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Bonjour, bonsoir à toutes et à tous, je vous souhaite la bienvenue sur cette fiction qu’est “Le Corps des Neuf”. Je vous remercie d’avoir cliqué sur ma fiction et j’espère sincèrement que vous l’aimerez autant que moi je l’aime.
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Hantée par les souvenirs du Sacrifice Blanc, Miiko quitte la Garde d'Eel afin de prendre un nouveau départ. Elle se rend alors sur le continent de Rus et y rejoint le Corps des Neufs, une guilde de mages libres. Le Corps l'aide à mettre ses vieux démons de côté tandis qu'elle commence un nouveau chapitre de sa vie. Pourtant, lorsqu’un des mystères de Rus ressurgit d’un lointain passé, Miiko sera plongée de nouveau dans une grande aventure qui pourrait bien détruire son nouveau foyer.
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Cette fiction se passe après Origins. Je n’ai pas fini le jeu, de loin, mais je suis au courant de ce qu’il se passe dans les grandes lignes. Bien que je n’ai pas de pouvoir sur ce que vous lisez, il est recommandé que vous ayez terminé le jeu en question pour éviter les mauvaises surprises.
Cette fiction est inspirée d’une quantité de sources, je ne peux pas toutes les citer mais les musiques de l’artiste TheFatRat m’ont grandement inspiré, ainsi que le beau et poétique manga Frieren mais également La fois où je me suis réincarné en slime, Fairy Tail, Edens Zero, Im : Great Priest Imhotep et bien d’autres oeuvres. Ce récit a également deux sources majeures ancrées dans un plan plus réel par rapport à nous : La mythologie égyptienne et la mythologie païenne slave ainsi que les cultures anciennes respectives de ces mythologies. Le mélange est spécial mais faites confiance au processus et vous verrez qu’on s’amusera bien ici.
Le header ainsi que les icônes que vous voyez viennent de Genshin Impact, le header étant une capture d’écran avec un brin de montage et les icônes étant une version d’une constellation d’un des personnages du jeu redessinée par mes soins.
Je remercie Layssira d’avoir accepté d’être ma bêta-lectrice pour cette fiction, sans qui vos yeux seront martyrisés sans arrêt.
Bien, maintenant que votre humble serviteur vous a brossé un portrait général, allons faire un peu de formalité.
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Si vous souhaitez faire partie du Corps des Neuf ou si vous avez une question, n’hésitez pas à le signaler ici ou en messagerie privée !
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Prologue
Deux petites filles couraient dans une forêt en pleine nuit, riant et jouant. Elles étaient libres des responsabilités qui pesaient sur elles à cause de leur famille, influente à cette époque. Malgré le fait qu’elles déplaçaient en pleine nuit, la forêt dégageait une douce lumière bleutée, éclairant les environs ainsi que leur chemin, comme si les lieux étaient leurs amis. Dans leur jeu et dans un tel endroit où la magie régnait en maître, tout paraissait possible avec le pouvoir de la nativité enfantine, et il leur semblait que rien ni personne ne pourrait jamais les arrêter.
Les deux filles coururent sur le haut d’une colline et elles prirent place sur le rocher qui se situait en haut. De leur perchoir, elles avaient accès à une vue sur tous les environs et elles pouvaient voir les toits de la ville d’où elles étaient sorties. Mais ce qui les intéressait vraiment était le ciel sombre, parsemé d'étoiles plus ou moins brillantes, promettant des destins fabuleux à quiconque serait suffisamment déterminé pour tenter de les attraper. Après quelques instants à observer ce qu’elles considéraient être le plus grand trésor de l’univers, l’une d’elle, une petite kitsune aux cheveux noirs, se tourna vers son amie, une fenghuang habillée de rouge.
— Huang Hua ?
— Qu'y a-t-il ?
— Est-ce que tu penses qu’on sera toujours amies quoi qu'il arrive ?
— Bien sûr !
— Même si on grandit et qu’on se sépare ?
La question imposa un silence qui leur sembla soudain trop lourd à supporter, comme si au fond, les deux savaient quel genre de réponse allait tomber. Mais Huang Hua accorda quelques secondes de réflexion à la question posée. Il était vrai que les deux étaient destinées à de grandes choses au vu de leurs titres respectifs, mais chacune plus ou moins séparée de l’autre. D’ailleurs, la délégation des Fenghuangs était censée repartir le lendemain, et peut-être que les deux ne se reverraient plus jamais. La descendante du phénix regarda les étoiles dans sa réflexion avant de se tourner vers sa camarade, qui avait ses oreilles pointant vers le bas.
