Fiction en pause pour une durée indéterminée.
NOBLE BLOOD
- La première partie de cette fiction se passe peu de temps avant The Origins. Les évènements concernant l’explosion du Cristal se sont déjà produit.
- Sa première écriture date d’avant la fin de The Origins, ce qui peut expliquer certaines incohérences avec le jeu.
- Cette fiction contient du SPOIL ! Ayez au moins terminé l’épisode 17 de The Origins, sinon c’est à vos risques et périls. Vous êtes donc prévenus.
- Merci énormément à Wayne et Hayim pour leur aide concernant l’écriture !
- Cette fiction, comme indiqué dans ses tags, contient du Boy’s Love. Bien qu’en faible quantité, je préfère prévenir. Si ça n’est pas à votre goût, il est encore temps de partir.
- Le rythme de publication est fixé de manière hebdomadaire. Tout les dimanches à 16h.
Ce paramètre est susceptible de changer, auquel cas, vous seriez prévenu.
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Header : Moi
Séparateurs : Google Image.
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Il y a pratiquement vingt ans, une créature aurait ravagé le plus beau et l'un des plus puissants royaume elfique d’Eldarya, appelé Elgen.
Après cet évènement, que le peu de survivants appelèrent « Le Jour dernier », tout le monde pensait que ce monstre avait disparu. Mais après une longue période d’accalmie, d’étranges phénomènes commencèrent à se produire çà et là, de manière récurrente.
Que se passerait-il, si un mystérieux jeune homme, a priori sans histoire,se retrouvait mêlé à tout ça ?
A tous les enfants d'Eldarya
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Cela vous accorde le droit de recevoir un message privé lorqu'un nouveau chapitre sort !
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Les sang-mêlés
- Hirano
- Yamane-san
- Intissar
- EveHeaven
Bonus & Autres
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PARTIE 1 : Légende d'Elgen.
Prologue :. Un Lundi "presque" comme les autres
- Participez à notre jeu concours et tentez de remporter la modique somme de trois cent mille euros, de quoi pouvoir changer votre vie !
Lundi 21 octobre. Il était onze heures et demi, et Madame Douglas écoutait tout les jours à la même heure son émission radio favorite. La boutique était bien vide et faisait bien tâche avec sa multitude de nuance de vert sur sa façade, en comparaison avec les maisons et boutiques du quartier.
Mais Jay, il aimait bien cette boutique. Il n'y avait que les collectionneurs ou bien les personnes âgées en quête de nouvelles trouvailles pour leurs salons qui venaient régulièrement.
Les jeunes gens ne passaient que très rarement. Et Dieu savait à quel point le jeune homme n'appréciait pas les gens de son âge. Il se sentait si différent par rapport à eux, avec sa chevelure naturellement blanche, ses yeux ambrés et son teint très pâle. Dans un pays où il était davantage plus commun d'être roux aux yeux verts, Jay ne passait pas inaperçu. Et c'était tout au long de sa scolarité qu'on lui avait fait savoir.
Et alors que Jay s'était surpris à rêver d'une autre vie, un homme fit son entrée dans la boutique. Il était blond et possédait une coupe assez originale en plus de porter des vêtements blancs. Il avait l'air d'un ange. Le nouveau client semblait se tenir loin du comptoir, il regardait les articles en vitrine d'un air nonchalant. C'était clairement la première fois qu'il venait.
Madame Douglas et son jeune employé se fixaient d'un air interdit avant que la vieille dame ne se décide à aborder l'homme.
- Vous cherchez quelque chose peut-être ?
- Je ne fais que jeter un coup d’oeil. , dit-il, avec un ton doux.
Jay le trouva suspicieux, le fixant avec son habituelle mimique blasée. Et alors que le client discutait de la pluie et du beau temps avec Madame Douglas, il releva la tête vers l'adolescent et lui adressa un sourire.
Le fantôme, qu'on aimait appeler ainsi, détestait quand il captait le regard des autres. Alors par réflexe, il détournait les yeux sans pour autant le baisser. Il était hors de question qu'il avoue être intimidé par les inconnus, car il avait sa fierté.
Et pourtant, ce blond avait l'air si différent de tous les jeunes gens qu'il avait pu voir jusqu'à maintenant.Le mystérieux inconnu ne resta pas longtemps dans la boutique au plus grand soulagement de Jay qui pu enfin respirer.
- Tu le connais ? demanda la vieille dame, curieuse.
- Pas du tout.
- Ah.
Madame Douglas ne comptait pas spécialement dire que le visiteur avait posé quelques questions à propos de son employé. Dont "À quel heure finit votre employé ce soir ?" et ce à quoi elle avait répondu sans hésiter que Jay Hanger finissait à dix neuf heure quinze très précisément.
Le fantôme avait pensé à cette visite toute la journée. Quel étrange numéro celui là. Venir pour discuter puis repartir. Ça ne faisait pas tourner les affaires !
Enfin vint l'heure de la fermeture. C'était un rituel dont se chargeait assez régulièrement Jay. Madame Douglas lui faisait toujours une confiance aveugle.
Et le garçon passait toujours un petit quart d'heure chez elle pour lui rendre ses clés et prendre une tisane avant de rentrer chez lui.
Il ne travaillait que depuis quelques mois dans la boutique d'Antiquité et pourtant, les deux se considéraient déjà comme grand-mère et petit-fils.
La première phase de fermeture était terminée. Il était maintenant temps pour le garçon de se rendre chez son employeur. Cependant son plan n'allait sans doute pas se dérouler comme prévu puisque l’homme de ce midi était de retour. Jay le regardai de haut en bas, se demandant bien ce qu'il lui voulait.
- Si c'est pour me racketter mon fric, j'en ai pas. Dégage, Balança-t-il sèchement avant que le blond n'eut le temps de réagir. Il avait l’aire d’être légèrement plus vieux que lui, mais pas non plus un adulte. Il pouvait donc se permettre ce genre de familiarité.
- Loin de moi l'idée de venir te racketter, comme tu le dis. J'étais simplement venu pour te rapporter ceci,lui dit l'inconnu, l'air sûr de lui alors qu'il lui montrait un bijou à la lueur étrange. C'est pour ta boutique.
- Tu aurais pu nous le donner ce midi mais soit. Puisqu'il en est ainsi, répondit Jay en ne gobant pas un seul mot de son histoire qu'il trouvait aberrante.
Le garçon n'avait jamais été aussi méfiant de sa vie. En même temps, ce n'était pas tous les jours qu'un garçon vient vous accoster pour vous donner quelque chose sans contexte. Et souvent, ça puait.Et pourtant, le fantôme ne saurait décrire ce qu'il avait vu dans ce bijou, mais il devait se relâcher. Après tout, il était sur la défensive alors que son interlocuteur était très gentil avec lui.
C'était comme... Un envoûtement.
- Je sais que Miiko n'apprécie pas spécialement ce genre de méthode mais je m'y vois obligé. Puisque tu ne te montres pas coopératif. marmonna-il dans l'oreille du jeune homme d'un air satisfait. Je m'appelle Leiftan et tu vas me suivre, Jay.
Mais comment connaissait-il son nom ? C'était encore un coup de Madame Douglas !
Peu à peu, Jay ne semblait plus comprendre ce que lui disait le blond. Ses propos devenaient de plus en plus distordus. Le jeune homme eut l’impression de faire face à une absence. Ses jambes se mirent à fonctionner toutes seules. Il était perdu et ne comprenait plus rien. C’était comme s’il était prisonnier de son propre corps. Sa conscience était toujours là mais elle ne lui permettait plus d’agir comme il le voulait.
Il se contentait juste de suivre Leiftan. Il n'était plus chef de ses propres mouvements.
Les deux garçons durent marcher pendant une bonne demi-heure avant de sortir de la ville, en profitant gracieusement pour aller déposer les clés chez la vieille dame avant de partir.
Il ne fallait éveiller les soupçons de personne.
Quand Jay eut repris ses esprits, il était face à une espèce de cercle étrange ou bien un portail.Le jeune homme était toujours autant confus.
Il en avait déjà entendu parler dans des livres fantastiques, il y a fort longtemps, mais tout cela lui semblait irréel. Alors qu'il fixait toujours la chose, il perdit soudainement connaissance.
Et... Rien.
Chapitre 1 :. Un nouveau monde.
C’était comme si il venait de se prendre un coup de masse sur la tête. Ou qu’il se réveillait d’un lendemain de soirée avec la gueule de bois.En clair, Jay avait un mal de crâne atroce.
Il s’était réveillé, visiblement allongé sur quelque chose de peu confortable. Un mauvais matelas ou du sol, il n’en savait rien. Mais cette situation lui semblait si étrange. Il regardait les environs, quelque peu paniqué.
Était-il seul ? Rien de pouvait le lui indiquer pour le moment, ne ressentant que trop bien cet état de stupeur qu’il venait l’assaillir.
Le jeune homme ne reconnaissait rien des environs. Il n’était plus dans sa petite ville paumée irlandaise, non. Il était ailleurs. Mais où ?
Les murs de la pièces étaient délavés et le cadre de la fenêtre en bois pourrissait lentement . Il y avait une forte odeur de mousse, comme si il était dans une demeure insalubre.
Ses mains étaient attachées avec de la corde peu solide. Jay croyait s’être retrouvé dans l’un de ses films clichés où le personnage principal venait de se faire kidnapper. Sauf qu’ici et maintenant, c’était la réalité. Enfin… Il croyait. Il n’en savait rien. Jay avait du mal à se souvenir de la façon dont il était arrivé là. Seules les images de la fermetures de la boutique lui venaient à l’esprit. A priori, après ces évènements il n’avait rien fait de particulier.
Le fantôme s’était redressé, l’air d’être encore dans le brouillard. Sa tête tournait et la douleur le dérangeait fortement.
- Où suis-je ? qu’il demandait, sans doute par réflexe.
Personne ne lui avait répondu.
Jay entendait juste le bruit des "animaux" enfin, ce qu'il croyait en être.
Des miaulements, des beuglements et hennissements..., c’était comme si il était à la ferme.
À travers la fenêtre, le garçon pouvait observer des créatures aux formes alambiquées qui se promenaient. Il était partagé entre l’émerveillement et l’inquiétude.
Derrière cette porte, il y avait l'extérieur. Et si personne n'était là pour le surveiller, il pourrait donc s'évader sans grande difficulté.
Le garçon n'eut aucun mal à se servir de la poignée de porte pour défaire ses liens, en la coinçant dans la fente séparant ses deux mains entravées.Il fut d'ailleurs étonné que la porte soit même ouverte. Ses ravisseurs ne semblaient pas être très malins, où peut-être qu’ils allaient bientôt revenir.
Jay espérait juste n'être pas trop loin de chez lui, pour pouvoir y parvenir rapidement.
Cependant, il déchantait en se rendant compte qu'il ne reconnaissait toujours rien de l'endroit où il était. Le temps pluvieux de l’Irlande avait fait place à quelque chose de plus ensoleillé.
