Waitikka enfile une veste avant de sortir du grand bâtiment. Elle est prête à braver le vent frais qui vient de l'océan pour prendre un peu l'air. Il est encore tôt, mais elle balaye pourtant le ciel à la recherche du soleil. Il se cache derrière les nuages et si l'envie d'aller le chercher à tir d'ailes se fait sentir, une violente bourrasque l'en décourage. Un frisson glacé remonte depuis ses reins jusqu'à l'orée de ses cheveux. Les rubans roux s'envolent et s'emmêlent. Waitikka n'essaye même pas de les retenir. Au lieu de cela, elle laisse ses pas la guider jusqu'aux remparts qui entourent la cité. Elle y grimpe depuis un petit corridor qui se trouve derrière les serres des alchimistes et elle a bien raison, parce que là bas, c'est tranquille, loin des foules, du marché, du port ou même des gardes. Il n'y a rien à voir si ce n'est l'océan. Même la plage ne vient pas trancher le bleu de l'eau, ici, qui s'écrase contre les falaises abruptes. Seuls les nuages offrent un peu de leur écume sur les crêtes de vagues.

Waitikka s'installe et s'asseoit dans le creux d'un créneau pour se protéger du vent. Elle laisse ses jambes pendre dans le vide tout comme elle laisse le temps s'égrainer. Ca fait du bien, de s'extraire des tâches quotidiennes, des pensées organisées et des objectifs de la semaine. Elle reste juste là, et elle apprécie le paysage.
Jusqu'à ce que sa peau frissonne bien elle aime ça. Dans sa veste, un petit carnet et un crayon restent au chaud. Finalement, il y a trop de vent et il semble à la jeune femme de l'Etincelante que l'air devient humide. Elle soupire.

Finalement, elle a faim et elle se demande si Karuto a préparé ces petites brioches qu'elle aime tant. Il n'y a qu'une seule façon de le savoir et c'est en déglutissant d'avance, que Waitikka se relève du rempart pour reprendre le chemin du Quartier Général de la Garde d'Eel.

Lulyah salue son familier avant de quitter sa chambre. Ou plutôt, son sanctuaire comme elle l’aime à l’appeler. Car après tout, il s’agit bien du lieu qu’elle préfère dans tout le QG avec le cerisier centenaire. Mais pour l’heure, sa prochaine destination est le réfectoire. D’ailleurs, son estomac se manifeste pour approuver ses dires et elle accélère un peu le pas.

Cette fois, tout est calme dans la salle des portes, personne ne semblant vouloir la héler avec force ou la tancer vertement. Sans compter que les morts de faim sont déjà passés à table et les plus mesurés ne sont pas encore sur les lieux. Autrement dit, il s’agit là de l’heure parfaite pour se rassasier dans le calme. Lulyah sourit à cette constatation avant d’entrer dans le réfectoire. Et comme il n’y a pas grand-monde devant elle, elle ne tarde pas à se retrouver face au satyre en charge du service. Cependant, la gardienne déchante bien vite quand elle contemple l’assiette creuse qui lui est tendue. Une sorte de liquide marron s’y trouve, avec d’étranges bouts flottant à la surface. Viande ou légume, difficile à dire.

— Karuto ? Qu’est-ce que c’est ? se risque-t-elle à demander.
— Ce soir, c’est ragoût spécial Karuto avec mes fameux ingrédients secrets. Tu m’en diras des nouvelles !
— Euh… très bien…

Lulyah le remercie d’un bref signe de tête et part s’asseoir à l’une des tables du fond. Sans attendre, elle commence à manger ce plat des plus étranges. Et contre toute attente, ce n’est pas si mauvais que ça. Juste… curieux.

— Je me demande vraiment où Karuto va chercher ses recettes…

- C'est une question que je me pose aussi, figures-toi ! répond une voix légère.

Une jeune femme à la peau pâle, parsemée de tâches de son, s'installe en face de Lulyah. Sa chevelure rousse encadre un visage arrondi qui témoigne d'une certaine jeunesse. Pourtant, dans le regard de Waitikka, on y devine les plus grands glaciers des terres du Nord où l'hiver règne en maître, qu'importe le moment de l'année.

- Cela dit, j'ai bien aimé eeet... regarde ce que j'ai pu mettre de côté cette après-midi !

