Le passé re-surgit
La lune magique d'Eldarya domine le ciel Ă©toilĂ©. Ses reflets rendent ma peau encore plus blanche quâelle ne l'est dĂ©jĂ .
Cette nuit est encore Ă©courtĂ©e par une insomnie, comme toujours. Dans les jardins de la citĂ© dâEel, jâai croisĂ© Aldarick. DâaprĂšs lui, la lune entiĂšre qui se situe au-dessus de nos tĂȘtes, est la seule responsable de mes heures de sommeil perdues. HĂ©las, elle nâen est pas la seule cause. Dâailleurs, je ne crois pas aux effets des cycles lunaires sur notre sommeil. Non, la raison de mes insomnies est bien plus sombre, malheureusement.
Enfin, quoi quâil en soit, je dĂ©cide, tout de mĂȘme, de regagner ma chambre, le jour ne va pas tarder Ă se lever et je nâai pas tellement envie dâĂȘtre la premiĂšre personne que les recrues de la garde dâEel vont voir en se levant. Pas que je ne m'entend pas avec eux, loin de lĂ , mais disons que je nâaime pas la compagnie des autres. Je suis quelquâun de solitaire, forcĂ©e par le destin sĂ»rement. Je ne suis pas vraiment Ă lâaise avec eux, dâautant plus aprĂšs la prise de paroles de lâesprit de Kovalyn, dans le sanctuaire. Les gens interagissent diffĂ©remment avec moi depuis. Avant, ils m'ignoraient pour la plupart, me trouvant certainement inintĂ©ressante, ou trop sauvage. Maintenant quâils savent pour mon espĂ©rance de vie allongĂ©e par le biais du ralentissement de ma vieillesse, ils me regardent avec pitiĂ©, ou avec vĂ©nĂ©ration pour certains, comme ci cela Ă©tait une bĂ©nĂ©diction.
Moi jây vois surtout une malĂ©diction, dans laquelle je suis coincĂ©e, comme maudite dans un corps dâadolescente, alors que thĂ©oriquement je ne devrais dĂ©jĂ plus ĂȘtre de ce monde depuis un long moment.
Les seules personnes qui ont lâair de me comprendre, ou au moins de ne pas me trouver bizarre et torturĂ©e, sont mes collĂšgues de la garde Obsidienne. En effet, depuis quelque temps, nous passons du temps ensemble Ă la taverne. Serenata nous montre ses talents en beuverie, et cela nous fait bien rire, surtout quand Corn et Eden essayent de la suivre. Mais Serenata gagne Ă tous les coups. Bon aprĂšs, câest lĂ©gĂšrement moins drĂŽle pour nous quand nous devons les traĂźner jusquâĂ leurs chambres.
Je mâentends Ă©galement bien avec Elehann, sĂ»rement car elle possĂšde une magie similaire Ă la mienne. Dans un sens, elle doit ĂȘtre dâune tribus voisine, sur plusieurs gĂ©nĂ©rations, Ă la mienne. Peut-ĂȘtre que nous avons quelques molĂ©cules sanguines en commun ? Jâavoue ne jamais avoir approfondi le sujet avec elle. En fait, pour ĂȘtre franche, je dis mâamuser avec mes camarades, mais je reste tout de mĂȘme froide et distante. Mais câest ce que jâapprĂ©cie dans chacune dâentre elles, elles me prennent comme je suis, elles ne cherchent pas Ă me changer. Il m'arrive tout de mĂȘme de lĂącher un petit sourire, voire mĂȘme un petit pouffement lorsquâelles font les quatre cents coups. Je ne suis jamais dĂ©sagrĂ©able avec elles, jamais. Je suis juste quelquâun de distante. Jâai perdu beaucoup trop dâamis dans ma vie, pour accepter dâen perdre de nouveau. Bien que si je les perdais, cela me briserait tout de mĂȘme car elles sont mes amies, mais jâai pour espoir que si je reste froide et distante, elles ne sâattacheront pas Ă moi, et ne connaĂźtrons pas le malheur quand je disparaĂźtrai enfin. Câest ce que jâimagine, câest ce que jâespĂšre. Câest peut-ĂȘtre pour cela que je mets cette distance entre lâhumanitĂ© et moi. Car je sais combien câest douloureux de perdre une personne qu' on aime.
Il me manque..
Perdue dans mes pensĂ©es, je ne fais pas attention aux alentours. Soudain, une masse musculaire me plaque contre un des piliers du hall du QG. Je ne comprends pas tout de suite ce qui mâarrive, et aussitĂŽt je dĂ©gaine mes cartes. Malheureusement pour moi, mon assaillant me saisit les poignets rapidement, faisant tomber mon artefact magique. Alors que je m'apprĂȘtais Ă donner lâalerte sur une quelconque intrusion, le ricanement devant moi mâen dissuade.