Une légère brise de froid venait lui caresser la joue alors qu’il suait à grosses gouttes sous son manteau.
- Putain, mais je suis où au juste ?! qu’il pestait, la peur au ventre. Sa gorge était nouée, cette situation lui paraissait tout bonnement angoissante.
Les gens étaient étrange, ils n'étaient pas humains. Certains abordaient des caractéristiques animales comme des cornes de bouc ou autre fantaisies.
Le regard du garçon se faisait interloqué. Pensant d’abord à des gens en costumes un peu trop réaliste avant de se rendre compte que ces caractéristiques faisaient bien partie d’eux. Les mimiques de Jay reflétaient son état : Il était apeuré.
Il était clair que Jay n'était plus dans son monde. Il avait peur, mais sa fierté l'empêchait de monter sa peur, bien qu'il tremblait comme une feuille.
Son but était désormais de s'échapper de cet endroit et de se débrouiller comme il le pouvait jusqu'à qu'il puisse contacter ses semblables. Il fallait juste prier pour que la batterie de son téléphone tienne jusque là. Et que bien évidemment, la couverture réseau atteigne cet endroit étrange...
De par ses particularités physiques déjà hors norme pour un humain, Jay pu passer un minimum inaperçu. Mais ça n’était pas parce que personne ne le remarquait qu’il pouvait se sentir serein.
Néanmoins, il eut l'impression de tourner en rond pendant des heures. Les panneaux lui étaient dans une langue étrangère qu'il avait du mal à déchiffrer. Et les gens autour de lui ne parlaient pas du tout anglais. Pour lui, toutes ces sonorités ne lui évoquait qu'un langage yaourt, pareil même à celui de certains jeux vidéos, quand les développeurs ne voulaient pas se prendre le choux à faire doubler leurs personnages en plusieurs langues. Sauf que là, il n'y avait pas de sous titres.
Jay avait marché pendant un bon moment, se perdant dans des jardins remplis d'animaux étranges. Et puis, il y avait ce piano duquel coulait de l'eau. Étrange. Très étrange. Tout semblait neuf, mis à part les maisons du village, qui commençaient à se faire vieillissantes.
- Il n'a pas pu aller bien loin ! Trouvez le !
Jay était recherché, ça n'était pas bon signe. Son premier réflexe avait été de se cacher derrière un muret. Et réalisant que ceux qui le cherchaient étaient partis dans la direction opposée, il s’était enfui en courant.
Ses pas l'avaient donc mené jusqu'à un gigantesque cerisier. Des pétales en tombaient lentement et entouraient le jeune homme d’un micro tourbillon qui s’était vite évanoui. Ce grand arbre était magnifique.
Le sol était jonché d'épées et d'autres armes abîmés, laissées à l'abandon par leurs propriétaires.
Sans hésiter, Jay s'en était saisie d'une pour pouvoir se défendre à l'approche des malotrus qui le recherchaient.
Il tenait mal son arme mais espérait tout de même pouvoir les intimider. Bien qu'avec sa petite taille, il avait davantage l'air d'un poussin avec un couteau à beurre.
Ces étrangers n'avaient pas l'air d'être comme tout ceux qu'il avait eu l'occasion d'apercevoir dans l'espèce de village dans lequel il avait été retenu. Ils avaient l'air plus grands et plus forts.
Le fantôme tremblait et serrait les dents, tout gardant son visage blasé. Comme si il souhaitait faire le malin. Cependant, devant un ogre avec une hallebarde, une jeune femme chat accompagnée de flammes bleues et d'un blondinet plutôt bien bâti, la partie semblait perdue d'avance.
- Toi ! C'est toi qui m'a amené ici ! hurlait le garçon, en pointant du doigt celui qu'il souvenait s'être présenté sous le nom de Leiftan. A-approchez vous de moi et je vous tue !
L'ogre ne put s'empêcher de glousser avant de se faire reprendre par la seule femme du trio. Il n'avait pas vraiment tort. Jay avec son épée émoussée et cassée ne risquait pas de pouvoir faire mal à grand monde.
Les trois malotrus s'échangèrent un regard, presque moqueur à l'égard de leur otage.
- Ça vous fait rire ?!
Jay était en train de perdre ses moyens, face à des adversaires qui ne comptaient pas spécialement se défendre.
- Miiko, tu penses vraiment qu'il...
- Bien évidemment, les résultats de l'enquête ont été formels Leiftan.
Et c'est après un petit blanc que le trio s'était agenouillé brièvement, en signe de respect.
- M-Mais...
Jay ne comprenait pas leurs intentions. Il fronçait les sourcils, l’air dubitatif.
- Bienvenue chez vous Prince, s’étaient exprimés les étrangers, dans un anglais approximatif et assez peu naturel.
Le jeune homme avait l'impression d'être en plein cauchemar. Il s'en pinçait la joue pour le vérifier. Mais la douleur était bien là. Il ne dormait absolument pas et tout ceci était la réalité.
- Nous comprenons que tout ceci vous prends au dépourvu mais laissez nous le temps de nous expliquer déclarait posément Leiftan, dans la tentative de calmer un adolescent qui ne voulait rien entendre.
Miiko, devant peu de coopération, avait demandé à son ogre, que Jay avait cru comprendre s’appeler Jamon, de "s'occuper de son cas."
Et se fut ainsi que Jay se retrouvait ligoté, sur le dos d'un homme au visage de phacochère et transporté jusqu'au plus grand bâtiment du village emmuré.
Bien sur qu'il pestait et se débattait mais ça n'avait pas duré bien longtemps, puisque Miiko lui avait fait "gentiment" comprendre qu'il devrait boucler sa boîte à camembert.
Les épaules du phacochère étaient loin d’être confortables, au contraire. Jay s’en faisait presque mal au dos. On l’entendait quelques fois geindre de douleur. Si il était réellement un Prince, il aurait pu avoir le droit à un meilleur voyage ! C’est ce qu’il se disait en tout cas, l’air de vouloir ironiser sur la situation, alors qu’au fond, il espérait juste que tout ça ne soit qu’une blague un peu trop réaliste.
Cette scène aurait sans doute eu l'air ridicule d'un point de vue extérieur, mais les habitants semblaient avoir autre chose à faire que de s'inquiéter pour une pleureuse pareille. Bien quelques curieux venaient s’agglutiner autour d'eux.
Sur le chemin, Jay avait croisé le regard d'un bon nombre de personnages étranges. Entre le gamin loups-garou, la fillette aux cheveux bicolores et une elfe sortie de ce qui semblait être une infirmerie, le garçon s'est juste contenté de leur offrir une expression de mépris, afin de cacher sa certaine inquiétude vis à vis de ce que ce gigantesque Jamon pourrait lui faire subir.
Une fois arrivé dans ce qui semblait être une salle de réunion, on l'avait installé, toujours ligoté comme un saucisson sur l'une des nombreuses chaises de la pièce. Il continuait à se tordre, dans le but de défaire ses liens.
- J'exige des explications ! qu'il ordonnait sèchement.
Le fantôme s’attendait à ce qu’on lui dise qu’on lui avait fait une blague, faite avec un budget proche de films triples A.
Une lapine rousse avait fait son entrée dans la pièce avec une palanquée de parchemins sous le regard étrange de Jay. Sans attendre elle donnait ces trouvailles à Miiko.
- Voilà! J'ai trouvé ce que tu voulais. "Les langues Eeldienne pour les nuls !"
La dame avait pris sans attendre le parchemin entre ses griffes avant de lancer un sort sur le jeune homme.
- Que m'avez vous fait ? demandait le fantôme, en essayant de s'examiner. C’était de la magie, il ne rêvait clairement pas ! L’incompréhension et la peur se lisaient davantage sur son visage.
Et puis, tout lui semblait plus clair et lipide. Les panneaux, et même les marmonnements des deux jeunes adolescents qu'il avait croisé quelques minutes auparavant, et qui maintenant l'observait de loin.
Le fantôme eut le regard dans le vide quelques instants, surpris par ce qu’il venait de se produire en lui.
- Alors... Nous pouvons tout vous dire désormais.
Chapitre 2 :. Le Test.
Nous allons vous raconter une histoire : celle d’un peuple elfique.
Il y a pratiquement vingt ans de cela, la reine venait de donner la vie à un petit garçon en pleine santé. Après des années à croire que le roi était infertile, ce bébé sonnait comme une bénédiction. En plus de pouvoir permettre à sa lignée de se poursuivre, l'enfant redonnait à son père l'honneur qu'il avait perdu.
Cependant ce bonheur fut de courte durée puisque quelques mois après la naissance du Prince, le royaume avait été ravagé.
Pour assurer sa protection, sa famille avait envoyé le nouveau né dans un autre monde.
Là où la technologie et l'industrialisation régnait en maître.
Le jeune garçon n'avait pas eu le temps d'apprendre sur son pays d'origine. Il était donc innocent de tout les péchés que ce vil monde renfermait. Cependant pouvait-on dire qu’il avait mieux vécu sur Terre ?
Le garçon était différent de ses semblables et se faisait rejeter.
Il se sentait si seul et malheureux.
Il aspirait si souvent à changer de vie.
Il n'était que le prince déchu d'un royaume ne possédant plus d'existence.
Cette histoire était à dormir debout tellement elle pouvait paraître cliché. Mais Jay se souvenait que l'ont lui avait déjà lu dans sa tendre plus enfance. Néanmoins, il n'est jamais parvenu à la fin puisque son ouvrage avait disparu. On raconte même que cette histoire était volontairement incomplète et il ne restait plus qu’au lecteur d’imaginer une fin plausible .Mais le garçon ne parvenait pas à s'en souvenir, comme si la clé de cette énigme était bloquée dans son esprit.
- Ce livre … Légende d'Elgen qu'il s'appelait je crois, avait déclaré le fantôme alors plongé dans ses pensées. Vos propos sont aberrant. Vous allez me dire que je suis le petit garçon de cette histoire ? Sérieusement ? Dites moi où sont les caméras car cette situation ne me fait plus rire.
Jay était dans le déni le plus complet. Pas étonnant quand on vous somme de croire un ramassis de conneries pareil.
- Pourtant, c'est assez commun, que les événements qui se sont passés ici, se retrouvent dans des livres chez vous... répondait simplement la petite rousse, l'air nonchalant.
Cette lapine semblait avoir réponse à tout et il n'appréciait pas spécialement cet état de fait.
- Vous êtes des gens étranges. Surtout toi le phacochère ! Comment par tous les Dieux, est-il juste possible que vous existiez ? Vous tous, vous n'avez pas l'air d'être des humains, du tout. Et pourtant, vous êtes là. Ramenez moi chez moi, vos inepties ne m'amuse plus.
Jamon eut quelque peu mal pris cette remarque de la part du garçon. Il était peut-être un "phacochère" mais restait un être sensible et doté d'une conscience. Il grognait un peu. L'adolescent, de son côté s’enfonçait de plus en plus dans le mensonge. Profitant que ses ravisseurs étaient en train de discuter pour essayer vainement de faire glisser ce tas de corde.
