Bien le bonjour et bienvenue sur mes Esquisses !
Ceci est une petite collection d'OS, que j'aurais aimé développer en fanfiction à chapitres... Mais que je ne ferai pas, par manque de temps.
A noter que certains OS que je mettrai dans ce recueil ont déjà été postés sur le forum en 2018, mais ont été perdu avec l'incendie.
J'espère qu'ils vous plairont !
Les règles :
A tous les enfants d'Eldarya
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Les prévenus
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Les OS
Rised
Le miroir lui montre une jeune femme accomplie, rayonnante. Ses parents l’aiment et sont fiers d’elle. Elle a terminé ses études et a obtenu son permis. Elle a trouvé un travail et commence à économiser pour s’acheter un appartement. Cette jeune femme voit souvent ses amis : ils vont boire un verre dans un bar, vont au cinéma, vont en boîte. Et lorsqu’elle a des jours de congés, elle se fait des petits séjours à l’étranger.
Mais elle ne sort pas tout le temps : parfois, cette jeune femme aime aussi rester chez elle, à regarder une série sur son ordinateur, à jouer au tout dernier jeu vidéo ou même à lire le roman qu’on vient tout juste de lui livrer. Ou alors, elle traîne au lit pendant des heures, tantôt seule, tantôt avec quelqu’un pour l’embrasser et la serrer dans ses bras.
L’image que lui renvoie le miroir laisse un goût amer dans la bouche d’Erika.
Un goût de larmes soigneusement contenues : c’était il y a plus de 7 ans.
De l’eau a coulé sous les ponts.
Mais parfois, au profit d’interminables nuits sans sommeil, elle repense à tout ce qu’il lui est arrivé, à tout ce qu’elle a perdu depuis sa venue à Eldarya. Les larmes se mettent à couler toutes seules, entrecoupées de violents sanglots qu’Erika étouffe dans son oreiller.
Ces nuits-là, elle maudit l’Oracle, Miiko, Fàfnir, Leiftan et Lance et tous les autres.
Ces nuits-là, Erika souhaite n’être jamais venue à Eldarya.
Et tant pis pour les autres.
Tant pis pour Eldarya. Tant pis si c’est égoïste.
Erika laisserait volontiers ce monde brûler si ça pouvait lui rendre tout ce qu’elle a perdu.
Tant pis si c’est cruel.
Elle sait qu’elle ne devrait pas penser ça : elle est la dernière des aengels. La sauveuse de ce monde. L’élue.
Elle le sait.
Elle le pense quand même. Et tant pis si c’est monstrueux.
Le miroir lui montre la vie qui aurait pu être la sienne, cette vie simple, sans mort, sans rêves hantés par Lance la précipitant dans la mer du haut d’une falaise, par les doigts noueux d’Yvoni autour de son cou qui lentement, très lentement la tiraient vers les abysses. Elle rêve aussi d’Ethel et des myconides, qu’elle n’avait pas pu protéger parce que les kappas aussi avaient eu besoin d’aide ce jour-là. Et ce sacrifice, tout ce sang versé avait été en vain en fin de compte, parce que les kappas étaient morts quand même.
Dans ses rêves, Erika entend la voix de l’Oracle l’appeler à l’aide, et Fàfnir la désignant comme la dernière des aengels, destinée à sauver ce monde, et Leiftan affirmer qu’elle est son âme sœur, et des milliers et milliers de voix qui lui crient, qui lui hurlent encore et encore :
Sauve-nous.
Sauve-nous.
Sauve-nous !
SAUVE-NOUS !
Erika n’a jamais demandé toutes ces responsabilités.
Erika n’a jamais voulu être la sauveuse d’un monde, à ce qu’on la traite et la regarde comme une sainte. Pure. Bienveillante. Prête à protéger, à pardonner et à se sacrifier pour un monde qui ne lui a offert que des malheurs. Et tout cela sans le moindre regret, sans la moindre arrière-pensée pour tout ce qu'elle laisse derrière elle.