— Bien sûr, sourit-elle. Même si on n’est plus ensemble, peu importe où on sera, on sera toujours amies ! Et si on se revoit pas dans cette vie… On se reverra dans la prochaine, j’en suis certaine.
— Tu crois qu’une amitié peut survivre à des réincarnations ?
— Je ne vois pas pourquoi ça ne tiendrait pas, fit chaleureusement l’apprentie phénix, en lui prenant la main. Toi et moi, c’est pour toujours et à jamais, peu importe ce qui nous arrivera et tu verras ! Un jour, tout Eldarya connaîtra Huang Hua et Miiko, la Phénix et la Kitsune !
— Promis ? fit timidement la kitsune, un peu craintive face à ses pensées sur le futur.
— Promis ! répondit Huang Hua avec un sourire.
Elles se firent un câlin, comme pour sceller leur promesse de toujours être amies quoi qu’il arrive, convaincues que rien ne pourrait les séparer, ni maintenant, ni à l’avenir.
Et pourtant, quinze ans plus tard, après le Sacrifice Blanc, elles étaient toutes les deux dans la Salle du Cristal nouvellement reconstruite, le cristal brillant d’une lueur opaline pure. Huang Hua tenait la lettre que Miiko lui avait remise en main propre.
— Tu es sûre de toi ? demanda la fenghuang.
— Ouais. C’est… C’est mieux que tu sois la cheffe de garde. Avec ce qu’il s’est passé, je préfère m’en aller. Mais je te confie la garde. Avec toi, je sais qu’elle sera entre de bonnes mains. Ils sont un peu idiots mais ils ne sont pas irrécupérables, sourit la kitsune même si son cœur pinçait de partout.
— Oui, c’est vrai, pouffa la phénix. Mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée d’aller sur le continent de Rus après ce que la Garde et ses alliés lui ont fait…
— Je sais. Mais t’en fais pas pour moi. Je m’en sortirai, fit la renarde. Dis aux autres que je suis retournée auprès des miens. Ils y croiront et ne s’inquièteront pas trop, conclut-elle.
Les deux laissèrent un silence s’installer, aucune d’elles ne sachant quoi dire pour conclure cette réunion finale. Huang Hua rangea la lettre dans ses vêtements, avant d’accompagner Miiko à la plage, où un petit bateau les attendait. Les deux montèrent pour vérifier que tout était prêt pour le grand départ, et Miiko remarqua immédiatement les nombreux vivres préparés par Karuto, mais également les cadeaux encore plus nombreux offerts par les différentes gardes et les habitants.
— Tu leur as dit ? demanda celle qui partait en regardant les paquets.
— Du tout. Ils sont venus vers moi, pour me demander s’ils pouvaient t’aider. Tu leur as donné une deuxième chance avec un endroit où rester et tout ce qu’ils avaient un jour souhaité, alors ils voulaient au moins t’aider à prendre un bon départ, répondit la nouvelle cheffe de Garde. Ils sont perspicaces quand ils le veulent, et ils tiennent à toi.
Une telle réponse fit monter les larmes aux yeux de Miiko, qu’elle retint de justesse, pour ne pas s'effondrer maintenant. Malgré ce qu’il s’était passé, toutes les erreurs qu’elle avait pu faire et les décisions qu'elle avait prises, la Garde l’aidait encore une fois dans un moment qui lui était plus que difficile. Huang Hua prit son amie dans ses bras, voyant qu’elle en avait besoin mais surtout que ce serait la dernière fois avant longtemps qu’elle aurait l’occasion de le faire. Une embrassade qui fut réciproque, la kitsune serrant la phénix fort, comme si elle cherchait à lui briser les os.
— Tu vas me manquer, murmura la fenghuang en essuyant les larmes de celle qui partait.
— Tu me manqueras aussi. Mais je ne m’en fais pas, où que je sois, je serai toujours ton amie et je donnerai de mes nouvelles, fit la kitsune en se détachant d’elle.