Cette situation lui paraissait toujours aussi invraisemblable qu'effrayante. Même ses camarades de lycée qui lui faisait voir la vie dure n'étaient pas aussi imaginatif pour le mettre dans l'embarras.
- Miiko, nous devrions lui faire passer le test. C'est infaillible, il pourrait que nous croire vis à vis de sa condition de faery, répliquait une nouvelle fois la demoiselle alors que les élucubrations de Jay semblaient avoir ramené du monde que la kitsune avait chassé presque immédiatement. Il s’agissait de ne pas attirer l’attention des autres en attendant d’être sûr.Pour cela elle avait donc prétexté qu’elle et ses minions allaient « cuisiner » un intrus qu’ils avaient trouvés roder près du cerisier centenaire.
Néanmoins, elle hochait lentement la tête, l'air de réfléchir. C'était une excellente idée, le garçon n'aurait plus raison de douter de la situation.
- Et avec tu sais quoi, nous aurons une confirmation supplémentaire ! la rousse semblait fière d’avoir évoquée son idée
- Ezarel, tu tombes bien ! La kitsune avait retenue l'elfe avant qu'il ne puisse prendre la poudre d'escampette.
Le susnommé levait légèrement ses mains en l'air, comme un criminel qu'un policier viendrait d'arrêter.
- Que puis-je faire pour toi, ô grande cheffe suprême ? qu'il demandait d'un air moqueur.
- Nous avons besoin d’un test de maana, ordonnait Miiko en restant évasive sur le sujet alors que l’humain été caché par la grandeur de Jamon.
Ezarel haussait les épaules. Les ordres étaient les ordres après tout. Il n’irait pas poser de question pour le moment mais il comptait bien évidemment se faire curieux plus tard. Rien n'échappait aux oreilles de ce mâlin.
- Ramenez moi les ingrédients et ça sera fait, déclarait l’elfe en partant.
- Le test ? Vous en parlez de tout à l'heure mais c'est quoi ce truc ? Une épreuve du feu ? Vous poussez peut-être votre connerie un peu trop loin.
Miiko, passablement désespérée par l'attitude de Jay rétorquait :
- Si le test s'avère infructueux, on vous laissera rentrer chez vous. C'est promis. Mais si il fonctionne, vous seriez bien obligés de nous croire.
Le fantôme levait les yeux au ciel, tentant de croiser les bras malgré le fait qu'il soit toujours entravé par ses mouvements.
-Marché conclu je suppose ? J’ai hâte de rentrer chez moi.
Jay était sans doute convaincu que ce test n'était qu'une ineptie de plus pour rajouter un semblant de crédibilité à une histoire qui en possédait déjà très peu. Pour lui, il n’allait rien se produire. Et de toute façon, il n’avait rien à perdre dans cette histoire. Sur ce, les membres restant s'étaient décidés à le détacher et lui refiler une cape, afin qu'il puisse dissimuler son identité. Jay avait donc enfilé cette loque comme la meilleure des pièces de haute-couture ce qui avait quelque peu amusé Leiftan en témoignait son ricanement.
- Leiftan. Si tu n'as rien à faire, accompagne le. Tu en profiteras pour t'excuser de notre part de son arrivée si brutale, murmurait la dame à l'oreille du blond Et.. De lui expliquer quelques points importants concernant le QG et « notre » monde.
- Mais.. C'est le travail de Kero... il lui soufflait en retour, peu convaincu.
- S'il te plaît, la kitsune s'en montrait presque suppliante. Personne n’est censé savoir qu’il est ici.
- Puisque c'est toi qui me le demande...
On sentait que Leiftan n'avait pas grande volonté à faire la visite à Jay, le concerné le voyait dans son regard. Et une fois les deux à part il ne se privait pas pour lui faire remarquer.
- Si tu n'as pas envie.. Laisse tomber. Je vais me débrouiller.
- Pour que tu puisses t’enfuir ? Il en est hors de question, déclarait fermement le blond, avec son habituel sourire niais.
Jay ne savait pas vraiment quoi penser de Leiftan. C’était lui qui l’avait kidnappé après tout. Il ne supportait pas la façon qu’il avait de le regarder, comme s’il cherchait à trifouiller dans son esprit et rentrer dans son jardin secret. Et puis son sourire niais, il le haïssait tellement.
Le garçon avait toujours été doté d’une coquille, agissant avec une personnalité de façade. Victime de brimades à l’école le fantôme tenait un maximum possible à ne pas montrer ses émotions. Il ne voulait pas donner la satisfaction à ses idiots de le voir exploser émotionnellement. Et pourtant, ici il s’en sentait presque incapable. Alors il se montrait très agressif pour dissimuler sa peine et son inquiétude. Cette succession d’évènements le mettait à fleur de peau.
En chemin vers le marché, Jay ne pu s’empêcher de grommeler et de prier à haute voix pour que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. L’étincelant le regardait d’un air perplexe, convaincu que se plaindre ne changerait rien à la situation.
Ce fut grâce aux fins talents de négociateurs de Leiftan que les deux hommes purent se procurer à un prix raisonnable un fruit de sélénite et de l’eau purifié au marché. Par la même occasion, le blond en profitait pour apprendre au jeune humain à ne pas se faire entuber par les Purrekos qui seraient prêts à lui refiler des objets inutiles pour un prix exorbitant. Le reste du trajet s’était effectué dans le silence le plus total, Jay n’appréciait pas être ici et partir à la cueillette, ça n’était pas vraiment ce qui lui plaisait le plus. Il se contentait juste de suivre le blond qui lui parlait de ce monde qu’il ne connaissait pas.
Eldarya.
Jay se disait que cette histoire avait l’air de plus en plus crédible, et pourtant il était lui-même loin d’être crédule. Il toisait du regard Leiftan qui s’attelait à récupérer la sève de cyprès doré. Il mesurait un bon vingt centimètres de plus que l’humain, alors il avait plus de facilité à récupérer l’ingrédient situé dans les arbres.
- Je vais pouvoir rentrer chez moi … ? interrogeait Jay, persuadé qu’il sera déçu de la réponse qu’on allait lui apporter.
- Si le test s’avère négatif, on fera tout notre possible pour vous renvoyer sur Terre.
Il hochait vaguement la tête, récupérant des mains de Leiftan la fameuse sève.
Le jeune homme avait l’air terriblement songeur, la surprise lui était passé depuis quelques temps.
- Arrête de me vouvoyer tu veux ? Je n’ai que dix-sept ans…
C’était davantage une question de respect vis à vis de leurs rangs respectifs plutôt que par rapport à l’âge de l’autre. Mais l’étincelant acceptait sa demande sans broncher.
Après quelques heures en vadrouille et une visite du Quartier Général et un cours d’histoire bref sur Eldarya, le duo était revenu à la case de départ.
- Le laboratoire d’alchimie est juste à côté de la salle de réunion. C’est là bas qu’on va s’occuper de toi, déclarait Leiftan, passant par la forge vide pour y prendre le dernier ingrédient nécessaire à la préparation.
Jay le toisait silencieusement. Si il n’était plus dans cet état de stupeur, il ne semblait pas pour autant plus apaisé. Malgré tout il avait eu le temps de réfléchir un peu sur sa situation actuelle, notamment au soir de son kidnapping. Le fantôme eut l’air de tilter quelque chose.
- Tu es bien marrant de m’avoir ramené ici, hm. Mais comment tu as fais pour obtenir des informations à mon sujet ? Si j’apprends que tu as touché à un cheveu de ma mère ou de mes sœurs je te…
Sa tirade fut coupée par le ricanement cristallin du lorialet qui le regardait toujours de cet air si énervant.
- Je ne me pense pas assez bête pour m’attirer les fureurs d’un éventuel prince… Et puis, les meilleurs détectives ont leurs secrets ! que lui avait juste répondu l’autre, clin d’œil et sourire en coin caché par son index levé. Je pense que tu nous en veux déjà assez pour le transport... Excuse nous déjà pour ça.
Suite à cela, Leiftan était parti pour le laboratoire d’alchimie. On avait conseillé à Jay de se faire discret et de ne pas trop papillonner dans le quartier général. Il observait donc le blond arpenter les marches blanches alors qu’il était assis tout en bas. Cette boule d’angoisse et d’appréhension lui attrapait le bide et lui tordait les boyaux. Il voulait rentrer, se dire que tout ça n’était qu’un mauvais rêve. Cette gigantesque porte était là, en face de lui. Il pourrait s’enfuir et courir. Mais pour aller où ? Jay se voyait être coincé ici pour toujours et ne voulait absolument pas se faire à cette idée. Même si il n’aimait pas vraiment sa vie actuelle, sa mère et ses sœurs lui manquaient déjà. Elles et Madame Douglas devaient sûrement être mortes d’inquiétude.
Il se demandait d’ailleurs comment il pourrait leur expliquer les raisons de sa disparition. Il était sûr qu’on le prendrait pour un fou si il affirmait que des hybrides l’avaient kidnappé pour faire de lui le Prince d’une civilisation dont il ne connaissait l’existence qu’à travers un livre pour enfant.
L’attente s’était faite terriblement longue. Il avait l’impression de revivre la même sensations ressentie le jour de sa remise de diplôme de fin d’études. L’angoisse lui tenait toujours autant au ventre
Sans réel espoir, il sortait son téléphone de sa poche, dans la tentative désespérée d’obtenir du réseau pour pouvoir prévenir sa famille qu’il allait bien et qu’il allait essayer de rentrer dès qu’il le pourrait. Mais tout cela était vain. Jay pensait réellement qu’il était perdu, et cela pour toujours.
La kitsune était arrivée peu de temps avant la fin de la préparation. Elle avait ordonnée à Ezarel de partir aussitôt qu’il aurait fini. Enfin, lorsque Jay eut l’autorisation de venir, il n’y avait que trois personnes dans la pièces. La rousse, Leiftan et Miiko.
Jamon lui guettait la porte du laboratoire afin que personne ne puisse rentrer.
Avant de lui appliquer la substance on lui avait expliqué ce qui était censé se produire. La réaction était supposée prendre presque immédiatement. Jay redoutait donc énormément ce moment, regardant avec des yeux ronds la fiole contenant la solution à la texture gluante.
On l’a avait appliqué, sa mimique exprimait clairement le dégoût face à ce qu’on lui étalait sur le bras. On aurait dit du slime ou une substance du même genre. Il avait fermé les yeux, l’air grave et ne souhaitant rien voir de ce qui allait se passer.
Le trio même s’il s’attendait à un résultat pareil ne pu s’empêcher de réagir, en témoignait leur petit cri d’étonnement.
Le test était positif.