En arrivant, Waitikka a posé quelque chose sur le banc. Elle le récupère et le pousse sur la table, devant Lulyah. Il s'agit de deux belles miches de brioche dorée coupée en leur centre. De l'incision, on voit les coulures généreuses d'une pâte épaisse et brune aux embruns chocolatés. Waitikka explique que sur ce nappage délicieux, ont été déposées plusieurs rondelles de fruits de minuit.

- Dès que Karuto prépare des brioches, je brave son regard assassin pour m'en mettre de côté et me préparer ça. Ca te dit de partager avec moi, pour le dessert ? J'ai peut-être eu les yeux plus gros que le ventre...

Lulyah ne peut que sourire à la personne qui se tient devant elle. Elle n’a jamais vraiment eu l’occasion de discuter avec Waitikka. Après tout, elles ne sont pas dans la même garde. Sans compter que l’étincelante semble être tout ce que l’obsidienne n’est pas. Forte, sûre d’elle et certainement pas timide. Et non seulement, elle partage sa table, mais en plus, elle lui propose des brioches. Et la gourmande Lulyah ne peut dire non à de telles douceurs, surtout si gentiment proposées.

— Avec plaisir ! Il serait en effet dommage de les perdre.

Ayant finalement terminé son assiette d’étrange ragoût, la gardienne à la peau verte se permet de prendre un morceau de brioche. Et force est de constater qu’elles n’ont pas simplement l’air d’être succulentes : elles le sont !

Lulyah sourit un peu plus tout en profitant de la présence qui partage son repas. Au loin, il est possible d’entendre Karuto chanter fortement les louanges de son ragoût à qui veut l’entendre. Et si l’aspect est toujours aussi peu engageant, il semble avoir mis tout le monde d’accord : c’est mangeable.

Même si les conversations sont finalement restées assez banales, Lulyah a l’impression de connaître un peu mieux Waitikka. Malgré la différence de garde, elle est beaucoup plus facile à approcher que ce que la faelienne avait pensé. Et elle est de plus agréable compagnie que Karenn et Alajéa. D’ailleurs, l’obsidienne sait qu’elle devra confronter ses « amies » à un moment ou à un autre. Mais plus tard. Absorbée par sa conversation, elle resta à table beaucoup plus longtemps qu’elle en avait l’habitude. Et c’est agréable.

Waitikka ne connaissait pas Lulyah avant ce soir. Elles s'étaient croisées à plus d'une reprise et avaient brièvement échangé, mais uniquement dans le cadre du travail. Il n'y avait jamais rien eu de très personnel. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait à la jolie rousse d'aller aborder la voyostoda, que l'originale apparence intriguait.

Finalement, elle ne regrette pas du tout, de s'être imposée à sa table et elle apprend que Lulyah est une jeune femme adorable. Si bien que la soirée passe à une vitesse folle malgré la banalité de leur discussion. C'est seulement quand elle entend le claquement fort du retour de comptoir de Karuto que Waitikka réalise qu'elles sont les dernières encore dans le réfectoire et le satyre leur fait comprendre d'un regard lourd de sens qu'il serait peut-être temps de débarrasser le plancher.

Un sourire un peu crispé se peint sur les lèvres de l'étincelante quand elle envoie une petite vague de la main vers le cuisinier.

- Je crois qu'on ferait mieux de décamper si on ne veut pas servir de repas aux gardiens de demain. Je dois retourner bosser, j'ai pas terminé tout ce que j'avais à faire aujourd'hui.

Elle se lève à contre-coeur et c'est avec la cadance des pas de Lulyah à son côté, qu'elle sort du réfectoire. Dans le grand hall qui distribut toutes les différentes ailes du QG, la pénombre accueille les deux gardiennes. On sent que l'hiver est aux portes de la cité blanche et le vent hurle contre les grandes vitres noires qui trouent les murs.

- Je suis très contente qu'on ait pu discuter. J'avais très envie de te connaître un peu, avoue Waitikka, avant de jeter un coup d'oeil vers l'étage.

La lourde porte en bois d'ébéniste de la bibliothèque est entrouverte et une lumière chaleureuse s'en échappe. Jusque tard le soir, cette pièce retient les esprits et ce sera son cas dans un instant.

- La plupart du temps, je travaille à la bibliothèque, alors n'aies pas peur de me distraire un peu, si tu me vois en train de perdre mon âme dans un dossier aussi lourd qu'un troll. Bonne nuit Lulyah.

