>> Présentation
Bonjour à tous !
Après une longue absence du monde d'Eel, j'ai décidé de me replonger dans cet univers que j'aime tant (et je découvre un site complètement transformé, que s'est-il passé, par tout les dieux ? ! ).
J'ai donc décidé de ressortir ma fanfic que j'aime tant et que j'aimerai mener à terme! Donc me voici de retour sur les Contes d'Eel ! (Hourra!)
Le récit tournera surtout autours de ma gardienne, de quelques autres personnages (tirés du jeu ou inventés de toutes pièces) et traitera grandement des loup-garous et autres lycanthropes. Je précise que pour ce qui est de ma gardienne, je m'éloigne un peu de celle du jeu car la mienne est née à Eel. Mais je garde les épisodes (de Origins) comme trame pour une bonne partie des missions et de l'intrigue. Je précise aussi que je n'ai pas fini Origins (et donc pas commencé New Era) et que je vais probablement prendre une autre direction à un moment donné pour rester sur mon fil rouge et atteindre le dénouement que j'ai prévu à l'époque où j'ai imaginé cette fanfic. J'espère que ça vous plaira tout de même ! ^^
Vous pouvez d'ores et déjà lire la genèse sur ce post, les autres chapitres seront posté à la suite ainsi que sur le post qui suit. Celle-ci raconte la création de la tribu dont fait partie ma gardienne et est aussi la base des croyances de son peuple.
Je tiens tout de même à préciser que la religion ne sera pas un point central de ce récit (enfin pas dans un premier temps à priori...).
Sur ce bonne lecture à vous, et n'hésitez pas à laisser un petit mot, ça me fera tellement plaisir :3
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Des prévenus au poil
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A tous les enfants d'Eldarya
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>> Genèse
La Légende de Neuri
Il y a de ça des temps immémoriaux, un rayon de Lune toucha la surface gelée d’un lac de toundra. Les flocons de neige en traversant ce rayon lunaire scintillaient de mille feux et se parèrent de mille couleurs. Puis ils se déposèrent sur la surface gelée du lac lui donnant l’aspect d’une douce perle sertie dans le paysage en désolation. C’était si beau et plein de douceur, que la Nature en fit naître sa première fille, Neuri.
La peau pâle comme la Lune, la chevelure scintillante comme la neige et les yeux irisés comme des joyaux, où l’on pouvait voir toutes les couleurs existantes. Elle était si belle, que Ciel et Soleil en tombèrent amoureux. Inlassablement, ils lui firent la court, mais jamais Neuri ne donnait suite à leurs avances. Elle préférait déambuler seule dans la toundra et les bois gelés. Ciel et Soleil finirent par prendre Nature à parti et lui demandèrent de raisonner Neuri. Nature demanda à sa fille de prendre une décision, d’éconduire les deux soupirants, ou de répondre favorablement à l’un d’eux. Mais en aucun cas ne les laisser espérer en vain. Neuri confia à sa mère qu’elle avait déjà trouvé un aimant, et qu’elle irait donc éconduire Ciel et Soleil. Curieuse, Nature demanda qui était donc l’entité qui avait su gagner le cœur indomptable de sa fille. Pas une entité, lui répondit Neuri. Un loup. Un loup qu’elle avait croisé maintes fois dans les bois. Qu’elle avait observé, approché. Qui l’avait subjuguée. Un animal qui vivait au sein d'un groupe soudé, qui respectait les plus forts, protégeait les plus faibles. Un animal à la fois si indépendant et tellement lié à sa famille. Un être qui vivait une vie simple. Ce à quoi aspirait Neuri. Nature était dubitative, mais après tout, sa fille avait toujours suivit sa propre voie. Ne lui restait plus qu’à éconduire Ciel et Soleil.
