A tous les enfants d'Eldarya
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Bienvenue sur mon topic
Merci d'avoir cliqué et de t'être arrêté pour lire ceci ! Avant de commencer véritablement ta lecture, je tenais à préciser deux-trois choses sur ma fiction. Bien que celle-ci soit dans l'univers d'Eldarya, elle ne traitera pas de la garde d'Eel. J'apprécie le jeu, mais mon intrigue n'a pas besoin d'être spécifiquement dans la garde (même si je prévois quelques passages pour en parler).
De plus, les créatures fantastiques et certaines mythologies dévieront du jeu aussi, cette fois-ci car elles pourraient entrer en contradiction avec mon scénario.
N'hésitez pas à me faire part de ce que vous aimez ou ce qui vous intrigue, je ferais beaucoup de références discrètes dans mes textes alors si un élément attire votre attention demandez-moi
Quelques musiques pour accompagner ta lecture !
Dzivia - Flower Maiden
Dzivia - Voryva (Sleeping Field)
BO- Uncoven
Dzivia - Śvitańnie & Dom (The Dawn & Home)
Prologue
Rayon de lune, chemin boisé, ululement de la chouette.
Soirée douce, cigales chantantes, odeur de la terre.
Bout du chemin, lueurs ardentes, rythmes sacrés.
Vingt-trois années d'existence et de questionnement m'amènent ici.
La route a été longue, mais aucune fatigue ne se fait ressentir dans mon corps. Je le sens, fort et fier plus que d'habitude. Cette nuit d'été résonne en moi, car je sais qu'une partie de mon destin se trace devant moi.
Quelques mètres devant moi, le brasier fait fuir toute l'obscurité de la nuit. Les ombres des danseurs s'enfuies dès que leurs pieds s'éloignent du sol. Derrière cette ronde faite de mes frères et mes sœurs, les maîtres préparent le rituel et la grande prêtresse fait virevolter ses doigts fins sur sa lyre tandis que les prêtres et prêtresses frappes les tambours avec vigueur. J'aperçois les invités venus accompagner les initiés, mélangés sans distinction avec druides et sorciers.
-Eurydice !
Une voix grave et douce me sort de ma contemplation.
-Bonsoir Charles, tu as finalement décidé de venir à ce que je vois ? J'en suis heureuse.
Un léger blanc s'installe, je sais qu'il veut se confier mais peut-être ce soir a-t-il décidé de ne pas révéler ses pensées. Ma curiosité n'a pas de sens. Je sais pourquoi il a décidé d'être là, pourquoi son corps entier est mal à l'aise entouré de mes pairs, pourquoi ses yeux cherchent à fuir et à se donner du courage en même temps.
-Je ne suis pas encore assez sage, pardonne moi. Mais je suis vraiment heureuse de te voir.
-Je. Oui, moi aussi.
Un autre blanc survient, je le vois analyser chacun des mouvements des danseurs, chaque note jouée, chaque bruissement dans les arbres.
-Peu importe que je ne comprenne pas ton monde, à mes yeux rien ici n'a de sens. Reprend-il doucement. Je te souhaite bonne chance, quoi que cela implique.
Je lui souris tendrement en lui prenant la main, avant de me diriger enfin vers le centre de la cérémonie.
La grande prêtresse cesse sa mélodie et vient en ma direction, les autres continuent de jouer. Son regard est aussi intimidant que la première fois que je l'ai rencontrée, mais peut-être cette fois-ci au moins je sais pourquoi.
- Allons marcher pendant que ton esprit et ton âme sont en harmonie.
Je lui emboite le pas, et comme à chaque fois je ne sais plus par où commencer. Ai-je inventé ce que j'ai vu ? Mon esprit est-il simplement influençable ? Je ne cesse de travailler, de méditer, d'apprendre à écouter le son du monde, suis-je si différente de ces pseudo sorciers et sorcières ?
- Tu réfléchis trop. J'ai rarement vu des apprentis avec un esprit aussi complexe et brouillé que le tiens. En temps normal, ce sont les purs rationnels qui se posent autant de question sur nos traditions.
- Si je cesse de remettre en question vos paroles, alors mes convictions s'auraient plus grand sens.
Elle ralentit sa marche et tourne son visage vers le mien.
J'ai parlé trop vite.
Son regard semble fouiller le mien dans les moindre détail. Je me sens vulnérable, car je sais qu'elle voit, mais j'ignore quoi.
- Comment s'est passé ton rituel ?
Je réfléchis précautionneusement aux mots que je vais utiliser et finis par lâcher d'un souffle :
- J'ai eu un oracle.
Cette fois-ci elle s'arrête, et m'invite à m'asseoir sur une pierre lisse et parsemée de mousse. Son expression n'a pas changée, comme si ce que je venais d'annoncer était normal, ou qu'elle s'y attendait.