Parce que c’est ce que font les saints.
Sainte Erika, pour laquelle on a construit des statues et des autels, à qui des milliers de pèlerins ont adressé des prières dans la salle du cristal, après le Sacrifice Blanc.
Sainte Erika, qui ne voulait même pas être Sainte.
Sainte Erika, qui voulait juste aller cinéma avec ses amis, puis rentrer chez elle le soir et dîner avec ses parents.
Face à ce miroir qui lui montre la vie merveilleuse qu’elle ne pourrait plus jamais avoir, cette vie qu’on lui a volé, Erika hurle.
Elle hurle longtemps, à s’en déchirer les tympans.
Et ses ailes, autrefois d’un blanc immaculé, se teintent peu à peu de noir.
Anecdote inutile : Petit OS qui m'a été inspiré par la fanfic Rised de Dea Artio, dont le principe est de confronter divers personnages d'Harry Potter au miroir du Rised. Je l'ai lu il y a quelques années et elle m'a marqué.
Confusion
Le cœur au bord des lèvres, Caroline contemple la chambre.
Cette chambre bizarre, complètement en décalage avec le reste de la maison.
Des étoiles en plastique jaune sont collées aux murs violets. Elles brillent dans le noir.
Carolines s’avance dans la pièce, caressant du bout des doigts les rideaux verts striés de jaune. Elle s’arrête devant la fenêtre et l’ouvre pour aérer. Le regard perdu dans le vague, elle se tourne vers le reste de la chambre et poursuit sa contemplation.
Le lit aux couvertures bleues est défait. Tout autour, des coussins multicolores parsèment le sol. (Caroline se retient de tout ranger : une partie d’elle-même est intimement convaincue que ce n’est pas à elle de s’en occuper).
Sans comprendre pourquoi, cette vue lui arrache quelques larmes. Caroline peut presque imaginer quelqu’un (Mais qui ? C’est un nom familier qui lui échappe, qui demeure sur le bout de sa langue) abattre sa main droite sur la table de chevet et tâtonner à la recherche du réveil matin sonnant, traîner au lit quelques minutes puis repousser couvertures et coussins et se lever en traînant les pieds.
Silencieuse, elle poursuit son inspection de la chambre.
Caroline ne comprend pas ce que cette pièce fait là. Edgar non plus, d’ailleurs. Sauf que son mari préfère ignorer cette chambre. Il fait comme si elle n’existait pas, il nie. Il se plonge dans le travail, fait venir des clients pour des repas d’affaires et il oublie le mystère de la chambre. Le jour, en tout cas.
La nuit, c’est une autre histoire.
Son mari ne dort plus, ces temps-ci. De larges cernes noires soulignaient ses yeux injectés de sang.
Il n’y arrive pas. Edgar est préoccupé. Le mot est faible. « Angoissé » convient mieux. Et il ne sait pas pourquoi. Caroline le sait parce qu’il le lui a avoué la nuit où elle l’a surprit dans la chambre inoccupée. Il était assis sur le lit, à fixer le mur étoilé. Une chaîne hifi faisait face au lit et Edgar l’avait mit en route, jetant les notes de The Bitter End de Placebo dans la pièce. Peut-être devrait-il en parler à un psychologue, avait suggéré Caroline en se pressant contre son mari. Peut-être oui, avait confirmé Edgar d’un murmure.
Elle s’arrête devant un mur couvert de photos.