Les deux sortirent, se rendant sur le pont. L’héritière du Phénix descendit du véhicule marin, laissant Miiko seule à bord. Les deux se regardèrent, dans un silence pesant, sachant bien qu’il était l’heure de se dire au revoir.
— Je reviendrai un jour, après tout, la cité d’Eel est ma maison.
— Alors ce jour-là sera un jour de fête, déclara l’autre.
La nouvelle cheffe de Garde poussa le bateau jusqu’à ce que Miiko puisse prendre le relais à bord de son petit navire. Une fois un peu éloignée, elle descendit dans la cale, pour ouvrir les paquets qui lui étaient destinés. La Garde Absynthe lui donnait du matériel d’alchimie de première qualité, avec quelques ingrédients rares. Il y avait même un petit pot de miel qui y était, cadeau d’Ezarel. La Garde de l’Ombre lui offrait simplement un carnet de voyage, des plumes et de l’encre avec également quelques livres, qu’elle reconnut certains comme étant ceux qu’elle avait un jour offerts à Ykhar. Il y avait un petit paquet qui contenait une cuillère fondue, de la part de Nevra. Miiko pouffa de rire, se rappelant de la mission qu’ils avaient faite ensemble, avant la mort de Yonuki et qu’ils ne prennent leur distance au vu des rôles qu’ils avaient dû endosser ensuite. Peut-être qu’elle devrait lui écrire un de ces jours, après tout, il n’y avait désormais plus aucune barrière entre eux. Une fois ces cadeaux ouverts, elle put voir qu’ils avaient été posés sur une caisse scellée par l’emblème de la Garde Obsidienne. Elle tendit la main pour briser le sceau mais les images de l’enterrement de Valkyon lui vinrent à l’esprit et elle s’arrêta net. La renarde eut un soupir pour chasser ses larmes, avant de saisir le dernier cadeau. D’après la note qui lui était attachée semblait être de la part de la cité entière, même si certains habitants avaient tenu à lui offrir quelque chose de plus, vu les nombreux présent qui étaient encore à déballer. Elle ouvrit celui qu’elle avait dans la main, découvrant un album de dessins représentant des moments clefs de la vie qu’elle avait eu à la cité depuis son arrivée avec les autres. Certains de ces dessins étaient même signés et accompagnés de notes. Un sourire nostalgique se forma sur les lèvres de l’ancienne cheffe de garde, qui essuya rapidement ses yeux à nouveau, se disant que pleurer sur de tels chefs-d'œuvre ne ferait que les abîmer.
Son apparente solitude fut interrompue par un grand bruit, provenant de la côte de laquelle elle s’éloignait. Paniquée que quelque chose de terrible ne soit arrivé à la cité, elle se précipita sur le pont et porta son regard sur la ville qui trônait fièrement sur la falaise. Elle vit que bon nombre des habitants de la cité, mêlés aux membres de la Garde, la saluaient, lui criant bonne chance, de revenir et surtout de prendre soin d’elle-même. Certains semblaient même pleurer, alors que d'autres lançaient des sorts dans les airs, pour former des messages en tout genre.
Elle vit Mara, une jeune femme timide qu’elle avait un jour trouvée blessée dans la forêt, crier d’écrire régulièrement et d’accepter de l’aide. Puis Alajéa, l’éternelle maladroite qui manqua de tomber de la falaise mais qui envoya le message de lui faire parvenir des détails sur les familiers qu’elle pourrait voir là où elle allait. Celle aux cheveux noirs put également voir Baptiste, un voleur des plus talentueux à qui elle avait donné sa chance dans la Garde de l’Ombre malgré les différentes protestations. Il lui criait de ne pas se fourrer trop tôt dans les ennuis. Les chefs de Gardes étaient également là, plus discrets et silencieux, mais présents. En les regardant, Miiko aurait même juré de voir Leiftan, Erika et Valkyon debout à leur côté, la saluant également. La renarde regarda ensuite la plage et vit que son amie de toujours, Huang Hua, lui faisait aussi au revoir de loin, au travers de ses larmes. Miiko ne put s'empêcher de pleurer à son tour, se sentant submergée par un soutien qu’elle ne pensait jamais avoir.
