Header par @Wounw et BBcode par @MayaShiz.
Ô, Mère, je vous en prie : sauvez-moi de ce monde.
Par le sang,
Par les larmes,
Par la vie,
Par la chair,
Par les os,
Arrachez-moi à ces terres insipides, à ces saisons stériles, à ce soleil si fade et à ces nuits de cauchemars.
Que ce chemin de papiers qui accueille mes pas se change en sentier, et que l'air que je respire devienne un souffle de vie.
Ô, Mère, je vous en prie : sauvez-moi de ce monde.
Pour le sang,
Pour les larmes,
Pour la vie,
Pour la chair,
Pour les os,
Je vous remets mon or et mon âme. Eel ou Odrialc'h, le nord ou le sud, l'est ou l'ouest, l'histoire doit planter sa racine quelque part.
La petite âme la plus fragile revêt son importance,
Celle qui s'est hissée près des hautes sphères qu'elle déteste aussi,
Celui qui regarde l'herbe qui verdoie et le soleil qui poudroie,
Ou bien celle qui furète dans l'ombre,
Ils ont leur rôle à jouer.
Le battement d'aile d'une fée, dans leur royaume où l'hiver est maître, peut créer une tempête sur la cité blanche.
Dans les Abysses les plus profonds, si l'impératrice se réveille, elle sèmera une graine de chaos.
Loin, très loin, par-delà les falaises gardée par des monstres à deux machoîre, un souverain attend le retour de son épouse bien-aimée.
Mais à la fin, le monde se meurt.
Peut-il être sauvé ou bien faut-il l'abandonner ?
A tous les enfants d'Eldarya
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Bonjour et bienvenue sur ce reboot d'Apotheosis !
Mais vers quel genre d'endroit vous a mené ce lien si étrange, sur lequel vous avez cliqué ? Les anciens aventuriers le savent déjà mais pour vous, les nouvelles têtes, je vais tout vous expliquer. Asseyez-vous confortablement, prenez quelque-chose à boire ou à manger et nous sommes partis.
La première réponse, c'est vers une rencontre entre deux univers.
Le mien, et celui d'Eldarya.
Ici, j'ai repoussé les frontières de la cité d'Eel pour peindre d'autres paysages avec mes mots et ainsi t'offrir cette histoire.
Vous suivrez les pas de certains personnages que vous connaissez déjà, mais que vous allez peut-être redécouvrir, et d'autres que vous rencontrerez.
Mais où vous mèneront leurs aventures ?
Eh bien… c'est à vous de décider.
La seconde réponse, donc, c'est vers une fiction interactive.
Qu'est-ce qu'une fiction interactive ?
Je m'explique :
Vus, chers lecteurs, en atterrissant sur cette fiction telle une jeune demoiselle ou un jeune damoiseau dans un cercle de champignons, vous vous êtes vu doter d'un immense pouvoir :
celui de choisir.Cette fiction est un entrelacs de plusieurs routes, qui seront déterminées par les choix effectués par les lecteurs à chaque fin de chapitre.
Ces derniers détermineront le sort des personnages de l'histoire ainsi que leurs évolutions au sein de cette fiction.
Grâce à vous ou à cause de vous, tout ce petit monde vivra des aventures qui mettront leurs vies en danger, ou bien qui garantiront leur survie jusqu'au point final de cette épopée.
Vous avez compris : ici, vous avez une mission.
Vous devez sauver le monde !
Rien que ça !
Mais comment s'y prend-t-on ?
Avec quelques mécaniques bien huilées !
Bien, maintenant que vous êtes déterminés à sauver le monde, je vais vous expliquer comment faire.
Vous avez compris que les choix étaient les pièces maîtresses de cette fiction et que c'est uniquement grâce à eux que l'histoire peut avancer.
Eh oui, chers lecteurs !
Vous êtes extrêmement importants. Si vous n'êtes pas là, cette histoire ne reste qu'une histoire au creux de ma tête et l'aventure s'arrête ici.
Ce sont vos décisions qui permettent de lui donner vie et pour ça, vous méritez des cookies !
Bref, on a un monde à sauver, nous !
Mais comment ça marche ?
À chaque fin de chapitre,
des choix types "a,b,c" seront proposés.
Parmi les réponses, il ne faudra en choisir qu'une seule en vous appuyant sur les indices donnés dans le chapitre.
Pour être certain ou certaine de faire le bon choix, il faudra simplement vous aider de la narration et essayer de visualiser les conséquences des actes ou des paroles du, ou des personnages, concerné ( s ) par le choix.
Chaque lecteur devra sélectionner la réponse qui lui semble appropriée et c'est la majorité qui l'emportera.
Un lecteur compte pour une voix.
Si jamais il y a égalité, alors c'est un générateur qui décidera.
Même si la mécanique a l'air simpliste, sachez qu'il pourra y avoir plusieurs choix à faire par chapitre et que ces derniers pourront, non seulement déterminer l'issue de l'histoire, mais également les amitiés de certains personnages, leurs amours et même leurs ennemis.
Vous l'avez compris, vous décidez de tout dans cette fiction.
Bien entendu, il y aura des relations préétablies entre certains personnages, mais un seul faux pas et elles volent en éclats.
C'est peut-être une bonne chose, parfois…
Vous êtes prêts ?
Alors le prologue vous attend avec votre premier choix !
Mais avant cela, je dois bien évidemment vous parler du reboot !
L'aventure que vous vous apprêtez à lire ici a déjà été écrite une première fois il y a deux ans.
Comme toutes premières versions, elle a connu des ajustements et des erreurs qui l'ont malheureusement conduite à une succession de choix beaucoup trop difficiles et de ce fait, à une mauvaise fin inévitable.
Quand on commence un projet en tant qu'auteure, on tatonne, on fait de son mieux, mais on fait des erreurs.
Ce qui est génial avec les erreurs, c'est qu'elles sont d'excellents professeurs et grâce à elles, j'ai pu réfléchir à ce reboot de la meilleure des façons.
Les nouvelles têtes ont tout un univers à découvrir mais pour vous, les anciens aventuriers d'
Apotheosis, vous allez constater quelques différences.
Comme je vous le disais lorsque j'ai proposé l'idée du reboot, la trame principale ne change pas d'un iota : vos acquis vous serviront et il reste encore plusieurs pans de l'histoire que vous n'avez pas encore découvert (les sélections, l'arc des humains, celui de la
Gehenne…).