Sa voix est légère, dénuée du poids des responsabilités, parce que Waitikka ne laisse pas les attentes d'autruit (de Miiko en particulier) peser sur elle. Elle n'est pas responsable de leurs attentes ou leurs déceptions et se contente de donner le meilleur d'elle-même. D'ailleurs, c'est pour ça qu'elle doit se replonger dans une étude analytique laborieuse de la dissipation des flux éthérologiques dans les strates. Et quand elle monte les escaliers en trottinnant pour se donner de l'énergie, elle salue la demoiselle de l'obsidienne d'un "à bientôt".

Après la très bonne soirée que Lulyah a passée avec Waitikka, elle a décidé de s’inspirer de l’étincelante pour redoubler d’efforts. Une part d’elle ne peut s’empêcher de se dire qu’en devenant plus forte, Valkyon, l’homme pour qui elle nourrit de tendres pensées, finira par la remarquer. Et quoi de mieux que la fin d’après-midi pour s’entraîner ?

Cependant, en entrant dans le hall d’entraînement des obsidiennes, elle constate que la salle est absolument bondée. Visiblement, beaucoup se sont dit qu’une petite séance de pratique avant l’heure du dîner serait une bonne idée. Les faquins se font lacérer par les haches et les épées et transpercer de lances et de flèches sous les cris de guerre des pratiquants.

— Il n’y a même pas la place pour un musarose ici, soupire-t-elle. Je n’ai plus qu’à aller ailleurs.

Elle regagne donc l’extérieur avant qu’un frisson ne la parcoure. Le front froid est finalement arrivé en Eel pour cette fin d’année. D’ailleurs, les rues de la cité sont de plus en plus désertes et il y fait déjà presque nuit. Cependant, cela ne décourage en rien la voyostoda qui se dirige rapidement vers le cerisier centenaire. Avec les éclairages magiques qui y sont installés, elle voit suffisamment pour être certaine de ne rien heurter en faisant un grand geste. Et il n’y a personne non plus sur les lieux.

Se mettant rapidement en place, elle commence à répéter ses mouvements en brandissant son marteau, se réchauffant par la même occasion. Elle impose un rythme soutenu avant qu’un grand geste ne démanche son arme. Elle se fige, regardant la tête s’envoler dans des secondes beaucoup trop longues, se dirigeant vers quelqu’un. La peau rosée luminescente et le tatouage d’araignée sur la joue droite, elle reconnait bien vite la cheffe de l’Écarlate. En somme, quelqu’un qu’il vaut mieux ne pas mettre en colère.

— Minegyle ! Pousse-toi !

La banshee se retourne avant de saisir le projectile au vol, gagnant autant l’incrédulité que l’admiration de la voyostoda.

— Eh bien alors Lulyah ? Voilà qu’on agresse les gens ?

La concernée se confond en excuse d’un air penaud. Fort heureusement, l’excentrique écarlate semble de bonne humeur ce soir.

— Je reconnais la fougue des obsidiennes. J’étais comme ça à mes débuts, moi aussi ! Mais veille quand même à ne blesser personne !
— Oui…

Lulyah reprend la tête de marteau qui lui est rendu avant de grimacer. Désormais, un passage à la forge est nécessaire.

Comme la veille, Waitikka a passé la journée à la bibliothèque, le nez dans les bouquins. Kero est venu lui tenir compagnie et il a eu la délicate attention de lui ramener une colation au milieu de l'après-midi. Il sait que les gargouillis du ventre de sa collègue sont très dérangeants pour tout le monde quand elle a faim. Depuis, il s'est fait discret.

La bibliothèque se rempli davantage, quand la saison froide arrive, et elle le reste plus longtemps. Alors quand les chaises raclent le sol et que les murmures s'éloignent vers la sortie, Waitikka relève le museau. Il n'y a plus personne hormis Kero. Elle referme ses carnets et apporte une des fiches à Kero.

- C'est l'analyse que Miiko m'a demandé, sur le village de Nagwenn, sur la côte. Finalement, ce n'était rien.
- Comment ça, "rien" ? demande Kero.

Waitikka hausse les épaules.