Elle essuya rapidement ses larmes et leur fit tous un signe d’au revoir, envoyant également un sort pour leur dire de prendre soin d’eux. Elle avait donné tellement de secondes chances à tellement de gens, que ce soit des criminels, des gens dits sans avenir, ceux qui étaient exilés ou bannis de leur terre natale quand ce n’était pas simplement des gens perdus dans la vie. Pourtant, elle ne s’était jamais autorisée à se donner une seconde chance après ses erreurs.
Elle se tourna vers la proue du bateau, regardant l’horizon. Malgré sa douleur de quitter son foyer, elle eut un sourire. Peut-être qu’il était grand temps qu’elle s’offre une seconde chance à la vie.
Chapitre 1 : Kitej
Miiko laissa tomber ses documents d’identification sur le comptoir, devant la réceptionniste de la guilde qui avait l’air complètement abasourdie. La renarde sentait bien les regards sur elle, la plupart en colère, d'autres curieux, quand ce n’était pas moqueurs, même si elle percevait certains complètement indifférents. Depuis qu’elle était entrée dans le hall il y a quelques instants, c’était comme ça. Miiko s’était représenté beaucoup de choses quand elle avait entendu parler du Corps des Neufs au port où elle était arrivée. Mais elle ne se serait jamais imaginé qu’elle verrait un simple hall de guilde aussi grand que la Salle du Cristal. Il y avait des tables, bancs et chaises pour laisser les gens manger, boire ou faire ce qu’ils voulaient ainsi que quelques panneaux d’affichage pour les missions pour prendre un travail.
— J’aimerais m’enregistrer en tant que membre de guilde, déclara la nouvelle venue, tâchant de garder une intonation neutre dans sa voix.
— Bien sûr, fit la réceptionniste bien qu’un peu confuse de voir l’ancienne cheffe de la Garde d’Eel devant elle.
Certains murmures se firent entendre parmi ceux qui regardaient la scène qu’ils n’auraient jamais pensé voir. Miiko, autrefois cheffe de Garde des Terres d’Eel, ici, sur le continent de Rus et au cœur d’une de ses plus grandes villes, Kitej ? En plus d’avoir un sac sur l’épaule et une valise à la main, montrant son intention de s’installer ici pour une longue durée ? Le ciel leur était tombé sur la tête. La réceptionniste eut un moment de réflexion avant de se reprendre et de saisir les documents que Miiko lui avait transmis, au grand étonnement de tous.
— Eh, Kiki, tu te fous de nous ? intervient un spectateur à l’égard de la réceptionniste. Tu oublie ce qu’Eel nous a fait ? demanda-t-il alors que d’autres hochaient la tête pour approuver ses dires.
L’interpellée ignora celui qui venait de prendre parole, poursuivant les procédures d'enregistrement comme si de rien n’était. L’homme en colère se leva avant de s’approcher du comptoir. Miiko put voir la différence de carrure entre les deux. Si la réceptionniste ressemblait à une jeune fille blonde toute fine, avec une épaisse natte qui arrivait jusqu’à ses chevilles, l’homme ressemblait plutôt à un homme d’une carrure développée, témoin d’une grande force. Miiko ne put s’empêcher de les comparer à Ykhar et Jamon quant à leur physique respectif, même si Jamon était loin d’être aussi agressif.
— Oh, Kiki ! fit l’homme, plus fort, tapant du poing sur le comptoir à côté de Miiko. Je te parle !
La renarde tiqua à ce qu’elle pensait être une tentative d’intimidation ou une démonstration de force un peu ridicule. Elle se tourna vers l’homme, le feu dans la cage suspendu à son bâton prenant de la vigueur tandis qu’elle s'apprêtait à lancer un sort pour éloigner celui qui était agressif. Mais au moment où elle allait s’exécuter, une latte du parquet se détacha du sol devant Miiko et s’interposa entre elle et l’autre individu. L’objet avait l’air de menacer la renarde quant à l’utilisation de magie dans l’enceinte de la guilde. Miiko s’arrêta immédiatement. Elle n’était pas là pour se battre et elle ne pouvait pas se permettre de lancer les hostilités alors que l’encre du registre n’était pas encore sèche. Elle se contenta de souffler, agacée, tandis que le feu reprenait une taille normale et que la latte du parquet reprenait sa place au sol comme si de rien n’était. Kiki leva le nez du registre sur lequel elle travaillait et regarda l’homme directement dans les yeux sans émotion dans le regard, pas impressionnée par sa colère.