Néanmoins et pour ce reboot, j'ai fignolé quelques détails et j'ai décidé d'insérer quelques ajustements.
Vous allez remarquer que la famille
Milliget n'est plus tout à fait la même, par exemple, tout simplement parce que j'ai choisi de respecter le lore original du personnage de
Candice qui ne peut pas être totalement lui-même s'il n'est pas entouré de sa sœur,
Ivoire.
Vous alllez remarquer aussi que
Nevra et
Rose ne se connaissent pas, que
Fawkes a décidé de rejoindre la
Garde de l'
Ombre et que
Leiftan est particulièrement gentil…
Ce sont des ajustements que j'ai décidé de faire afin d'apporter plus de logique et de consistance à l'aventure mais ne vous inquiétez pas.
Comme je le disais : les anciens aventuriers peuvent se reposer sur leurs acquis.
En tout cas, j'espère que vous serez tous satisfaits de ce reboot et des nouveautés qu'il vous apportera !
"Apotheosis" s'appuie sur l'univers d'Eldarya que nous avons tous découvert avec les épisodes du jeu, c'est un fait.
Cependant, j'ai choisi de modifier quelques points importants et pour la bonne compréhension de cette fiction, je vais vous les énumérer sous un spoiler.
TRÈS IMPORTANT : si vous n'avez pas terminé les épisodes de
"The Origin", je vous déconseille très fortement de dérouler le spoiler, au risque de vous gâcher des révélations sur l'histoire originale !
Si malgré tout vous décidez d'assouvir votre curiosité, alors c'est à vos risques et périls !
Modifications Importantes
➜ Nevra n'a pas de sœur. Karenn n'existe pas dans "Apotheosis".
➜ Valkyon est un faelien à l'ethnie indéterminée et non un dragon.
➜ Leiftan est un lorialet et non un Daemon.
➜ L'Eldarya qui vous sera présenté est un monde beaucoup plus sombre. Ne vous attendez pas à la même ambiance que le jeu original.
Aussi, j'en profite pour dire que cette histoire est déconseillé aux âmes sensibles.
Certaines scènes vont chatouiller les règles du forums sans les enfreindre, comme ce que je peux proposer avec mes
Contes
Interdits sur mon topic "
Rage d'
Ange et
Glaise
Putride".
Si vous vous savez particulièrement sensible, je vous déconseille l'aventure
Apotheosis.
Je suis une grande bavarde, alors laissez-moi vous parler de ce forum.
Vraiment c'est important, car je vais profiter de ce petit passage pour introduire nos invités et leur glisser un petit mot.
Je suis d'autant plus reconnaissante que mon cri du coeur face à la mort de ce forum ait été entendu et que bon nombre d'entre vous preniez votre temps, chaque jour, pour continuer de le faire vivre et entretenir cette belle communauté qui a permis de belles rencontres, mais aussi la réalisation de bon nombres de projet professionnels.
Je l'avais déjà dit dans mon post principal et libre à chaque personne que faire ce qu'elle veut. "
Le jeu est nul", "je m'en fiche de cet univers", "je n'ai pas le temps"...
On peut penser ce que l'on veut, mais je reste convaincue que la communauté eldaryenne est unique en son genre et qu'il serait très difficile de voir autant d'inspiration, tous supports confondus, réunie sur un seul et même forum.
Des amitiés se sont forgées ici, des vocations ont été trouvées et parfois, au cœur de moments difficiles, ce forum et sa communauté ont été une porte de sortie.
Je suis personnellement reconnaissante envers tout ce qu'il m'a apporté et le reboot de cette fiction est l'un des moyens, pour moi, de continuer à entretenir la nouvelle dynamique qui s'installe sur le forum.
Vous savez, l'être humain est ingrat par nature.
Nous savons prendre ce que l'on nous donne et une fois que nous nous sommes lassés, nous oublions la main qui nous a nourri.
Eh bien pour une fois, essayons d'inverser la tendance en entretenant un endroit qui nous a beaucoup apporté et qui pourrait, sans doute, permettre aux nouvelles têtes de se trouver une passion et d'y faire de belles rencontres !
Voilà sept ans que je traîne mes guêtres sur Eldarya, et durant ces sept années, j'ai pu rencontrer de très belles personnes ici.
Certaines d'entre elles sont devenues mes amis et j'avais envie de leur rendre hommage.
Pour saluer leurs univers et leurs OC extraordinaires, je leur ai dédié une petite place dans mon propre monde.
MayaShiz et
Waïtikka, deux superbes rencontres dans cet endroit débordant de créativité, et deux personnes chères à mon cœur.
Vous m'avez permis de m'améliorer dans ce vaste monde qu'est l'écriture, vous m'avez aidée et soutenue, alors je tiens à vous rendre la pareille avec cette histoire que je vous dédie.
Je prendrai soin de vos personnages comme s'ils étaient les miens et je vous propose de découvrir leur évolution dans cette vaste histoire qu'est "Apotheosis".
Sachez qu'à mes yeux, vous êtes des artistes et des écrivains exceptionnels, alors ne lâchez jamais votre plume !
MayaShiz, tu es l'une de mes plus belles rencontres sur Eldarya et tu es surtout ma meilleure amie. Tu es une personne avec beaucoup d'humour, intelligente et dont la pensée s'aligne toujours avec la mienne. Mon écriture ne serait jamais ce qu'elle est aujourd'hui sans la tienne, sans tout ce que j'ai appris de ta plume et encore moins de ces personnages qui sont nés en parallèle des tiens. Tu es ma co-auteure et la soeur que je n'ai jamais eu et tout ceci n'aurait pas été possible sans ce jour de flemme qui m'a poussée à aller traîner au Bastion, où nous avons pu discuter via post interposés avant de nous retrouver sur un RP. Le hasard fait toujours aussi bien les choses et ce jour-là, ça n'a jamais été aussi vrai.