En entendant cela le fantôme fut bien obligé d'ouvrir les yeux. À sa grande surprise son bras avait prit feu ! La flamme était d’une lueur bleue, couleur du maana. Il posait un petit cri sourd par réflexe, pensant que son bras allait se consumer sous le regard pénaux de ces idiots. Il était effrayé mais incapable d’hurler. Mais il se rendit bien vite compte qu'il ne ressentait aucune douleur dans ses bras.
La flamme commençait à s'évaporer et quand on l'a cru entièrement disparue, elle s'était ravivée et changeait de couleur. Elle était devenue rouge, douloureuse et avait disparue aussi vite qu’elle était apparue.
Jay gémissait de douleur, le bras légèrement brûlé. L’incompréhension se lisait sur le visage des deux jeunes femmes.
- D’habitude, ça ne fait pas ça… Si … ? demandait la lapine d'un air inquiet.
- Intéressant… Très intéressant, marmonnait le blond, en s’éclipsant doucement de la pièce en prétextant la nécessité d’aller chercher un tube de pommade pour sa brûlure. Leiftan présentait sur son visage cet habituel sourire niais, tenant fermement dans sa poche un petit quelque chose qu’il n’aimerait pas faire tomber entre de « mauvaises mains ».
Très intéressant.
/!\ Re-Post du chapitre corrigé le 07/06/21
Chapitre 3 :. Une co-habitation
Leiftan était revenu de sa micro escapade à l’infirmerie avec un tube de pommade. Laisser le garçon ici ne lui semblait pas être une si bonne idée que ça, d’où une certaine suggestion.
- Nous devrions le déplacer, voire même le cacher, avait affirmé le blond en fermant la porte du laboratoire d’un air secret.
- Tu as raison, affirmait Miiko, la moue désolée sur son visage. C’est pour votre bien.Personne à part nous ne sait que vous êtes ici, ni même qui vous êtes. Le mieux serait de vous faire tout petit, en attendant..
Jay ne comprenait pas. Lui qui se remettait péniblement de la brûlure que la combustion du produit avait causé sur son bras.
- M-Mais…Il ne savait plus comment réagir. Tous ces évènements s’enchaînaient trop vite. Il y avait encore quelques heures, il était en liberté. Et maintenant, on l’escortait avec précipitation jusqu’à une chambre, sans même lui laisser le temps de réfléchir vis à vis de la situation. Les deux dames étaient parties, laissant les deux jeunes hommes seuls dans la pièce.
- C’est ma chambre. Personne n’y vient jamais, alors je suppose que ça ira en attendant.
- En attendant quoi ? Le blond n’avait pas répondu à sa question, l’ayant volontairement esquivée car il ne voulait pas parler de ce qui attendait son interlocuteur par la suite.
Ladite chambre était assez jolie avec toutes ses teintes de bleus et le mobilier aux allures élégantes. Jay aimait bien ce qu’il voyait et pour dire, ça avait meilleure allure comparé au taudis dans lequel il s’était retrouvé le matin même. Alors le lorialet invitait le fantôme à s'asseoir sur l’un des sièges de la chambre. Jay avait jeté son dévolu sur une espèce de siège suspendu en forme d'œuf rembourré, avec ce qui semblait être de la laine. Un silence de mort s’était installé, ils se fixaient tous les deux sans un mot. Leiftan ne voulait pas subir l'agressivité de Jay et ce dernier se sentait trop mal à l’aise pour dire quoi que ce soit.
Que dire dans un moment pareil ? Parler du beau temps ou bien une nouvelle fois se plaindre ? Jay préférait se taire, regrettant déjà toutes ses sales paroles qu’il avait dite notamment à Jamon. Il était parti pour rester un moment ici et il le savait. Laisser une mauvaise impression à ses semblables était pour lui une damnation supplémentaire. Et alors que le fantôme était plongé dans ses pensées, des gargouillements assez bruyants venaient déchirer ce silence pesant suivi par un nouvel éclat de rire de la part de Leiftan.
- Tu as faim ? Attends-moi ici je reviens tout de suite.
L’adolescent était rouge de gêne, affirmant qu’il n’avait rien mangé depuis la veille. Leiftan était donc parti lui chercher un repas. Jay était à nouveau seul et livré à lui-même.
Se balançant doucement dans le siège cocoon, il laissait son regard se perdre sur les bibelots qui décoraient les étagères. Cela lui rappelait déjà la maison de Madame Douglas : remplie d'objets décoratifs qui ne servaient à rien mais qui faisaient joli.
Son attention s'était finalement focalisée sur les murs et plus particulièrement celui qui possédait la seule fenêtre de la pièce. Un espace d’herbe synthétique ornait le coin de la pièce qui pouvait être dissimulé par un rideau.
En pensant au blond, l’adolescent se disait qu’il n'était pas comme Miiko, Ykhar ni même l'elfe de laboratoire. Jay venait même à se demander s'il était vraiment le seul prétendu humain ici. Bien que le test qu’il avait passé quelques minutes lui avait démontré qu’il n’avait rien d’humain. Mais soit, il était très curieux.
L'étincelant avait refait surface environ un quart d'heure plus tard, laissant à son invité le temps de se mettre à l'aise. Jay était debout au milieu de la pièce, la posture timide,, il observait l'espèce de cycle lunaire dépeint sur l'un des murs.
- J'ai pris un peu plus de temps que prévu car Ykhar voulait que je t'apporte des livres.
Le fantôme sursauta, surpris par l'éruption soudaine de l'homme dans la pièce. Ce dernier semblait ricaner. Il n'arrêtait pas de mettre en boîte l'adolescent, chose qu'il peinait à supporter. Bien qu'avec Leiftan la pilule semblait toujours mieux passer. Son aura était si apaisante qu'elle endormirait le plus méfiant des Hommes.
- J'y pense ! On ne s'est même pas occupé de ta brûlure, il serait peut-être temps, déclarait l'arrivant avant de se saisir du tube de pommade.
- Je... Je vais m'en occuper, répondait sèchement Jay tentant de lui subtiliser le tube.
Mais Leiftan avait clairement l'avantage avec ses vingt centimètres de plus. On entendait par ailleurs le fantôme rechigner à propos du fait qu'il était bien trop petit. Mine de rien, c'était l'un de ses plus gros complexes.
- Hm. Mouais c'est ça, fait le malin, pestait le nain en lui tendant son bras sans faire l'effort d'avancer vers lui.
Leiftan levait les yeux au ciel, tirant l'adolescent par la main pour qu'il se rapproche. Quelle ne fut pas la stupeur de Jay de tomber nez à nez avec le torse du blond alors qu'il avait perdu l'équilibre. Cela avait également surpris le lorialet qui était sur le point de tomber à la renverse.
- Tout va bien ? demandait Leiftan, lui qui venait d'atterrir sur son lit avec le jeune homme dans ses bras. Jay s’était levé précipitamment, lui donnant presque des vertiges.
- Ah, purée j’me sens mal, qu’il gémissait avant de venir s’écraser sur le sol sous le regard amusé de l’étincelant.
Avant de manger, le blond s’était donc occupé de la brûlure. Un nouveau silence s’était imposé entre eux.
- Nous devrions manger avant que ça ne refroidisse…
Ils avaient eu le droit à un ragoût peu esthétique visuellement.
Leiftan ne cessait d'en argumenter les bienfaits, utilisant cette excuse pour dissiper la gêne qui s’était installée entre eux. Mais Jay n’était pas dupe et avait conscience qu’il cherchait à lui délier la langue. Le fantôme eut un sourire en coin.
- Ça me rappelle ce qu'on mangeait dans les cantines sur Terre, avait-il juste soufflé avant de commencer son repas en bonne compagnie. Le fantôme s'était fait très curieux, posant milles et une questions à son interlocuteur qui se montrait très réceptif.
- Tu ne serais pas humain pas hasard ?
- Pas du tout ! Je suis un lorialet, Jay penchait la tête, ne comprenant pas ce que c'était justement. Leiftan lui offrait donc une explication toute simple : ils sont un peu comme des enfants de la Lune.
- Nous ne sommes pas nécessairement tous des brownies ici. Comme tu as pu le constater, certaines races adoptent des traits humanoïdes…
Par la suite, le plus âgé des deux désignait le tas de livres. Il expliquait qu'ils allaient pouvoir permettre au fantôme d'en apprendre plus sur son pays d'origine mais aussi sur les langues d'Eldarya. Cela avait l'air de ravir l'adolescent qui aimait par-dessus tout les bonnes lectures.
- Y a-t-il eu des survivants ? demandait Jay, parlant d’Elgen.
- Très peu de ce que je sache. Même la plupart des ouvrages ont été détruits ou ont disparus. Nous avons eu beaucoup de mal à récupérer ce qu'il restait.
Profitant que la discussion était bien engagée, Jay allait remettre irrémédiablement le sujet de sa famille sur le tapis. Il voulait savoir.
- Leiftan, c'est ça ? Écoute, je veux savoir ce qu'il est advenu de ma mère et de mes sœurs. L'étincelant grimaçait car il savait que la vérité n'allait pas lui plaire. Et pourtant,, il ne voulait pas se comporter comme Miiko à vouloir tout cacher afin de soi-disant préserver les siens.
- Elles vont bien. Ne pense plus à elles. Jay avait une mine déconfite. Comment pourrait-il ? Ces humains là l'avaient éduqués depuis pratiquement dix sept ans .
- S'il te plaît, je pense être loin d'être idiot alors dis-moi la vérité ou je m'en vais.
- Pour aller où ?
La dernière phrase prononcée par le blond voulait le ramener brusquement à la réalité. Il n'avait nulle part où aller.
Finalement Leiftan se leva. Posant une main sur l'épaule du jeune homme avant de soupirer.
- Je t'ai dis que tu n'avais plus à t'en faire. Elles sont au courant, Jay était déconcerté. Que savaient-elles ? Qu'il allait être kidnappé Miiko et ses sbires ? Mais pourquoi ne se seraient-elles pas défendues face à ça ?Il y avait forcément une bonne raison.
- J'ai des choses à faire, alors reste bien sagement ici tu veux ? On en reparlera plus tard dans la soirée, à tête reposée. Cette scène avait à nouveau suscité des réactions de la part de Jay, trouvant le blond tout bonnement étrange. Il pouvait tout aussi bien être doux et apaisant mais aussi froid et cinglant. Cette dualité avait le don de le faire s'interroger sur ses intentions.
- J'y compte bien.
Jay avait donc passé la fin d’après-midi à lire. Commençant par le recueil de langue qu'il ne trouvait pas si difficile à lire que ça. Tous les mots ne lui semblaient pas clairs mais il comprenait l'essentiel, c'était le principal. Avant de commencer l'un des ouvrages concernant Elgen, il semblait ressentir une espèce d'appréhension. Ces livres parlaient de ses vraies origines, il était donc normal qu'il ait une certaine peur vis-à-vis de ce qu'il allait apprendre. Soupir sortant de sa bouche, alors qu'il caressait de ses doigts fin la reliure dorée du livre qu'il tenait. Une grande inspiration cette fois, pour se convaincre de commencer le livre. Cet ouvrage était l'un des rares à avoir été retrouvé intact. Écrit en langue elfique, Ykhar en avait traduit une bonne partie pour le plus grand bonheur de Jay.