- « Tu es vraiment mauvaise en discrétion »
Je soupire et cesse aussitÎt de me débattre.
- « Nevra, lùche moi. »
- « Pourquoi le ferais-je ? Et que fais-tu encore debout à cette heure-ci ? »
- « Je pourrais te retourner la question, monsieur le chef de la garde étincelante. »
Les reflets de la lune ne me permettent, hĂ©las, pas de voir les dĂ©tails de son visage, mais je visualise rapidement dans la pĂ©nombre ses crocs pointues qui sont dĂ©voilĂ©s grĂące Ă son sourire, trĂšs certainement sournois. Il ricane. Ses cheveux effleurent la peau fine de mon cou. Quelque chose cloche. Nevra et moi avons dĂ©jĂ eu des moments de flirts, jamais de sĂ©rieux. Mais il y a toujours un certain blocage, de mon cĂŽtĂ© car je ne veux pas mâattacher, et de son cĂŽtĂ© car, je cite : « Tu fais bien trop jeune pour un chef de garde avec des responsabilitĂ©s, cela ne serait pas correct, mĂȘme si tu es bien plus vieille que moi dans lâĂąge. ». Je sens mon cĆur battre fort dans ma poitrine. Sa langue glisse sur ma clavicule. Soudain, prise dâinstinct, je repousse tant bien que mal le vampire qui se retrouve un peu plus loin dans un espace Ă©clairĂ© par la lune. Cela ne fait plus aucun doute, ses pupilles sont complĂštement dilatĂ©es, ne laissant quasiment plus de place a ses iris grises.
- « Nevra, depuis combien de temps nâas-tu pas bu ? »
Aucune rĂ©ponse. Celui-ci reste immobile, me fixant. Jamais Nevra nâaurait tentĂ© une approche si intime en plein milieu du hall, lĂ oĂč on pourrait le surprendre, et encore moi avec une « fillette » comme moi. Je dĂ©glutit et tente de calmer ma respiration. Nevra est un vampire, par consĂ©quent je sais quâil entend les pulsations de mon cĆur, si je les calmes peut-ĂȘtre que ça le calmerait ?
- « Nevra, je te conseille dâaller te rassasier. Moi je vais me coucher. »
Je ramasse mes cartes le plus lentement possible, restant Ă lâaffĂ»t du vampire qui semble ĂȘtre un peu sous lâemprise du manque. Lorsque je me redresse, mes yeux rencontrent les siens. Ses pupilles se sont rĂ©tractĂ©es un peu. Câest Ă ce moment-lĂ que Lance arrive, interpellant Nevra. Je profite de cette distraction du dragon pour regagner ma chambre le plus rapidement possible.
Il est compliquĂ© pour moi de me retrouver face au chef de la garde Ă©tincelante. Je lâavoue que des sentiments sont nĂ©s, mais ils sont incompatible vu que je suis quâune pauvre femme coincĂ©e dans un corps de fillette prĂ©pubĂšre. Je soupire face Ă cette constatation et finit par mâendormir.
***
Je suis tirĂ©e de mon sommeil par des tapotements sur ma porte. On mâappelle derriĂšre le bois de celle-ci. Je ne reconnais pas la voix. Sortant de mon lit, je vais ouvrir et vois une recrue de la garde Absynthe.
- « Bonjour Keimentarie Gelbero. Huang Hua vous demande dans la salle du conseil. »
Je fronce les sourcils, ne rĂ©ponds pas comme Ă mon habitude, je fais juste un hochement de tĂȘte. Mâhabillant rapidement, je file Ă lâendroit de rencontre. Une fois la porte ouverte, je vois Chrome, Lance, Karenn, AsĂŻol, Serenata, et Nevra assis autour de la table. Tous me regardent. Mon regard croise celui de Nevra, qui mâesquive. VoilĂ que les choses reviennent Ă leur place...comme toujours. Jâavance doucement en fixant notre grande Cheffe.
- « Tu mâas demandĂ© ? »
- « Oui, assied-toi sâil te plaĂźt »
Je mâexĂ©cute et m'installe non loin de mes deux camarades. Huang Hua nous informe que le Clan des Wuga-Bendy a mis la main sur une boĂźte magique, et quâils ont besoin dâune magicienne pour en trouver la clĂ©. Elle nous fait passer Ă tous un parchemin oĂč figure un croquis de cette mystĂ©rieuse boĂźte. Sur toutes ses faces se trouvent des inscriptions, dans une langue ancienne. Elle nous informe que si la lĂ©gende est vraie, cette boĂźte renferme un monstre assoiffĂ© de pouvoir. Câest pourquoi, elle a besoin dâune magicienne pour dĂ©crypter ces inscriptions, mais surtout que personne ne doit ouvrir cette boĂźte. Elle nous explique Ă©galement quâelle a besoin quâun reprĂ©sentant de la garde y aille pour convaincre le Clan des Wuga-Bendy de nous donner cette boĂźte, car elle pense quâils ont de mauvaises intentions avec celle-ci, câest son prĂ©ssentiment toujours. Elles supposent quâils ne laisseront pas les choses se dĂ©rouler aussi facilement, câest pourquoi elle a besoin Ă©galement de recrues aptes aux combats. Je fronce le bout de mon nez.