Merci d'être la personne que tu es et continue de faire rêver les gens à travers ton formidable talent d'écriture !Waïtikka, tu es une personne extraordinaire ! Tu débordes de gentillesse et de douceur, et tu es quelqu'un qui écoute beaucoup et qui fait de son mieux pour aider autrui. Tu es le grand frère vers qui l'on peut se tourner lorsque l'on a besoin d'un conseil et surtout, tu es vraiment la personne qui m'a permis de me réconcilier avec l'écriture, grâce à tes judicieux conseils. Tu es vraiment une belle personne que je peux citer parmi mes plus belles rencontres sur ce jeu !Florianne, je te compte également comme une rencontre formidable sur ce forum ! Ta motivation et ton investissement sont contagieux et nous avons de la chance de t'avoir comme modératrice. Tu es une personne d'une très grande gentillesse et avec de belles idées, comme en atteste ton topic d'Eldarya sur planches, mais également ton personnage de Théanore que j'accueille avec grand plaisir dans sa famille de fées. Merci encore pour tout ce que tu fais pour ce forum, afin que tout le monde s'y sente bien et pour tous les gentils mots que tu laisses sur les topics de fictions, ils comptent énormément pour leurs auteurs et je pense que sans ta présence, beaucoup auraient abandonné leur histoire.Pour vous, je vous dédie ce projet.Place à vos bébés !
June AlbalefkoHélios SoareDessins par MayaShiz⁂FawkesDessin par WaïtikkaKijanScreenshot réalisé par Waitikka sur Final Fantasy XIV⁂Théanore MuscaDessins par Florianne Parce que MayaShiz, Florianne et Waïtikka sont respectivement la maman et le papa de leurs personnages, ils auront accès à des choix personnels qui ne pourront pas être votés par les autres joueurs.Je ne vous en dis pas plus sur ces fameux invités, au risque de spoiler, mais je vous laisse les découvrir dans
"Apotheosis" !
Aussi, sachez que beaucoup de personnages présents dans Apotheosis me sont prêtés par
MayaShiz ! Je vous mets la liste ci-dessous car rendons à César ce qui est à César, et sachez que si vous les appréciez, vous pouvez les retrouver, avec June et Hélios (et même Rose !), dans sa fiction
Le Chant de Léthée.
Les personnages appartenant à MayaShiz :
➜ Balam Lefaucheur
➜ Ivoire Milliget
➜ Mathyz Rougaie
À présent, je vais enfin vous laisser avec le prologue.
Ce dernier vous offrira la possibilité de plonger un petit peu sous la surface de l'histoire mais surtout : il vous offrira l'occasion de faire votre premier choix.
J'espère que vous serez conquis par ce reboot et que vous y participerez avec plaisir !
Sachez que mes MP restent ouverts, que ce soit pour des petites questions ou simplement pour discuter.
Mais une chose : je suis incorruptible, alors n'essayez pas d'obtenir les bonnes réponses avec des cookies !
Mais surtout : amusez-vous.
Ce projet est là pour ça.
C'est un lieu de partage où la bonne humeur doit avoir sa place, alors même si vous faites de mauvais choix, ne prenez pas les choses trop à cœur.
Ce n'est pas grave !
Demain, le soleil se lèvera et vous vous en remettrez, je vous assure !
Alors voyez cette petite fiction comme le café, le bar ou le salon de thé où vous venez vous détendre après une journée bien chargée, car elle est là pour ça !
Je vous souhaite une bonne lecture à toutes et à tous !
La Liste des Aventuriers d'Apotheosis
/
La Carte du Monde d'Eldarya Prologue
Lorsque les rayons du soleil vinrent embrasser son front, Nevra s'éveilla en douceur. Dans quelques minutes, il savait qu'un domestique du domaine Mircalla viendrait toquer à la porte de sa chambre afin de lui indiquer que ses parents l'attendaient pour le petit déjeuner. Avant cela, il voulait remplir son esprit de belles pensées. C'était important.
Il repoussa ses couvertures, attrapa la robe de chambre qui reposait sur un siège en toile de Jiya, puis l'enfila. Il la détestait à souhait, cette robe de chambre. Les couleurs trop vives lui agressaient la rétine et le tissu précieux avait été tissé depuis la Triade d'Ohm pour représenter des écritures saintes que Nevra ne parvenait pas à lire. Tant pis. Il se planta devant la fenêtre cintrée de sa chambre à coucher et observa les jardins du domaine Mircalla. Le soleil matinal les couvait avec tendresse, faisant jouer les reflets sur les feuillages et transformant l'herbe en tapis d'or. C'étaient des jardins destinés à recevoir du monde pour organiser des piques-niques ou bien permettre à des enfants de courir sur la pelouse. Les vampires appréciaient le soleil à petites doses et tant qu'il n'était pas trop chaud. Par bonheur, Eel recevait souvent le vent du nord et sa fraîcheur bienvenue.
Trois coup à la porte, puis une voix annonça :
— Jeune Maître, Monsieur et Madame sont prêts à prendre le petit-déjeuner. Ils vous attendent pour commencer.
— C'est très aimable de leur part, ironisa Nevra, hélas je ne suis pas prêt. Ils vont devoir attendre encore un peu.
Le domestique devait grimacer derrière la porte mais fort heureusement, il ne subirait pas les foudres d'Iris et de Narcisse Mircalla. Personne n'était responsable de la bêtise crasse de Nevra hormis lui-même. Sa mère aussi, mais seulement quand Narcisse était de très mauvaise humeur.
Nevra se mit à siffloter en continuant d'observer les jardins. C'était un air à la harpe qu'il avait déjà entendu lors de ses rares visites au grand palais d'Odrialc'h, quand il restait coincé dans le salon des invités pendant que ses parents faisaient des ronds de jambes à la noblesse qui prenait le thé, en espérant gratter quelques privilèges.
Lorsqu'il eut assez apprécié le panorama, Nevra se dirigea vers son armoire, sortit du linge de toilette ainsi que son uniforme de Chef de l'Ombre, puis fila se laver. Il se baigna dans plusieurs huiles, dont une qui sentait le bois de tonka, sa fragrance préférée. Il prit le temps d'apprécier la chaleur de son bain, la solitude dans cette pièce beaucoup trop grande et le reflet de son corps pâle dans le long miroir qui occupait un pan de mur entier. Nevra n'avait pas besoin de toute cette démesure pour savoir à quoi il ressemblait. Il se connaissait assez bien, il avait eu tout le temps du monde pour inspecter chaque parcelle de son être depuis qu'il était enfant, juste pour vérifier les dires de ses parents. Il avait appris très tôt qu'ils étaient de très bons menteurs. Ou bien des menteurs malheureux. Ils se pensaient tout-puissant, comme les vampires des récits humains mais la réalité, c'était que l'espèce en elle-même, sur Eldarya, était truffée de défauts.