Sous le zénith, Neuri se présenta devant Ciel et Soleil. Doucement, tranquillement, elle les remercia pour l’attention qu’ils lui portaient, puis leur expliqua qu’elle ne pouvait accepter leurs avances. Blessé mais compréhensif, Ciel se retira derrière les épais nuages et de tristesse, laissa une pluie verglaçante balayer la toundra pendant plusieurs jours. Neuri se réfugia à la tanière du loup pour échapper au déluge. Quand Ciel se calma, Neuri et les loups sortirent de la tanière. Quand Soleil vit Neuri et le loup s’enlacer, il entra dans une telle colère qu’il descendit sur Terre et, aveuglé par la jalousie, tua le loup. Nature, entendant le cri de détresse de sa fille, accouru pour chasser Soleil. Mais comme il était nécessaire à la vie sur la toundra, il ne fut pas définitivement bannit. Il aura le droit d’apparaitre quelques heures par jours. Nature réconforta sa fille et transforma le loup en constellation, ainsi, durant chaque longue nuit, Neuri pourrait contempler son aimé. Mais gagnée par la mélancolie, Neuri se replia sur elle-même.
La meute du loup ayant perdu son chef, elle prit la forme d’une louve blanche et elle alla vivre avec eux au plus profond de la forêt boréale, loin des yeux de Soleil. Elle prit soin de la meute et donna naissance aux premiers lycanthropes : deux garçons, Vironsusi, le mélancolique, et Wawkalak, le solitaire ; ainsi qu’une fille, Vilkacis l’impétueuse. Chacun de ses enfants avait le pouvoir de se transformer en loup ou de reprendre forme humaine à volonté. De génération en génération, les trois enfants de Neuri formèrent trois tribus fraternelles et prospères. Ces trois tribus formèrent le peule des Neurikas.
>> Chapitre 1
La délégation
Cachée derrière un large tronc, Himani soupira. Pour cette chasse, on lui avait confié une sacrée bande de bras cassés. Ces jeunes était au mieux incompétents, au pire insubordonnés pour certains. Ce n’était tout de même pas compliqué de suivre des directives… Elle grommela en chassant un flocon de neige qui avait eu le malheur de se perdre sur la lame de sa faux. Au loin, les bruits de la chasse la faisaient grincer des dents. Elle imaginait très bien la scène. Au début elle les avait observés, puis elle avait décidé de leur laisser la bride au cou, histoire de voir comment ils s’en sortiraient. De jeunes loups malhabiles qui se jetaient sur le troupeau sans même prendre le temps d’évaluer la situation, sans même se concerter. Ce serait un miracle que le groupe ramène de quoi manger ce soir.
Les novices se tenait tout penaud face au regard assassin d’Himani. Un malheureux danalasm. À huit, il n’avait pas été capable de ramener plus que cette pauvre créature maigrichonne.
— Grande Neuri ret’nez moi d’faire un malheur, murmura Himani en se pinçant l’arrête du nez. Vous vous fichez d’moi ?! Quel foutu mot vous n’avez pas comprit dans « chasse au bafulow », s’écria Himani en détachant bien chaque syllabes des trois derniers mots.
Certains se tortillaient, mal à l’aise.
—Vous mériteriez que j’vous envoie ma faux dans les gencives ! continua-t-elle. Ramassez-moi ça ! Ça sera vot’ repas de ce soir. Et qu’j’en choppe pas un à croquer d’dans avant qu’on soit arrivés !