- Quelle malédiction as-tu, toi qui cherche sans cesse des réponses, de n'avoir que des énigmes. Son visage s'illumine d'un sourire farceur.
Quelle vieille peau, ça l'amuse en plus.
- "Entend les cloches sonner
L'aube
L'accalmie
Le visage et les masques retire-les
Vois leur âme, puise dedans
Purifie
Le trouble.
Le temps se fige, je revois chaque vision comme pour la première fois. Mon cœur sait ce qu'elles veulent dire, mais je ne l'accepte pas encore. Ma vie, mon monde vont changer ce soir.
- Il est temps. Me dit-elle. Un nouveau cycle est sur le point de commencer, le monde de l'invisible s'agite et le quotidien de tous ceux qui peuplent la Terre basculera.
-Les portails vont se rouvrir, c'est ça ?
Illustration Prologue
Chapitre 1
La nuit se dissipe peu à peu et l'on voit l'aurore teindre timidement le ciel d'une lueur blanchâtre. Tout est encore gris, les oiseaux s'éveillent doucement et l'on perçoit quelques chants étouffés par les feuillages denses de la forêt. Ma peau ressent tout l'extérieur : la brise, les cœurs qui battent, les doutes de certains, les certitudes des autres. Mon corps est en alerte, j'ai envie de courir et de m'enfuir je ne sais où. Mais d'un autre côté, le mystère du lendemain me tient éveillé. Pourquoi les portails vont-ils s'ouvrir ? Qui-y-a-t-il derrière ? Et si le peuple d'Eldarya allait détruire le notre: nous qui sommes les descendants de leur persécuteurs ?
Je me stoppe un instant et contemple le levé du soleil. Chacun de ses rayons me calme. La Nature devant moi dévoile ce qu'elle a de plus beau : sa simplicité.
Les montagnes, la cime des arbres, le lac. Au bord du chemin, les herbes sèches jonchent les roches rougeâtres et ocres. Si seulement je pouvais vivre éternellement cet instant de sérénité.
Les pas de notre groupe s'éloigne, mais Charles est resté en retrait avec moi.
-Tu sembles bien pensive.
-En effet, mon initiation est pour bientôt j'y pense sans cesse.
-Je sais que ce n'est pas que ça.
Il me sourit enfin pour la première fois depuis le début de la soirée. Il a l'air plus apaisé, ou bien est-ce en raison de la nuit blanche que nous venons de passer à danser et chanter. Heureusement que nous n'avons pas de cours prévu aujourd'hui.
Bien que la fatigue se lise sur son visage, ses traits restent harmonieux. La peau lisse et pâle, les cheveux roux et ses yeux brillants noisettes, Charles porte sur lui son héritage irlandais. Son allure gauche et ses habits de premier de la classe contrastent mes robes à motifs, mes rubans et mes fleurs dans les cheveux.
Il retire ses lunettes d'une main pour les essuyer avec un bout de tissu qu'il sort de sa poche. Les yeux baissés et la tête penchée en avant, je vois tout de même se dessiner un sourire narquois et des yeux rieurs. Quelle connerie va-t-il me sortir cette fois ?
-Et sinon, t'as réussi à entendre les esprits malgré le boucan que tu fais en chantant ?
-T'es vraiment con quand tu t'y mets.
Je lui frappe sans grande vaillance l'épaule et il se recroqueville exagérément comme un martyre, gémissant et implorant ma clémence.
-Et puis quoi encore ?
Nous nous mettons à retomber en enfance, se chamaillant et courant dans tous les sens pour des bêtises. Moi qui me prenais la tête il y a encore quelques instants sur la suite des évènements, toutes mes peurs se sont envolées. La vraie magie est invisible.
- A L'AIDE ! A L'AIDE ! UNE SORCIERE ME POURSUIT !
Nous rattrapons peu à peu le groupe, et plusieurs têtes se tournent amusées de nos enfantillages. Quand je pense que cet abruti me tape l'affiche devant les maîtres devant lesquels j'ai mis tant de temps à prouver ma valeur. Mais au final, est-ce que cela à réellement de l'importance ? Je croise le regard complice de mes sœurs, il n'en faut pas plus pour qu'une dizaine d'entres elles m'emboitent le pas. A ma grande surprise, plusieurs prêtresses se prennent au jeu, et en quelques minutes tous se mirent à se courir après. Maîtres, prêtresses, druides, initiés et profanes.
Le temps de l'été se prête si bien à ces jeux que personne ne s'est rendu compte que nous avions déjà descendu le chemin. Et la foule se disperse, aussi vite qu'elle s'était formé, chacun d'entre nous prend une route différente. Charles se remet à mes côtés, essoufflé. Les rues sont désertes le dimanche matin, et presque aucun bruit se brise la quiétude environnante. Quelques voitures passent, des voisins sont en train de fumer à leur fenêtre, les chats du quartier sautent des toitures vers les arbres.