Nevra sortit du bain. Il sécha sa peau dont les veines apparentes formaient des arbres de sang, et ses épais cheveux d'ébènes, l'une des seules grâces de son espèce. Il n'en dira pas autant lorsqu'il nettoiera les vilaines taches rouges sur ses dents, témoins des repas saignants qu'il devait avaler plusieurs fois par jours juste pour rester en bonne condition. Quelle autre espèce était obligée de s'infliger le même sort pour rester en bonne santé ?
Tout en sifflotant de nouveau, Nevra s'habilla. Il terminait de boutonner sa chemise et de passer sa veste indigo aux liserés d'or, symbole de sa fonction, quand il devina la rage sourde au rez-de-chaussée. Elle polluait l'atmosphère aussi sûrement qu'un nuage de cendres et Nevra adressa un sourire chafouin aux dalles de sa salle de bain. Il était fin prêt pour aller prendre son petit-déjeuner.
Quand il descendit le grand escalier qui reliait les étages au rez-de-chaussée, la voix grinçante de son père travaillait cent fois mieux le bois du manoir que le temps. Elle maugréait, maugréait, pestait, écrasait ce sinistre déchet qu'il avait engendré dans le ventre de sa femme… Ah, mais voilà ! Sa femme était responsable. La bêtise n'était pas l'apanage des Mircalla, cela devait venir du côté de sa famille. Après tout, son frère n'était qu'un bon à rien et son cousin, un ouvrier stupide qui taillait des jouets en bois pour les enfants. Toute cette folie aurait dû être écrasée par le nom sacré de Mircalla, mais force était de constater que la bêtise avait de beaux jours devant elle…
— Tu crois que tu as le droit de faire attendre tes parents comme bon te semble, imbécile d'insolent ? gronda Narcisse, ce n'est pas parce que tu es adulte que je ne peux pas te corriger !
— Ah, je ne le sais que trop bien, mon œil droit s'en souvient, chantonna Nevra.
Il adressa un sourire trop poli à son père, puis un regard à sa mère. Le premier avait la figure aussi rouge que le sang qu'il se languissait de consommer et la seconde fixait son assiette vide. Narcisse et Iris Mircalla étaient de beaux vampires. Ils le pouvaient, ils s'étaient économisés toute leur vie. C'était la raison pour laquelle ils ignoraient tout des défauts de leur espèce. Ils ne voyaient pas les vampires qui travaillaient au sein de la Garde de l'Ombre, par exemple, se fatiguer à s'entraîner et devoir persévérer deux fois plus que les autres pour atteindre un niveau acceptable. Ils ne voyaient pas non plus les vampires blessés, à l'hôpital, se remettre difficilement de leurs blessures et Narcisse Mircalla qui n'avait pas vécu la grossesse, ni l'accouchement de sa femme, ne savait pas à quel point c'était terrible de mettre un enfant au monde. Le corps d'un vampire était faible, si faible qu'il ne produisait pas assez de nutriments pour nourrir son propre organisme. Le vampire devait donc combler cette faiblesse en ingérant du sang. Mais au moins, il avait de beaux cheveux, c'était déjà ça.
Nevra prit place face à son père. Si ses yeux céruléens avaient pu tuer, Nevra ne serait déjà plus de ce monde, mais il n'y prêta aucune attention et accrocha sa serviette au col de sa chemise. Ici, il était le moins obséquieux de tous et il s'en remerciait. Son père et sa mère étaient ce que l'on attendait d'eux : des êtres qui arboraient leur fortune dans de l'apparat qui semblait peser trop lourd sur leurs silhouettes. Leurs domestiques mettaient un temps fou, chaque matin, à les laver, les habiller et les maquiller. Une mascarade qui visait à les rendre présentables, mais qui était vite gâchée par leurs manières et leurs esprits.
— Tu as vraiment une sale gueule, l'attaqua Narcisse pendant que le petit-déjeuner était en train d'être servi, je me demande pourquoi tu te fais prier tous les matins. Tu pourrais nous faire la grâce de nous libérer de ta présence.
— Vous avez l'estomac noué ? demande Nevra en se servant une bonne part de tourte.
— Qui n'aurait pas l'estomac noué face à un déchet de ton genre ?
Nevra se contenta de hausser les épaules. Les années lui avaient appris que lutter face à la méchanceté de son père était une bataille de longue haleine et perdue d'avance. Son esprit rebelle avait essayé, pourtant, puis Valkyon lui avait enseigné une phrase qui ne le quittait jamais : à force de regarder les abîmes, les abîmes finissent par te regarder. Nevra n'avait aucune intention de devenir les abîmes qui rongeaient Narcisse.
Pendant que son père mangeait, Nevra profita d'un petit instant de paix. Il jeta une œillade à sa mère, qui coupait sa propre part de tourte en tout petits morceaux qu'elle mangeait du bout des dents. Nevra lui adressa un sourire aimable et lui demanda comment elle allait, ce matin.
— Ah, tais-toi ! lui rétorqua Iris, tu me coupes l'appétit !
— Bien, navré de vous avoir dérangée.
Nevra n'en voulait pas à sa mère. Elle savait que son amertume envers lui était la seule façon pour elle de gagner quelques miettes d'amour auprès de Narcisse. Autour de cette table, c'était très certainement elle, la reine des menteuses. Elle essayait de se convaincre, depuis trente-deux ans, que son mari était l'homme dont elle rêvait et que devenir une épouse Mircalla était l'apogée de son existence. La seule ombre au tableau, c'était bien entendu ce fils qui refusait de se ranger sous le tissu d'une vie précise que l'on avait tissée pour lui, bien avant qu'il naisse.
Le repas se termina dans un calme funèbre. Une fois qu'on lui servit sa poche de sang, Nevra l'avala, puis quitta la table, non sans souhaiter une bonne journée à ses parents. Il se hâta vers la porte du manoir Mircalla et lorsqu'il l'ouvrit, le vent de la liberté et le soleil clément vinrent lui embrasser la figure. Là, il n'était plus Nevra Mircalla, mais Nevra le Chef de la Garde de l'Ombre, prêt à prendre ses fonctions.
Mais avant cela, il marcha avec entrain jusqu'à la falaise qui surplombait la mer du Prisme, non loin du Quartier Général. Ce rituel achevait d'apporter de belles pensées dans son esprit. Ensuite, l'attendaient une réunion, le rapport de Fawkes sur les réseaux de tap en activité, celui d'Enthraa Kellerman, la Seconde de l'Ombre… Toutes ces personnes qui travaillaient pour et avec lui. Surtout avec lui.