- « Je ne suis pas la meilleure des magiciennes face aux runes antiques, Elehann sera la plus apte non ? »
Huang Hua se raclent la gorge et se tourne vers Serenata. Celle-ci contracte sa mùchoire imposante. Elle semble contrariée et en proie à une culpabilité qui ne lui ressemble pas. Une peur me prend aux tripes.
- « Sereâ que s'est-il passĂ© pendant votre derniĂšre mission ? » dis-je presque en menaçant inquiĂšte pour ma consĆur.
Notre grande combattante aux cheveux rouges soupire et tape de son large point sur la table, me faisant sursauter.
- « Jâen prends toute la responsabilitĂ©, comme je lâai dit Ă Huang Hua. Notre mission a Ă©tĂ© un Ă©chec, que JE vais rĂ©parer. Elehann sâest fait attaquer car JâAI manquĂ© de vigilance. Elle est actuellement Ă lâinfirmerie, empoisonnĂ©e. DâaprĂšs Ewelein, sa vie nâest pas en danger. Mais elle ne peut venir sur cette mission, par MA faute. »
- « Suffit Serenata. - interrompe Huang Hua - Tu nâes pas fautive. Vous avez Ă©tĂ© prise par surprise. Jâaurais dĂ» vous envoyer du renfort. Quoi quâil en soit, les jours de notre chĂšre Elehann ne sont pas comptĂ©s. Jâenvoie Serenata, Ă sa demande, sur sa mission de nouveau avec cette fois-ci Lance et Mathieu, ainsi que Corn, Mikumo et Istarli. »
Serenata soupire. Je comprends mieux pourquoi elle semble se morfondre sur elle-mĂȘme. Elle qui n'aime pas perdre, et encore moins quand ses alliĂ©s sont blessĂ©s. Je la comprends. En faisant le calcul, je comprends donc que celui qui va devoir reprĂ©senter la garde dâEel pendant cette mission, ne sera dâautre que Nevra, Ă©tant donnĂ© que Chrome est en mission avec Darknea, EyvĂžr, et Aerin.. AĂŻe. Huang Hua donne donc les noms des participants Ă cette mission : Nevra, AsĂŻol, deux recrues de la garde de lâombre, et moi-mĂȘme. Elle nous donne deux trois informations de plus puis nous demande dâaller nous prĂ©parer pour partir se soir. Elle demande cependant Ă AsĂŻol et Nevra de rester avec elle, bizarre.. Je ne mâen formalise pas et file au sanctuaire pour accĂ©der Ă la forge et aiguiser mon couteau au cas oĂč.
- « Tu pars en mission ? » me demande la voix angĂ©lique de lâesprit de Kovalyn.
- « Oui. Une boĂźte magique a Ă©tĂ© retrouvĂ©e, elle renfermerait un monstre. Je dois donc aller la dĂ©crypter sans lâouvrir. Jâavoue ne pas trop comprendre mon rĂŽle.. pourquoi la dĂ©crypter si câest pour pas avoir le droit de lâouvrir ? Mais bon.. ce sont les ordres.. » dis-je sans vraiment dâentrain
Kovalyn fronce les sourcils, elle regarde derriĂšre moi puis disparaĂźt. Lorsque je me retourne, je vois notre Cheffe, elle soupire et sâapproche de moi.
- « Keimentarie, jâaimerais te parler de quelque chose. »
- « Je tâĂ©coute. »
- « Pourquoi restes-tu dans ton coin ? Pourquoi ne t'ouvres-tu pas aux autres ? Pourquoi restes-tu spectatrice de ta propre vie ? Es-tu heureuse ainsi ? »
Les larmes montent, mais je tente de les ravaler avant de lui répondre.
- « Sans eux, plus rien nâa dâimportance. Je suis lasse de tout ça.. »
- « Sans eux ? Ou sans lui ? »
Soudain, la rose qui Ă©tait au pied de la statue de Kovalyn lança ses piquants vers Huang Hua. Je nâai mĂȘme pas rĂ©alisĂ© mes gestes, ni la rapiditĂ© de mes actes. Cartes en main, je respire fortement. Ma cheffe a, heureusement, rĂ©ussi Ă se protĂ©ger. Elle soupire et fait mine de dĂ©poussiĂ©rer ses habits.
- « Câest bien ce quâil me semblait. Fais attention Ă toi dâaccord ? »
Puis elle disparaĂźt sans mĂȘme mâen vouloir de lâavoir attaquĂ©e. Mes larmes roulent sur mes joues, mais je les chasse rapidement pour aller me prĂ©parer.