Dans un dernier effort, nous montons les escaliers de l'immeuble. Certainement pas par volonté de faire du sport, mais parce que ce fichu ascenseur est toujours en panne. Cela doit faire depuis Juillet que la note du concierge est placardée sur la porte "En panne, ne pas utiliser".
A bout de souffle, nous enfonçons chacun la clé de nos appartements.
-A lundi mocheté.
-A lundi trouduc.
Je claque la porte et balance nonchalamment mon sac sur ma chaise de bureau avant de m'effondrer sur mon lit. Les volets entrouverts laisse passer des rayons de lumières, perçant l'obscurité de la pièce. J'entend les passants dans la rue et l'horloge de mon voisin du dessus qui commence à préparer le repas du midi. Il va probablement inviter sa famille à déjeuner puisqu'il se met déjà au fourneau à 9h du matin.
Je m'enroule dans mes draps et m'étire de tout mon corps, j'ai sommeil et l'ambiance paresseuse de cette journée ne fais qu'accentuer cette envie. Qu'est-ce qu'il s'est passé aujourd'hui déjà ? Le film de la soirée me revient en tête sans respecter une quelconque chronologie. Les tam-tam, les pulsations des pieds frappant le sol, les chants, la nuit, le feu.
Le feu. Le centre de cette soirée, c'était ce feu qui dansait bien plus que quiconque. Qu'est-ce qu'il me disait ? Le feu peut parler ? Depuis quand ? Mais je suis sûre de l'avoir entendu. Et derrière moi il y avait un chemin et quelqu'un. Non, pas une personne non. Tout devient flou dans mon esprit, je n'ai pas vécue cette scène, pourtant j'ai l'impression d'y être.
Je suis face au brasier. Tout le monde danse autour de moi, j'aperçois Charles discuter avec un couple de druides, la grande prêtresse maintient le rythme et elle semble fermer les yeux exprès. Je me retrouve immobile au milieu de la cérémonie sentant cette présence derrière moi. Je n'ai plus la notion du temps ou de l'espace, et lentement je me retourne et un chemin se forme vers le milieu du bois. Une silhouette semble m'épier de loin.
Mes jambes bougent toutes seules. Les sons deviennent de plus en plus lointain, la lumière du feu se dissipe, seul la lune éclaire ma route. J'avance encore et encore, vers cet être ou cet esprit. Arrivée à sa hauteur, je me rend compte qu'il frôle les hautes branches des arbres. Recouvert d'un drap blanc, je devine ses longs bras sous le tissu presque transparent. Le silence règne, il se retourne et continu d'avancer semblant m'indiquer de le suivre.
Les bois sont de plus en plus sombre, et les plantes environnantes se transforment à son passage, s'illuminant d'une lueur translucide. Des lucioles virevoltes
entre les branchages. Les étoiles remplace désormais la lune, et avant de n'être dans le noir complet nous parvenons à un carrefour. L'être à disparu, et cinq chemin ornent les contours de la clairière. Le premier sent la fraîcheur et les sources, le second sent le printemps et la verdure, le quatrième est sombre et empli de ces fleurs luminescentes, le cinquième sent la roche et la chaleur, quant à celui du milieu il sent le miel et la lumière.
Sans réfléchir, mes pas me guident vers le quatrième chemin, semblable à celui que je viens d'emprunter. Les lucioles qui jusque là me suivaient me devancent et me tracent un fil de lumière au travers de l'épais brouillard. Mon corps se meut avec autant de liberté que d'une étrange mollesse, comme anesthésié ou envahi d'une force inconnue. L'odeur des bois et de l'eau s'intensifie, le chant des oiseaux tinte dans mes oreilles. C'est alors que devant moi se dessine enfin le bout du chemin et j'entre dans une obscure clairière enveloppée de la lumière diaphane de la lune, l'herbe fraiche entour un bassin surplombé de roches hautes entrelacé dans un arbre comparable à un saule pleureur. Je distingue les êtres encapuchonnés du haut des rochers, cette fois-ci ils sont au nombre de six : trois en noir et trois en blanc.
Je gravis la pente ardue jusqu'aux esprits. Un plateau d'herbes et de mousses s'étale en un cercle imprécis, en son centre près du saule pleureur les êtres bordent une pierre circulaire lisse ou un symbole est gravé. Ma conscience s'évapore à force d'avancer vers le centre. Je tend ma main pour sentir les marques, les rainures, la température et l'humidité. Je sent la roche comme un
cœur ardant qui bat, je vois son passé, je vois son âme. Un bruit heurte ma tête.
Les images s'accélèrent et se bousculent. Je traverse tout sorte de paysage : les profondeurs de la terre, les murs d'un vieux château, le sommet d'une montagne. La vie grouille même lorsqu'elle est insaisissable. Un bruit heurte mon esprit.