— Valkyon, mon ami ! Comment est le vent, aujourd'hui ?
La haute silhouette du Chef de l'Obsidienne se retourna. Les bras croisés sur son torse massif, Valkyon Batatume lui offrit un sourire aimable, aussi doux que sa personne. Le vent salin battait ses cheveux blancs et déposait des baisers sur sa peau matte, tannée par le soleil.
— Frais. C'est une belle journée, tu dois être heureux.
— Je le suis ! s'enthousiasma Nevra, d'ailleurs j'ai eu une excellente idée de cadeau pour tes quarante ans.
— Je n'ai pas encore quarante ans, rit Valkyon, laisse-moi le temps de vieillir.
Il en totalisait à peine trente-sept, mais visiblement, ses quarante ans revêtait une grande importance dans l'esprit de son meilleur ami de toujours qui tenait à les immortaliser avec une grande fête. Mais Valkyon savait qu'il plaisantait car Nevra ne le mettrait jamais dans l'embarras de cette façon.
Ils observèrent l'horizon quelques instants, puis le Chef de l'Ombre demanda :
— Joseph ne te manque pas trop ?
— Ma foi, tu sais remuer le couteau dans la plaie.
Joseph Ael Diskaret était un membre important de la garde civil, au sein de l'Obsidienne. Il avait déménagé à Odrialc'h, avait son épouse, son fils et sa fille adoptive voilà déjà deux semaines et son départ avait ému beaucoup de monde. Joseph était loyal à la Garde, mais il avait pensé aux opportunités qu'Odrialc'h pouvait offrir à sa famille.
— Le monde change, réfléchit Valkyon d'une voix lointaine, et les vies aussi.
— Pas pour tout le monde. En attendant, nous avons toujours Ezarel à la tête de l'Absynthe et si nous sommes encore en retard à la réunion, nous allons rêver en elfique, ce soir.
Valkyon pouffa en secouant la tête, mais reconnut que son ami avait raison. Il s'engagea vers le Quartier Général, où leur matinée serait dédiée à cette fameuse réunion et Nevra s'étira en faisant mine de s'en ennuyer. Puis un coup de vent fit claquer les pans de sa veste et il frissonna. Il jeta un bref regard vers l'horizon.
Le fond de l'air était particulièrement frais.
***
Depuis sa petite place, sur le siège de l'énorme calèche qui emmenait sa famille et ses affaires jusqu'à leur nouvelle maison, Helouri regardait sa nouvelle vie. À l'extérieur, le déménagement des Ael Diskaret devait ressembler à une longue procession car beaucoup de curieux s'étaient arrêtés dans leur routine pour observer.
— Lou ! Viens voir ! Vite !
De son côté, June ne perdait pas une miette de la cité d'Odrialc'h. Elle ne tenait plus en place depuis que le bateau avait quitté la cité d'Eel, trois jours plus tôt et Helouri savait qu'elle avait hâte de visiter la cité. Il n'était pas inquiet pour elle. June saurait vite trouver sa place.
Il se pencha à sa fenêtre et elle lui montra le grand palais, juché sur le plus haut quartier d'Odrialc'h, qui ressemblait à une couronne posée sur son trône.
— On pourra prendre un aéronef pour aller visiter les beaux quartiers, s'enthousiasma June, et si on a de la chance, on pourra voir un serviteur personnel ou peut-être même la Capitaine !
Ils seraient chanceux de pouvoir, ne serait-ce qu'apercevoir, de si éminentes figures, en effet. La Capitaine était une véritable légende dans tout Eldarya et quant aux serviteurs personnels, remporter de difficiles sélections parmi des milliers d'autres candidats leur avait déjà valu leur propre lot de célébrité.
Helouri adressa un sourire à sa grande sœur. June et lui étaient aussi différents que de l'eau et de l'huile, non seulement par l'espèce mais aussi par l'esprit. June était un faelienne à l'ethnie indéterminée qui avait été adoptée par un famille de morgans lorsqu'elle était petite et qu'elle vivait à l'orphelinat de la cité d'Eel. Du haut de ses sept ans et même si elle savait qu'elle avait perdu ses vrais parents, elle continuait de vivre, de sourire, de rire et de jouer. Son énergie, c'était sa façon à elle de repousser le magma désagréable qui bouillonnait au fond de son être et qui aurait pu la submerger pour lui faire goûter le vide, si elle n'avait pas trouvé une famille.
Les Ael Diskaret quant à eux, avaient donné naissance à un fils unique. Un fils à la silhouette famélique, avec la peau glacée, aussi bleue que celle de son père et aux boucles nacrées qui cascadaient jusqu'au milieu de son dos. Comme tous les morgans, il avait besoin de l'océan et le considérait comme une entité vivante, mais ses branchies atrophiées, soudées entre elles par la peau, ne lui permettrait jamais d'aller nager. Peut-être que ses parents s'étaient tournés vers l'adoption de peur de mettre un autre enfant malformé au monde, mais Helouri n'y croyait pas. Il les savait assez bons pour faire le choix d'offrir un avenir et une famille à une enfant qui n'avait pas eu de chance avec la vie.
June n'avait pas beaucoup changée avec les années. Elle était toujours aussi énergique, souriante et même si elle entraînait Helouri dans ses plans parfois rocambolesques, ce dernier n'aurait jamais voulu quelqu'un d'autre pour être sa grande sœur. Il observait sa longue natte de cheveux cendrés qui traversait son uniforme de la Garde Obsidienne comme une flèche et il devinait ses yeux, d'un violet améthyste, pétiller face à cette nouvelle cité, ce vaste terrain de jeu qu'elle se languissait de découvrir.
— Qu'est-ce que tu vas faire, June ? lui demande Helouri, tu vas rejoindre le corps armée d'Odrialc'h, comme papa ?