Des paysages. Leur chat Caligula (qui l’avait nommé ainsi?) dormant dans l’évier de la cuisine. Edgar et elle en vacances à Athènes (on aurait dit qu’il manquait quelque chose… Quelqu’un au milieu, entre eux deux… Qui ?), Caligula chaton, un groupe d’adolescents déguisés sur le thème d’Alice au Pays des Merveilles (Elsa, Alice, Arthur et Ben. Elsa en Reine de Cœur, Alice la bien nommée en rôle titre, Ben en Chapelier Fou, Arthur en Lapin Blanc… Caroline se demande où est passé le Chat de Cheshire ? Parce qu’il devrait être là.), encore Caligula, encore ces mêmes adolescents (d’où les connaissent-ils, d’ailleurs ? Il arrive souvent que Ben, Elsa, Alice et Arthur viennent chez eux, mais Caroline et Edgar sont incapables de dire pourquoi ils seraient en contact avec d’aussi jeunes gens), encore eux avec la sensation qu’il manque quelqu’un…
Le cœur de Caroline bat fort dans sa poitrine. Si fort. A chaque fois qu’elle entre dans cette chambre abandonnée, elle a l’impression qu’il va exploser et que ses restes malmenés monteront jusqu’à ses yeux pour se déverses en torrents de larmes. Et Caroline ne comprend pas pourquoi.
Pourquoi cette tristesse ?
Elle continue son chemin et s’arrête devant une penderie bien remplie. Les vêtements, exclusivement féminins, y sont propres et bien rangés.
Pourquoi cette sensation de perte ?
Caroline se saisit d’un petit chemisier blanc à volants. Rien de ce qui est dans cette penderie n’est à sa taille peut-être qu’elle devrait tout donner à une association ?
De manque ?
La simple idée de se séparer d’un seul de ces vêtements lui tord les entrailles. Ni Caroline, ni Edgar, n’en serait capable. Elle repose le chemisier à sa place et continue son tour de la chambre.
Mais qu’est-ce qu’il lui manque, au juste ?
Elle a tout.
Un mari aimant. Des amis présents. Une belle maison. Beaucoup d’argent. Que demander de plus ?
Elle a tout.
Et pourtant, quand elle regarde cette chambre abandonnée, Caroline sait qu’il lui manque quelque chose.
Elle s’approche du bureau.
Des livres de classe y traînent. Un sac de cours empêche de s’asseoir sur la chaise de bureau. Des feuilles volantes contrastent avec les fiches de révision parfaitement classées dans leur petit classeur (l’écriture y est inconnue et familière à la fois). En fouillant un peu, Caroline trouve ce qui ressemble à un contrôle d’anglais. Il date de l’année passée. Elle regarde les réponses en bleu et les commentaires du professeur en rouge. La note affichée est de 16.
Un pauvre sourire aux lèvres, une bouffée de fierté envahit Caroline.
Son regard glisse sur l’espace où le nom doit être inscrit.
Elle le reconnaît.
Leur nom de famille, à elle et Edgar, accolé à un prénom inconnu.
Un prénom de fille.
Un prénom que Caroline aime bien.
Un prénom qu’elle aurait aimé donner à sa fille, s’ils en avaient eu une.
Mais elle n’en avait jamais eu, n’est-ce-pas ?
Caroline avait eu un accident de voiture, huit ans plus tôt. Depuis ce jour, elle était incapable d’avoir un enfant.
Et pourtant. Et pourtant. Les yeux rivés sur la feuille, elle relit encore et encore le nom et la date. Quelque chose la dérange dans cette histoire.
Mais quoi ?
Les lèvres plissés, Caroline fait marcher son cerveau à plein régime pour essayer de comprendre. C’est difficile. Elle a mal à la tête à chaque fois. Dès qu’elle essaie d’élucider le mystère de cette chambre, de deviner dans quel contexte Edgar et elle ont rencontré Ben, Elsa, Alice et Arthur, son cerveau proteste violemment. Caroline a l’impression qu’on cogne un marteau contre une enclume à l’intérieur de sa tête. Une fois, elle s’est même évanoui à force de trop y penser. Le pire dans cette histoire, c’est de sentir que la solution à ce mystère est là, juste sous son nez et que le jour où elle la trouvera (si ce jour arrive), Caroline se sentira bête de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Elle fixe la copie et son cerveau demande grâce. Caroline se sent vaciller et va s’asseoir sur le lit avant de tomber à la renverse.