La famille royale d’Elgen.
Un arbre généalogique était inscrit sur un parchemin relié au livre, relatant les dirigeants passés et actuels du royaume, bien qu'il ne semble pas avoir été mis à jour depuis une quinzaine d'années. Le portrait d'une magnifique femme avait attiré son attention. On pouvait lire en dessous :
Yael Sylvares Ulavaris. 19xx - 20xx
Même si elle semblait avoir un certain âge, selon les dires du parchemin, la femme abordait une visage jeune voire intemporelle. Elle avait le même teint de porcelaine que Jay ainsi que de très beaux et longs cheveux blancs. Le jeune homme retrouvait chez elle bien des similitudes avec lui-même. Alors qu'il observait attentivement chaque portrait, des larmes commençaient à couler de ses yeux, qu'il chassait prestement avec son index. C'était comme si il se re-découvrait. Un portrait et un nom étaient maladroitement masqués sous un morceau de feuille collé, comme si on ne voulait que personne ne sache qui se cache derrière. Jay parvenait difficilement à y lire "Hermès". Il se disait probablement qu'il devait être un mauvais souverain pour avoir été effacé de la sorte. Sa tête était déjà bien trop pleine pour qu'il en vienne à se poser des questions supplémentaires. Faire preuve de logique ça serait pour plus tard malheureusement.
Rokunn Sylvares Ulavaris 20xx -
Le dénommé Rokunn était le dernier né de la famille. Était-il ce garçon ? La garde d'Eel n'avait jamais mentionné ce nom. Jay se sentait étrange d'avoir appris autant de choses en si peu de temps. Il avait besoin de prendre l'air mais on le lui avait déconseillé. Ainsi, il avait continué à lire jusqu’à s’endormir en boule dans le siège laineux..:.
Leiftan était parti en forêt en cette fin d’après-midi. Il prétextait une mission de repérage et la cueillette de champignons pour concocter une potion.
Perché dans un arbre au-dessus du blond, un homme mystérieux discutait avec lui. La conversation était masquée par une envolée de familiers mais semblait avoir son importance. Avant de partir il déposait un sac rempli de provisions ainsi qu’un drôle de petit paquet emballé grossièrement.
Le destinataire de ces offrandes était satisfait de cette trouvaille.
- Toujours aussi efficace celui-là. J’espère qu’il pourra me le ramener et vite, marmonnait-il dans sa barbe avant de s’éclipser jusqu’à sa planque..:.
Il devait être à peu près vingt et une heure quand Leiftan rentra, argumentant que la lune tombée très tôt ce jour-là l’avait tout simplement distraite. Il passait donc la porte de sa chambre tout en se demandant si le jeune homme avait obéit aux ordres. Et en effet, il était toujours là.
Il dormait comme un enfant à même le sol,, étant tombé de son siège pendant son sommeil.
- Ce n’est pas un endroit pour dormir… soupirait le blond avant de le soulever délicatement pour le mettre au lit.
Dans son action,, il avait fait tomber le livre que Jay tenait et par conséquent le parchemin qui y était relié.
- Ne me laisse pas… semblait murmurer le fantôme qui tenait Leiftan par le tissu de sa veste. Il devait sans doute le prendre pour quelqu’un d’autre, dormant toujours aussi profondément. Maman…
L’étincelant avait ce regard de pitié devant le miséreux qui se reposait dans son lit. Il avait l’air pitoyable. N’avait-il toujours pas compris qu’il ne reverrait sans doute jamais sa famille ? Il saquait sur sa veste pour qu’il le lâche. S’il était gentil avec lui, c’était juste par intérêt. Leiftan espérait juste que ce gamin n’allait pas trop s’attacher à lui. Il n’était pas cette personne si spéciale qu’il attendait.
Alors qu’il comptait sortir pour aller dîner, il avait accidentellement marché sur l’ouvrage tombé au sol. Le papier qui l’accompagnait venait de lui piquer la curiosité.
Le fameux portrait dissimulé l’avait fait s’interroger, décollant délicatement le papier pour y découvrir un homme assez âgé. A priori il n’avait rien de particulier, mais Leiftan sentait qu’il était comme lui. Cela devait être pour cette raison que son collègue s’intéressait autant au fantôme.
- Hm. Ce pourrait-il ..?
Plus il observait Jay, plus il pensait que sa théorie était probablement infondée. Mais qui sait, l’adolescent était peut-être plus intéressant qu’on ne voudrait le croire…
Chapitre 4:. Le Mensonge.
Le réveil s’était fait plus agréable que la veille.
Jay avait ouvert les yeux dans un vrai lit bien confortable, cette pièce ne sentait pas l’humidité mais plutôt le chocolat chaud. Un plateau l’attendait sur la table de chevet accompagné d’un petit mot.
Bonjour prince !
Je ne savais pas ce que tu voulais manger alors j’ai choisi au hasard. J’espère tout de même que ce petit déjeuner te plaira.
Signé Leiftan.
PS : Ykhar viendra t'apporter d’autres livres dans la matinée.
Le fantôme avait un sourire un peu idiot qui s’était fané assez vite. Tout lui rappelait sa mère, notamment lors de ces jours où il faisait la grasse matinée car il avait travaillé jusqu’à tard la veille. Elle venait lui rapporter son petit déjeuner au lit en lui déposant un doux baiser sur le front, répétant très souvent qu’elle était fière que son jeune fils soit déjà autonome. Jay était le seul homme de la maison, son père était décédé depuis des années. Margaret ne s’était jamais remariée depuis, éduquant seule Jay et ses deux sœurs Sarah et Angela. Jay avait toujours beaucoup admiré sa mère. Penser autant à elle le mettait dans un certain inconfort. Il se demandait ce qu’il allait devenir sans elle, elle lui manquait déjà terriblement.
Il s’était enfin décidé à prendre son petit déjeuner, à nouveau assis sur le siège laineux. S’être réveillé dans ce lit lui avait fait étrange, lui qui se souvenait s’être endormi ailleurs.
D’abord le regard dans le vide, il avait fini par se concentrer sur l’étrange animal qui dormait dans le panier. La veille, Leiftan lui avait vaguement expliqué qu’il possédait un familier. Un Panalulu nommé Amaya.
Méfie toi d’elle, elle peut être une véritable peste quand elle le veut ! avait-il dit en ricanant alors qu’il mangeait son ragoût.
Encore une chose qui rendait Jay nostalgique, lui qui pensait à son chien Nestor. Malgré tout, il ne s’était pas encore fait à l’idée que plus rien ne serait comme avant.
Plongé une nouvelle fois dans ses pensées, les grognements d’Amaya éveillaient sa vigilance. Elle était en train de se réveiller et ne semblait pas de bonne humeur.
Le fantôme la fixait en lui grognant en retour alors qu’il buvait son chocolat.
Jay soupirait vivement avant de se souvenir qu’il devrait sans doute changer de vêtements et se faire un brin de toilette. Bien qu’il ne sentait pas spécialement mauvais, il se sentait sale et détestait ça. Il attendrait don que Ykhar passe comme prévu pour lui demander si elle pourrait lui apporter de quoi se changer.
Pour le moment, il se contentait juste d’enlever sa chemise et la déposer dans un coin, reprenant ses lectures après avoir fini de déjeuner.
Cette étude de la langue elfique lui semblait horriblement intéressante, il aurait donc pu y rester scotché pendant des heures s' il n’avait pas senti une odeur suspecte. Il grimaçait, se disant qu’il ne puait pas autant que ça. L’odeur émanait de l’endroit où le jeune homme avait posé sa chemise.
- Putain, ça pue… soufflait-il en renifflant l’air, n’arrivant pas à décrire ce qu’il sentait.
Jay s’était levé avec appréhension, s’approchant de sa chemise alors qu’Amaya venait de quitter le lit de manière discrète pour se glisser sur le carré d’herbe dissimulé par les rideaux bleus. Sa mine s’était décomposée en constatant que sa chemise avait été allégrement tartinée d'excréments de familier.
- Espèce de … ! avait hurlé le garçon en tentant d’attraper par la queue cette bête maléfique.
Il lui avait couru après pendant quelques minutes avant que le panalulu ne s’évade par la chatière. Déterminé à la récupérer, il avait passé outre l’interdiction de sortir. Le voilà donc enfin dehors, à courir après un familier bien trop fourbe pour lui. Sa chasse, bien qu’ayant duré une bonne partie de la matinée, s’était avérée infructueuse, Amaya reviendra sûrement plus tard quand elle en aurait marre.
Les couloirs étaient grands et très long, faisant pratiquement le contour de la salle du cristal. Jay ne connaissait pas cette partie du Q.G et s’était donc par conséquent perdu. À peine vêtu d’un débardeur et de son pantalon, il faisait frisquet, le fantôme avait la tremblote.
Bien heureusement, il avait vite retrouvé son chemin tout en se repérant par les décorations ornant le dessus des portes. Il n’avait fort heureusement croisé personne.
- Oh non j’y crois pas...
Il avait tout simplement claqué la porte, enfermé dehors il ignorait quand Leiftan allait revenir. Ce dernier ne lui avait pas précisé d’heure à son plus grand dam et serait sûrement furieux de le voir errer dans le Q.G à sa recherche.
Après un court moment de réflexion, il poussait la chattière avec son pied déchaussé. Peut-être pourrait-elle l’aider à rentrer ? Qui ne tentait rien n’a rien. C’est alors qu’il tentait l’impossible: entrer dans la chambre de l’étincelant en se glissant par la petite porte.
Il n’avait cependant pas du tout prévu l’éventualité qu’il puisse être bloqué, les fesses en l’air.
- C’est une blague… chouinait le gamin en gesticulant alors que le panalulu s’était enfin décidé à revenir. Amaya lui grattait les fesses, désirant que le fantôme se décale pour qu’elle puisse rentrer.
Ezarel était de bonne humeur, il avait fait une trouvaille bien intéressante sur le marché aujourd’hui. Pot de miel en main, il se dandinait l’air d’un imbécile heureux avant de se rendre compte qu’il venait de se prendre les pieds dans quelque chose... ou plutôt quelqu’un. Bien évidemment qu’il s’était rétamé au sol, mais au moins il avait évité de justesse la casse de son précieux.
- Tu peux pas faire attention ?! grommelait l’elfe en se relevant.
Si les griffures d’Amaya n’étaient pas suffisantes, l’elfe de laboratoire voyant ce popotin dépasser, avait délibérément tapé dedans avec son pied pour susciter une réaction de la part de son propriétaire qui était déjà occupé à geindre.
- Mais arrête Amaya ! C’est bon j’ai compris, j’aurais pas dû sortir…
L’absynthe ne reconnaissait pas cette voix. Elle ne provenait ni d’un des imbéciles du Q.G ni de l’une de ses ez’claves.