***
Cela fait trois jours que nous voyageons. Nous Ă©tablissons des campements basiques Ă la tombĂ©e de la nuit, puis repartons Ă lâaube. Je suis restĂ©e assez silencieuse pendant le trajet, comme Ă mon habitude. Nous voici arrivĂ©s devant une grotte immense.
- « Nous y voilà » prononce dâun ton neutre Nevra.
Jâobserve les environs, mais rien qui me fait penser Ă un village ou quoi.. AsĂŻol respire lâair autour de nous et fronce les sourcils.
- « Ăa sent lâabdĂ©moniaque non ? » fit-elle en regardant notre chef
- « Oui, câest typique de cette tribu. Câest ainsi quâils se protĂšgent car ils sont dĂ©pourvu de pouvoir. On va avancer dans la grotte mais ne touchez Ă rien, une goutte de cette substance et vous courrez droit Ă votre perte. »
Nous hochons la tĂȘte. RĂ©cupĂ©rons nos bagages et avançons doucement. Une des recrues de lâombre possĂšde la magie du feu, et Ă crĂ©er des boules de feu volantes pour nous Ă©clairer. Je ne peux mâempĂȘcher de regarder le dos de notre chef. Pourquoi les choses ne peuvent pas ĂȘtre simples entre nous ? Jâignore si câest parce quâelle a vu ma tristesse, ou est-ce que câest un hasard de timing mais AsĂŻol vient Ă cĂŽtĂ© de moi et me sourit.
- « Comment tu te sens ? »
- « Comme quelquâun qui a une mission Ă accomplir alors quâelle nâa pas vraiment les capacitĂ©s pour.. »
- « Kemy, si Huang Hua tâa mis sur cette mission câest que tu en as les capacitĂ©s. Ne doute pas de toi. »
Je lui fais un sourire timide pour la remercier. Elle mit ses mains derriĂšre sa tĂȘte et soupira avec toujours son sourire.
- « Tu crois que je suis mieux placĂ©e, moi ? Elle a bien dit quâelle avait besoin de recrues aptes au combat.. sauf que moi je prĂ©fĂšre Ă©viter les conflits.. » me dit-elle avec lĂ©gĂšretĂ© sĂ»rement pour me remonter le moral.
AsĂŻol est une trĂšs bonne guerriĂšre, qui a ses faiblesses comme nous toutes, mais elle est redoutable quand elle lĂąche sa grande puissance en elle. Je soupire et dĂ©cide dâaccepter mon sort, de toutes maniĂšres nous voilĂ devant le village enseveli sous la roche, je ne peux plus faire machine arriĂšre.
Les mĂ©fiances du peuple ânon-magiqueâ ne se firent pas attendre, Ă peine nous avons passĂ© lâentrĂ©e de leur citĂ© qu' ils nous pointent dâors et dĂ©jĂ leurs lances, haches et autres armes. Ils sont peut-ĂȘtre dĂ©pourvus de magie intĂ©rieur, mais visiblement ils savent trĂšs bien sâarmer et sâen servir. Nevra, comme un bon chef, baissa sa tĂȘte et leva les mains au-dessus de ses Ă©paules. De sa voix rauque, mais douce, il expliqua Ă la tribu que nous sommes la garde dâEel, que nous venons pour dĂ©chiffrer la boĂźte scellĂ©e. Il prĂ©senta rapidement ses troupes, autrement dit ses deux acolytes de l'ombre Kephren et Loly, ensuite AsĂŻol, puis pour finir moi, la magicienne qui dĂ©cryptera le message gravĂ©, enfin je lâespĂšre. Une jeune femme, peu vĂȘtue mais de maniĂšre trĂšs noble sâapproche jusquâĂ notre chef. De ses mains ornĂ©es de bijoux en tout genre, elle lui redresse la tĂȘte de maniĂšre trĂšs aguicheuse, et se prĂ©sente comme la Princesse des Wuga-Bendy. Ma mĂąchoire se contracte et je ne peux m'empĂȘcher de tourner la tĂȘte, ce qui ne lui Ă©chappe pas au vu de son petit rire suffisant. Elle nous invite Ă entrer au cĆur du village, dans sa demeure, ce que nous faisons sâen attendre. Bien Ă©videmment, elle ne lĂąche pas Nevra du regard, le complimentant en long, large et travers, ce qui mâagace au plus haut point. Une fois dans sa maison, celle-ci est en total accord avec sa maĂźtresse : remplie dâor, de gemmes, de bijoux, de luxe. Elle nous raconte que depuis quelque temps, leur citĂ©e est devenue trop Ă©troite au vu du nombre de naissances qui s'accroĂźt chez eux. Que pour cela, elle a envoyĂ© ses hommes miner la roche de la grotte pour agrandir leur village, cependant ils sont tombĂ©s sur cette boite. Ils ignorent tout dâelle. Cherchant Ă savoir quoi en faire et comment sâen dĂ©barrasser si celle-ci est inutile, ils ont alors fait appel Ă une druide en pĂšlerinage. Elle nous raconte que la druide a affirmĂ© que la boĂźte Ă©tait nulle de magie, et donc inintĂ©ressante, mais la princesse tient Ă avoir un deuxiĂšme avis. Câest a ce moment lĂ que une vieille femme fit son entrĂ©e, vĂȘtu dâune longue cape rouge bordeaux. Nevra fronça les sourcils et me regarda puis soupira. La druide se prĂ©senta, et nous donna un plan des vestiges de la grotte pour que nous trouvions la boĂźte en question. Le vampire sâinclina devant la princesse et lui remit un parchemin. Celle-ci le lu, puis regarda sa druide. Je ne pu mâempĂȘcher de me mettre sur la dĂ©fensive, leur comportement est bizarre.