June avait toujours suivi les pas de Joseph. Elle était un véritable rayon de soleil, mais Joseph avait très vite compris qu'elle avait sa part d'ombre et que comme tout enfant qui avait tout perdu, elle était en colère sans avoir de coupable à blâmer. Alors très tôt, Joseph l'avait fait frapper dans des sacs de graines et ensuite, il l'avait emmenée au terrain d'entraînement de la Garde Obsidienne. Là-bas, June avait pu s'entraîner avec Joseph, mais aussi avec Vikram, le père de Valkyon Batatume, qui était à la tête de la Garde au rubis pendant que son fils se trouvait en mission aux îles du Qi. Là-bas, auprès d'eux et d'autres guerriers, June avait pu trouver sa voie. Elle disait souvent qu'elle était petite et pas très forte, mais qu'elle serait un soutien sans faille pour ses confrères qui savaient manier des armes lourdes. Au contraire, Helouri la trouvait très forte. Lui, il n'avait rien d'un combattant, rien en commun avec son père et avec June. Il préférait ordonner la maison, aider sa mère à préparer les repas, écrire, lire, apprendre et broder pour se changer les idées. Pendant que June s'entrainait dans l'arène des obsidiens, il travaillait d'arrache-pieds pour entrer dans la Garde Absynthe et étudier la médecine, mais il n'avait jamais réussi.
— Je ne sais pas, répondit June en haussant les épaules, je vais d'abord voir tout ce qu'on peut faire à Odrialc'h et après, je vais me décider.
— Si tu entrais dans l'armée, tu pourrais peut-être te retrouver directement sous le commandement de la Capitaine, réfléchit Helouri.
June pouffa et lui ébouriffa les cheveux. Non, c'était beaucoup plus compliqué que ça, de se retrouver parmi le peloton sous le commandement direct de la Capitaine. Il fallait faire ses preuves, avoir un parcours exemplaire ou bien accomplir un exploit pour Odrialc'h, mais Helouri était adorable de la croire capable de telles choses.
La calèche s'arrêta et ils se précipitèrent tous les deux pour regarder dehors. Quand leur nouvelle maison leur apparut enfin, ils sautèrent hors de l'habitacle, toutes questions sur l'avenir envolée. Pour l'instant, tout ce qui comptait, c'était cette belle maison de pierre, haute de trois étages qui leur promettait de nouveaux souvenirs. Elle n'était pas très loin du port, un point essentiel pour une famille de morgans qui ne pouvaient pas vivre sans l'océan et elle n'attendait plus qu'eux afin qu'ils puissent commencer, ensemble, leur nouvelle vie.
***
Les bâtiments de la police d'Odrialc'h se trouvaient dans le quartier de Meskem. Le Gouverneur Suprême tenait à ce que tous les services municipaux puissent être à la disposition de la population. Fuya pouffa. De toute façon, les hautes sphères n'avaient pas besoin de la police, elles profitaient déjà de la protection des gardes royaux. La vie devait être confortable au grand palais d'Odrialc'h.
Fuya se reconcentra sur sa mission. Son visage arborait un sérieux sans pareil pendant qu'elle faisait jouer sa mémoire photographique. Elle avait attendu le bon moment pour s'infiltrer parmi la police d'Odrialc'h et obtenir l'information que voulait Titan. L'ennui, c'était que tous les membres de cette fichue police se savaient la cible des différents cartels et celui des Typhons ne faisait pas exception. Néanmoins, il était plus malin. Il savait agir au bon moment et il comptait, parmi ses rangs, une espionne de talent. Fuya sourit. Elle avait appris avec les meilleurs.
Sous son uniforme de policière, reproduit à la perfection aux Abysses, le marché noir, elle marchait d'un pas décidé parmi les bâtiments et saluait ses supérieurs comme le voulait le code d'honneur. Dans son cas, c'était surtout pour se payer leur tête.
Fuya avait tressé ses longs cheveux d'un rose pastel, puis les avait dissimulés sous une perruque brune. Il y en avait des superbes aux Abysses, et Ryan lui avait rapporté exactement celle qu'elle voulait. Maintenant, tout se jouait dans la gestion du temps.
Ce matin, le quartier de Meskem était encombré à cause d'un emménagement. Les calèches transportant les affaires de la nouvelle famille s'étaient succédées les unes après les autres, attirant l'attention des curieux. Au moins, Fuya avait pu en profiter pour essayer son nouveau déguisement et passer devant les gardes civils. Elle avait remercié cette famille en pensées car ainsi habillée en policière, elle avait fait passer la nouvelle de la parade des Alfirin à la population. Il y aurait plus de monde que prévu et de ce fait, la police d'Eel enverrait d'autres gardes civils, ce qui laisserait les bâtiments sans défenses, surtout pour Fuya.
Bien. Titan voulait une information particulière. Un plan, à vrai dire. Celui de l'Ulcère. Il s'agissait d'un chemin condamné qui reliait une partie du grand palais au riche quartier de Davazenn. À l'époque, on l'utilisait beaucoup pour faire entrer le personnel qui ne vivait pas au palais, mais aussi d'autres intervenants. Ce chemin avait été baptisé l'Ulcère car il était dangereux pour la sécurité du palais, mais tout de même utile car très réglementé et ceux qui l'empruntaient ne pouvaient pas aller où ils voulaient. À présent, l'Ulcère n'existait plus, mais Titan pensait le contraire et qu'une faille de ce genre était forcément bien gardée entre les mains de la police d'Odrialc'h. Dans le bâtiment central où se trouvaient les bureaux des gradés, évidemment, ainsi que celui du chef de la police d'Odrialc'h, Tenjin Gozen.
Fuya se dirigea vers le bâtiment central d'un pas décidé. Elle devait agir comme une policière qui savait exactement où elle allait et elle savait que tous les rapports étaient écrits et remis directement en ces lieux. Comme elle s'y attendait, c'était nettement moins peuplé. La plupart des gardes civils étaient descendus dans les rues afin de surveiller les mouvements de foule pendant la parade des Alfirin. Fuya trouvait cela ridicule. En quoi une éminente famille du grand palais qui descendait se promener en carrosse constituait un spectacle ? Enfin, ça l'arrangeait bien.
Au moment où elle se hâtait vers la porte à double-battants du bâtiment central, quelqu'un l'ouvrit. Fuya se figea, prête à se mettre au garde à vous, mais il ne s'agissait que d'un apprenti inspecteur. Un rouleau de parchemin scellé à la main, il se dirigeait vers la volière, où un pterocorvus serait prêt à emporter son message où il le souhaitait.