- Décline ton identité et dis moi pourquoi est-ce que tu cherches à rentrer dans cette chambre, ordonnait-il en tirant sur les pieds du pauvre garçon coincé.
Finalement Jay n’était pas parvenu à rentrer dans la chambre, le voici avec le pantalon partiellement déchiré, assis en tailleur dans un couloir à devoir fournir des explications au premier venu.
L’arrivée de Ykhar à ce moment donné lui avait paru comme une libération. Elle allait sûrement pouvoir l’aider à se sortir de cette nouvelle galère. Néanmoins, à la vue de son expression faciale, la lapine semblait bien contrariée.
- Jay , que fais-tu dehors ? voyant Ezarel à ses côtés, son niveau de stress avait empiré. Elle sautillait très nerveusement faisant signe à l’elfe de s’en aller. Ah, hm. Ez’ ! Tu peux t’en aller s’il te plait ? Je t'expliquerai ça plus tard. Mais s’il te plait n’ébruite rien de ce que tu viens de voir… bafouillait-elle en ouvrant alors la porte de la chambre à l’aide de ses clés, laissant entrer le fantôme et le familier. Le concerné toisait le jeune homme, l’air de lui dire “Je ne sais pas qui tu es mais je ne vais pas tarder à le savoir…”
- Dieu merci tu m’as sauvée ! pleurnichait Jay, l’air soulagé d'enfin être de retour dans la chambre.
Il avait presque oublié l’existence de sa chemise souillée, l’odeur était encore là. La lapine grimaçait en devinant d’où cela provenait.
Après s’être donc débarrassé du vêtement maudit, Ykhar pu donc aborder avec Jay ce sujet qui semblait tant la contrarier.
- Dis moi Jay, vraiment. Tu n’aurais pas vu un collier en or avec une gemme incrustée dessus ? Une émeraude ou un saphir je ne sais plus. Un joli bijou, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire…
En creusant dans son esprit, il se souvenait d’un collier que Leiftan avait souhaité lui remettre le jour de leur rencontre. Il se souvenait également du fait qu’il l’avait repris aussitôt qu’il l’avait pu. C’était peut-être ce qu’elle cherchait ?Le fantôme avait donc fait part de sa supposition à la rousse qui était de plus en plus nerveuse.
- Mais c 'est terrible ! Imagine s' il l’a oublié sur Terre ? Nous sommes foutus ! Nous allons mourir, Aurore va nous tuer c’est sûr ! hurlait la petite femme en se tenant la tête, comme si cette dernière allait tomber.
Jay semblait quelque peu soucieux à son égard, lui posant une main sur son épaule comme pour la rassurer.
- Je suis sûr que vous allez le retrouver. C’est pour quoi ? C’est juste un truc avec une valeur sentimentale ou bien…
- C’est le collier familial des Ulavaris ! Aurore va être furieuse !
- Mais qui est Aurore ?
Il était sûr qu’il avait lu quelque chose au sujet de ce fameux collier la veille :
Seuls les membres avérés de la famille royale des Ulavaris possédaient l'habileté de pouvoir porter ce collier. On racontait que la pierre dedans avait été forgée dans une larme de la déesse elfique Moira. En plus d’avoir une énorme valeur, il était l’un des seuls moyens de confirmer si oui ou non Jay était bien le Prince.La garde ne faisait que l’affirmer depuis le début mais n’avait pas encore de preuve tangible
- Vous comptiez donc dessus pour vérifier si je suis vraiment un Prince ? Et si ce n’est pas le cas, qu’allez-vous faire ?
-Nous n’avons pas prévu cette éventualité justement… Il faut vraiment le retrouver, c’est une question de vie ou de mort !
-Tu n’abuserais pas un peu ?
La rousse avait bien dit “l’un des seuls”. Pour Jay il devait exister d’autres moyens.
Ykhar argumentait qu’elle avait des raisons valables d’avoir peur. Aurore était l’une des rares survivantes elfe du “Jour Dernier”. Ancienne nourrice royale, elle connaissait les membres de la famille Ulavaris comme personne et était donc très bien placée pour déterminer beaucoup de choses en lien avec eux. Elle avait confié le collier à la garde d’Eel dans l’espoir qu’ils puissent rechercher et trouver le Prince envoyé sur Terre seize ans plus tôt.
- Nous sommes damnés…
-Mais non. Je suis persuadé qu’il n’est pas loin, remarquait Jay qui avait fini par se sentir exaspéré par la panique de Ykhar. Il n’avait pas conscience des enjeux derrière cet artefact, d’où son attitude quelque peu détachée vis-à-vis de la situation.Le fantôme laissait la demoiselle se calmer avant de lui demander des rechanges.
- Ah ! Oui, bien sûr...On ne peut pas te laisser comme ça… ricanait nerveusement la rousse. Je vais prendre tes mensurations, Purriry te fera une très jolie tenue ! En attendant je pense que tu peux emprunter des vêtements par-ci par là !
Jay eut l’air de pouffer, s'imaginant déjà avec des vêtements provenant des quatres coins du Q.G probablement trop grands pour lui.
- Sinon je peux toujours te filer des miens, on fait la même taille… Ça ne te dérange pas ?
- Ça sera toujours mieux que de flotter dans les vêtements de Leiftan. Vas-y raboule !
Sur ceux la demoiselle était partie faire un aller-retour dans sa chambre. Quelque peu soulagée d’avoir pu parler avec le jeune homme bien qu’au fond elle était toujours un peu stressée..:.
- Jamon, fais moi entrer ! hurlait Ezarel alors bloqué devant l’entrée de la salle du Cristal. L’ogre tenait loyalement la garde et empêchait tout passage.
- Miiko à dit, personne rentrer. Donc, toi rester dehors.
La kitsune était en effet occupée avec Nevra, elle lui donnait une ordre de mission.
- Tu n’étais pas censé être au courant, alors garde ça pour toi d’accord ?
demandait-elle au vampire qui comptait aller se préparer.
- Oui, oui ! Promis. Mais tu auras intérêt à me la présenter cette princesse !
- Je vois que tu ne perds pas le Nord… Allez, ouste ! Elle chassait son collègue de la salle pour retourner à ses petits papiers mais c’était sans compter l’éruption de l’elfe qui avait miraculeusement réussi à se faufiler dans la pièce pendant que Jamon laissait sortir cet autre baratineur de Nevra.
- Tu me dois des explications.
- Quoi ?
- Ne fait pas l’innocente. Si Nevra sait, je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de savoir.
Miiko n’appréciait pas spécialement que le chef de garde vienne fouiner dans ces affaires, la situation était déjà assez grave comme ça.
- Mêle-toi de tes affaires, avait juste rétorqué la cheffe en balayant l’air d’un revers de la main.
Ils entamèrent un dialogue de sourd : Miiko était déterminée à ne rien dire et Ezarel voulait tout savoir.
- Tu le sauras plus tard. Nous ne pouvons pas en parler pour le moment, déjà que je n’étais pas très encline à en parler avec Nevra...
Ezarel levait les yeux au ciel. Il détestait cette manie de Miiko à mentir à tout bout de champ. Même si cela s’avérait utile de temps à autre, il se disait aussi qu’il n’était pas un simple subordonné. De son côté, Ezarel était bien évidemment vexé qu'on ne lui dise rien. Il avait finalement conclu qu'il allait devoir arracher le problème à sa source.
- Merci Ykhar.. Je vais les enfiler après une bonne douche bien mérité ! Et sur ce, la lapine l'avait mené jusqu'aux douches communes peu fréquentées à cette heure-ci.
Sur le chemin, ils avaient croisé Jamon auprès duquel le jeune homme s’était excusé platement : Jamon, c’est ton nom ? Je voulais te dire que j’étais désolé. T’avoir insulté de la sorte c’était vraiment pas cool. Ce à quoi l’ogre lui avait répondu qu’il ne lui en voulait pas avant de lui faire une tape dans le dos. Sa force impressionnante l’avait fait valdinguer quelques mètres plus loin. C’était affectueux, soi-disant.
Cette douche ne valait pas un bon bain, mais le jeune homme était déjà très content d’avoir pu se laver.
- Je repasserais régulièrement au cas où tu aurais besoin de nous !
Ainsi, elle laissait leur petit protégé seul afin qu'il puisse avoir un peu de temps pour lui. Amaya était toujours là, l'air fière de sa bêtise.
- C'est ça, rigole de ta connerie espèce de peste , grommelait donc le fantôme avant de s'installer avec sa serviette pour cheveux sur les yeux.
Son repos fut de courte durée puisque se tenait face à lui, un elfe curieux qui avait trouvé le moyen de rentrer par effraction dans la pièce, coinçant volontairement sa gambette dans la porte alors qu’elle tardait à se refermer. Pris de surprise, l’adolescent sursauta.
- What the fuck...
C'était l'elfe de tout à l'heure, mais que lui voulait-il ?
Dans tous les cas, le garçon semblait prêt à en découdre, en témoignait les ouvrages qu'il comptait lui lancer au visage.
- Les autres ont une raison de tolérer ta présence, je suis un chef de garde j'ai le droit de savoir.
Jay levait les yeux au ciel, prétextant ne pas comprendre l'Eeldien.
- I don't understand what you mean dude! Leave me alone.
- Ne joue pas à ce jeu avec moi, je t'ai déjà entendu parler avec Ykhar tout à l'heure.
- Si tu t’approches de moi, je hurle.
Les deux garçons s’étaient fixés pendant un long moment avant que le fantôme ne cède. Il n’avait jamais été très doué avec les combats de regard.
- Ah ! T’as perdu gros naze. Réponds à mes questions maintenant.
Jay pestait, les cheveux trempés lui encadrant le visage et lui donnant des airs de serpillières.
- Piss off.
Ce fut pile à ce moment-là que le propriétaire légitime de la chambre débarquait.
- Ezarel ? Je peux savoir ce que tu fais là ? demandait l’étincelant, clairement dérangé qu’on pénètre son intimité de la sorte.
- J’aimerais te demander la même chose concernant ce petit gars que tu vois là.
- C’est mon protégé, qu’il avait juste déclaré en posant sa main sur l’épaule du garçon qui séchait sa crinière. Va-t-en maintenant, tu lui fais peur.
Jay eut l’air de prendre quelques rougeurs, “son protégé” ? C’était un peu spécial comme appellation tout de même. L’absynthe eut l’air décontenancé devant l’attitude du blond, lui qui était si gentil d’habitude. Il sortait alors, quelque peu en colère. Gngngngn, je finirais bien par avoir le fin mot de cette histoire…
qu’il avait marmonné.
- Tu vas bien ?
Jay se le demandait aussi. Si il allait vraiment bien ou non. Il avait vécu en presque deux jours autant d’évènements invraisembables qu’il aurait été incapable d’expérimenter en dix-sept ans d’existance.
- Je suppose.