Je reviens face aux êtres, ils semblent me faire signe d'un au revoir. Un bruit heurte ma tête, je suis dans mon lit.
Ma tête est toujours ensommeillée et je me remémore difficilement le rêve étrange que je viens d'avoir. Je suis sûre que c'était important. Je m'empresse de tendre mon bras vers ma table de chevet et y extorque un cahier et un stylo sur lequel j'écris à la hâte le moindre détail. Le lieu, les différents chemins, les êtres, les sensations, et le fameux symbole gravé dans la roche. A peine ma dernière phrase écrite avec une calligraphie plus que brouillon, des coups sont frappés sur ma porte et la sonnette retentit.
Qui peut bien venir me déranger un dimanche ? Je vérifies l'heure, il est 17h30. J'ai dormi toute la journée.
Je m'extirpe de mon lit en grommelant et vais ouvrir la porte en lâchant par moment "oui oui, j'arrive" afin de calmer l'intru apparemment pas gêné de déranger mon jour de repos. Je m'attend à voir Charles même si c'est peu probable, ou bien ma voisine du dessous venu demander de la farine mais en ouvrant la porte je suis surprise de découvrir deux jeunes enfants et une jeune mère chargée de ce qui semble être un gâteau fait maison. Les deux petites terreurs et leur génitrice me regardent tout autant interloqués de me voir, ils ont tous cessés de bougés surtout les petits : l'un avec le doigt sur la sonnette et l'autre les deux poings levés là ou se trouvait ma porte.
La femme reprend contenance et comprend la méprise aussi vite que nos regards se croisent
-Oh je suis navrée, nous nous sommes trompés d'appartement ! J'étais persuadée que nous étions au 57.
Ce n'est pas la première fois depuis que j'ai emménagé. Fichus numéros de portes sans aucun sens.
-Ca arrive souvent, ne vous inquiétez pas. Les appartement 60 à 68 sont au 5ème, et les 50 à 58 au 6ème.
Elle me regarde comme si je venais de lui dire que je suis une licorne et que je vis dans le monde imaginaire.
-Hein ? Heu, ah bon, c'est…
-Bizarre ? Oui, on ne sait pas pourquoi mais apparemment les numéros ont mal été mis et ils n'ont rien modifiés depuis !
-C'est cocasse oui, encore désolée de vous avoir dérangée alors.
-Pas de soucis, bonne journée !
Ses enfants et elle me disent au revoir et reprennent l'escalier en trottinant. Je lâche un soupir. C'est fou, je ne sais pas combien de fois les invités de mon voisin se sont trompés, il serait temps qu'il les préviennent à l'avance. Mais ce serait peut-être exagéré d'aller me plaindre pour si peu. Et si je lui laissais un mot dans sa boîte au lettre ? Si je tourne bien mes mots, ça ne sera ni trop agressif ni trop chiffe.
Je me tourne vers mon miroir et je remarque enfin les dégâts de ma nuit blanche, ils ont dû me prendre pour une fêtarde habituée au vu mon accoutrement : ma jolie tresse et mon ruban sont emmêlés et en bataille, ma robe s'est froissée et mon teint creusé par la fatigue dévoile d'avantage mes cernes qui ont tournées au gris violet, sans parler des magnifiques traces de mon oreiller sur le côté droit de ma face. Un bon bain ne me fera pas de mal je suppose, et imaginer une livraison de sushi juste après me remet de bonne humeur.
Je prépare soigneusement mes huiles essentielles de lavande et de lilas blanc, mes bougies parfumées à la cannelle et mes soins pour le corps. Pendant que l'eau coule et remplie ma baignoire, je sors mes vêtements du dimanche et des sous-vêtements à peine secs qui sentent encore la lessive de la veille. Je me déshabille sans prendre en compte là ou je laisse tomber mes habits sur le carrelage de la salle de bain et plonge les pieds puis tout mon corps dans l'eau chaude et moussante.
Je suis au paradis.
Pendant que je me prélasse dans l'eau en appliquant mon masque pour les cheveux, je songe à mon initiation qui aura bientôt lieu. Ma protectrice m'a assurée que ce n'était pas important de ne pas avoir encore découvert tous mes dons, mais cela m'inquiète quand même. Tout le monde a déjà sa spécialité et sait ou aller, je suis encore à la même étape qu'il y a plusieurs mois, un espèce de flou, d'entre-deux désagréable. Si seulement j'étais capable de ne pas me prendre autant la tête, je dois être un vraie calvaire pour la grande prêtresse. Après tout, je n'étais pas sensée être une sorcière, elle même est surprise de me voir parmi ses disciples avec mon esprit si cartésien. Je ne crois pas en l'astrologie, ni en la destinée, encore moins aux lignes de la main, je tire des cartes sans y voir le dessin de l'avenir mais juste une introspection profonde et pourtant je chante et je danse en l'honneur de la déesse mère, je prie chaque jour pour la paix et l'harmonie, je crée des jarre de protection et j'ai des visions de l'avenir. Pourquoi faut-il que je sois si partagée entre le monde physique et le monde invisible ? J'aimerais connaître tant de réponses.