- « Bien. Jâaccepte que vous partiez avec la boĂźte si celle-ci nâa aucun intĂ©rĂȘt pour notre peuple. Cependant, avant je veux que vous donniez toutes les informations, que vous trouverez Ă son sujet, Ă Cintira ma druide, sans mensonges, sinon vos tĂȘte seront mise Ă prix. » annonça-t-elle solennellement.
Nevra acquiesça, puis nous nous mirent en route pour cette fameuse boßte.
Cela nous a pris une bonne heure, mais nous y sommes arrivĂ©s. Une antichambre de glace se dessine derriĂšre les dĂ©dales de couloir rocheux. Lâendroit est magnifique. La roche de la grotte est recouverte de givre et de glace scintillante. Au milieu de cette piĂšce se trouve en effet, une boĂźte noir comme lâobsidienne. Elle nâest pas plus grande quâun lit Ă baldaquin de deux personnes. AsĂŻol est en tĂȘte de peloton, aidĂ© par Nevra, supervisĂ© par Kephren et Loly. Tous sont sur leur garde. Quant Ă moi, qui suit en fin de marche, je ne peux retirer mes yeux de cette boite. Quelque chose mâattire, mâaimante, me veut. Jâignore mes camarades, et comme si j'Ă©tais possĂ©dĂ©e, jâavance vers celle-ci main droite en avant. Je ne suis quâĂ quelques mĂštres, puis quelques centimĂštres. Je vais la toucher..
Soudain, jâentends Nevra hurler mon prĂ©nom. Le temps que je me retourne, un gros Wivern de Glace escalade la roche au-dessus de nous. Il crie, hurle, se fait entendre. Nevra tombe un genoux Ă terre, sĂ»rement Ă cause de la tonalitĂ© trop stridente du hurlement de la bĂȘte. Rapidement, je dĂ©gaine mes cartes, en pose trois aux sols et lance rapidement une incantation. Mes cartes partent aux quatre coins de la zone Ă la recherche de flore. AsĂŻol prend son arme en main, ainsi que Loly qui fait apparaĂźtre des boules de feu dans ses mains et se rapproche de ma camarade obsidienne. Les deux se tiennent face au Wivern qui ne tarde pas Ă attaquer. Elles sont redoutables, et arrivent Ă parer les attaques tant bien que mal. Kephren quant Ă elle court jusquâĂ Nevra, sort de sa sacoche deux boules en cuir et le lui donne. Celui-ci les enfonce dans ses oreilles, et se relĂšve prĂšs Ă se battre. Mes cartes reviennent Ă moi et 2 tiges de plantes serpentent Ă mes pieds. Je ne pouvais mâattendre Ă mieux dans un milieu glacĂ©. Jâutilise une autre incantation et forme un dĂŽme devant moi dâherbe et fleurs. Nevra semble avoir compris, il demanda Ă AsĂŻol et ses recrues dâaller derriĂšre moi et de prĂ©parer des armes enflammĂ©es. Celles-ci s'exĂ©cutent et courent derriĂšre moi. Mes mains plaquĂ©es au sol sâenfoncent dans celui-ci. Notre chef gagne du temps en faisant des tours de passe-passe avec la crĂ©ature. Mes bras tremblent, les filles mettent du temps et lâapprovisionnement en flore ici est beaucoup trop pauvre, je ne vais pas tenir longtemps. Le Wivern monte sur la boĂźte, Ă©met un crie strident de nouveau qui me fait lĂ©gĂšrement flancher. Jâentends derriĂšre moi qu' on me demande de tenir encore un peu, quâelles y sont presque. Je croise le regard de la crĂ©ature, et je comprends que câest la fin. Mon bouclier fana dâun coup, et lâennemi en profita pour attaquer Ă grand coup dâaile aussi tranchante que des lames. Je ferme les yeux, attendant la douleur, mais elle ne vient pas..