Il ne voulait pas l’avouer, mais son esprit était sans dessus dessous depuis qu’il était arrivé ici. Il avait vraiment besoin de souffler. Son regard était dans le vide et son expression figée, preuve que cette situation le contrariait.
Leiftan venait alors lui essuyer les cheveux, prétextant qu’il allait prendre froid s' il restait ainsi.
- Si tu souhaites en parler, n’hésite pas surtout… il frottait son crâne avec une douceur indescriptible.
- Tout me rappelle ma mère, répondait juste le fantôme en repoussant mollement l’étincelant. Elle me manque. Je veux me réveiller de ce cauchemar et rentrer chez moi. Immédiatement.
Au yeux de Leiftan, ce gamin n’était qu’une mimi geignarde. Il voulait juste lui dire “Et moi alors ? Mes parents sont morts. Je ne m’en plains pas sans cesse. Maintenant que tu es ici, tu vas devoir t’y faire. Oublie-les avant qu’on ne te les fasses oublier par la force.”
Il avait cette espèce de contrariété qui bouillonnait en lui. Malgré ses beaux sourires, il n’hésitait pas à le prendre de haut. Quitte à se comporter comme le plus hypocrite des hommes. D’habitude il ne se prenait pas autant le choux, surtout pour une lavette pareille.
Alors que Leiftan comptait davantage lui parler, Miiko avait fait irruption dans la chambre.
- Leiftan ! J’ai besoin de toi quelques instants.
Les deux faeries n’étaient pas parties bien loin, en effet Jay était capable de pouvoir ouïr leur conversation, bien que de manière assez vague. Il se collait à la porte pris d’un élan de curiosité malsaine.
- Un émissaire d’Elgen arrive dans trois jours, nous devrions...
- Il faudrait lui dire à propos de sa famille. Il a le droit d’être au courant, coupait Leiftan.
- C’est mieux qu’il ne sache rien tu le sais mieux que moi.
- Pour qu’il s’inquiète encore plus à leur sujet?
- Je ne suis pas venue te parler pour ça, écoute moi.
- Miiko.
- Je pense qu’il “serait” ravi d’apprendre que sa mère est en réalité une faelienne et qu’elle lui a fait volontairement boire une potion d’oubli pour que son existence soit effacée de toute la Terre ! avait-elle presque hurlé avant de se rendre compte qu’elle parlait sans doute trop fort. S’il te plait, Leiftan, changeons de sujet. Je t’ai dis qu’un émissaire viendrait, nous devons nous occuper de l’éducation du prince en priorité !
Le fantôme semblait comme effondré. Il ne voulait pas y croire.
Toute sa famille, tous les gens qu’il avait connu, tout le monde sur Terre. Ils l’avaient tous oublié.
Sa propre mère avait participé à son enlèvement. Le jeune homme prenait cela pour une trahison.
“Elles savent”, cette phrase prenait donc tout son sens. Ça n'avait clairement pas plu à Jay d’apprendre la nouvelle de cette manière. Il ressentait comme un étrange mélange de colère mais aussi de profonde tristesse.
Lui qui avait toujours appris à se renfermer sur lui-même, avait juste envie d’exploser.
Jay voulait hurler à plein poumon, cette terrible angoisse refaisait surface. Elle lui agrippait la gorge et l’empêchait de sortir le moindre son. Son rythme cardiaque semblait s'accélérer, pris de palpitations. Il était définitivement seul désormais.
- M..Maman… qu’il murmurait assez difficilement.
Flou. Tout était flou autour de lui. Les larmes qui coulaient de ses yeux lui brouillaient la vue. On l’entendait sangloter.
- Hm ? Je rêve ou j’entends quelque chose ..? Dans la chambre, soufflait Miiko en désignant du menton la porte devant laquelle ils se trouvaient. Le blond avait hésité pendant quelques instants, devait-il entrer dans la pièce ?La kitsune semblait exaspérée, poussant elle-même la porte pour tomber sur un Jay recroquevillé sur lui-même dans un coin de la chambre. Il avait la tête baissée et pleurait.
- Prince … ?
Miiko s’approchait doucement du garçon, inquiète de son comportement.
- Ferme-là.
- Je vous demande pardon ?
- Arrête de parler.
Leiftan l’observait du coin de l'œil depuis le pas de la porte, sentant que l’atmosphère s’était étrangement dégradée. Il était fasciné.
- Miiko, tu devrais t’en aller , suggérait donc l’étincelant alors que l’adolescent relevait la tête.
Ses yeux avaient changés, sa sclérotique était devenue noire comme le néant. Jay semblait être devenu bien plus menaçant, comme en témoignait l’espèce d’aura qui se dégageait de lui.
Si d’habitude Miiko était également une grande gueule, elle se sentait à présent incapable d’agir. Elle faisait face à une sensation inconnue qui commençait à l’envahir. Mettant sa fierté de côté, elle avait tout intérêt à suivre les directives de son collègue.Ainsi, elle se glissait à reculons en dehors de la chambre. Comme si Jay aurait été prêt à l’attaquer dès qu’elle aurait le dos tourné.
- Vous n’êtes que des menteurs… Allez crever !
Leiftan était comme insensible à ses menaces de mort, bien trop ensorcelé par ce qu’il voyait. Le jeune homme s’était approché de lui, comme pour vouloir le frapper avant d’aller s’occuper du cas de la kitsune. Il était épris d’une haine incroyable. Elle l’aveuglait et le poussait à la violence. Levant son poing, il était prêt à lui en coller une sur le visage.
- Pas maintenant.
L’étincelant lui avait attrapé le bras, lui parlant avec cette voix cristalline. Ils se regardaient droit dans les yeux. Jay se sentait étrange.C’était comme si sa rage était retombée aussi soudainement qu’elle était venue. Mais cela ne changeait rien à son mal être.Il bousculait le lorialet pour sortir de la pièce avec précipitation.
Miiko voulait le rattraper pour lui demander des explications, mais Leiftan l’avait conseillé de lui laisser du temps. Après tout, Jay avait besoin de s’isoler pour se calmer.
Pour la deuxième fois en deux jours, le jeune garçon était lancé dans cette course aveugle. Rien ne semblait droit, tout était flou. Et Jay était juste là, à courir comme s' il ne voulait plus que ses tourments ne l’attrape.
Il s’était arrêté au bord de l’eau, près du parc de la fontaine. Il n’y avait personne à cette heure-ci. C’était tout ce qu’il voulait. Il était tombé à genoux devant la zone aquatique
Ces deux derniers jours l’avait mis à bout de nerf, il avait besoin d’évacuer. Pourtant il avait toujours eu tendance à concentrer ses sentiments en lui, cette explosion soudaine lui paraissait comme bien inhabituelle.Jay avait beaucoup pleuré. Il voulait évacuer le plus de pression possible, lui qui était déjà plein à craquer depuis fort longtemps.
Il prenait l’herbe entre ses mains et l'arrachait d’un coup sec avant de s’en débarrasser en la jetant dans l’eau. Il se sentait lasse et incapable. La solitude avec laquelle il avait cohabité pendant longtemps commençait à le ronger jusqu’à la moelle.
Le fantôme s'était penché au-dessus de l'eau, constatant un léger changement d'apparence en apercevant son reflet. Il se trouvait monstrueux.
Le second sceau est sur le point de céder, ce n’est pas le bon du tout, songeait Leiftan en se rapprochant de l’adolescent. Sentant une vague présence, le concerné n’avait pas osé se retourner.
- Si c’est Miiko je n’ai qu’une seule chose à dire. Va-t'en et laisse moi tranquille.
Et pourtant, la présence se rapprochait de lui, Jay peu serein n’avait toujours daigné bouger.
- Je suis désolé que tu ais appris la nouvelle ainsi, soufflait l’étincelant comme pour s’excuser au nom de Miiko.
- Tu n’y es pour rien… le fantôme n’arrivait pas à en vouloir à Leiftan, il n’avait pas voulu lui cacher la vérité au contraire de la kitsune. J’imagine que l’avoir appris maintenant ç-ça n’est pas plus mal… qu’il essayait de se convaincre.
Au fond, il était toujours en colère. Ses yeux le témoignaient bien.L’homme lui avait ébouriffé les cheveux et lui adressait un regard doux.
- Ne me regarde pas, je… bafouillait nerveusement le fantôme.
- Tu as le droit de te sentir mal après avoir vécu et appris des choses pareil. Jay, s’il te plait. Essaie de prendre soin de toi.
Leiftan se montrait très rassurant à son égard. Il avait l’impression que l’étincelant était le seul à vraiment faire attention à lui ici. Ainsi il pourrait apprendre à se détendre auprès de lui et par extension baisser sa vigilance.L’homme le plus âgé ouvrait ses bras, comme pour inviter Jay à venir se réfugier dans ses bras. Le concerné avait hésité pendant quelques instants avant de venir se blottir.
Cette étreinte lui était libératrice, malgré sa solitude il savait que Leiftan était là.
Il passait sa main sur la joue du jeune garçon, qui n’avait pas daigné le regarder dans les yeux plus longtemps. Tous ses mauvais sentiments semblaient s'être évanoui.
Ainsi son état revint à la normale, de même que pour ses yeux qui avaient perdu leur lueur noire.
- Merci…
Ils étaient restés quelques heures au bord de l’eau, discutant de la pluie et du beau temps.
Les deux hommes semblaient être dans leur bulle au plus grand bonheur du fantôme qui avait besoin de se changer les idées.
Miiko avait tardé à venir les déranger , pour ainsi dire , le soleil s’était déjà couché.
Cette fois-ci, elle n’avait pas laissé le jeune homme à part. Elle semblait avoir compris sa faute mais Jay n’était pas d’humeur à vouloir lui parler.On aurait dit un enfant qui boudait.
- L’émissaire qui va venir...Il va nous confirmer si oui ou non tu possèdes bien un lien avec la famille royale.
- Il aurait peut-être fallu faire ça avant, de me faire boire votre stupide potion, répondait le fantôme de manière cinglante, insistant bien sur le mot “avant”.
Miiko regardait le jeune homme d’un air interdit avant de lâcher un grand soupir. Pour elle, le mal était fait. Il était déjà trop tard.Elle avait soupiré avant de faire état de ses explications.
L’émissaire d’Elgen allait arriver dans une semaine très exactement, ce qui leur laissait peu de temps pour offrir le minimum d’éducation à Jay. Il fallait présenter à l’invité le meilleur candidat possible. Cette tâche incomberait donc à Ykhar et à la cheffe du Q.G elle-même.
- Nous commencerons dès demain. Profite de cette nuit pour aller te reposer, avait conseillée la jeune femme avant de prendre la route pour rentrer.
Ces dernières révélations avaient bien contrarié Jay. Et même s' il avait réussi à extérioriser une bonne partie de ses soucis, il se sentait toujours un peu mal.Finalement, il se disait qu’avec tout ce qui allait l’attendre la semaine prochaine l’aiderait à occuper l'esprit. Une sorte de façon d’oublier ses petits soucis.