- Les flux de maana ne sont pas perturbés. Alors soit ça provient de quelque part en amont sur le courant marin, soit la source de l'épidémie n'est pas d'ordre éthérée.
- Ce serait quand même bien de savoir.
- Alors, oui. Mais ça, c'est pas dans mes compétences, je suis l'éther, la maana, moi. Pas les courants marins, sourit Waitikka.
- Hmm... réfléchit Keroshane. J'en parlerai à Miiko, on verra bien ce qu'elle en dit. T'as terminé pour ce soir ?
- Ouais, je suis vannée. Bonne soirée, mon bichon !

Elle entend encore le jeune homme marmonner dans sa barbe qu'il n'est PAS un bichon, quand elle franchit les portes de la bibliothèque. Il fait plus sombre et frais dans le grand corridor des portes, mais ce n'est pas pour cette raison que la rouquine s'arrête. Elle a senti quelque chose et elle sait qu'elle est une des rares à le repérer. Depuis qu'elle l'y a surpris une fois, elle a l'impression que ça saute aux yeux. Pourtant, le renard est invisible pour la grande majorité des gardiens.

- T'endors pas là-haut, Fawkes. Tu vas choper la crève...


Là-haut, du coin de l'oeil, elle voit un bout de fourrure aussi rousse que ses cheveux remonter et se camouffler. C'est un regard-garou de la garde de l'Ombre. Il ne parle pas beaucoup et passe la plus grande partie de son temps à dissimuler sa présence. Et Waitikka a remarqué qu'il aimait bien faire la sieste, sur les hautes poutres de la charpente du QG. Il reste là, il observe du haut de son perchoir. Waitikka le trouve intriguant. Elle l'entend souffler par le nez, ça l'embête que la jeune femme le repère et le fasse remarquer.

- Si tu veux, tu peux même venir manger avec moi avant qu'il n'y ait trop de monde, propose-t-elle.

Lulyah quitte finalement la taverne en titubant légèrement. Car si elle ne boit pas d’alcool, l’ambiance et le brouhaha environnant sont tels qu’elle a quand même l’impression d’être ivre. Mais ce n’est pas très étonnant quand on voit qu’elle a accompagné Minegyle, tant connue pour sa garde effrayante que pour son levé de coude légendaire.

La vouivre se reprend, le froid de l’air nocturne l’aidant à faire passer son mal de crâne, avant de remonter les rues désertes de la ville. Elle croise pour simple présence quelques collègues chargés d’effectuer la ronde nocturne. Toutefois, même s’il est tard, Lulyah ne prend pas la direction de sa chambre, entrant plutôt dans la forge.

— Il y a quelqu’un ?

Hélas, la seule réponse qui lui est rendue n’est que sa propre voix, renvoyée en écho. Forcément, au regard de l’heure, il n’est pas très étonnant que les lieux soient déserts. Toutefois, la voyostoda ne peut pas se permettre d’attendre le lendemain pour faire réparer son arme. Autrement, ce seront de précieuses heures d’entraînement de perdues. Aussi, elle s’approche du mur du fond, auquel sont accrochés de nombreux outils.

— Je ne pense pas que ce soit très compliqué. Après tout, il faut juste que je trouve un moyen de fixer la tête de mon marteau. Ça doit être dans mes cordes.

S’emparant d’une pince, elle pose le tout sur une table et s’adonne à sa fastidieuse tâche. Et ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas douée.

- Et donc, je pensais à des muffins... avec un super glaçage, tu vois. Ca te plairait ?

La voix de Waitikka est enjouée quand elle s'adresse à Ezarel. Hissée sur la paillasse de l'alchimiste, elle s'est assise sur un coin propre où elle est certaine de ne pas le déranger.

- Hmmm... répond simplement l'elfe.
- Tu m'as pas écoutée, l'accuse Waitikka.
- Si, mais si y a pas d'arcocosse, ça perd son intérêt.

Waitikka marque une pose et tente de se rappeler si elle a déjà goûté ces sortes de cacahuètes colorées.

- Chrome a essayé de m'en faire manger une fois, il était hilare avant même que j'y touche.
- Et tu les as mangées ? demande Ezarel dont le sourire trahit l'amusement.
- Bah non... je suis pas folle, j'ai senti l'entourloupe ! Ahhh mais vous êtes bien les mêmes, tous les deux ! Tu veux que j'empoisonne tout le monde ?!

Ezarel range les tubes à essai qu'il vient de stériliser sur leurs supports.

- C'est si surprenant ?
- Ez'... t'as vraiment pas écouté ce que je t'ai dit ? C'est pour TOI, grosse nouille, que je veux les faire, ces muffins. Mais après si tu les aimes les arcocosses...
- Non ! Mets plutôt un coeur au miel.