— Viktor, je te rappelle que l’article premier du règlement du Corps des Neufs est que quiconque peut demander à être membre.
— La Guilde a été fondée dans l’assomption que les raclures d’Eel ne feraient pas l’insulte de prétendre à une place ! cria l’homme, plus que furieux tandis que ceux qui le soutenaient s’avançaient vers le comptoir, arme à la main, prêts à en découdre avec la nouvelle venue.
— Je vous conseille de vous rappeler où vous êtes exactement avant de faire quoi que ce soit, déclara froidement la réceptionniste, balayant la salle du regard, les yeux brillant d’une lueur menaçante.
Certains s’arrêtèrent dans leur mouvement. D’autres eurent l’air un peu plus en colère. Miiko n’avait pas réagi plus que ça après l’intervention de la latte. Non pas qu’elle n’en avait pas envie, mais elle sentait que Kiki pouvait gérer elle-même et que même si elle essayait, le bâtiment entier la stopperait. Miiko n’arrivait pas à savoir pourquoi, mais elle avait l’impression que, au sein du bâtiment de la guilde, la réceptionniste avait le pouvoir absolu sur tout. Agir ne ferait que la contrarier. Viktor et les autres membres défièrent l’employée du regard, mais aucun ne fit un seul mouvement. Ils se concertèrent chacun des yeux avant de reprendre leur activité d’avant la confrontation, même si ce n‘était pas sans réticence ou regards noirs pour la nouvelle venue.
— C’est bien ce que je pensais, commenta la jeune femme, avant de rendre les documents à Miiko, qui les reprit. Voilà, tu es maintenant enregistrée en tant que membre du Corps des Neufs. Si tu veux bien passer derrière le comptoir, je vais te donner ta marque, sourit-elle alors que la porte qui menait derrière le comptoir s’ouvrit.
La renarde hocha simplement la tête et la rejoignit. Pendant que Miiko rangeait son sac et sa valise sous le comptoir qui semblait être un lieu sûr, la réceptionniste avait pris un pinceau au manche gravé de petits symboles que Miiko ne connaissait pas. Peut-être le langage local ? Le sort de traduction qu’elle s’était jeté lui permettait seulement de comprendre et communiquer dans la langue de Rus, mais pas de la lire. Elle revint bien vite sur terre pour observer attentivement la réceptionniste, vêtue d’une simple robe avec un corset et sans aucune chaussure. Miiko se demandait bien comment une jeune fille avait acquis un tel pouvoir au point de tenir plusieurs mages aguerris en respect. Cette pensée lui rappela le jour où elle avait dû reprendre la direction de la Garde et s’imposer en tant que nouvelle cheffe alors qu’elle n’était pas formée et pas assez forte pour. Elle se demandait si la jeune fille qui l’avait inscrite dans le registre était quelqu’un qui avait dû affronter des circonstances similaires ou si elle était simplement dotée naturellement d’une magie puissante. Elle coupa son fil de pensée et observa comment son tatouage était dessiné sur l’avant-bras, au niveau du poignet. Le symbole, inscrit magiquement, brilla d’une belle couleur bleue qui l’éblouit quelque secondes avant qu’elle ne puisse le regarder. C’était une simple étoile à neuf branches, avec un point au bout de chacune d’elles.
— Qu’est-ce que ça représente ? demanda Miiko, curieuse d’un symbole aussi simple.
— Oh, les neufs fondateurs de la guilde et leur objectif commun, répondit Kiki. Mais également nos dix règles qui régulent la guilde. On raconte qu’à l'effigie d’eux-même, chaque fondateur a proposé sa propre règle et la dixième, il s'agit d’une règle commune. Enfin, je ne vais pas t’assommer d’informations. Tu dois avoir fait un très long voyage et je suppose que tu es épuisée.
— C’est vrai. Mais je dois bien tenir le coup, je dois chercher un endroit où rester.
— Tu peux utiliser nos dortoirs si tu le souhaites, déclara vivement la réceptionniste.
— Pardon ? fit la renarde, surprise de tant d’énergie.
— Eh bien, tu es une membre à part entière ! Tu peux profiter de nos services propres à la guilde. Une chambre des dortoirs du Corps des Neufs coûte dix-sept milles roubles par mois et par personne. La chambre vient avec tout ce qu’il faut pour y vivre et tu peux l’aménager comme tu veux.