Leiftan et le fantôme avaient fini par rentrer eux aussi, profitant d’un repas bien mérité avant qu’une question ne vienne se poser à eux
Une couchette était venue se rajouter à la chambre, dans laquelle Jay était supposé dormir.
- J’y pense. C’était pas là hier soir… remarquait l’adolescent en pointant du doigt le lit de fortune. C’est toi qui m’a mis dans le lit hier soir ? Et toi alors, tu as dormi où ?
- Je t’ai trouvé au sol et j’ai jugé bon de t’installer là. J’ai dormi dans mon siège. Mais ne t’en fais pas, j’ai l’habitude de dormir un peu n’importe où, notamment quand il faisait de la paperasse. Il lui arrivait assez régulièrement de s’endormir sur son bureau ou d’aller faire des siestes sous les arbres en pleine après-midi.
- Oh.. Merci je suppose… Mais promis, cette fois je te rends ton lit.
- Un prince ne dort pas par Terre… qu’il rétorquait simplement.
- Non, je regrette je ne peux pas te laisser dormir ailleurs que dans ton lit une nuit de plus !
Les deux hommes s’étaient “disputés” pendant une demi-heure pour savoir qui allait au bon dieu prendre le lit ce soir. L’un voulait le laisser à l’autre.
- Et bien, puisque tu ne souhaites pas prendre le lit ce soir… Leiftan s’était allongé sans aucun préavis sur la couchette sous le regard boudeur du fantôme.
- Bouge tes grosses fesses de là ! pestait l’adolescent en poussant son camarade du lit de fortune alors qu’il venait également s’y installer.
- Tu vois bien que c’est trop petit pour nous deux, va dormir sur le lit.
- Toi bouge, tu prends toute la place !
Ils s’étaient encore chamaillés et poussés à l’image de deux enfants qui se battaient pour des futilités. Leiftan avait certes beaucoup d’a priori envers Jay mais il arrivait à le découvrir joueur et taquin sous ces airs de petite pleurnicharde.Ce gamin lui paraissait bien plus intéressant qu’à l’accoutumée.
Enfin, ils étaient tombés par terre à force de jouer de la sorte, l’un sur l’autre comme la veille. Jay commençait à trouver que ça leur arrivait souvent. Mais il préférait en rire plutôt qu’en pleurer.
- Je ne te savais pas aussi confortable, très cher , qu’il soufflait en posant sa tête brièvement sur le torse du fantôme avant de se relever en riant. Quitte à se battre, ça serait dommage de se battre pour un lit confortable ! C’est pour ça que je le laisse.
L’adolescent eut l’impression d’avoir manqué un battement. Il mentirait s' il disait que cet échange ne l’avait pas perturbé. Mais il n’en ferait pas état. Comme d’habitude il allait se taire sur ce qui venait de se produire.
- Tu ne vas pas recommencer ! Tu sais quoi ? On a qu’à alterner ça sera plus simple. C’est mon tour de dormir sur la couchette ce soir, avait finalement conclu Jay avant de s’asseoir dans le lit de fortune. Il tirait allègrement la langue à son camarade. Après autant de péripéties, ils avaient tous deux décidé d’aller dormir. Le fantôme fut d’ailleurs le premier à tomber dans un profond sommeil sous la surveillance de l’étincelant.
Quelques heures plus tard.
Il était bientôt l’heure, il devait repartir en forêt. Alors Leiftan se leva silencieusement pour se préparer et puis sortir. Cependant la discrétion ne semblait pas avoir suffit, Jay s’était brièvement réveillé. Il avait entrevu le blond mener ses petites occupations.
- Ssh… Rendors toi, que murmurait le blond alors qu’il se penchait doucement vers le jeune homme. Il semblait si vulnérable. Son regard à mi-endormi ne pouvait empêcher de susciter sa pitié dans son petit cœur de pierre.
Sur ce, Leiftan avait disparu dans la pénombre alors que Jay tombait à nouveau dans les bras de Morphée.
Tu as l’air d’être un garçon plein de surprise.
C’est dommage mais tu n’es pas celle que je recherche.
/!\ Cette entrée relate les faits se passant entre le chapitre 4 et le chapitre 5.
Ayez au moins fini de lire le chapitre 4 pour ne pas vous faire spoiler et pouvoir correctement saisir le contexte.
Entrée n’1 :. Longues sont les semaines
23 octobre 20xx-
Cher journal.
On m’a conseillé d’écrire, notamment lorsque ma tête est pleine et mon cœur lourd.
Je suppose donc que je vais devoir écrire régulièrement.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire puisque je me suis déjà confié à Leiftan.
Une prétendue émissaire arrive dans une semaine et cette nouvelle ne m'enchante pas vraiment. J’en veux énormément à Miiko pour m’avoir caché la vérité à propos de ma famille terrienne.
Mes semblables me manquent mais je suppose que je vais devoir commencer à les oublier peu à peu.
29 octobre 20xx-
J’ai pu bénéficier d’une formation accélérée auprès de Miiko et Ykhar depuis la dernière fois que j’ai écrit dans ce journal.
Elles voulaient me former aux bonnes manières et aux bases de l’éducation princière.J’ai d’ailleurs appris que l’autre kitsune était aussi une princesse.
J’ai préféré travailler auprès de Ykhar, je me sens plus à l’aise avec elle.
30 octobre 20xx-
L’émissaire du nom de Aurore Danthalion est arrivée à Eel. Elle s’est présentée à moi comme la nourrice de la famille royale.
Nevra, l’un des chefs de garde, n'a pas réussi à récupérer le collier de ma famille. La dame était bien évidemment en colère mais n’a étrangement pas crié sur Miiko.
Selon Ykhar, elle est la seule à pouvoir déterminer si oui ou non je suis bien le prince. Et en effet, elle m’a fait subir quelques examens. Elle déclare que la ressemblance physique avec la reine ne fait pas tout et qu’il faut que je remplisse certains critères. Mais je pense que c’est surtout une excuse pour m’examiner de plus prêt.
Je sais que la chose qu’elle a trouvée le plus marquant sur moi est était une tache de naissance située sous l’aisselle droite. Elle a d’ailleurs une forme de larme. C’est ça qui l’a aiguillé sur sa décision.
Elle s’est par la suite agenouillée pour me montrer signe de respect en m’appelant par ce que je suppose être mon vrai nom : Rokunn Sylvares Ulavaris.
Aurore est d’ailleurs indignée du fait que personne ne vienne régulièrement me faire des courbettes et me cirer les pompes.
Mais je m’efforce toujours de lui dire que non, je n’ai pas besoin que l’on fasse autant de manière avec moi. Et qu’elle aussi a le droit de me tutoyer.
Je suppose qu’elle le fait par habitude, elle qui m’a expliqué très bien connaître ma famille.
6 novembre 20xx -
La confirmation de ma présence dans le quartier général s'est faite en grande pompe.
Je n'ai plus à vivre caché depuis aujourd’hui pour mon plus grand bonheur.
On m’a même proposé une chambre mais je l’ai refusé.
J’ai décidé d’un commun accord avec Leiftan qu’on allait continuer notre cohabitation.
Je pense que je me serais senti très seul dans cette luxueuse chambre que l’on m’a réservé. De toute manière, l'abondance de biens matériels ne m’a jamais vraiment attiré. Même si j’avoue que les nouveaux vêtements que j’ai pu recevoir durant mon espèce de fête de bienvenue sont vraiment très beaux.
Le statut de prince n’est pas une chose dont j’aime me vanter mais je me plais à porter des beaux vêtements.
J’ai fait connaissance avec Ezarel. Au début, j'étais assez méfiant envers lui. Mais au fond c’est un bon gars. Je le trouve marrant. Quelques rencontres intéressantes se sont également faites. Valkyon, Chrome ou encore Keroshane sont à mon goût des personnalités intéressantes.
Par ailleurs, j’ai intégré la garde absynthe. Celle dirigée par Ezarel. Je suis supposé commencer mes cours d’alchimie et de magie demain.
Enfin, Aurore m’a avoué le fait que mes caractéristiques elfiques étaient scellées par la magie et qu’elle ne sait pas comment briser le sceau, du moins pour le moment. Aussi m’a-t-elle conseillée d’attendre car elle pense que mon corps avait besoin de se réhabituer à la présence de maana et qu’avec le temps le sort partirait de lui-même.
6 décembre 20xx -
Ce mois de Novembre m’a paru tellement long. Je ne peux pas décrire d’évènements très palpitant puisqu’il ne m’est pas arrivé grand-chose. Cela fait six semaines que je suis arrivé à Eldarya.
Trois heures de cours par jour, cinq fois par semaine avec Aurore.
Deux heures d’exercices à la magie tous les jours et cela depuis le début du mois dernier.
Reprendre le chemin de l’école m’a paru assez étrange. Et même aujourd’hui je n’en ai pas l’habitude.
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire mais personne à part Leiftan n’est au courant de cela.C’est d’ailleurs aussi mon premier anniversaire sans ma famille. Mais on ne peut plus dire que j’en ai encore une.
J’apprécie mes camarades et pourtant je ne me sens pas vraiment proche d’eux. Surtout que depuis quelques jours ils m’évitent. J’avoue me sentir assez maussade face à cette situation.
Je me sens terriblement seul.
Et bien que mon arrivée à Eel ait drastiquement changé ma vie, certaines choses ne changent pas : La solitude et le manque sont toujours là.
Heureusement que je peux compter sur Leiftan, il est le seul avec qui je me sens réellement bien. J’arrive à me confier à lui sans soucis. Et même si nos débuts ont été difficiles je trouve qu’on s’entend assez bien désormais.
Assez bien… Enfin.
Oui.
C’est ce que je pense.
Mais j’avoue que quand il s’amuse à m'ébouriffer le crâne, mon cœur bat à la chamade. Je ne me pose pas vraiment de question pour le moment puisque j’ai tendance à m’emporter pour pas grand chose. Surtout depuis que je suis au Q.G.
Au moins là-bas, j’ai l’impression que je peux enfin être moi-même sans me cacher.
En dépit de tous les sacrifices, je me demande vraiment si je dois regretter ou non mon ancienne vie.
Quoi qu'il en soit, je vais bientôt commencer mon cours avec Aurore.
Devoir travailler le jour de son anniversaire est un crime !
J’aimerais bien me reposer aujourd’hui. Je suis mort de fatigue.
Ces deux-là m’en font voir de toutes les couleurs depuis quelques jours, au secours !
Je reviendrais sans doute écrire ce soir s' il ne se passe rien.Je ne m’attends pas à grand-chose de cette journée de toute manière.
J’ai hâte de croiser Leiftan, je ne l’ai pas encore vu aujourd’hui.
Bref. Je dois aller à mon cours avec Aurore maintenant, que les dieux viennent me sauver de sa tyranie…
Chapitre 5:.
Sortie prévue pour le 20 juin 2021
Dernière modification par Rokunn (Le 14-10-2021 à 12h12)