Mes pensées s'évaporent à nouveau lorsque la sonnette retentit encore. Mais c'est pas vrai merde ! Il en a combien des invités celui-là ? Je jette un coup d'œil à mon téléphone : 18h30. Bon, j'ai pu avoir une heure tranquille dans mon bain c'est déjà pas mal. Je me rince à la va vite et sèche grossièrement mes cheveux avec une serviette. J'enfile mon peignoir et me dirige d'un pas rapide vers la porte d'entrée et commence déjà à parler avant de l'avoir ouverte
-Ce n'est pas ici ! Les étages sont intervertis, vous devez monter au
J'ouvre.
-Au...
Devant moi se dresse un jeune homme, probablement de mon âge, les cheveux noirs, le regard bleu, il n'a pas l'air étonné le moins du monde en me voyant. Il semble observer avec attention les gouttes qui perlent dans mes cheveux et tombent nonchalamment sur l'épais tissu éponge de mon accoutrement. Ses yeux reprennent la direction des miens sans siller.
-Bonjour, je suis votre voisin du dessus je m'appelle Caleb.
-Heu, bonjour. Eurydice, enchantée.
-Je tenais à m'excuser, j'ai oublié de parler à ma sœur des numéros d'étages. Est-ce que nous pourrions nous tutoyer ?
Il paraît bien formel.
-Bien sûr. Dis-je en souriant
-Parfait, en fait je voulais t'inviter ce soir. On a prévu beaucoup trop à manger et je voudrais me faire pardonné toutes les fois où j'ai oublié de prévenir mes amis.
Je laisse quelques secondes s'écouler avant de répondre pour voir sa réaction. Est-ce que c'est un stressé ou non ? Je n'arrive pas à bien le cerner, il n'a pas l'air très bavard. Pourtant je vois ses doigts triturer sa manche, ses yeux semblent chercher une réponse dans les miens et un nerf sautille sous sa mâchoire. Il n'essaye pas de combler le silence qui s'installe, il semble se contenir. Mais je ne vais pas le laisser attendre plus longtemps, sa réaction me suffi.
-Hmmm, oui pourquoi pas. Le temps de m'habiller et j'arrive.
Une vague de soulagement se déverse dans ses yeux.
-D'accord, à de suite.
Sa réponse et son ton restent sobres, et un mince sourire de politesse étire ses lèvres puis d'un léger signe de tête se tourne vers le cage d'escalier. Je referme la porte. Ça cogne dans ma poitrine jusque dans mes oreilles.
Il avait de beaux yeux quand même.
J'ouvre avec vigueur ma penderie et pousse les amas de tissus en tout genre. Pourquoi je ne sais pas quoi mettre alors que la tringle à l'air au bord de la rupture ? Je sélectionne une robe bohème en broderie anglaise, des sandales en cuire marron et une ceinture à nœud. Je sèche en vitesse mes cheveux en les secouant dans tous les sens et en les frottant à une serviette. Je finis par les attacher en chignon tressé avec mes rubans habituels. Heureusement que j'ai pris le coup de main pour ne pas y passer une heure !
Habillée et coiffée je fais un crochet par mon balcon. Je ne vais pas me ramener les mains vides, ça ne fait pas très poli ( et en même temps il m'a prévenue à la dernière minute). Je m'empare de mon sécateur et récolte de quoi faire des bouquets de menthe, de thym, de persil et de lavande; puis les assemble avec une ficelle en lin avant de quitter mon appartement d'un pas expéditif.
Chapitre 2
En montant les marches mon ventre se serre un peu, bien que je sois relativement sociable il faut croire que cette invitation précipitée m’a un peu chamboulée. Et puis je n’ai encore rien mangé, ça ne doit pas vraiment aider.
La chaleur de la cage d’escalier est presque étouffante, je sens la moiteur de ma nuque agripper quelques jeunes cheveux. Mon cœur bat un peu plus fort que d’habitude, j’appréhende un peu de faire face à mon voisin et à sa famille après nos échanges, courts certes, mais pas à mon avantage. Et puis il est si froid et formel, pourquoi ai-je accepté ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ?
55, 56… 57 ! Je toque de trois coups vifs sur la vieille porte en bois. J’entends des éclats de voix depuis l’autre côté, des rires enfantins et des pas qui se rapprochent. Caleb m’ouvre, un petit sourire de politesse plaqué sur le visage. Il est tellement distant que c’en est déstabilisant.
-Bienvenue chez moi, entre.
Je ne me fais pas prier et lui passe devant tout en lui adressant un « merci » en souriant.