La troupe se mit en marche, Himani fermant la marche. Tout en évoluant à travers les arbres, elle humait l’air glacial de l’hiver. Réflexe de chasseur. Elle avait conscience d’être dur avec les jeunes. Mais leur environnement l’était plus encore. Un interminable hiver suivit seulement de trois mois de redoux façonnait ce paysage et rendait les créatures qui y vivait tantôt dangereuse, tantôt fugace. Il fallait unir ses forces ici pour vivre. Pour survivre. Certains prédateurs de la toundra valaient bien deux loup-garou comme eux. Et les proies, bien que présente en profusion, étaient soit rapides, soit si puissante qu’un loup seul ne pouvait en venir à bout. Himani avait été élevée et instruite dans cette idée. La meute prendra toujours soin de toi, mais prend toi-même soin de la meute. Discipline et travail d’équipe, c’était bien peu cher payer pour profiter sereinement de la chaleur d’un groupe, d’un foyer, d’un bon repas chaud… Les dominants, forts, prenaient soin des plus faibles, plus soumis, et ces derniers assuraient la cohésion du groupe de par leur nature non belliqueuse. Himani faisait partie de la classe des chasseurs. Cela signifiait qu’en temps que chasseuse aguerrie, elle assurait l’approvisionnement en viande d’une partie de la tribu. Plusieurs hunters de la tribu se partageaient le territoire autours du village. Chacun dirigeait un petit groupe d’environ 8 loups dont l’un deux était le bras droit du meneur. On les appelait ko’hunter. Himani était une ko’hunter. En plus d’assister son chef, elle faisait partie de ces bons éléments à qui l’on demande d’instruire les jeunes.
Himani et son groupe atteignirent le village. Les yourtes disparaissaient presque sous les gros flocons de neige tombant inlassablement depuis plusieurs jours, elles ressemblaient à de grosses taupinières de glace. Au centre du village, se trouvait le hall, une immense yourte qui abritait l’ensemble des familles lors des repas ou des rassemblements. C’était là aussi que se prenaient les grandes décisions et là encore où se trouvait l’autel de Neuri.
Se dirigeant vers le hall, Himani passa devant le haut totem à l’effigie de la déesse. À l’instar des jeunes qui la précédaient, elle inclina la tête en direction de l’idole. Tout ce qui ne serait pas mangé ce soir sera déposé en offrande aux pieds de la déesse. Viscères, restes, mais surtout le cœur, organe noble qui lui était toujours réservé. Son chef l’attendait à l’entrée du hall. Les jeunes passèrent devant le géant en baissant la tête. Himani s’arrêta à sa hauteur. Elle faisait partie des rares personne à ne pas s’incliner devant Brakhil. En tant que seconde, elle aurait du, mais ils avaient dépassé ce stade depuis longtemps et tout le monde le savait. Ils n’étaient pas engagés officiellement l’un envers l’autre, mais ils formaient une bonne équipe et étaient sur la même longueur d’onde pour bien des choses. Alors comme disait Himani, pourquoi se priver d’une relation qui marche si bien ?
— T’ont rapporté quoi de beau, demanda Brakhil.
Himani soupira :
— Un fichu danalasm. Je les envois au bafulow et ils me ramènent… ça !
Le géant souriait en écoutant sa seconde gromeler et gesticuler.
— Ils débutent… Rappelle-toi que tu as été jeune toi aussi. Tu as été à leur place un jour.
— Pas longtemps, heureusement, ronchonna la louve. J’aime pas les mômes…
— Tu es surtout trop exigeante, rien à voir avec leur âge, nota Brakhil.
—Si on m’donnait les meilleurs, ça ne s’verrai pas qu’je suis exigeante, et on laisserait ceux-là à ceux qu’ça gêne pas…
Brakhil leva les yeux au ciel. Inutile d’insister avec Himani quand elle était dans un mauvais jour.
— On se rejoint après le diner, proposa-t-il.
Himani hocha la tête puis rejoignit ses élèves. Un bon débriefing s’imposait avant de manger. Assis en cercle sur une peau de bafulow, ils l’écoutaient exposer chacun des points de la chasse, depuis leur préparation jusqu’à l’abatage de la cible. Aucun ne moufta face aux critiques. Puis leurs assiettes furent apporté, chacun avec un morceau de danalasm, accompagné de quelques légumes et céréales, ce qui constituait un maigre repas pour un ventre affamé de jeune loup. Himani mangea avec ses élèves, ne prêtant que peu l’oreille à leur bavardage. Elle quitta le hall bien avant eux, saluant au passage quelques connaissances. Brakhil était déjà dehors, il contemplait la lune. Himani se posta près de lui et s’appuya contre son flanc.
