernière discussion avec celui qui me condamnera en m'abandonnant, j'arrive à me retrouver.
Le démon se tient à l'endroit où je l'ai vu pour la première fois de ma vie : assis en bout de table, les bras religieusement croisés sur la surface plane et ses beaux yeux verts me fixant avec intérêt. Ses cheveux d'or striés d'ébène auréolent sa figure symétrique et son corps maléfique s'est drapé dans des atours aussi purs qu'une lumière éclatante.
Autour de sa silhouette, volent des chestoks aux ailes maudites.
« Choisi ? répète le démon d'une voix doucereuse, tu te crois spécial, Helouri ?
- Pourquoi moi ? » je lui demande.
Je l'implore presque de me répondre car ses mots sont importants. Ils seront le pourquoi de cette mascarade, des actes qu'il a commis en se servant de moi et du violent exorcisme en train de se dérouler dans les sous-sols de l'Ombre.
Je regarde le démon en train d'écarter les bras :
« Parce que.
- Parce que ?
- Parce que… »
… Tu t'es trouvé sous la semelle de ma chaussure comme une ordure. Tu te crois spécial, Helouri ? Tu es simplement le premier déchet que j'ai découvert en quittant les entrailles du monde souterrain !
Sa voix est devenue de plus en plus profonde alors qu'il a surgit sur la table, se dépliant sur lui-même comme un prédateur acculant sa proie. Ses membres se sont allongés dans un craquement écoeurant et son sourire s'est agrandie.
Son beau visage n'est qu'une parodie, je l'ai toujours su. Mais son masque, en cet instant, est en train de se déchirer pour laisser des volutes de ténèbres s'échapper alors que ses cheveux ternissent et s'arrachent de son crâne amaigri.
Ses dents sont aussi jaunes que celles que j'ai perdu, sur le dallage souillé des sous-sols de l'Ombre. Mais contrairement à moi, elles restent bien ancrées dans ses gencives, comme des promesses de souffrance effilées.
Puis ses yeux… Ses yeux empoisonnés qu'il possède autant de fois que volent les chestoks. Leurs ailes sont ses yeux et ses yeux sont leurs ailes.
D'or, ronds, avec une pupille noire capable de s'ouvrir et se fermer pendant que les familiers s'animent.
Crispé sur ma chaise, le souffle coupé, je sens mes muscles protester alors que je les sais endormis et meurtris, dans la réalité. Je plonge mon regard argentés dans les orbites malsaines du démon et je réplique, la gorge sèche :
« Je t'ai repoussé. Je voulais que tu t'en ailles. Tu as dit toi-même que je n'en valais pas la peine.
- Et tu n'en as jamais valut la peine. Mais qui du faelien et du sacré doit dominer à ton avis ? Même un déchet doit savoir reconnaître son maître. »
La salle à manger perd de ses couleurs. Elles fondent comme neige au soleil pour se mêler au sol et créer une boue abject en train de chauffer. Le démon m'apporte un petit brin d'enfer et moi, je ne peux ni parler, ni bouger, juste pleurer.
« Tu te souviens, Helouri, sous le cerisier ? »
Oui, je m'en souviens. Je me rappelle de cette minute isolée dans le temps, de cet instant où mon corps et mon âme ont vécu la colère, la joie et la peur pendant que j'avais laissé le contrôle à la puissance de celui qui se définit comme un dieu.
Je me rappelle de moi-même, chétif, en train de se faire malmener par un groupe de jeunes Absynthe. Ils disaient que je n'étais qu'un moins que rien et que je ferais mieux de tout abandonner pour me contenter de ramasser les ordures. Je n'étais bon qu'à ça.
Là, quand ils ont commencé à me frapper, je l'ai vu, lui.
Face à moi, dans son costume blanc, il regardait mes bourreaux avec une avidité brillante dans ses yeux maudits.
Son visage symétrique auréolé, par l'or et les ténèbres, s'était scindé en deux par un sourire gourmand de violence et rien qu'en murmurant, il m'a demandé si je voulais être vengé.
Oui, je le voulais. Mais pas comme ça.
Pas comme une bête arrachant des morceaux de viandes sur une proie hurlante, pas comme la rage rouge qui écrase et éclate pour laisser la vie vacillante éclabousser son visage bleu et pas comme la violence qui déchire des figures ou des verbes dans des bouches fielleuses.
Le cerisier a été peint d'un rouge épais et les bourreaux ont perdu leurs têtes, ce jour-là.