La rousse rit et descend du plan de travail. Elle acquiesce sur cet ingrédient qui sera assurément bien meilleur que des cacahuètes ultra épicées.

- T'as terminé ? On y va ? J'ai faim !

En guise de toute réponse, l'alchimiste en chef balaye son laboratoire et sa paillasse du regard. Il n'a rien oublié, tout est lavé, rangé, stocké. Il opine alors :

- Allons-y, j'ai réservé pour 21h45.
- J'ai faiiiim... se plaint Waitikka en sautillant sur place pour presser son rancard.
- Tu l'as déjà dit. Tu sais, mes pavillons d'oreille sont assez grands pour percevoir tes plaintes, même si je n'y répond pas.

Des vêtements soigneusement ordonnés par couleurs, des armes lustrées et posées sur leur support, toute babiole rangée dans des boîtes à l'écart et pas la moindre trace de poussière sur la surface des meubles : le fruit du travail méticuleux de Thim, qui, malgré l'heure bien tardive, est incapable de tenir en place. Malheureusement pour elle, peu importe le nombre de fois que son regard file vers la vitre au fond de sa chambre, la nuit ne semble pas passer plus rapidement.

Tout aussi bizarre que ça puisse paraître, cette attitude n'a rien d'étonnant en prenant en compte son passé d'esprit domestique. En effet, faire le ménage à la tombée de la nuit, c'est ce qu'elle a connu pendant une bonne partie de sa vie.
Le seul souci, c'est qu'elle vit désormais à son propre compte, au sein de la Garde d'Eel, et que ses missions actuelles sont diurnes. L'Oracle seul sait à quel point il lui est compliqué de s'ajuster à un autre type d'horaire...

Dernière modification par Thimberly (Le 27-11-2024 à 00h41)

Les lieux sont calmes et éclairés uniquement par la flamme mourante de quelques chandelles, projetant une légère lueur dansante sur les étagères. Le calme règne dans la bibliothèque, troublé de temps en temps par le doux son d’une page que l’on tourne. En effet, malgré l’heure tardive, Mist se trouve dans le fond de la salle.

En tant que Ladydeer, son corps de cervidé ne lui permet pas d’occuper une chaise comme la plupart de ses compagnons. C’est pourquoi, d’ordinaire, elle consomme une potion lui permettant de n’avoir plus que deux jambes. Mais pas cette fois. Aussi, elle a pris le soin de s’installer à un endroit où elle ne gênera pas le passage. Repliant ses pattes sous son corps, elle s’installe confortablement pour commencer sa lecture qui se poursuivra très certainement jusque tard dans la nuit, comme toutes les autres. Récits humains ou d’autres peuples, elle lit de tout, du moment qu’il y a de l’amour dans ces œuvres. Ayant vécu longuement dans les forêts les plus reculées avec les membres de son troupeau, Mist n’a jamais vraiment eu l’occasion d’expérimenter une histoire d’amour par elle-même. Mais les histoires, belles ou tragiques, qui s’offrent à ses yeux curieux lui laissent penser que c’est quelque chose de fabuleux. Un sourire se dessine d’ailleurs sur ses lèvres alors que l’heure lui laisse penser qu’elle sera tranquille aussi longtemps qu’il lui plaira.

Dernière modification par Lulyah (Le 27-11-2024 à 21h21)

La nuit a été très longue pour Waitikka, qui est restée réveillée jusque très tard. Quand elle s'est couchée, elle devinait le soleil s'approcher de l'horizon bien que le ciel persistait à garder son obscurité. Elle s'est levée il y a quelques minutes et c'est encore toute ensommeillée, qu'elle s'habille et met des chaussures pour sortir. Elle a besoin de prendre un bol d'air frais tant que le soleil hivernal est encore présent.

Elle s'aventure dans les jardins, sans destination précise en tête. Elle laisse ses pas vagabonder pendant que sa tête se perd dans les nuages. Ils sont blancs et cotonneux mais elle évalue leur altitude très haute encore. Il neigera peut-être dans les jours à venir. Ou peut-être pas. La jeune femme frissonne et s'ébroue à cette pensée. Elle aime l'hiver parce que c'est joli, mais le printemps est de loin sa saison préférée, quand l'embrun est tiède et que l'air s'emplit des odeurs de fleurs. Et surtout quand le ciel est chaud et accueillant. Pour l'heure, elle enlace ses propres épaules pour se réchauffer et se laisse attirer par les clapotis des jardins. A défaut d'y tremper les pieds, elle pourra en apprécier le cours lent et limpide.