— On se met au chaud proposa-t-il sans détacher le regard du ciel.
Himani sourit en coin. Elle savait toujours ce qu’il avait derrière la tête, que ce soit dit à demi mots, ou juste d’un simple regard.
— Toi, t’es pas fatigué de ta journée, ricana-t-elle.
Pour toute réponse, il passa son bras dans le dos et ils se faufilèrent nonchalamment entre les yourtes pour gagner celle de Brakhil.
Au petit matin, Himani fut réveillée en sursaut par des chatouillis sur sa peau. Elle sentit Brakhil glousser.
—Debout, susurra-t-il tout en suivant des doigts les lignes blanches tatouée sur la peau de la louve.
— Nan…, maugréa Himani. Les sowiges hululent encore…
— Si si, il faut qu’on soit près à l’aube.
Il souleva la louve pour se dégager et se leva de la couche. Himani roula sur elle en ronchonnant, s’emmitouflant dans l’épaisse fourrure qui leur tenait chaud la nuit. Brakhil claqua la langue, agacé.
— Allez, la délégation arrive au levé du soleil, argua-t-il en tirant sur la couverture.
La tête échevelée d’Himani qui en dépassait se dressa d’un coup.
— Quoi ? Aujourd’hui ?
Brakhil avait quasiment fini de s’habiller. Il hocha la tête. Himani se leva d’un bond et sauta dans ses vêtements avant de fuser hors de la yourte.
— Par Neuri, vite, s’exclama-t-elle. J’suis pressée d’voir à quoi ils ressemblent ces fameux gardiens d’Eel !
>> Chapitre 2
Le départ
La neige crissait sous leur pas. Leurs montures évoluaient placidement à travers la toundra. Himani observait du coin de l’œil les membres de la délégation. Ils n’avaient pas l’air bien à l’aise, que ce soit avec leur monture ou avec le froid. Ils n’arrêtaient pas de se frotter les bras, de souffler dans leurs mains, de réajuster leur capes et manteaux. Bras nus, droite comme un piquet, Himani elle était dans son élément. Elle appréciait la caresse des flocons tombant du ciel. Elle ferma les yeux un instant et ses pensées la ramenèrent au matin même.~
Tout les chefs, les anciens et les hunters ainsi que l’alpha se tenaient devant le hall, immobiles dans le froid. Il y avait aussi quelques shamans. Himani salua d’un signe de tête les quelques personnes qu’elle connaissait bien. Tayga, une autre des rares femmes hunter, lui sourit brièvement avant de reporter son regard sur la lisère de la forêt. Himani et elle avait toujours été à la fois amies et rivales. Elles s’étaient ardemment disputé la première place de leur promotion lors de leur formation de hunter. Elles avaient toutes deux un fort instinct de compétition, mais aussi de groupe, ce qui leur avait permis de rester amies bien qu’en constante compétition. Elle était devenue meneuse, tandis qu’Himani était toujours ko’hunter. Ça avait bien faillit entacher leur amitié. Brakhil avait rappelé à Himani que même si elle avait été première de sa promotion, Tayga elle, était plus posée et réfléchie, ce qui lui avait valu la place de meneuse plus tôt. Himani devait encore faire des efforts sur ce point. Finalement, la jeune louve avait balayé sa rancune d’un revers de main en arguant que de toute façon, les responsabilités, elle n’en voulait pas. Les cheveux blancs seraient pour Tayga. Un léger frémissement parcourut l’assemblée. Alors que le soleil pointait au dessus des arbres, des silhouettes apparurent à l’orée du bois. La délégation était là. La foule des badauds s’agita tandis que les inconnus s’approchaient. Toute la tribu était réunie et chacun voulait voir au mieux ces fameux gardiens. Ils étaient cinq, chaudement habillés et armés jusqu’aux dents. Au moins étaient-ils raisonnables, pensa Himani. Il fallait être suicidaire pour se promener dans la région sans armes. Surtout pour un petit groupe. Ils saluèrent l’assemblée qui