Lorsque je les rouvre, le spectacle devant moi mâhorrifie. AsĂŻol, face Ă moi, dos Ă la crĂ©ature. Elle me sourit. Le temps sâarrĂȘte. Puis dans un bruit sourd elle tombe au sol, son dos balafrĂ© saignant fortement. Je comprends rapidement que ma camarade, ou plutĂŽt mon amie, Ă volĂ© Ă mon secours pour mâĂ©viter la mort. AsĂźol a prĂ©fĂ©rĂ© se sacrifier, plutĂŽt que me laisser pĂ©rir, voilĂ encore une injustice de ma triste vie. Les larmes roulent sur mes joues. Je me prĂ©cipite sur elle, prends son visage entre mes mains.
- « AsĂźol ! Tu nâas pas le droit ! Non ! Reste avec moi ! Je tâen supplie ! Pourquoi tu as fait ça?!! » suppliai-je en pleurant.
- « TuâŠdoisâŠvi..vre.. » murmure t-elle avant de fermer les yeux et de sâen aller
Le Wivern recula, et hurla de nouveau, mais comme un rire triomphant. Nevra nous ordonne de battre en retraite. Mes yeux ne peuvent quitter mon amie. Mes larmes sâĂ©crasent sur son magnifique visage, auparavant joyeux. MĂȘme dans son dernier souffle, elle mâa sourit. MĂȘme dans son dernier souffle, elle mâa rĂ©confortĂ©. Nevra mâarrache des mains le corps de mon amie, et nous courrons rapidement vers la sortie.
Une fois au village, nous demandons rapidement Ă voir la druidesse. Celle-ci sâempresse de prendre en charge AsĂŻol. AprĂšs de longues minutes dâincantation et autres rituels chamaniques, elle nous affirme quâelle vit toujours, mais quâelle a perdu beaucoup trop de sang. Rapidement, la question de âqui donne son sangâ arrive. Je suis dans lâincapacitĂ© de le faire, cela aussi est le rĂ©sultat de ma triste vie. Kephren et Loly se tournent vers moi et exigent que je rĂ©pare les pots cassĂ©s. Elles estiment que je suis fautive pour mâĂȘtre trop approchĂ©e de la boite alors quâils Ă©taient tous sur leur garde, mais Ă©galement de ne pas avoir tenu assez longtemps en bouclier alors quâil ne restait que quelques secondes. Je ne peux leur dire la vĂ©ritĂ©, elle ne le comprendrait pas.. Nevra se met entre nous, dos Ă moi. Jâen profite pour sortir rapidement prendre lâair. Au bout de longues minutes, il me rejoint en mettant ses habits correctement sur lui, jâen dĂ©duis quâil a donnĂ© son sang. Le voyant prendre une mine attristĂ©, je soupire mâagaçant.
- « Quoi ? Oui je sais câest de ma faute. Je sais ! Je ne peux pas donner mon sang ! Ok ?! Je ne peux pas ! Je⊠Jâen ai peur ! VoilĂ tâes content ? Va te plaindre a Lance, virez moi si ça vous fait plaisir ! » criai-je hystĂ©rique
- « Tu as fini ? » me demanda t-il calmement avant de reprendre « Tu me prends pour qui Kemâ ? »
- « Ne mâappelle pas comme ça. »
- « Tu vas me faire croire quâune recrue Obsidienne Ă peur du sang ? Trouve autre chose. »
- « Câest la stricte vĂ©ritĂ© Nevra, que ça te plaise ou .. »
- « Je suis au courant. »
Mon cĆur rate un battement, et je fixe le vampire les yeux ronds de surprise. Il soupire et se rapproche un peu plus pour ne finir qu' Ă quelques centimĂštre de moi.
- « Jâai dĂ» aller chercher les informations moi-mĂȘme, avant de devenir fou. Combien de temps penses-tu pouvoir me cacher la vĂ©ritĂ© ? »
- « Je ne vois pas de quoi tu parles.. » murmurai-je peu assurée
Soudain, Nevra posa ses doigts sur ma gorge prÚs de ma jugulaire et fit un léger point de compression.
- « Ton sang. Je lâentends couler rapidement dans ton corps. Je nâentends que ça. DĂšs que tu es prĂšs de moi, seul le bruit de ton sang glissant dans tes veines domine mes tympans. » dit-il suavement en faisant glisser son pouce de mon cou jusquâĂ mon poignet intĂ©rieur
Je dĂ©glutit. Alors il sait.. il sait que mon sang est anormal. Ses prunelles rencontrent les miennes, et nous nous fixons. Ma gorge est sĂšche, mon cĆur sâemballe, ça aussi il doit lâentendre. Ses doigts caressent les miens.