« Et les jardins du Chef de l'Ombre ? »
Il rit. Il en rira encore, même quand il sera parti car fier d'être un parasite, il s'amuse de la décadence de ses proies. Il veut des âmes, mais quand on refuse de les lui céder, alors il brise l'esprit et détruit le corps avant de jeter son dévolu ailleurs.
Cependant, avant, il fait croire aux exorcistes qu'ils ont un pouvoir sur lui. Comme maintenant, par exemple.
J'entends les prêtres s'affairer. J'entends des voix hurlantes me demander de tenir, de rester courageux jusqu'à ce que l'on exhorte enfin le parasite et qu'on le renvoie en enfer.
Sauf qu'il a déjà gagné.
Les jardins du Chef de l'Ombre ont été mon nouveau foyer pendant que je dormais au fond de moi-même. Ils ont été les témoins de mon corps pourrissant et des moqueries du démon…
Natfiel. Il s'appelle Natfiel.
Il sait tout de tout le monde et il aime se vanter. Il peut. Avec ses yeux, il peut voir Eldarya, la Terre des humains et n'importe quel monde. Avec sa voix, il peut envahir tous les esprits, murmurer des promesses et des vengeances, avant de s'infiltrer dans les âmes comme de l'eau noire.
Avec sa beauté, il se déguise en ange et les consciences mortelles ne peuvent que s'incliner.
Moi je l'ai fait. Je l'ai fait… Il est partout. Tout le temps. Il ne subit ni les années, ni la menace et il n'obéit à personne.
Il dit qu'il s'est extirpé des enfers car elles l'ont rejeté. Elles le craignent et même quand il veut rentrer chez lui, la porte est fermée.
Je viens de perdre tous mes cheveux. Je sens mes yeux se fermer, mais avant de dormir, je voudrais… Je voudrais…
« Pensez à moi. »
Moi.
Vous qui avez lu les paroles d'Helouri, voyez ces yeux d'un vert étincelant, comme le plus meurtrier des poisons, vous guetter. Voyez ce visage d'ange capable de vous tromper, l'or de ses cheveux vous attirer comme un insecte vers une lampe et son corps corrompu par le mal revêtir la pureté d'un habit blanc.
Le démon sait. Le démon voit. Le démon se détache lentement de son ancien hôte et quand il en aura fini, alors il viendra.
Pensez à lui.
« Pensez à moi et du coin de l'œil, regardez mes chestoks battre des ailes. Je vous vois. »
Création 2 :
Spoiler (Cliquez pour afficher)
Il y a bien longtemps à la frontière de la contrée d’Halloween vivait la légendaire Bathory.
Cette vampire se baignait dans le sang de ses victimes pour garder jeunesse et beauté… mais vous ignorez tout de son véritable pouvoir…
En réalité Bathory avait la capacité de prendre l’apparence de sa victime si elle en buvait le sang et si elle le désirait.
« On est ce que l’on mange » s’amusait elle à dire entre chaque transformation.
Elle capturait des femmes ; des jeunes filles vierges. Le sang en était plus doux sous la langue.
Peut lui importait l’espèce, kappa ; elfe ; humaine… tout lui convenait parfaitement
Mais elle s’attaqua à la mauvaise personne.
L’une des jeunes filles, une superbe louve garou, fiancée au fils du chef du clan de la lune rousse lui causa sa perte.
Elle chantait magnifiquement bien. Si bien que le monstre préférait l’entendre chanter et se nourrir de son chant pour obtenir le même timbre de voix qu’elle plutôt que de prendre son bain favori. Et pour récupérer la voix, il lui faudrait du temps, beaucoup de temps…
Le fiancé s’était lancé à la poursuite de Bathory, il sentait que sa moitié était encore en vie. Et il devait la retrouvée, quel qu’en soit le prix.
Lorsqu’enfin il accéda au château du vampire, il laissa son instinct animal prendre le dessus et tuer tous les serviteurs fidèles de cette horrible femme.
Il fouilla chaque pièce jusqu’à retrouver la chambre où était prisonnière son seul amour…
Mais une mauvaise surprise l’y attendait.
Ce n’était pas une mais deux louve parfaitement identique devant lui.
Poignard en main, il se demandait laquelle des deux pouvait être celle qu’il cherchait et laquelle était l’imposteur.
Celle avec la robe blanche ? Ou celle avec la robe rouge ?
Il hésitait. Les deux femmes le sentaient il lui fallait un indice.
L’une d’entre elle, celle avec la robe rouge, ouvrit la bouche et se mit à chanter.
Cette voix. Il n’y en avait aucune autre au monde, le jeune loup en était sûr.
Il lança son poignard en plein cœur de la jeune fille à la robe blanche.