leur rendit leur salut. L’homme de tête s’avança et échangea quelques mots avec les chefs. Puis tous entrèrent dans le hall, suivit des hunters et des shamans. Une zone avait été aménagée pour que chefs, hunters, shaman et délégation puissent s’asseoir en cercle. Rapidement, l’espace restant autours de l’assemblée fut remplis par les badauds. Les réunions étaient toujours ouvertes au publique. N’importe qui pouvait venir écouter les débats et les décisions des chefs. Mais cette fois, le hall ne serait pas assez grand pour contenir tout les spectateurs. Quand le calme tomba, les échanges commencèrent. C’était la garde qui avait amorcé un rapprochement avec les Neurikas. Les chefs tout comme les shamans étaient convaincu qu’Eel était particulièrement intéressé par le secret des Neurikas : comment pouvaient-ils survivre dans une région aussi désolée sans aucun portail à leur portée ? Sans aucune alliance ? Certes ils chassaient, et ils étaient excellents en ça, mais rien de ce qui pouvait être chassé ou cultivé en ce monde n’était nutritif. Comment faisaient-ils ? Les Neurikas ne livreraient jamais leur secret. Mais une alliance, cela pouvait se négocier. Les Neurikas seraient les yeux et les oreilles de la garde dans le Grand Nord, une région où celle-ci n’avait que peu de contact et encore vierge de tout assaut d’une autre organisation. La garde et la tribu échangeraient des denrées inaccessibles pour l’autre. En particulier, la garde fournirait à la tribu ces connaissances et ces denrées médicales qui leur faisaient cruellement défaut durant les périodes les plus dures. Et pour celer cet échange, un neurika intègrerait la garde. C’était la raison de la présence de tous les hunters à cette assemblée. Un hunter rejoindrait Eel. Plusieurs étaient volontaires, mais la rumeur disait que les chefs et les shamans avaient déjà choisit eux-mêmes quelqu’un. L’élu pourrait bien sur refuser d’être envoyé loin de la tribu, mais il y avait peu de chance que ça arrive. C’était un rôle important à jouer pour le peuple neurika et peu laisserai passer cet opportunité de se rendre plus utile encore.~
Himani observait discrètement tour à tour chacun des membres de la délégation. Quatre hommes et une femme. Chacun menait sa monture avec plus ou moins de dextérité. Il y en aurait pour deux jours avant de rejoindre la côte boréale et le navire que la délégation avait utilisé pour atteindre le continent. Himani scrutait surtout la jeune femme. Celle-ci l’intriguait. Sa peau était marron et striée comme le tronc d’un arbre, et ses cheveux d’un vert végétal. Himani n’avait jamais rien vu de tel. On devinait sous ses vêtements une bonne musculature. Elle portait dans son dos une sorte de jarre étrange. C’était le premier membre de la garde d’Eel à être venu lui parler.~
Une fois le calme tombé dans le hall, l’Alpha avait été le premier à parler. La personne qu’ils avaient retenue pour accompagner leurs nouveaux alliés n’était autre que Jäger, le meilleur hunter de la tribu. Il était expérimenté, très bon dans son domaine mais n’était pas un meneur, ce qui ne ferait pas exploser tout un groupe de chasse. Jäger s’était alors levé devant tous pour annoncer qu’il refusait de laisser tomber son meneur. Un murmure avait parcouru l’ensemble de l’assemblée. La délégation semblait frémir d’incertitude. Himani imaginait très bien ce qu’ils pouvaient penser. Apparemment, on ne voulait pas les suivre. Ils avaient sûrement été prévenus que les Neurikas était très attaché à leur groupe et il était improbable d’en trouver un hors de la tribu. Alors hors du continent…
— Himani.
La louve ouvrit grand les yeux.
—Nous proposons donc Himani, poursuivit l’Alpha.