18h33

Aimyyy était perché sur une branche, la jambe gauche dans le vide, tapis dans les ombres, ses cheveux volant aux vents, elle observait en dessous d'elle sa cible. Elle imaginait deja se vanter au près de Chrome d'avoir attrapé ce voleur que le loup avait laisser échappé quelques jours plutôt. Elle quitta ses pensées et sauta sur le fugitif et le captural un sourire sur les lèvres.

Ligotant le voleur, elle le fit avancer sur sa monture et le ramena à l'interieur du QG d'Eel sous et alla le livré à Nevra avec un grand sourire quand elle passa devant Chrome.

Dernière modification par Aimyyy (Le 01-12-2024 à 18h34)

Le soleil aborde déjà sa courbe descendante vers l'horizon, mais Waitikka ne s'en préoccupe pas. Elle est attablée, dans un coin du réfectoire, plongée dans son ouvrage de découpage et de collage. Une tasse fume à son côté, c'est un chocolat chaud aux épices que lui a préparé Karuto. Les odeurs chaleureuses et le chant grossier de l'ogre s'échappent des cuisines. Il fait chaud, il fait bon et cela contraste beaucoup avec le givre qui commence à grignotter les fenêtres du Quartier Général.

La jeune femme prend une gorgée de son nectar sucré, avant de reprendre sa paire de ciseaux. Elle découpe une longue bande d'un papier fin, satiné et décoré d'une multitude de couleurs et de formes hivernales. Celui qu'elle a choisi arbore une belle couleur verte, comme les hauts sapins qui entourent Eel. Et sur ce vert, des cristaux de neige ont été dessiné au feutre argenté. Waitikka a acheté ce papier aux enfants du refuge. Chaque année, ils confectionnent des cartes de voeux, des papiers cadeaux et de petits objets pour les vendre sur les marchés. L'argent ainsi récolté leur permettra de passer un hiver un peu plus confortable et pourquoi pas, s'offrir un festin pour Noël.

Un bout de ruban adhésif et son oeuvre est terminée. Waitikka relève les mains, ne touche plus à rien et fait un pas de recul pour admirer son travail. Elle n'est pas une pro des emballages cadeaux et d'ailleurs, ça se voit. Mais il est évident aussi qu'elle y a mis tout son coeur. Elle sourit. C'est plutôt satisfaisant.

— Allez, encore trois ! s'encourage-t-elle, quand elle voit la pile de cadeaux qu'il lui reste à emballer.

Fière de son oeuvre, Waitikka se laisse tomber sur sa chaise. Des lambeaux de papier nappent la table et ont chuté au sol, tout autour d'elle. Les morceaux de bolduc trop petits ou mal torsadés sont là, pêle-mêle entre les cadeaux enfin emballés. Tout n'est pas parfait, mais ça en valait la peine.

Waitikka sourit. Pourtant quelque chose la gratte au visage et quand elle tapote sa joue, elle réalise qu'elle a réussi à se coller du ruban adhésif sur la figure. Ce dont elle ne se rend pas compte, en revanche, c'est qu'elle s'en est collé aussi dans les cheveux. Qu'importe, elle souffle, satisfaite. Adossée à sa chaise devenue inconfortable au fil des heures, elle balaye la salle du regard. C'est plutôt calme, même si du monde s'est rassemblé pour dîner et discute en petits groupes. Sauf un jeune homme, attablé seul, le regard dans le vide. L'étincelante fronce les sourcils, puis se lève. Elle file prendre une assiette à Karuto, puis une seconde et s'aventure vers la table du petit poisson tout morne.

— Tu m'accompagnes ? Je trouve que les plats de Karuto sont meilleurs quand on les savoure en bonne compagnie. T'es Helouri, c'est ça ?

- Oh là là... Me vouvoie pas, ça me gêne ! sourit Waitikka, en s'asseyant. On dirait que tu parles à une personne importante ou un aîné. Je suis ni l'une, ni l'autre.

La jeune femme plante så fourchette dans la purée de carottes pour la goutter.