- « Tu rĂ©veilles ma soif de sang, bien plus que la normale. Jâai dĂ» demander Ă Ewelein le pourquoi du comment. Elle a Ă©tĂ© dure Ă convaincre, mais quand je lui ai dit que jâavais envie de te bouffer dĂšs que tu Ă©tais prĂšs de moi, ça lâa raisonnĂ©. » dit-il avec lĂ©gĂšretĂ©
Mon regard glisse sur le visage du vampire pour sâarrĂȘter sur ses lĂšvres.
- « Pourquoi ne pas mâen avoir parlĂ© ? » me demande t-il de sa voix rauque
- « Car tu es inaccessible » dis-je, mais ma voix se cassa à la fin et les larmes me montent
Nevra remonte son autre main pour prendre mon visage en coupe.
- « Tu es dangereuse pour moi. Pour nous. Si je succombe à ton sang, tu mourras.. »
Soudain, je secoue la tĂȘte et le fuis pour me mettre dos Ă lui.
- « Comme ci il nây avait que ça qui te gĂȘnait..Hein ?! Mon sang est la seule source de conflit entre nous ?! Mon physique ne te gĂȘne pas ?! Je ne ressemble pas Ă une jeune adolescente selon toi ?! Pourtant, mise Ă part aucune ride et une petite poitrine, je suis semblable aux autres femmes que tu cĂŽtoies dans ta chambre ! Je suis semblable Ă cette princesse Ă©galement.. Câest juste toi le problĂšme. » crachai-je sans me retourner « Merci dâavoir rĂ©parĂ© mon erreur. Merci pour AsĂŻol. »
Puis je repris la direction de lâendroit oĂč se trouvait mon amie pour me mettre Ă son chevet.
Les jours passĂšrent, Huang Hua devait trĂšs certainement sâinquiĂ©ter de ne pas nous voir arriver, mais notre camarade blonde Ă©tait encore mal en point, tirĂ©e d'affaires mais mal en point. Je soupirais en caressant son front.
- « Je suis sincĂšrement dĂ©solĂ©e.. tout est de ma faute⊠Finalement, ce nâest peut-ĂȘtre pas toi la vĂ©ritable maudite du Bastion » murmurai-je
Puis je reporte mon attention sur mon carnet et mes grimoires. Pendant ses jours d'attente, jâĂ©tais retournĂ© prĂšs de la boĂźte discrĂštement la nuit. Curieusement, je nâai jamais recroisĂ© le Wivern, jâai donc pu prendre des notes des Ă©crits anciens qui Ă©taient incrustĂ©s dans le marbre noir de la boĂźte. Celle-ci a toujours cet effet sur moi, cette attirance que je ne saurais expliquer. En consultant mes Ă©crits et autres, je commence rapidement Ă dĂ©chiffrer les mots. Les gravures parlent du passĂ©, des temps de guerre, dâhorreur, tout cela me noue la gorge, je ne me rappelle que trop bien de cette pĂ©riode. Cependant, la chose que je ne comprends pas, câest pourquoi un Wivern protĂ©gerait cette boĂźte. Ces crĂ©atures sont dotĂ©s dâune intelligence remarquable, et dâune sensibilitĂ© aux dangers, autrement dit, si cette boĂźte renferme bel et bien quelque chose de dangereux le Wivern aurait aucun intĂ©rĂȘt Ă le protĂ©ger, et encore moins Ă sâen approcher. Il y a donc deux options : soit la boĂźte renferme autre chose, soit cette crĂ©ature nâest pas ce quâelle prĂ©tend ĂȘtre. Puis dâun coup, la deuxiĂšme option me semble la plus plausible, et pour cause : je me souviens que lorsque nous avons Ă©tĂ© la premiĂšre fois dans la caverne oĂč se trouve la boite, la druidesse Ă©tait au courant et bizarrement nous avons Ă©tĂ© attaquĂ©. Toutes les fois ou jây suis retournĂ©e seule, personne ne savait et personne ne mâa attaquĂ©. Rapidement, je me lĂšve, ramassant mes affaires et me prĂ©cipite voir Nevra. Lorsque jâarrive dans la salle oĂč il est, je me rends compte quâil est en pleine discussion avec la princesse et sa druidesse. Aie, mauvais timing, pourtant il faut que je lui fasse part de mes doutes rapidement. Contre toutes attentes, je dĂ©cide de jouer un jeu dangereux mais qui me montrera si jâai raison ou non. Jâannonce donc Ă voix haute que les Ă©crits sur la boĂźte parlent dâun monstre, enfermĂ© depuis la nuit des temps pour Ă©viter que le chaos sâinstalle de nouveau. A ce moment-lĂ je vois une lueur dans les yeux de la druide, jâavais donc raison. Je regarde Nevra, inspire et dĂ©cide de lui dire que je suis navrĂ©e de notre diffĂ©rent, que je comprends son point de vue et quâil avait raison, je ne suis quâune adolescente en proie Ă mes hormones de pubertĂ©. Bien Ă©videmment tout cela est faux, et câest justement le but. Dâailleurs mon chef fronce les sourcils, il a compris, et me demande de lâattendre dehors en prĂ©textant que ce nâest pas digne devant la princesse. Mon plan Ă marchĂ©. Nous nous rĂ©unissons loin des regards, et au chevet dâAsĂŻol. Je leur explique que la druide est une mĂ©tamorphomage, et quâelle nous a dupĂ© avec son apparence de Wivern, mais que autrement dit elle nâa pas toutes les propriĂ©tĂ©s de cette crĂ©ature et que nous pouvons facilement la battre. Le plan est donc montĂ© : Kephren et Loly devront remorquer la boite sur le bateau le temps que Nevra occupe la princesse et la druide. Quant Ă moi, grĂące aux nombreuses plantes qui sont sur le bateau, je dresserais un bouclier au cas oĂč notre ruse tombe Ă lâeau. Nevra soulĂšve le risque dâĂȘtre attaquĂ© si la druide se rend compte de la supercherie, mais soudain une voix familiĂšre un peu fatiguĂ© se fait entendre.