Fuya songeait que les inspecteurs et leurs apprentis dégageaient tous un aura particulière. Sinistre ou tordue. Celui-là, il cochait toutes les cases du premier cas. Il était un vampire entièrement vêtu de noir, avec un rideau de cheveux sombres qui reposait sur ses épaules comme une cape, puis une frange épaisse qui lui mangeait la moitié du visage. Même le vert opalin de ses yeux ne parvenait pas à apporter un petit peu de vie à cette silhouette dont chaque mouvement était dicté par la rigueur. Fuya ne lui prêtait plus aucune attention. Elle n'avait rien à craindre d'un vampire car celui-ci, n'avait ni le pouvoir, ni la créativité et l'intelligence nécessaire pour se montrer redoutable. Alors elle grimpa les marches vers le bâtiment central.
— Excusez-moi.
Fuya mit un instant avant de comprendre que c'était elle, que l'on interpellait de la sorte. Elle serra les mâchoires, jurant intérieurement contre l'importun, puis se retourna en se constituant un sourire aimable. Lorsque ses yeux bleus rencontrèrent ceux de l'apprenti inspecteur, elle se fit la réflexion que finalement, ce spectre sinistre pouvait parler. Non seulement il parlait mais en plus, il la dévisageait ouvertement, ses sourcils froncés sous sa lourde frange.
— Oui ? répondit-elle d'une voix avenante, comme une nouvelle recrue pleine d'entrain, vous avez besoin de quelque chose ?
— Vous ne faites pas partie de la police.
Sans se démonter, Fuya se mit à pouffer. Dans ce genre de cas, il était bon de passer pour une idiote. Les autres se méfiaient moins et elle parvenait même à faire germer le doute, dans leurs esprits. Ici, elle était une recrue un petit peu naïve et pleine d'idéaux.
— Je suis nouvelle. J'ai passé mon examen d'entrée pendant la session d'Arieh, voilà pourquoi vous ne m'avez jamais vue. Mais c'est un petit peu rude de me juger de cette façon.
Elle fit la moue, mais c'était peine perdue. L'apprenti inspecteur était certain de ce qu'il disait et de ce qu'il voyait.
— J'ai assisté à la remise de diplômes de la session Arieh et vous n'en faisiez pas partie.
— Alors vous n'êtes pas très physionomiste.
— Au contraire. J'ai une très bonne mémoire des visages.
Fuya souffla par le nez. Il était franchement agaçant, cet apprenti inspecteur qui refusait de la laisser tranquille. Les mains derrière le dos, elle descendit les marches, un sourire confiant sur les lèvres. Arrivée à sa hauteur, elle souffla que c'était dommage. Ils auraient pu faire équipe. Puis d'un geste vif, elle tira une seringue de sa manche et visa le cou.
Quand il s'effondra au sol, elle se fit la réflexion que les somnifères de Ryan étaient vraiment très efficaces. Heureusement qu'elle en avait emporté. Elle jeta un regard agacé au vampire endormi. Il était peut-être physionomiste, mais ses réflexes laissaient à désirer.
Fuya se dépêcha de le saisir sous les aisselles pour le cacher derrière la volière, quand elle se rappela du parchemin qu'il tenait dans la main. Curieuse, elle s'en saisit, brisa le sceau de cire et le déroula.
Un large sourire étira ses lèvres. Aujourd'hui était une excellente journée et en plus du plan de l'Ulcère qu'elle allait dérober, elle rapporterait une autre information de qualité et Titan serait ravie.
***
Le vent salin faisait bruisser les feuillages et c'était comme si la forêt respirait. Depuis les remparts de la cité d'Eel, Balam regardait la vie s'animer parmi un paysage qu'il connaissait par cœur. Là, affublé de la tunique azurée des guetteurs, son arc sur l'épaule, il perdait son regard opaque, d'un blanc d'albâtre sur cette forêt qui semblait toujours repousser la cité d'Eel vers la falaise. Elle laissait des dunes de sable à l'air libre, où une herbe haute poussait pour lui donner un côté vallonné. Les enfants aimaient beaucoup y jouer et les parents pouvaient dormir sur leurs deux oreilles, parce qu'ils savaient qu'ils étaient protégés depuis les remparts.
Parfois, Balam surprenait un pimpel en train de quitter son terrier et d'autres fois, c'étaient des dalafas, qui pointaient leurs museaux timides aux abords de la forêt, sans jamais oser s'aventurer hors de son sein. Puis en contrebas, l'océan, ses remous et l'odeur saline portée par le vent.
Aujourd'hui, il venait du nord et il était particulièrement frais. Balam leva une main pour le goûter sur sa peau. La température, aux Terres Gelées du Grand Nord, avait dû connaître une belle vague de froid pour chuter ainsi.
— M'sieur Balam, on va rester planté là toute la journée ? C'est ça, le boulot ?
Patient, Balam croisa les bras sur sa poitrine, puis se tourna vers Alaric. Le jeune morgan de seize ans le fixait avec son regard écarlate, qui jurait avec sa peau bleue ainsi que sa masse de cheveux noirs. Alaric était surtout un adolescent tourné vers la bêtise. Sa dernière œuvre en date était le vol à la tire au sein du marché d'Eel, avant qu'il ne se fasse pincer par les gardes civils. Il était jeune, il y avait encore de l'espoir pour lui, alors le programme de réinsertion qu'il suivait lui permettait de découvrir les différents métiers proposés par la Garde d'Eel.
— Nous surveillons les environs, répondit doctement Balam, mais le métier de guetteur ne s'arrête pas là. Nous devons également nous occuper des titres de séjours ainsi que de l'accueil des étrangers au sein de la cité. C'est important.
— Alors ça veut dire qu'on va se taper la paperasse ? C'est d'un chiant !
Alaric bougonna dans son coin, et Balam le laissa à ses pensées. Le milieu de la matinée approchait et un marchand de perles, qui avait écoulé son stock de marchandises, repartirait bientôt pour le village d'Amzer. Il lui faudrait reprendre son autorisation de vente et lui en faire une autre pour la prochaine. Alaric n'avait pas tout à fait tort : les guetteurs étaient aussi des grattes-papiers. Ça ne dérangeait pas Balam outre mesure, tant qu'on le laissait tranquille sur les remparts.
— Et il regarde l'herbe qui verdoie et le soleil qui poudroie, encore et toujours, chantonna un voix que Balam connaissait bien.
— Le Chef de l'Ombre n'a-t-il pas ses obligations ? sourit Balam alors qu'il terminait de préparer la prochaine autorisation du marchand.