Miiko eut un léger moment de réflexion. Bien sûr elle pouvait tenter par elle-même, mais ne connaissant pas grand chose de Rus, elle se heurterait aux difficultés habituelles de recherche de logement en plus de la barrière de langage. De plus, même si elle n’avait pas le choix quant à l’emplacement, elle se doutait que la chambre proposée par la guilde avait un avantage financier crucial. Elle eut un léger sourire à la pensée d’Erika, quand la Garde lui avait fourni une chambre à peine utilisable. Si la guilde lui donnait à tout hasard une chambre similaire, elle l’aurait bien mérité.
— C’est d’accord, fit simplement la renarde. Je veux bien une chambre dans vos dortoirs. Où sont-ils ? demanda-t-elle.
— Tu traverses le marché qui est sur la branche principale est, à gauche de la guilde en sortant d’ici. Les dortoirs sont de l’autre côté du marché, sur l’extrémité de la branche Je dois avouer que je ne sais plus si c’est au premier ou second embranchement… Peut-être le troisième ? fit Kiki, un peu dans ses pensées. Enfin bon ! Le bâtiment a l’air d’un bâtiment d’habitation normal, alors c’est facile à rater, mais tu verras une de mes sœurs à la fenêtre, à côté de la porte d’entrée ! Tu lui montres juste ta marque et elle te laissera entrer. Elle sera prévenue de ton arrivée, t’en fais pas, expliqua la jeune femme avec un sourire.
La nouvelle recrue hocha la tête avant de sortir de derrière le comptoir. Plus facile à dire qu’à faire, mais Miiko était certaine qu’elle pouvait y arriver sans problème. Au pire, elle reviendrait à la guilde pour demander un peu d’aide. Elle prit donc son sac et sa valise avant de sortir du bâtiment de la guilde l’air de rien et elle observa les environs de la guilde, quelque peu impressionnée que l’une des plus grandes villes du continent soit perchée dans un gigantesque arbre millénaire, le Corps des Neufs était un peu plus dans les hauteurs par rapport au reste de la ville. Elle se demanda pourquoi Kitej était construite dans un arbre, aussi grand et solide soit-il, mais elle se reprit et se dirigea à gauche du bâtiment, descendant une petite pente pour entrer dans un marché.
Même si le marché de la cité d’Eel n’avait jamais été aussi actif dû à la relativement nouvelle fertilité, ce n’était rien par rapport à Kitej, qui avait un marché bondé, les activités de l’endroit vibrant à travers tout le corps de Miiko. La renarde s’aventura donc dans le marché, gardant cap d’aller toujours tout droit. En se frayant un chemin dans la foule, elle put voir de nombreux marchands de nourriture en tout genre. Si les étals de fruits et légumes ne l’intéressèrent qu’à un niveau superficiel, elle s’attarda à de nombreux étal de viande fraîche ou séchée, plutôt curieuse de savoir quel genre de viande ils avaient et quel genre de bête pouvait en être à l’origine. Elle passa également devant un étal d'épices qu’elle n’avait jamais vues avant, le tout présenté en petites pyramides tassées de couleur vives, quand ce n’était pas contenu dans de grands paniers ou bourses. Certaines étaient vendues ou contenues dans des flacons. Elle observait les épices, tâchant de deviner quel goût elles auraient en s’aidant de l’odeur qu’elles émettaient mais l’exercice lui donna rapidement le tournis et elle s’en éloigna, continuant son chemin. Elle passa devant un étal de sucrerie en tout genre. L’odeur du sucre et d’autres ingrédients ainsi que les différentes couleurs vives des confiseries attirèrent son attention et elle s’en approcha, plutôt curieuse de ce qu'il pouvait y avoir. Le vieil homme qui tenait l’étal la vit s’approcher et lui offrit un sourire. Miiko put voir qu’il irradiait d’une énergie bienveillante contrairement aux membres de la guilde. Mais ce qui l’intriguait le plus, c’était le fait que cet homme lui semblait familier, comme si elle l’avait déjà vu quelque part alors que c’était la première fois qu’elle le rencontrait.
— Tiens donc, mad’moiselle ! T’es pas du coin, pas vrai ? On n’en voit pas souvent des gens comme toi, fit l’homme.