-C’est gentil de m’avoir invitée !
En continuant ma route je croise le regard de sa sœur assise sur une chaise en bois à moitié sur le balcon, une cigarette fumante à la main. Les deux enfants sont dans une active partie de cache-cache, et stoppe net leur partie en croisant mon regard.
L’appartement est agencé de façon identique au mien : une très grande pièce à vivre avec une cuisine, un salon, un coin bureau et une grande baie-vitrée donnant sur un petit balcon suffisent pour y placer une table, une chaise et un canapé d’extérieur. La salle de bain est entrouverte, tandis que le lit est caché derrière un rideau semi-occultant dans un coin.
La pièce est très ordonnée si l’on omet le monticule de bordel sur le bureau : des livres à n’en plus finir, montés les uns sur les autres sur une pile fragile et très certainement instable. D’ailleurs, la pièce entière est emplie de livres sur plusieurs étagères étalées sur presque tous les murs : j’y distingue des romans connus, tout comme des BD uniques en leur genre, et des collections d’encyclopédies de nature et d’histoire.
-Oh, rebonjour ! Eurydice c’est ça ? Je m’appelle Martha !
Martha ressemble tellement à son frère qu’il n’y a aucun doute sur leur parenté, mais son caractère est aux antipodes de ce dernier. Elle respire la jovialité et la douceur, en me saluant elle écrase son mégot dans un pot à confiture reconvertit en cendrier et se lève rapidement en ma direction. Elle n’hésite pas à me faire la bise, en continuant de parler comme si nous nous connaissions depuis des années. Une forte odeur de tabac sort de ses lèvres tandis que les effluves de son après-shampoing au citron se répandent lentement à chaque mouvement de tête.
-J’espère qu’on ne t’a pas trop dérangé alors qu’on est dimanche !
-Non, ça va. Et puis au moins j’ai pu faire votre connaissance !
-Tu peux me tutoyer tu sais.
-D’accord c’est noté, mais je voulais surtout dire que je n’ai pas non plus croisé Caleb, c’est la première fois que nous nous parlons !
Elle me sourit en fronçant les sourcils comme interloquée par ce que je viens de dire et pivote son visage vers son frère.
-Ah bon, eh bien il était temps alors !
Elle adresse un regard appuyé à son frère, semblant ne pas soulever la remarque. Je préfère ne pas continuer cette conversation, ne sachant pas ce qu’elle tente de sous-entendre et me tourne vers Caleb.
-Je t’ai amené des herbes aromatiques !
-Merci.
Il les saisit et les range dans la foulée dans des bocaux en verre. Il ne fait vraiment aucun effort sur l’amabilité, on dirait que ma présence ne l’enchante pas. Et vu la réaction de sa sœur à mon égard, j’en déduit que c’est d’elle que vient l’invitation. La sensation d’avoir été convié par obligation est exécrable, néanmoins je remarque les efforts que Martha fait pour combler les blancs de son frère et égayer la soirée du mieux qu’elle peut.
Caleb me fait signe de m’assoir pendant que les bambins se présentent à moi avant de se ruer vers les gâteaux apéritifs sous les yeux faussement sévères de leur mère. Tandis que Caleb s’attèle en cuisine, Martha me pose toutes les questions possibles et imaginables : quel âge j’ai, quelles études je poursuis, mes passions, mes films préférés, mes plats favoris, je n’en ai jamais autant dit en si peu de temps à une personne que je connais depuis moins de trente minutes.
Ce n’est pas faute de tenter d’amener la conversation vers elle, car à peine a-t-elle répondu à ma question qu’elle en enchaine une autre sur moi. Elle est d’une curiosité redoutable.
Son téléphone sonne et elle s’excuse avant de décrocher en parlant dans une langue que je n’arrive pas à déterminer. J’ai l’impression de l’avoir déjà entendue ou de la reconnaître mais impossible de mettre le mot dessus. Elle sort de sa poche son paquet de cigarette et en allume une en ouvrant la baie vitrée vers le balcon, puis la referme sur son passage, laissant seulement quelques millimètres entre la vitre et le loquet.
Elle va en avoir pour longtemps et j’en profite pour me diriger vers la cuisine.
-Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
Caleb tourne à peine sa tête pour croiser mon regard avant de remettre le nez dans ses découpes.
-Tu es une invitée, tu n’as rien à préparer.
-J’insiste.
Il fait une courte pause pesant le pour et le contre, et sans aucune émotion dans la voix me dit
-Tu peux couper les fruits pour le dessert.
Puis il me glisse sur le plan de travail une planche et un couteau. Vraiment, vraiment froid ce garçon.
Pendant que je me mets à couper les pêches, je vois du coin de l’œil la grande pièce à vivre. Sur le mur d’en face, une grande carte du monde est accrochée avec plusieurs épingles piquées dessus. L’Ecosse, la Norvège, l’Allemagne pour les plus connus des pays, mais surtout une grande quantité de petits pays de l’Est et d’îles nordiques perdues au milieu de l’océan.