Nevra Mircalla grimpa sur les remparts et Alaric le fixa avec de grands yeux. Il reçut un clin d'œil en réponse.
Nevra ouvrit les bras pour accueillir le vent frais et il poussa un soupir d'aise. Il en avait assez de la chaleur qui persistait même si l'été devait être terminé depuis longtemps.
— Les obligations sont des chaînes que j'enfile à ma guise mais par bonheur, me voilà un vampire libre.
— Le Chef Batatume n'en a pas terminé avec les siennes ? demande Balam.
— Le pauvre homme ! le plaignit Nevra.
Les mains derrière le dos, il observa le paysage à son tour et Balam le laissa faire. Il savait que Nevra appréciait sa discrétion. Il savait aussi que Nevra savait qu'il savait. Les murs du domaine Mircalla étaient un rempart pour ceux qui ne s'y intéressaient pas, mais pour quelqu'un comme Balam qui avait appris à regarder les autres pour ce qu'ils sont vraiment, la solitude et le chagrin étaient aussi visibles que les étoiles en pleine nuit.
Après le paysage, Nevra s'intéressa à Alaric. Après quelques réponses monosyllabiques, jetées du bout des lèvres, Alaric finit par laisser la méfiance de côté lorsque Nevra lui raconta une enquête. C'était celle d'un jeune triton qui volait les personnes âgées en emportant leur bourse d'or et qui avait fini par tout dépenser dans les herbes à fumer. Balam savait que cette enquête n'existait même pas mais à la fin, Alaric voulait savoir comment les traqueurs de l'Ombre travaillaient et comment on faisait, pour devenir inspecteur.
— Et les inspecteurs se déguisent pour infiltrer le marché noir ? s'enquit Alaric, captivé.
— Non, ça, c'est plus du ressort des Spectres. Les Spectres sont formés pour se fondre parmi le marché noir. Ce sont nos meilleurs éléments car le jour où leur couverture se brise, c'en est fini d'eux.
— Et les traqueurs ?
— Ils font circuler les informations…
Comme un élève devant son professeur, Alaric écoutait avec attention. Pendant ce temps, Balam pouvait se plonger dans ses pensées. Il se demandait quel livre il lirait ce soir, dans sa petite maison sur le port d'Eel ou bien si Valkyon lui proposerait de marcher aux Jardins de la Musique. Là, ils partageraient une conversation philosophique et Balam les appréciait.
En attendant, il fixait son regard opaque sur la forêt, là où quelques lappys prenaient leur envol et il observait leur ballet avant de remarquer qu'une partie de la forêt, à l'est, semblait comme endormie. Visiblement, les black dogs étaient de sortie et la chasse commençait.
Les Choix
Une fois n'est pas coutume, pour ce reboot, vous allez choisir votre nouveau narrateur parmi les quatre que vous venez de lire ! Comme vous avez pu le constater, deux narrateurs vous font démarrer l'aventure à Eel et deux autres, à Odrialc'h.
Pour vous aider un peu plus, voici les portraits de vos narrateurs ainsi que quelques petites précisions :
Nevra MircallaDessin réalisé par Wounw
Nevra Mircalla est un vampire de 32 ans et Chef de la Garde de l'Ombre, qui représente la police de la cité d'Eel.
Si vous avez l'âme d'un Chef, suivre Nevra vous permettra d'avoir accès à de précieuses informations, envoyer vos gardiens en missions, travailler avec votre Second de l'Ombre, Enthraa Kellerman, et mener des enquêtes. Vous aurez toutes les ressources nécessaires à portée de main pour percer les mystères des évènements à venir mais attention : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.
Helouri Ael DiskaretDessin réalisé par Lynara
Helouri Ael Diskaret est un morgan de 21 ans. Il a emménagé à Odrialc'h avec ses parents ainsi que June, sa grande sœur adoptive. Frêle et famélique, il n'a pas l'étoffe d'un combattant et préfère l'érudition. Helouri souhaité devenir médecin mais malheureusement, il n'a jamais réussi l'examen d'entrée pour la Garde Absynthe, qui lui aurait permis d'étudier la médecine. Helouri se demande si ça vaut la peine de continuer et s'il devrait persévérer dans cette voie à Odrialc'h. Que va lui apporter la plus grande cité d'Eldarya, avec tous les mystères qu'elle recèle ?
Helouri est narrateur quia besoin d'évoluer, mais qui sait sur quel chemin vous allez choisir de le mener.
Fuya PyleDessin réalisé par ZuzoHyo
Fuya Pyle est une sirène de 19 ans qui fait partie du cartel des Typhons, sous les ordres de Titan. Agile, bonne combattante et avec une mémoire photographique, Fuya est souvent envoyée en mission d'infiltration pour dérober des plans et des informations. Depuis qu'elle est jeune adolescente, Fuya a su évoluer dans les ténèbres et elle se bat pour l'idéal du cartel : empêcher la conquête terrienne.
Fuya est une narratrice qui ne vous laissera aucun répit ! Vous allez devoir réaliser des missions complexes, évoluer en aux troubles et poursuivre l'idéal du cartel. Néanmoins, réussir vos missions vont vous donner accès à de précieuses informations, mais aussi vous conduire vers de potentiels et puissants alliés. Avec Fuya, réfléchissez aux plans de concert avec Titan, faites vos rapports de missions et voyagez dans tout Eldarya. Mais attention ! Le cartel est recherché par toutes les milices et ce qui vous attend si vous vous faites capturer, c'est la prison, puis la peine capitale.
Balam LefaucheurDessin réalisé par Makaria
Balam Lefaucheur est un elfe noir de 30 ans qui est guetteur à la cité d'Eel. C'est une personne très sage qui n'aspire qu'à vivre un quotidien paisible. Il est très appréciés de ses collègues, proche de Nevra et Valkyon et il a la faculté de regarder au-delà des apparences.
Balam est le narrateur le plus calme des quatre. L'accompagner, c'est plonger dans son esprit, faire preuve de curiosité, prêter attention au monde qui vous entoure et accueillir les évènements avec un calme religieux, aussi pénibles soient-ils. Il faudra être un socle pour ses amis et parfois, repousser cette sérénité qui vous est si précieuse pour se plonger dans l'adversité. Mais Balam ne sera jamais seul.
Vous avez jusqu'au 20 janvier, 23h59 pour voter !
Dernière modification par Aespenn (Le 07-01-2025 à 07h08)