- « Jâmâoccupe de la protection. »
Nous nous retournons et constatons qu' AsĂŻol est rĂ©veillĂ© et dĂ©jĂ prĂȘte Ă ĂȘtre de la partie. Tout semble parfait. Nous Ă©tions heureux de voir notre camarade de nouveau sur pied. Jâaurais aimĂ© lui dire combien jâĂ©tais navrĂ©e de lâavoir poussĂ© Ă se sacrifier. HĂ©las, nous devions faire vite. AprĂšs sâĂȘtre prĂ©parĂ©s, nous attendons la tombĂ©e de la nuit pour exĂ©cuter notre plan. Notre belle blonde est encore trĂšs faible, et pourtant elle a cette dĂ©termination et cette hargne pour mener Ă bien la mission, câest incroyable. Elle nâest pas obsidienne pour rien, ça câest sĂ»r.
Une fois sur le bĂąteau, le plan se dĂ©roula parfaitement : Kephren et Loly remorquĂšrent la boĂźte sur l'embarcation, Nevra occupait la princesse, ce qui ne me plaisait guĂšre dâailleurs. AsĂŻol veillait, malgrĂ© son Ă©tat, Ă nos arriĂšres qui pour le moment Ă©tait trĂšs calme. Quant Ă moi, jâattendais que la boite soit installĂ©e pour pouvoir dresser un bouclier magique. Lorsque celle-ci arriva, je ressentis encore cette mystĂ©rieuse attraction.
De nouveau, je mâapproche de ce cube qui m'attire comme un aimant. Mes jambes ne rĂ©pondent plus, mes mains se mettent en avant pour toucher cette structure noire. Quâest ce quâil y a Ă l'intĂ©rieur ?! Je ne visualise mĂȘme plus le monde qui mâentoure. Je ne me soucie plus de rienâŠ
Soudain, deux bras encerclent mes Ă©paules, je ne peux plus bouger. Les larmes montent, jâignore pourquoi. Puis tout sâĂ©claire, comme des flashs dans mon esprit.
« Monstre du passĂ© » ; « Le chaos se rĂ©pandra de nouveau » ; « sacrifice ». Mon cĆur rate un battement. Cette hypothĂšse qui germe dans ma tĂȘte me fait froid dans le dos. Si ce que je pense est vrai, si câest bien lui dans cette prison cubique, pourquoi Huang Hua cherche Ă rĂ©cupĂ©rer cette boite. Une angoisse monte en moi, compte-t-elle lâanĂ©antir, alors quâil a Ă©tĂ© persĂ©cutĂ© par le passĂ© ? Compte-t-elle me lâarracher de nouveau ?
Mon corps se tourne vers la personne qui me maintient. AsĂŻol baisse la tĂȘte comme si elle Ă©tait dĂ©solĂ©e. Jâai donc raison, câest bien le Daemon de mon Ă©poque, mon ami, mon⊠Enfin bref, câest bel et bien lui qui est enfermĂ© prĂȘt Ă ĂȘtre dĂ©truit de nouveauâŠ
- « Tu le savais ?! » accusai-je
- « Je suis dĂ©solĂ©e KĂ©mi.. » sâexcusa AsĂŻol
Sans que je ne puisse comprendre la suite, mon corps sâĂ©croula au sol, le noir prit place sur ma vue, mais mon ouĂŻe ne disparut pas immĂ©diatement. Jâentends encore des bribes de paroles.
- « Je suis dĂ©solĂ©e Nevra.. jâĂ©tais obligĂ©e. »
- « Tu as bien fait. Comment a-t-elle su ?
- « Je lâignore, mais câĂ©tait lâordre de notre Cheffe..avant quâelle ne devienne incontrĂŽlable.. »
[A suivre..]