— Non, du tout. Je viens d’Eel, répondit la renarde, appréhendant les potentielles remarques quant à ses origines.
— Eh beh, sacré voyage ! dit-il, impressionné. T’en as du cran. Les jeunes d’nos jours, des mollassons, à croire que bouger les tuerait. J’t’ai vu sortir de la Guilde de loin, tu t’es déjà attiré des bricoles avec eux ?
— Non, je venais me faire enregistrer en tant que membre.
— Ah, j’comprends mieux ce que tu pouvais y fabriquer. C’est dommage que tu t’inscrives maintenant, t’as pas encore rencontré le Maître de ta guilde. Mais bon, je suppose que tu le croiseras bientôt. Il est occupé par le Conseil en ce moment, faut croire qu’les hauts-placés ont rien de mieux à faire que d’enquiquiner les gens compétents.
— Kiki n’est pas le Maître de la guilde ? demanda Miiko, un peu surprise. Elle m’a enregistrée comme membre après tout, même si les autres n’ont pas voulu.
— Ah, ça. J’sais pas c’est quoi le lien entre les deux, mais j’ai entendu dire que Kiki est la suppléante quand le p’tit est pas là. M’enfin, tu me diras, elle t’a peut-être enregistrée pour te garder sous la main et en discuter avec le Maître quand il reviendra.
— Je vois. Merci de ces informations en tout cas, fit gentiment la renarde avant de regarder les sucreries pour en prendre quelques-unes afin de le remercier correctement. Je prendrai un sachet de ceci, dit-elle en pointant du doigt un gros bocal qui contenait de toute petites sphères de sucre coloré avec une petite étoile à l’intérieur.
— Oh, les étoiles de Nout ? Très bon choix ! dit vivement le marchand en la servant.
La renarde le regarda prendre un petit sac en papier et ouvrir le bocal. Quand il souleva le couvercle, Miiko put sentir différentes odeurs de fruits et d’agrumes lui chatouiller les narines. Elle se demandait si elle avait déjà vu quelque chose de similaire, mais au final rien ne lui venait à l’esprit. Le développement de l’agriculture était trop récent pour qu’ils aient connaissance de leur propre culture gastronomique, contrairement au continent de Rus. Peut-être qu’établir des relations entre les deux continents avec des échanges commerciaux serait profitable sur tous les plans ? Mais de quoi Rus pouvait avoir besoin ? Surtout après les conflits que les deux continents avaient eu, ça allait être difficile. La renarde observa les billes sucrées être mises dans le sachet pour elle, quand elle se rappela qu’elle n’était plus la Cheffe de la Garde. Elle ne pouvait que suggérer des choses à Huang Hua, et encore, elle n’avait pas la garantie que celle-ci accepte sa proposition… Elle eut un petit soupir, avant que le marchand ne lui tende le paquet bien rempli et scellé par un sort.
— Pour toi, petite, dit-il alors que Miiko prenait le tout dans les mains.
— Combien je vous dois, demanda-t-elle en fouillant pour trouver sa bourse, contente d’avoir pu convertir sa monnaie au port.
— Oh, t’en fais pas pour ça. Considère ça comme un cadeau de la maison pour te souhaiter la bienvenue à Kitej, sourit le marchand tandis que la jeune femme s’arrêtait dans ses mouvements, surprise d’un tel cadeau. Tu m’as dit que tu venais d’Eel. Je me doute que pas beaucoup sur ce continent ou cet arbre ont été sympathiques avec toi. De plus c’est agréable de te parler, au moins tu écoutes un vieil artisan comme moi et ça me suffit.
Face aux mots de cet homme, elle eut un léger sourire. Il n’avait pas tort, mais elle ne pouvait pas vraiment ne pas le repayer d’une manière ou d’une autre… Elle eut quelques secondes de réflexion, regardant le sachet qu’elle avait dans les mains, avant de regarder le marchand.
— Si jamais vous avez besoin d’aide, adressez-vous au Corps des Neufs et appelez Miiko, finit-elle par dire.
— Miiko ? répéta le vieil homme, l’air plus que surpris de ce nom. Je vois, je vois, ajouta-t-il en se reprenant. Eh beh, j’y penserai à l’occasion.