L’intéressée regarda autours d’elle. Elle ne pensait pas un seul instant qu’on la proposerait comme ambassadeur. Elle était certes un bon élément mais elle manquait cruellement d’expérience, surtout pour les questions de diplomatie. Les chefs et les shamans la fixaient intensément. Ne sachant quoi dire, elle hocha la tête pour leur signifier qu’elle acceptait. La foule s’agita derrière eux. Elle sentit la main de Brakhil presser son épaule. Himani tourna les yeux vers les membres de la délégation. Elle n’avait même pas remarqué qu’une femme en faisait partie. Cette dernière lui sourit. Une fois l’assemblée terminée, tous se levèrent. Quelques membres de la tribu vinrent féliciter Himani, lui serrant la main ou lui empoignant l’épaule. Elle se sentait un peu déconnectée.
— Il faut que je prépare mes affaires, dit-elle doucement avant de s’éloigner.
Elle cacha sous son manteau ses mains qui tremblaient. Elle allait partir d’ici. Elle en était à la fois excitée et effrayée. Elle gagna la yourte qu’elle partageait avec son père et empaqueta ses quelques effets personnels. Elle passa par chez Brakhil et y récupéra sa faux et sa paire de dagues. Une fois prête, elle se posta dehors, son sac sur l’épaule, la faux à la main. Son père et Brakhil la rejoignirent. Son meneur lui donna une accolade et lui recommanda de prendre soin d’elle.
— Et sois sage, ajouta-t-il avec un sourire malicieux.
Himani enlaça son père. Le cinquantenaire aux cheveux gris semblait à la fois triste et fier. Il avait quitté les cuisines pour dire au revoir à sa fille. Il n’y croyait toujours. Après sa femme, c’était sa fille qui partait. Mais au moins pour cette dernière ce n’était pas définitif. Il lui mit quelque chose dans la main.
— Prends l’amulette de ta mère, murmura-t-il. Comme ça, tu auras toujours un petit bout d’ici avec toi.
Himani l’embrassa chaleureusement puis tourna les talons pour qu’aucun des deux hommes ne voient les larmes qui lui montaient aux yeux. après quelques pas elle remarqua la silhouette d’un des membres de la délégation qui l’attendait.
—Ce n’est pas toujours facile de dire « au revoir », fit la femme en souriant. Mais ça pourrait être pire, ce ne sont pas des « adieux ».
Elle lui fit un clin d’œil. Himani ne répondit pas. Elles rejoignirent le reste de la troupe. Une foule les attendait à la sortie du village avec des montures. La petite troupe se mit en marche sous les au-revoir des villageois. Himani s’efforçait de garder un visage impassible. Une fois qu’ils eurent atteint l’orée de la forêt, elle se retourna finalement sur sa selle et fit de grands signes d’au revoir aux silhouettes au loin.~
Le groupe s’était arrêté pour la nuit. Ils avaient allumés un feu de camp et s’étaient assis en cercle autour, enroulés dans d’épaisses fourrures. Les montures s’étaient couchées dans le dos de leurs cavaliers, les protégeant du vent tout en profitant de la chaleur et de la protection du feu de camp. Les bêtes mâchonnaient un peu de mousse qu’elles avaient trouvé en grattant la neige. Chacun assurerait un tour de garde pendant que les autres dormiraient tant bien que mal. Il ne fallait surtout pas laisser le feu s’éteindre. Ils avaient laissé la forêt derrière eux en milieu d’après-midi, ils avaient pris quelques brassées de bois avant de s’en éloigner. La toundra n’abritait aucun arbre sur des kilomètres à la ronde. Il fallait être prévoyant. Ce soir là, ils mangeaient un peu de viande qu’ils faisaient griller au bout d’un bâton accompagné d’une sorte de porridge que leur avaient donné les cuisines avant leur départ. L’un des hommes tâtait le contenu de son bol du bout de la cuillère tout en affichant un air dubitatif.