- Mais oui, c'est bien moi. Tu peux juste m'appeler Waity ou Tika. Qu'est-ce que tu fais ici, tout seul ? T'avais l'air complètement dans la lune...

repenser à tout ce qu'il a fait. Waitikka se tord la lèvre et tapote le bord de son assiette avec ses doigts. Elle n'a pas l'habitude de faire ça. Elle le faisait avant, quand elle suivait ses études de médecine, sur Terre. Le stress et l'angoisse la mettait constamment en compétition avec elle-même. Mais depuis un moment, maintenant, Waitikka a cessé cette mascarade.

— Je préfère... regarder tout ce que je pourrai accomplir dans l'année à venir. Comme j'ai pas rempli tous mes objectifs cette année, c'est plutôt sympa de me dire que j'ai encore plein de choses à faire pour l'année prochaine, non ?

Une main bariolée de feutre s'avance vers le jeune homme et quand Waitikka attrape des boucles nacrées, elle les entortille autour de son index. Elle adore ses cheveux, ils lui rappellent l'aspect miroitant du maana, quand elle le voit flotter dans l'air.

— T'as envie de faire quoi en premier, l'année prochaine ?

Lulyah déambule entre les étals du marché, souriant en regardant les marchandises. Les conversations et les rires s’élèvent d’un peu partout. Le vent transporte des effluves de vin chaud et d’épices. De nombreuses guirlandes s’étendent au-dessus du chemin pavé, faisant comprendre que Noël est aux portes de la cité. Et le manteau blanc qu’à revêtu le paysage ne sert qu’à confirmer cette impression.

Refermant davantage son manteau pour se protéger de l’air glacial, la voyostoda s’arrête devant un stand pour en examiner plus en détail les produits de bois qui s’y trouvent. Elle écoute le brownie raton laveur lui vanter son savoir-faire avant de finalement se laisser tenter, achetant l’une des petites statuettes. Après tout, ça fera un joli cadeau à offrir à l’un de ses précieux amis.

— Et un de moins ! s’enthousiasme-t-elle après avoir salué le marchand d’un signe de la main. Plus que cinq et j’aurais fini mes achats de Noël.

Et qui sait, peut-être que dans le processus, elle trouvera également de quoi se faire plaisir à elle-même ? Comme une peluche par exemple ? Elle ne peut s’empêcher de sourire à cette pensée avant de reprendre son chemin.

Dernière modification par Lulyah (Le 08-12-2024 à 10h53)

Lulyah ne peut que sourire lorsqu’elle se fait envelopper par la douce chaleur qui se trouve dans la taverne de la cité. D’ailleurs, celle-ci est encore calme, n’ayant que quelques clients çà et là. Retirant le châle qui recouvre ses épaules, elle commande rapidement un chocolat chaud avant d’aller s’asseoir à une table, non loin de la cheminée dans laquelle se consument lentement d’imposantes bûches. La tenante des lieux, une brownie chèvre d’une cinquantaine d’années et de forte corpulence, ne tarde pas à venir lui apporter sa commande, empochant les pièces usées qui lui sont données en échange.

La voyostoda n’attend guère plus de temps pour tremper ses lèvres dans le breuvage fumant, se laissant réchauffer de l’intérieur. Un coup d’œil par la fenêtre lui laisse voir que les flocons semblent s’intensifier, peignant davantage le paysage de blanc. C’est d’ailleurs à cause du froid que la faelienne a écourté ses déambulations dans le marché.

À force de chercher, elle a réussi à trouver trois cadeaux de plus. Il ne lui en reste donc plus que deux à faire, dont celui de son meilleur ami. Pour tout ce que Nevra a toujours fait pour elle, elle veut lui donner quelque chose de significatif. Mais le problème est qu’elle n’a pas la moindre idée.

— Qu’est-ce qui pourrait bien te faire plaisir, Nev’ ?

Naturellement, il ne servait à rien de demander au concerné puisqu’il répondait toujours qu’il voulait une belle femme dans un sourire charmeur. D’ailleurs, Lulyah ne peut que rouler des yeux à ce souvenir. Elle ne sait pas pourquoi le vampire semble ne jamais vouloir quoi que ce soit et fuit toujours quand l’hypothèse de lui offrir quelque chose est soulevée. Mais cette année, l’obsidienne ne renoncera pas. Elle trouvera le cadeau parfait, elle en fait le serment !

Dernière modification par Lulyah (Le 08-12-2024 à 18h08)