C’est à ce moment-là que son regard s’accroche à trois petits caractères notés sous le nom : TL2.
Sans même y avoir été confrontée à ces initiales auparavant, Caroline sait ce qu’elles signifient.
Terminale Littéraire 2.
Un contrôle de terminale. Pour une lycéenne. Une lycéenne en terminale L, qui avait dix-sept ans au moment du contrôle d’anglais auquel elle avait eu 15… Son crâne lui fait affreusement mal, mais Caroline tient bon. Une lycéenne. Dix-sept ans au moment du contrôle. Comme Ben, Elsa, Alice et Arthur… Ils étaient amis, tous les cinq. Un groupe de cinq amis.
Elle a mal. Tellement mal. Caroline a envie de vomir, mais rien ne vient. C’est comme d’avoir la gueule de bois, mais en pire et sans avoir bu d’alcool.
Et soudain, la lumière se fait dans son esprit. Tout lui revient.
Une fille. Pas n’importe laquelle. Leur fille. Celle qu’Edgar et Caroline ont eu bien avant l’accident.
Celle qui avait eu son bac en même temps que ses amis Ben, Elsa, Alice et Arhur (maintenant, Caroline se souvient. Elle les revoit réviser tous les cinq dans leur salon).
Caroline tremble. La chambre lui paraît trop lumineuse, tout d’un coup. La lumière lui brûle les yeux… Elle en pleure. La douce brise qui rentre dans la chambre par la fenêtre lui donne l’horrible impression d’être fouettée par mille bourrasques.
Dans sa tête, Caroline la revoit. Leur fille. D’abord un bébé rougeaud s’époumonant dans les bras de la sage-femme à l’hôpital. L’amour pour cette petite chose fragile, mais ô combien bruyante et remuante. Puis une fillette aux grands yeux lilas qui joue à la dînette avec ses peluches dans cette même chambre ou qui accrochait les étoiles fluorescentes aux murs parce qu’avant, elle avait peur du noir. Une adolescente et sa phase gothique (« Emo, maman ! Emo ! C’est différent ! »), qui avait finit par abandonner ce style lorsqu’elle avait comprit que la teinture noire défonçait ses cheveux. Et finalement, la jeune femme qui se préparait à partir pour la fac de droit.
Celle qui accrochait des photos de ses amis, de sa famille et de son chat dans sa chambre. Qui croyait que personne ne savait qu’elle effectuait des danses ridicules dès qu’elle écoutait de la musique. Qui se faisait des masques capillaires au lait de coco. Qui grignotait beaucoup trop de chocolat. Qui buvait du café avant d’aller se coucher alors même qu’on lui avait répété de ne pas faire ça.
Celle qui aurait dû apparaître sur toutes leurs photos, avec Edgar, Ben, Elsa, Alice, Arthur, Caligula et elle.
Leur plus grande fierté.
Leur unique fille.
« Er... »
Au moment où son nom va franchir les lèvres de Caroline, la magie opère.
Un pic de douleur la fait se figer sur place. Les yeux soudain vitreux, Caroline s’effondre dans le lit, inconsciente.
Dans sa tête, le mauvais sort efface tout ce dont elle s’est rappelée grâce à la copie. Ses souvenirs s’étiolent à nouveau et lorsqu’elle se réveille, Caroline est aussi perdue qu’avant.
Elle est dans la chambre mystérieuse.
Et ses yeux débordent de larmes incompréhensibles.
Anecdote inutile : j'avais déjà posté cet OS en 2018, dans mon recueil des 100 thèmes, aujourd'hui perdu avec l'incendie. Donc, je le reposte ici. ^^
Dernière modification par Almodis (Le 19-10-2021 à 17h11)