La renarde finit par s’éloigner de l’étal en saluant le marchand, le sourire toujours aux lèvres et le paquets de bonbons dans son sac de voyage. Elle finit par sortir du marché et observa attentivement les bâtiments, tâchant de trouver ce que Kiki lui avait décrit. Elle finit par trouver l’endroit en question. Miiko observa le bâtiment et elle devait admettre que si elle n’avait pas été prévenue d’où était le dortoir de la guilde, elle ne l’aurait probablement pas su. Est-ce qu’une telle discrétion était le fruit du hasard ou alors pour une raison pratique ? Elle ne le saurait peut-être jamais. Elle s’approcha de la fenêtre où elle voyait une autre jeune femme blonde, les cheveux retenus par un foulard de couleur rouge, qui s’occupait du registre. En voyant Miiko s’approcher, la blonde leva le nez et ouvrit la fenêtre.
— C’est toi la nouvelle ? Kiki m’a prévenue de ton arrivée ! Moi c’est Mora.
— C’est bien moi, répondit l’ancienne cheffe de Garde en pensant que son interlocutrice était aussi vive que la réceptionniste.
— Super alors ! Je t’ai préparé ta chambre. Entre dans le bâtiment, c’est ouvert, je vais t’y conduire !
Miiko hocha simplement la tête et ouvrit la porte du bâtiment avant d’entrer. Etrangement, si l’extérieur bourdonnait d’activité dû à la proximité du marché, une fois à l’intérieur, il y avait un calme absolu, relaxant. Elle avait même l’impression d’être entrée dans un chalet, avec les murs en bois, les petites plantes décoratives en pot un peu partout ou alors les cadres photos qui commémoraient des événements importants. La porte à côté de celle de l’entrée s’ouvrit et la jeune femme qui avait accuilli Miiko sortit la rejoindre, avec un sourire.
— Tu as la chambre 307 ! dit Mora en lui faisant signe de la suivre.
La renarde la suivit donc à travers le hall d’entrée jusque dans les étages. Elle observait tout ce qui était autour d’elle, un peu perdue d’avoir l’impression d’être dans un chalet calme en pleine montagne alors qu’elle était en réalité dans une ville active perchée dans un arbre. Elles arrivèrent devant une porte comportant le numéro 307, que l’hôtesse déverrouilla, laissant également la clef dans la serrure.
— Voilà. Tu y fais presque tout ce que tu veux. On a un règlement assez petit parce que c’est le principe du Corps des Neufs, d‘interdire le moins de choses possible, mais la plupart des règles sont simplement de la logique et bienséance. J’ai déposé une copie du règlement au cas où sur ton bureau. Tu dois le signer et t’en fais pas, je saurai si jamais tu ne le signes pas, crois-moi, des petits malins ont tenté de m’arnaquer, ça n’a pas marché. Aussi, je te le dis de suite, je tiens fortement à la règle de ne pas faire entrer de personne extérieure à la guilde ici. Tu comprends ?
— Bien sûr, fit celle aux cheveux noirs en se demandant si ça concernait également les urgences. Il y a des heures d’ouvertures ou de repas ?
— Oui. Elles sont inscrites dans règlement et si jamais tu as des questions, je serai en bas à la loge. Enfin, je te laisse t’installer. Je te souhaite la bienvenue parmi nous, sourit Mora avant de tourner les talons et de descendre au rez-de-chaussée.
Miiko eut un léger soupir en la voyant partir, mais elle se tourna vers la porte et l’ouvrit. Elle y entra sans trop attendre, avant de refermer la porte derrière elle. Elle observa la chambre en s’y avançant un peu. En plus de la petite salle de bain, il y avait une petite cuisine ouverte. En meubles, il n’y avait qu’un lit, une table, une chaise, ainsi qu’une armoire. Heureusement que le lit était fait, songea-t-elle en posant son sac et sa valise au sol ainsi que sa valise. Elle se laissa tomber sur le lit, trouvant les draps doux et frais. La fatigue du voyage de plusieurs jours, combinée à toutes les nouvelles expériences qu’elle avait eues en une journée, fit détendre son corps qui lui parut s’engourdir à vue d'œil tandis que son esprit partait à la dérive. Elle se demandait comment est-ce que les autres au quartier général de la Garde allaient quand elle ferma les yeux, le sommeil l’emportant.
Dernière modification par Midorgan (Le 20-06-2023 à 20h55)