Ses yeux s’ouvrirent d’horreur, sa bouche s’entrouvrit dans un ho d’horreur et s’écroula morte, une larme de sang coulant de son œil gauche.
L’autre femme s’écoula aussi au sol en pleurant.
Notre héros s’approcha d’elle pour la rassurée « c’est fini mon amour, tu ne crains plus rien ».
Elle pleurait en s’accrochant à lui. Le choc ainsi que le soulagement pensait-il, ce n’était pas la première fois qu’elle voyait la mort.
Il la ramena au clan où leur mariage fut célébré le jour même.
La pauvre jeune fille était tellement choquée qu’elle avait du mal à reconnaitre les visages autour d’elle, mais au bout de deux jours, elle connaissait déjà tout le clan.
Ses gouts changèrent lors des repas, les champignons qu’elle aimait tant lui étaient maintenant en horreur, la cuisson de la viande devient « saignante » et non « bien cuite » comme autrefois…
Et lorsqu’on lui demandait pourquoi elle refusait de manger ses anciens plats préférés, elle souriait en déclarant de sa voix de cristal « on est ce que l’on mange »…
Création 3 :
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Création 4 :
Spoiler (Cliquez pour afficher)
Création 5 :
Chat d’Argent
Comme le poisson remonte la rivière, je parcours le temps. Mon corps gracile bondit et fend les frontières. Ici et là. Ici ou là.
Toujours j’entends, vois et sais.
Museau au vent, à ton appel j’ai accouru. Je cherche passeur, tu cherches serviteur.
Voit : j’ai bon pied, bon œil. Mes yeux sont d’étoiles, mon pelage de soie. Mes griffes d’acier. Ma valeur est sans limite. Mon exigence sans fin.
Je suis Chat d’argent. Et toi, qu’es-tu ? Que me veux-tu ?
***
Maître, tu as demandé l’or du Soleil, les perles de la Lune et les grenats de Perséphone.
J’ai bondit haut dans le ciel pour capturer le premier, creuser jusqu’au tréfonds de la terre pour retrouver les seconds et ramper aux pieds de la Dame d’en bas pour obtenir les derniers. Voici.
Tu as demandé, j’ai obéit.
Paie-moi.
Je veux un nid de plumes, le plus doux qui soit.
Je suis Chat d’argent.
***
Je suis Chat d’argent.
De Maître en Maître, je passe et exige.
Ici, un nid douillet.
Là, un coin de cheminée bien chaud.
Par ici, une bonne compagnie et des distractions.
Par-là, des mets savoureux.
Près d’ici, des bras forts pour me défendre.
Loin là-bas, des bras délicats pour me soigner.
Là-bas, la meilleure vue qui soit.
Là encore, une main caressante.
Ici et là, des bois à explorer et milles senteurs à découvrir.
Le meilleur toujours, rien que le meilleur.
J’exécute et obéit. Ma servitude a un prix.
Paie-moi.
Pour l’or et les diamants.
Pour les bijoux étincelants.
Pour l’avenir dévoilé.
Pour la mort semée.
Paie-moi.
***
Richesse et gloire, j’ai vues, il a payé.
Pierreries, j’ai rapportées, il a payé.
Secrets, j’ai entendus, il a payé.
Chair de sa chair, j’ai protégée, il a payé.
Citadelles assiégées, j’ai infiltré, il a payé.
Dévastation, j’ai semée, il a payé.
Ennemis, j’ai charmés, il a payé.
Dieux, j’ai supplié, il a payé.
Je suis Chat d’argent.
Ô Maître !
La mort pour toi, j’ai appelé. Tu n’as pas payé.
Le fil de la vie a été rompu. Tu n’as pas payé.
Ton vœu exaucé. Tu n’as pas payé.
Je suis Chat d’argent.
Paie-moi.
***
Paie-moi.
…
…
… Entends-tu, Maître ?
J’ai patienté. Tu as oublié.
Mais ma vie infernale, de dettes n’acceptent.
Entends mon cri de haine.
Voit ma fureur.
Sent la morsure mes crocs.
Et connaît le prix de ta trahison.
Je suis Matagot et prend mon dû.
Passeur, ta vie est mon prix.
Je suis Matagot.
Bien entendu, si vous reconnaissez le style d'un artiste, merci de garder son identité pour vous. L'objectif étant de ne pas savoir de quelle garde provient une création.
De plus, chaque gardien m'ayant envoyé une création s'est engagé à régler son trouillomètre sur toutes les créations postées.
Y compris la sienne, par soucis d'anonymat. Vous n'êtes évidement pas obligé de commenter votre propre création. Ni celles des autres d'ailleurs.
Sur ce, à vos trouillomètres !