Ce sont des endroits qu’il a visités ? En tout cas c’est pour le moins original, à part trois pays je n’en connais aucun autre, et pour certains j’ignorais même leur nom.
-C’est tous les pays où tu as voyagé ?
Il lève son regard vers la carte un instant.
-Oui.
-Ce sont des destinations rares, pourquoi y es-tu allé ?
Il fait une légère pause, je remarque ses mains couper plus lentement les légumes et ses yeux dévirent vers son esprit.
-Pour le travail.
-C’est impressionnant, ça doit être tellement enrichissant de découvrir de nouvelles cultures. Tu travailles dans quel domaine ?
-Je suis chercheur anthropologue si on peut dire.
-Si on peut dire ? Tu étudies les civilisations ?
-Un truc dans le genre.
-Tu travailles pour une université de recherche ?
-Non, je fais partis d’un groupe de recherche dans une sorte d’organisation de protection.
L’atmosphère se tend de plus en plus, et je décide de changer de sujet.
-Tu as une collection incroyable de livres, j’ai remarqué que tu avais de nombreux ouvrages de poésie médiévale, quel est ton auteur préféré ?
- Question épineuse, le moyen âge est une période tellement vaste !
J’entends enfin un peu plus d’intonation et d’émotions dans sa voix.
-Je dirais Dante, même si je n’ai lu que les traductions. Sinon ma « madeleine de Proust » serait Chrétien de Troyes.
-Une madeleine de Proust ? Tu l’as lu jeune ?
-On peut dire ça, j’ai plutôt été forcé part ma professeure de français. Je détestais vraiment lire et faire mes fiches de lectures.
Je me redresse l’air étonnée en tournant la tête vers chacun des murs remplis de livre. Il s’agit plus d’une bibliothèque que d’un appartement à ce niveau.
Il pouffe légèrement de rire devant ma mine interrogatrice.
-Oui, on ne dirait pas comme ça. J’étais collé toutes les semaines à cause de ça. J’en avais tellement assez de passer mes mercredi après-midi en retenue que j’ai appris à lire plus vite, et au fur et à mesure des années j’ai finis passionné de littérature.
-J’appelle ça plutôt un syndrome de Stockholm !
Nous rions franchement, et toute la tension qui semblait s’être accumulée semble un lointain souvenir.
-Et donc ? Chrétien de Troyes ?
-Et donc, j’ai commencé en lisant « Yvain le chevalier au lion » et puis…
La chaleur de la fin d’après-midi d’accorde parfaitement avec ce moment. Les murs invisibles qui jusque-là se sont évaporés. On entend les cigales au loin, quelques bribes de conversation de Martha, et les nuées d’oiseaux dans le ciel. Nous sommes entrés dans un monde d’histoires chevaleresques et de mythes dont nous explorons les recoins avec empressement. En discutant avec lui, je remarque alors des détails qui jusqu’à présent m’avaient échappé : des fossettes au coins des lèvres lorsqu’il sourit, ses yeux rieurs et ses expressions sournoises tapissant son visage et parant ses lèvres d’un sourire narquois. Il est grand, bien plus que je ne l’avais remarqué, car il tente de se mettre à ma hauteur comme il le peut et je me tiens aussi droite que possible pour aller à la sienne.
Martha a fini sa conversation, et nous rejoins dans la cuisine. Nous commençons à sortir les couverts et à mettre la table lorsque les enfants reviennent vers nous. Le repas est agréable, les deux petites terreurs sont étonnamment plus calmes que je ne l’aurais imaginé, et Caleb se montre plus bavard qu’au début. Surement le fruit de notre conversation, qui sur moi aussi a eu un bon effet. Je ne lui tiens même plus rigueur de sa froideur initiale.
Je réalise cependant que je ne sais pas pourquoi il a tant tardé à venir se présenter. Et pourquoi aussi, n’a-t-il jamais prévenu sa famille des numéros d’étages. Je peux aussi trouver stupéfiant que sa sœur ne soit venue que plus d’un an après son emménagement, mais peut-être vivait-elle loin. Caleb, et ce qui l’entoure, est énigmatique.
Je finis mon assiette lorsque Caleb apporte la salade de fruit, apparemment pas au gout des deux diablotins qui s’empresse de demander l’autorisation à leur mère de sortir de table, ce qu’elle accepte.
-Quand je pense à tous ses livres, je me dis que les heures de colles ont bien été utiles pour Caleb ! Je me souviens que maman lui disait tout le temps à quel point il pouvait être têtu mais pas autant que la professeure de français !
-C’est ce que j’ai cru comprendre oui, dis-je d’un sourire moqueur.