— Tu f’rais bien d’tout manger, fit Himani qui l’observait du coin de l’œil. C’est plein d’gras et de sucre, avec ce froid, ton corps en a bien b’soin.
Il y eut un instant de silence finalement brisé par la voix de la femme :
— Et bien, à l’attaque alors !
Avec un grand sourire elle plongea son couvert dans le bol et commença à en engloutir le contenu. Himani la regardait faire avec de grands yeux surpris.
— J’ai pas dit qu’c’était bon non plus …, ajouta la louve alors que la femme déglutissait sa dernière bouchée.
— Oui, j’avais remarqué…, répondit-elle en riant.
Elle frissonna en grimaçant. Un de leur compagnon pouffa. Chacun y allait de sa technique perso pour avaler le plus vite possible l’étrange mixture. L’un se bouchant le nez pour ne pas sentir le gout, l’autre la diluant avec un peu d’eau pour en faire une soupe pleine de grumeaux. C’est là-dessus que s’entama la première discussion.
— Je connais même pas vos nom, fit remarquer Himani.
Chacun se présenta.
— Et moi c’est Caméria, conclut la jeune femme.
Himani la fixa un court instant avant de se décider à poser la question qui lui brulait les lèvres.
— S’cuze moi, mais t’es quoi ? J’veux dire, j’ai jamais vu quelqu’un comme toi…
La jeune femme ria :
— Oui, j’imagine que les hamadryades ça ne cours pas les bois sous ce climat.
— Hamadryade, répéta lentement la louve, comme pour l’ancrer dans sa mémoire.
Caméria lui expliqua dans les grandes lignes ce qui caractérisait son peuple. Himani n’était même pas sortie du territoire qu’elle découvrait déjà quelque chose de nouveau. « Fascinant » pensa-t-elle.
— Attends, attends, attends, la coupa la louve. Tu dis qu’tu peux pas t’éloigner d’ton arbre, mais j’te vois pas le prom’ner avec toi, fit-elle en se mimant en train de soulever des bûches.
Un des gars s’esclaffa.
— Pourtant si, répondit Caméria en tapotant doucement la jarre posée près d’elle. Je vais éviter de le sortir par ce froid, je n’ai pas envie de geler sur pied…
Himani affichait un air perdu. Comment un arbre pouvait tenir là-dedans ?
— Je t’aurais bien expliqué, fit Caméria. Mais honnêtement une Absynthe serait plus efficace pour ça…
— Donc toi, t’es pas une Absynthe, tenta Himani. Je t’imagine pas non plus chez les Ombres… Je dirai donc une Obsidienne !
Caméria acquiesça.
— Super, au suivant ! s’exclama la louve.
Elle se tourna vers les autres. Elle adorait ce genre de petit jeu basé sur l’observation. Un bon sens de l’observation était nécessaire pour être un bon chasseur et tout était bon pour s’entrainer. Elle tenta de deviner la garde de chacun des garçons présents. Elle se trompa pour deux. Trois sur cinq, elle pouvait encore s’améliorer. Ils finirent par s’endormir, sauf un des gars qui prenait le premier tour de garde.
Le lendemain, ils passèrent la journée sur la route. Himani posait des questions sur la cité d’Eel et sur la garde. En début de soirée, ils atteignirent la côte. C’était là qu’ils avaient laissé leur embarcation à l’abri d’une petite crique. Ils libérèrent les montures et chargèrent le bateau. Caméria regardait les montures s’éloigner.
— Elles connaissent bien le ch’min, la rassura Himani. Et à plusieurs, elles peuvent se défendre cont’ la plupart des prédateurs.
Himani posa le pied pour la première fois sur le pont du bateau. Quelle drôle de sensation pour elle qui n’avait jamais prit la mer. Elle prit une profonde inspiration. La louve avait une boule au ventre, mais elle était tellement pressée de découvrir se qui se cachait derrière l’horizon.
Dernière modification par Himani (Le 28-11-2021 à 22h43)