-Ah mais ça ce n’est qu’une petite histoire de Caleb ! Tu n’imagines pas comme il était insupportable quand il s’y mettait.
Je le sens se raidir légèrement et stopper son geste en tentant de capter le regarde de sa sœur. Il semble savoir qu’il va passer quelques minutes gênantes.
-Parce que ce petit imbécile ne faisait pas que ne pas lire ! Il s’est évidemment fait coller pour avoir collé l’intégralité du bureau du CPE !
-… Pardon ? C’est-à-dire… collé ?
-Collé ! Il a mis de la colle forte sous tooooouuut le matériel du CPE : portecrayon, stylos, téléphone, journal, lampe, règles, tout !
Je me tourne vers ce qui semblait être à l’époque une terreur et qui aujourd’hui se cache derrière des vêtements sages et un appartement de premier de la classe.
-Mais enfin pourquoi ?
-Mais quelle excellente question, tu veux raconter Caleb ?
-Non je m’en passerais.
-Et bien tant pis je vais le faire, de toute façon je raconte mieux que toi !
Martha est décidément un ouragan, elle continu son récit avec des mouvements dignes du théâtre de Molière, et mes rires ne font que s’accroître tandis que Caleb se ratatine sur sa chaise passablement mal à l’aise.
Les cigales chantonnent par-delà les vitres entrouvertes cachées dans les pins de la rue, la nuit est encore chaude et les enfants de plus en plus silencieux se sont assoupis sur le banc de la terrasse. Martha finit par boire son verre d’eau d’une traite avant de rassembler les derniers couverts jonchant la table à manger tout en jetant de furtifs coup d’œil à l’horloge.
-Il commence à être tard je vais rentrer.
-Laisse la vaisselle, je m’en occuperai.
-Trop tard !
Elle est déjà debout, les assiettes et bols empilés dans une main et la carafe d’eau dans l’autre. Son frère nettoie à la va-vite la table et lève ses yeux vers les miens.
-Je vais faire de la tisane, tu en veux ?
-Oui merci.
J’imaginais ne pas m’imposer encore trop longtemps et partir en même temps que Martha. Je suis bien trop intriguée par ce personnage pour m’en aller. A peine levée, celle-ci est en train de réveiller doucement ses enfants avant de m’enlacer amicalement. Entre deux bises elle souffle rapidement « j’ai été ravie de te rencontrer, à une prochaine j’espère ! » et sors de l’appartement en quelques secondes. Il n’y a plus un bruit d’un coup, ça me fait bizarre.
Je prends la direction du balcon comme pour m’habituer à cette nouvelle ambiance. Le bruit lointain des voitures et des cigales m’apaise. D’ici on entend les groupes d’étudiants en soirée dans la vieille ville et ceux qui se réunissent en bas du quartier, alors que bien des lumières de maisons et d’appartements s’éteignent progressivement. Tout se passe et rien ne se passe en même temps.
-Sucre ?
Je suis tirée de mes rêveries.
-Non merci.
Caleb pose deux tasses fumantes sur la table en fer forgé, à côté du cendrier où il reste les vestiges du passage de Martha.
-Merci.
Plusieurs minutes passent dans un silence religieux. Je n’ai jamais aimé les silences lorsque je suis avec d’autres personnes, habituellement cela me met mal à l’aise. Finalement, je me rends compte que je lui ais fait subir ce que je n’aurais peut-être pas supporté moi-même lors de notre première discussion. Je me savais taquine mais pas sournoise envers un parfait inconnu. Se confronter à ses propres contradictions permet de grandir, il faudra que je creuse un peu plus.
-Histoire du droit c’est ça ?
-Hein ?
Je me surprends à nouveau à revenir à la réalité. Mon esprit divague beaucoup trop ce soir.
-Tu étudies l’histoire du droit c’est ça ?
-Ah, oui en effet. Tu nous as entendu quand je parlais avec ta sœur ?
-Difficile de ne pas entendre Martha.
Je pouffe. L’écart de caractère entre ces deux-là est vraiment amusant.
-Je suis contente d’avoir fait ta connaissance !
-Moi aussi, je ne suis pas vraiment du genre à aller vers les gens.
-J’ai vu ça oui, heureusement qu’il y a des numéros d’appartement chelou dans cet immeuble.
Il boit une gorgée de tisane et continu de me fixer. L’ambiance reste agréable mais je sens que sa réponse aura bien plus de poids que tout ce dont nous avons parlé jusqu’ici, du moins s’il accepte de répondre.
Je bois à mon tour sans détourner mon regard du sien.
-Heureusement oui. Et heureusement que ma voisine du dessous est discrète, en particulier tous les premiers samedis du mois.
Il sait.
Nous nous regardons.
Et nous changeons de conversation, comme si la dernière n’avait jamais eu lieu.
Dernière modification par Eiwa (Le 15-05-2023 à 17h20)